Premier essai exclusif du nouveau Colnago V5Rs

Colnago V5Rs : Premier tour de roues avec l’arme (secrète) de Pogacar

C’est désormais officiel : les Colnago V5R existent. Et nous avons eu la chance rare de tester ce vélo… dès le lendemain de sa sortie, grâce à John Saccomandi et Marc Rebello, co-directeurs du magasin Rayon Vélo à Domont (95). Voici donc en avant-première, la toute dernière évolution du vélo qui incarne aujourd’hui la légende moderne de Tadej Pogačar. Ce vélo n’est pas simplement une nouveauté : il est un symbole. Celui d’une ambition sans compromis, nourrie par des années de domination et de précision italienne. Un essai court — moins de 100 kilomètres — mais diablement révélateur, sur les routes vallonnées du Val-d’Oise. Suffisant pour deviner ce que ce V5Rs a dans le ventre… et pourquoi il est déjà un objet de désir.

Par Jeff Tatard – Photos : 3bikes / Rayon Vélo Domont

Nouveau Colnago V5RS
Beauté silencieuse, née pour faire du bruit. Élégance discrète, performance éclatante.

Un héritier aux ambitions claires

Le V4Rs a marqué un tournant dans l’histoire récente de Colnago. C’était le vélo de la transition vers une modernité plus tranchante, plus tournée vers la performance pure, sans sacrifier l’ADN historique de la marque. Un vélo qui a accompagné Pogacar dans ses triomphes et ses luttes — parfois à la limite.

Et pour nous, ce n’est pas un simple nom dans une fiche technique : c’est notre vélo du quotidien depuis novembre. On le connaît par cœur. C’est sur lui qu’on enchaîne les kilomètres, qu’on vit chaque relance, chaque descente, chaque ascension. Autant dire que les sensations sont encore très fraîches — ce qui rend la comparaison avec le V5Rs d’autant plus pertinente, précise, directe.

Premier essai exclusif du nouveau Colnago V5Rs
V4Rs – V5Rs, deux générations, une même ambition : aller plus vite.

Car le V5Rs assume pleinement sa filiation… tout en franchissant une nouvelle étape. Colnago n’a pas seulement peaufiné sa copie. La marque italienne, avec le soutien de ses ingénieurs maison et des retours terrain d’UAE Team Emirates, s’est lancée un défi aussi simple qu’ambitieux : concevoir un vélo encore plus rapide, plus léger, plus confortable, sans jamais perturber la rigidité, ni l’équilibre.

Le cahier des charges est clair : créer une machine à tout faire pour un coureur qui sait tout faire. Le V5Rs doit pouvoir grimper les cols, trancher les bordures, encaisser les pavés, et répondre instantanément aux sollicitations d’un coureur capable d’attaquer à 90 km de l’arrivée. Un vélo total.

Premier contact – Une sensation immédiate

Dès les premiers coups de pédale, une chose frappe : la compacité visuelle et physique du vélo. Le triangle avant apparaît plus ramassé, plus tendu, comme un fauve en position d’attaque. La fourche, plus élancée, donne l’impression d’étirer la machine vers l’avant, tandis que la tige de selle — désormais plus intégrée — renforce cette impression d’un bloc homogène, taillé pour aller vite. L’ensemble respire l’efficacité, l’intention. Et surtout, l’agilité.

Colnago V5RS
Quand le cadre répond avant les jambes, chaque relance devient instinctive. Le vélo anticipe, se tend sous chaque mouvement, prêt à bondir avant même que l’effort ne commence.

Et quelle agilité. Dans les relances, les changements de rythme ou les sorties de virage, le V5Rs réagit comme s’il anticipait vos mouvements. Pas de latence, pas d’inertie : il bondit. On dirait presque qu’il vous devance d’une demi-seconde. Le vélo « vit » sous le cycliste, en tension permanente, comme une corde prête à claquer. Au début, c’est un peu déroutant — on se demande qui mène la danse. Et puis on s’y fait. Pire : on devient accro. Cette nervosité devient une drogue douce. Une fois qu’on a goûté à ce genre de réactivité, difficile de revenir en arrière.

