Comment alléger votre vélo intelligemment

La réduction du poids est l’une des clés de l’amélioration des performances et du plaisir, qu’il s’agisse du cycliste ou de son matériel. Les vélos les plus légers sont souvent les plus onéreux, puisque les derniers grammes se gagnent à coups de centaines d’euros. Sans aller jusque là, parce qu’il faut bien rester raisonnable, voyons comment alléger votre monture de manière intelligente, sans modifier les caractéristiques fondamentales d’un vélo, à savoir rendement, confort et sécurité, et sans vider son portefeuille.

Par Guillaume Judas – Photos : Grok/depositphotos.com

À la base d’un vélo, on trouve bien sûr l’ensemble cadre et fourche, qui représente en quelque sorte son « âme » et qui est la partie la plus onéreuse à remplacer. En d’autres termes, cela ne vaut souvent pas le coup de changer de kit cadre pour gagner seulement du poids. Autant changer de vélo complet. Et puis, entre un cadre très léger et un cadre « lourd », il y a au maximum 7 à 800 g d’écart, et pour deux cadres de avec des matériaux différents. C’est beaucoup mais pas rédhibitoire si l’on compte seulement améliorer les performances globales de la machine.

Quant à la fourche, la différence n’est au maximum que de 150 g entre une fourche légère et une fourche lourde. Nous déconseillons fortement de désolidariser cet ensemble, prévu pour fonctionner ensemble, que ce soit en termes de géométrie ou de comportement (rigidité, confort, tenue de route). Mieux vaut donc s’occuper d’abord des autres composants.

Les pneumatiques

Dans l’entrée et le milieu de gamme, les constructeurs font souvent des économies sur le train roulant. C’est donc sur ce poste qu’il y a le plus à gagner, et pas seulement en termes de poids d’ailleurs. Entre une chambre à air basique et une chambre légère (en butyl ou en latex), on trouve de 40 à 50 g de différence. Pour une chambre à air en TPU, le gain peut atteindre même jusqu’à 70 g. Multipliez par deux et comprenez que c’est le premier poste dont il faut s’occuper, d’autant plus qu’une chambre à air allégée se trouve entre 10 et 15 € (jusqu’à 30 € pour une chambre TPU). Elle demande juste un montage précautionneux pour éviter les pincements. Mais la différence de comportement est vraiment sensible.

Concernant le pneu, il y a moyen de gagner également jusqu’à 70-80 g entre un modèle basique et un modèle haut de gamme, tout en conservant une section classique de 28 mm. Les pneus haut de gamme se négocient entre 60 et 90 € l’unité, et sont de toute façon supérieurs en matière de rendement et d’adhérence. Ça fait cher le morceau de caoutchouc, mais ça reste l’une des parties du vélo les moins onéreuses et les plus intéressantes à remplacer.

Prix : entre 140 et 240 € pour pneus et chambres
Gain : entre 160 et 280 g sur l’ensemble du vélo

Les roues

Ici, c’est évidemment plus cher, mais il n’est pas forcément utile de rechercher des roues les plus légères possible pour améliorer le rendement d’un vélo. Entre des roues basiques autour de 1800 à 1900 g la paire et des bonnes roues haut de gamme, la différence est de 350 à 400 g, ce qui est déjà beaucoup, pour un investissement autour de 1500 à 2500 €. Vous pouvez gagner encore un peu plus, en vous dirigeant vers des roues exclusives dont le poids descend sous les 1200 g la paire. Soit 600 à 700 g de moins qu’une paire de roues de premier prix. Mais les tarifs s’envolent, en dépassant souvent les 3000 €, voire tutoyer les 4000 €.

Il faut aussi tenir de l’usage que vous comptez faire de vos roues. Des roues trop légères ne sont pas forcément les plus performantes sur les parcours roulants par exemple.

Prix : entre 1000 et 4000 €
Gain : entre 200 et 700 g

Le groupe

Le remplacement du groupe peut ne pas valoir le coup par rapport au prix du vélo. Comptez une différence de 700 g environ entre les groupes les plus légers (Sram Red AXS et Shimano Dura-Ace Di2) et un Shimano 105 Disc, qui fonctionne déjà très bien. Un groupe haut de gamme se paie entre 3500 et 5000 €, et est monté sur des cadres déjà chers. En revanche, il peut être très intéressant de changer quelques pièces.

