Partager la publication "Sorties en groupe : pourquoi elles freinent vos progrès"
Pourquoi les sorties en groupe sont souvent contreproductives
La plupart des cyclistes aiment rouler à plusieurs, avec le club, les copains, ce qu’on appelle les Social Rides. Des retrouvailles stimulantes qui rythment la semaine, du rendez-vous du dimanche matin à celui parfois récurrent du mercredi après-midi, voire du mardi et du jeudi soir après le travail. Au début, les sorties de groupe favorisent les progrès. Mais avec le temps, elles peuvent mener à une stagnation, ou même à une régression. Voici pourquoi.
Par Guillaume Judas – Photos : depositphotos.com
- « Tu vas rouler aujourd’hui ? On se retrouve au groupe ? »
- « Si tu es libre ce midi, j’irais bien rouler avec toi si tu es d’accord. »
- « Tu étais un peu juste dans la bosse aujourd’hui. Tu n’as pas aimé l’accélération ? »
Nous connaissons tous ces échanges avec des amis cyclistes, notamment avec ceux qui trouvent leur motivation sans cesse dans la confrontation ou la comparaison avec les autres. Même une sortie entre potes se transforme en concours de quequettes, où il y en a toujours un pour faire la roue avant (en roulant côte à côte, l’un des deux veut toujours avoir une roue d’avance sur son compagnon de route, comme pour montrer qu’il est le plus fort).
Force est de constater pourtant que la plupart de ces cyclistes ne progressent plus au bout d’un certain temps. Ce qui n’est pas le cas de celui qui a l’intelligence de décliner de temps en temps ces mises au défi permanentes.

La fatigue qui s’accumule
C’est un fait : les Social Rides se transforment souvent au bout de quelques kilomètres en quelque chose qui n’a plus grand chose d’aimable. Une sortie d’endurance contrôlée se change la plupart du temps en course effrénée jusqu’à une ligne d’arrivée fictive. Des efforts qui occasionnent une fatigue imprévue qui sabote alors les entraînements clés, freinant l’adaptation et ralentissant la progression globale.
Pour cela, il est nécessaire de rappeler que l’élément clé pour progresser au-dessus du seuil FTP est la haute intensité. En d’autres termes, pour vraiment progresser, il faut savoir rouler à de très hauts niveaux de puissance, par petites touches, et sur des séances bien calibrées au cours de la semaine ou en suivant le plan d’entrainement. Cela nécessite de la fraîcheur. Les sorties de groupe constantes entraînent une fatigue chronique de faible niveau, suffisante pour perturber la bonne réalisation des séances qui vous font vraiment progresser.
Du temps perdu
Participer régulièrement à des sorties de groupe a un coût : vous négligez d’autres aspects d’un entraînement structuré. S’entraîner correctement, c’est identifier vos points faibles spécifiques et les développer méthodiquement tout au long de l’année. Cela demande du temps, et plusieurs sorties de groupe par semaine laissent peu de place pour autre chose de spécifique.
Mauvais timing
Beaucoup de cyclistes privilégient les sorties de groupe quoi qu’il arrive, même pendant les semaines de récupération ou les phases d’entraînement critiques. Cela perturbe une périodisation appropriée, où l’intensité et le volume devraient être soigneusement ajustés pour garantir un pic de forme au bon moment.
Adapter la participation à ce type de sorties
Les sorties de groupe ont absolument leur place dans l’entrainement et la progression, surtout si vous vous y épanouissez. Après tout, il y a beaucoup de vérité dans l’adage selon lequel un cycliste heureux est un cycliste rapide !
Mais il faut trouver la juste mesure :
- Utilisez les sorties de groupe intenses comme simulation de course pendant une phase de préparation finale à la compétition.
- Participez régulièrement à des sorties de groupe pendant les phases d’endurance, même à la condition de rester dans le peloton et de ne pas chercher systématiquement à vous y faire remarquer.
- Adaptez-vous : si une sortie est plus intense que prévu, ajustez la semaine suivante pour contrôler la fatigue.
- Sautez des sorties si nécessaire, surtout pendant les phases de récupération ou avant un événement.
Comme on le voit ici, ce serait une erreur de baser votre progression cycliste uniquement sur des sorties en groupe. Pour progresser sur une saison, mais aussi à long terme, il est indispensable de personnaliser votre pratique en fonction de votre âge, de votre niveau de base, de votre temps libre et de vos objectifs, et de respecter des périodes où vous travaillez certaines qualités et d’autres périodes où vous récupérez.
Mais ce serait également une erreur d’exclure totalement les sorties en groupe de votre pratique, aussi bien pour leurs vertus sociales que parce qu’elles permettent aussi de temps en temps de vous comparer. À vous de trouver le bon équilibre.
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