Dans les relances, les changements de rythme ou les sorties de virage, le V5Rs réagit comme s’il anticipait vos mouvements.

Mais la vraie surprise, celle qu’on n’attendait pas forcément à ce niveau de performance brute, c’est le confort. Là où les V4R pouvaient parfois rappeler, avec un certain panache, qu’ils étaient un pur-sang conçu pour la course — comprenez : un peu raide sur les longues distances ou les routes cabossées —, les V5R progressent nettement. Les haubans, plus fins et plus relevés, agissent comme des petits ressorts invisibles, absorbant une bonne partie des vibrations. Le cadre filtre les imperfections avec une élégance quasi aristocratique, sans jamais sombrer dans la mollesse. On a parfois l’étrange sensation de rouler sur un coussin… tendu à 8 mesures.

C’est cette combinaison rare — vivacité féline et confort assumé — qui donne au V5Rs cette impression de justesse. Comme si chaque pièce, chaque ligne, chaque choix d’ingénierie avait été fait avec le souci du détail juste, sans trop ni trop peu. Une machine qui, sans jamais brider le cycliste, semble constamment lui murmurer : « vas-y, je suis déjà prêt ».

L’équilibre subtil entre légèreté et contrôle

On le sent dès les premières heures de selle : ce V5Rs a été pensé pour le rendement, bien sûr — c’est un Colnago moderne, après tout — mais aussi, et c’est plus rare, pour l’endurance. Il ne cherche pas à briller uniquement sur 10 kilomètres à bloc, comme un coureur trop pressé de montrer ses watts. Non, lui vise plus loin. Il veut vous séduire sur 100, sur 200, sur une sortie qui commence au levier du jour et se termine bien après le café d’après-ride. En montagne comme sur le plat, il garde cette volonté tranquille mais ferme : avancer, encore, et bien.

La géométrie, légèrement revue, participe clairement à cette ambition. La position est plus naturelle, moins contraignante pour le dos et les épaules, sans jamais devenir paresseuse. On est bien posé, calé, efficace. Et surtout, le vélo pardonne. Un petit décalage dans le positionnement ? Une prise un peu approximative du cintre ? Il encaisse. Mais qu’on ne s’y trompe pas : il reste vif, prêt à répondre à la moindre impulsion. Cette tolérance n’est pas une faiblesse, c’est une forme d’intelligence mécanique. Le vélo sait que le corps du cycliste n’est pas toujours parfait — surtout après 100 bornes.

Cette tolérance n’est pas une faiblesse, c’est une forme d’intelligence mécanique. Le vélo sait que le corps du cycliste n’est pas toujours parfait — surtout après 100 bornes.

Le comportement dans les descentes mérite lui aussi un chapitre. Précis, stable, rassurant — trois mots qu’on n’associe pas toujours à des machines aussi nerveuses. Le V5Rs tient sa ligne avec assurance, comme s’il traçait un rail invisible. Même dans les virages serrés, même à haute vitesse, il ne flotte pas, ne s’échappe pas. Il reste là, fidèle à son cap, comme s’il lisait la route une fraction de seconde avant vous.

Là encore, Colnago semble avoir trouvé un subtil équilibre entre aérodynamisme et maniabilité. Et ce n’est pas un mince exploit : bien des vélos très profilés sacrifiant la précision de pilotage sur l’autel de la vitesse pure. Pas ici. Ici, l’aéro se met au service du pilote, pas l’inverse.

Premier essai exclusif du nouveau Colnago V5Rs
Là où l’élégance cache l’ingénierie : tige relevée, haubans affinés, intégration millimétrée. Pour filtrer, encaisser, et tout transmettre sans jamais rompre la ligne.