En premier lieu, le pédalier. Comptez jusqu’à 300 g d’écart entre un modèle d’entrée/milieu de gamme et un pédalier vraiment léger. Le prix est évidemment à l’avenant, puisqu’il faut compter autour de 500 € pour bénéficier d’un pédalier haut de gamme de marque pas trop exotique. La cassette est aussi un élément qui pèse, avec un gain escompté de 120 à 150 g, à dentures équivalentes. Comptez entre 250 et 500 € pour ce composant.

Pour le reste, on peut gagner un peu de poids sur les disques (jusqu’à 60 g pour la paire, pour 120 à 150 €), mais généralement freins, dérailleurs et leviers sont à l’avenant de l’ensemble du groupe : chaque pièce fonctionne en corrélation avec les autres, et pour chaque niveau de gamme on trouve une « petite » différence de poids qui s’accumule au final. Mais en termes d’investissement, ce n’est pas toujours intéressant. Mieux vaut donc se limiter au changement du pédalier et de la cassette.

Prix : entre 250 et 1000 €
Gain : entre 80 et 400 g (pour pédalier et cassette)

La selle

Pour rester raisonnable, nous vous conseillons de ne pas changer de modèle de selle, surtout si elle vous convient et que vous effectuez de longues distances. Néanmoins, un même modèle est souvent décliné en plusieurs options de rails et de châssis chez un fabricant. Il y a donc moyen de gagner une centaine de grammes, pour un investissement de 200 à 300 €, tout en conservant les mêmes appuis. Attention toutefois à la fermeté ou à la densité de la coque et du rembourrage qui influent sur votre confort.

Prix : entre 200 et 300 €
Gain : entre 50 et 100 g

Les périphériques

Le cas d’une tige de selle est un peu à part, car elle est souvent fournie avec le kit cadre. Il y a plusieurs types de formes ou de diamètres, ce qui rend problématique le remplacement de cette partie. Il existe cependant des solutions alternatives, qui permettent de gagner environ 80 g par rapport à une tige de selle en carbone déjà haut de gamme (par exemple avec Darimo). Mais il faut compter un billet de plus de 360 €.

Le poste de pilotage est par contre plus facile à faire évoluer, sauf si vous êtes déjà équipé d’un guidon monocoque fourni avec le cadre. Vous pouvez gagner une cinquantaine de grammes sur la potence, pour 60 € seulement. Pour le cintre, le gain peut s’élever à 50, 100, voire 150 g, mais pour un prix de 100 à 300 €. Attention toutefois à préserver l’unité de cette partie, que ce soit en matière de serrage (avec la potence) et de rigidité.

Pour les pédales, et en restant sur le standard auquel vous êtes habitué, comptez un gain de 80 g au maximum, pour un prix de 200 à plus de 400 €.

Prix : entre 60 et 800 €
Gain : entre 50 et 280 g

Du simple au triple

Comme on le voit, faire évoluer un vélo peut coûter du simple au double (entre 1650 et + de 6000 €), pour un gain de poids compris entre 550 et 1750 g environ. Ceci sans compromettre ni l’unité de la machine, ni la sécurité, ni même en montant des composants trop en décalage avec un vélo de moyenne gamme par exemple.

Évidemment, tout investissement mérite un arbitrage, mais certains éléments dits « d’usure » peuvent être upgradés à l’occasion d’un remplacement obligatoire. C’est le cas pour les pneumatiques, les chambres à air, la cassette ou la selle par exemple. Au final, le prix à dépenser pour alléger le vélo ne représente que la différence avec les composants de base.

Quant au poste le plus onéreux, c’est-à-dire les roues, c’est aussi celui qui modifiera le plus la perception que vous avez de votre machine. La paire de roues initiale peut toujours être utilisée pour l’entraînement ou pour la période hivernale. Ce qui au final augmentera la durée de vie de vos belles roues.

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