Ce qu’on sait (et ce qu’on devine)

Même si Colnago joue encore la carte du mystère sur certains aspects techniques — vieille habitude italienne, entre élégance et stratégie marketing —, plusieurs données peuvent d’ores et déjà être confirmées, ou à tout le moins raisonnablement anticipées :

  • Poids du cadre : annoncé autour de 700 grammes en taille moyenne. Oui, vous avez bien lu. Près de 100 grammes de gagnés par rapport au V4Rs, sans que cela ne semble entamer la suspension de l’ensemble. Un chiffre qui place le V5Rs dans le cercle très fermé des grimpeurs affûtés, sans sombrer dans l’ultraléger fragile. À croire que Colnago a trouvé comment faire maigrir sans perdre de muscle.
  • Dégagement pour les pneus : là aussi, la tendance est confirmée. Le V5Rs serait compatible avec des sections jusqu’à 32 mm — peut-être un chouïa plus si l’on est joueur. Ce qui ouvre des perspectives très intéressantes : plus de confort, plus de grip, plus de polyvalence. Le vélo devient alors aussi crédible sur les pavés de Flandre que sur les lacets d’un col alpin.
  • Aérodynamisme : les lignes ont été clairement retravaillées. Haubans relevés, tube diagonal redessiné, intégrations plus poussées… mais sans tomber dans l’excès. Pas de cockpit propriétaire ici, et c’est sans doute une bonne nouvelle. Colnago privilégie la modularité, la facilité de réglage, la compatibilité. Un choix intelligent, pragmatique, qui montre qu’on peut viser l’efficacité sans enfermer l’utilisateur dans une écosystème verrouillée.
  • Positionnement dans la gamme : le V5Rs s’affirme comme le pur-sang des montagnes, taillé pour les longues ascensions, les profils accidentés, les baroudeurs élégants. Il vient logiquement compléter le Y1R , l’autre nouveauté de la maison, plus profilée, pensée pour les étapes de plaine et les grosses vitesses. Deux vélos, deux tempéraments, mais une même vision : faire rouler vite, avec style.
Premier essai exclusif du nouveau Colnago V5Rs
Monté en 28 mm sur roues ENVE SES… et pourtant, il reste de la marge. Le V5Rs ne ferme aucune porte. Il laisse de l’espace. À l’imagination. Et à des pneus de 32 — voire un peu plus.

Une esthétique sobre, mais racée

Visuellement, le V5Rs ne cherche pas à en mettre plein les yeux. Il ne clignote pas, ne cherche pas l’attention à tout prix. Il joue une partition plus subtile : celle de la sobriété raciale . Lignes tendues, proportions affûtées, coloris épurés — ici, l’élégance passe par la retenue. Un choix assumé, qui parlera à celles et ceux qui aiment les vélos qui ne crient pas leur performance, mais laissent deviner.

Certains, plus attachés à une esthétique « racing » marquée, pourront regretter l’absence de détails plus expressifs ou de livrées plus audacieuses. Mais ce dépouillement est trompeur. Car sous cette allure sage se cache un vrai soin apporté aux finitions : peinture fine, précise, sans supplément ; jonctions nettes, quasi invisibles ; intégration parfaitement maîtrisée, sans fioriture mais sans approximation non plus. Tout est à sa place, millimétré, réfléchi.

Premier essai exclusif du nouveau Colnago V5Rs
Tout est là, en filigrane : aérodynamisme retravaillé, intégration poussée, lignes tendues. Le tube horizontal du V5Rs résume à lui seul la philosophie du vélo : affûté, équilibré, sans artifice. Plus léger (cadre à 700 g), plus tolérant, mais toujours aussi incisif. Une élégance qui file droit.

On sent que chez Colnago, le souci du détail n’a pas été sacrifié sur l’autel de la performance brute. Bien au contraire : ici, la performance s’exprime aussi par la qualité de l’exécution. Un peu comme une montre suisse qui n’aurait pas besoin de s’ouvrir pour prouver sa précision.

Un verdict 3bikes forcément provisoire… mais déjà tranché

Difficile de rendre un jugement définitif après seulement 100 kilomètres. Ce serait prétentieux… ou naïf. Mais ce court essai suffit à faire émerger quelques certitudes solides : le V5Rs n’est pas une simple évolution cosmétique du V4Rs. C’est une refonte ambitieuse, méthodique, pensée pour répondre aux exigences du coureur le plus complet du peloton actuel… et, plus largement, à celles de tous ceux qui ne veulent plus choisir entre efficacité, confort et plaisir de pilotage.

Plus vif, plus léger, plus tolérant , les Colnago V5R assument une modernité plus mature. Moins démonstratif, mais plus cohérent, plus profond. Il ne cherche pas à briller dans un registre unique, mais à exceller partout. Il accompagne l’effort, il le sublime — sans jamais l’écraser. Et c’est peut-être là sa plus grande force : être un vélo de caractère, sans jamais devenir un vélo à caractère difficile.

Un vélo total, oui. Mais surtout, un vélo juste.

Premier essai exclusif du nouveau Colnago V5Rs
Un vélo total, oui. Mais surtout, un vélo juste — juste dans ses choix techniques, dans ses lignes, dans ses réactions. Il ne surjoue rien, ne compense rien. Il accompagne sans dominateur, corrige sans freiner. C’est un prolongement du cycliste, pas un filtre. Et c’est peut-être ça, la vraie définition d’un vélo de vérité.

Pour conclure,

Le Colnago V5Rs est un vélo de coureur. Un vélo pensé pour aller vite, pour durer, et pour donner envie d’attaquer. Il ne cherche pas à plaire à tout le monde — et c’est précisément ce qui le rend si attirant. Il trace sa route, tendue vers l’excellence, avec une forme d’évidence presque troublante.

Ce premier essai express n’est qu’un début, un aperçu. Mais il suffit de faire naître une certitude : le V5Rs n’est pas un simple vélo de plus. C’est une machine de caractère, taillée pour ceux qui veulent aller loin, vite, et avec style. Et s’il accompagne les plus grands — comme Pogacar — c’est peut-être parce qu’il ne triche jamais. Il ne promet rien qu’il ne puisse tenir.

Un immense merci à John Saccomandi et Marc Rebello, co-directeurs du magasin Rayon Vélo à Domont (95), revendeurs officiels Colnago, pour leur accueil, leur disponibilité et leur passion communicative. Grâce à eux, ce test a pu être réalisé dans des conditions idéales, et c’est aussi grâce à leur expertise que ce genre de vélo d’exception peut aujourd’hui être découvert, expliqué, et partagé.

Ce vélo exceptionnel ne fait pas que marquer notre essai : il a aussi servi de baptême pour le futur vélo de Marc, qui en sera l’heureux propriétaire à partir de ce soir. Chez Rayon Vélo, on ne vend pas juste un cadre : on prolonge l’histoire d’une marque légendaire. Et on donne à chacun la chance d’en écrire une page.

Le COLNAGO V5RS en bref…

Les + : réactivité et vivacité impressionnantes, confort arrière en net progrès, gain de poids significatif, géométrie polyvalente mais affûtée, aérodynamisme intelligent, poste de pilotage non propriétaire, facile à régler

Les – : test trop court pour évaluation sa rigidité sur le long terme, disponibilité limitée pour le grand public dans un premier temps, prix élitiste, look sobre qui ne plaira pas à tous

Prix :
Version testée en Dura-Ace Di2 avec les roues ENVE SES : 14 799 €
Cadre seul : 6 199 €

Contact : colnago.com et rayon-velo.com

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Jean-François Tatard

- 44 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

2 commentaires sur “Premier essai exclusif du nouveau Colnago V5Rs

  1. Bel essai et commentaires de passionné de la marque……je suis moi même en possession de deux beaux vélos d occasion C64 à patins (le dernier mythe de la série, le plus beau mais pas forcément le plus tolérant pour le cyclo que je suis) et un C68, un régal…..qui pourrait être amélioré avec un peu moins de poids et autant de nervosité que le C64….. Ce V5RS est vraiment joli mais est il accessible au cyclosportif sur le long terme…. voilà ce que j attends de savoir lors des prochains essais……mais je ne doute pas que le remplaçant du C68 est dans les tuyaux. Reste le prix… Mais l essayer c est l adopté, c est ce que vous avez écrit 😁👍. Oui un Colnago cela a une âme…..

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