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En juin 2024, Fulcrum dévoilait une nouveauté remarquée : les roues Sharq. Présentées comme les premières roues allroad de la marque, elles ambitionnent de redéfinir les standards de performance sur des terrains mixtes, de l’asphalte lisse aux chemins plus accidentés en gravel. Avec leur design innovant et leurs caractéristiques techniques avancées, les Fulcrum Sharq s’adressent autant aux compétiteurs qu’aux amateurs exigeants à la recherche de polyvalence et de vitesse. Mais que valent-elles vraiment à l’usage ? Réponse après un test étalé sur un peu plus de 1500 km.
Par Guillaume Judas – Photos : ©3bikes.fr/DR
Lancées après plus de 4 000 heures de recherche et développement, les Sharq ont été testées sur le terrain par des coureurs comme Mattia De Marchi, qui a décroché une 5e place à l’Unbound Gravel 2024 avec un prototype. Ce lancement coïncide avec le 20e anniversaire de Fulcrum, une marque qui, bien que sous l’égide de Campagnolo, revendique une identité propre.
Entièrement conçues en Italie et assemblées en Europe, ces roues incarnent un savoir-faire minutieux et une volonté de repousser les limites de l’innovation, même si ici c’est la recherche de la polyvalence qui domine.

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La jante 2-Wave Rim
La caractéristique la plus marquante au premier abord des Fulcrum Sharq réside dans leur profil de jante inédit, baptisé 2-Wave Rim. Cette conception combine une onde symétrique près des rayons avec une onde asymétrique sur les flancs, créant une hauteur de jante oscillant entre 42 et 47 mm. Ce choix n’est pas purement esthétique : Fulcrum affirme que cette forme réduit l’instabilité provoquée par les vents latéraux de 21 % pour des angles de 0 à 10° et jusqu’à 30 % entre 10 et 20°, par rapport à une jante traditionnelle de même hauteur.
Ces chiffres, issus de tests en soufflerie, positionnent les Sharq comme une réponse aux défis aérodynamiques des parcours variés, dans le but d’offrir plus de stabilité sans sacrifier la vitesse.
Fabriquées en carbone avec un mélange exclusif de fibres et de résines FF100, les jantes sont considérées comme légères et réactives, malgré une largeur interne de 25 mm. Elles sont ainsi compatibles avec des pneus de 30 à 65 mm, de manière à étendre largement leur champ d’action, des routes traditionnelles pour une utilisation plutôt typée endurance jusqu’aux chemins de gravel les plus accidentés.
Fulcrum perpétue également sa tradition avec une jante non percée (technologie MoMag), rendant le montage tubeless natif et éliminant le besoin de fond de jante, tout en intégrant des mini-crochets pour une sécurité optimale avec ou sans chambre à air.
Les rayons A3RO : une innovation aérodynamique
Pour accompagner ce profil de jante, Fulcrum a développé les rayons A3RO, une nouveauté dans sa gamme. Ces rayons plats en acier inoxydable, mesurant 3 mm de large et 0,8 mm d’épaisseur, sont conçus pour optimiser l’aérodynamisme. Leur fixation au moyeu a été repensée avec une interface spécifique : deux encoches supplémentaires et un aplatissement à la base empêchent toute rotation, garantissant un alignement constant.
Avec 24 rayons par roue, disposés selon un schéma 2:1 (plus de rayons du côté soumis aux plus fortes contraintes), les Sharq évitent tout contact entre eux, une caractéristique qui maintient la tension sur le long terme et réduit les besoins d’entretien.
Des moyeux haut de gamme pour une fluidité exemplaire
Les moyeux des Sharq ne sont pas en reste. Fulcrum a opté pour son système à cône et cuvette équipé de roulements céramiques USB, reconnu pour sa douceur et sa précision. Ce choix, hérité des autres modèles haut de gamme de la marque, permet un réglage fin de la précharge et assure une durabilité accrue, même sur des terrains exigeants. Les moyeux en aluminium, compatibles avec les standards Centerlock pour freins à disque, sont disponibles avec plusieurs options de corps de roue libre : Shimano HG, Microspline, SRAM XDR ou Campagnolo N3W.
Légèreté et polyvalence
Avec un poids de 1 460 g la paire, les Sharq se situent dans la moyenne des roues carbone de cette catégorie, mais elles brillent par leur polyvalence. Classées en catégorie ASTM 2, elles sont conçues pour résister aux impacts tout en absorbant les aspérités du terrain, une qualité essentielle pour les sorties gravel ou les routes dégradées.
Mais quand on parle de polyvalence, on fait forcément des compromis. La jante large impose le montage d’un pneu large (de 30 mm ici), et en version tubeless le Michelin Pro 5 accuse tout de même 325 g sur la balance. Poids auquel il faut ajouter celui du liquide préventif. On arrive ici à 365 g environ pour le train roulant. Par rapport aux Mavic Cosmic carbone SLR en 45 mm avec des pneus Continental à chambre à air qui équipaient mon vélo jusque là, l’augmentation de poids est de 100 g environ sur la paire de roues, toutes choses étant égales par ailleurs. Et pour un prix équivalent.
Cela se traduit par un peu moins de réactivité lors des relances et des changements de rythme. Sur des parcours habituels, c’est sensible. Heureusement, les Fulcrum Sharq font preuve de la rigidité suffisante pour que le vélo conserve ses caractéristiques habituelles. Monter en force ou sprinter énergiquement ne pose jamais le moindre problème de comportement. Mais les Sharq ne sont pas trop dures pour autant et elles restent suffisamment dynamiques pour qu’on n’ait pas l’impression de buter sur la raideur du vélo.
Le confort, oui mais…
Ce montage pneumatique est normalement destiné à l’endurance. Et qui dit endurance, dit résistance de l’enveloppe, et confort pour le cycliste. Dans les deux cas, je n’ai pas été totalement convaincu. D’abord à cause de plusieurs crevaisons (voir ici), ensuite parce que je n’ai jamais trouvé le dynamisme nécessaire avec la pression de gonflage normalement préconisée avec ce type de pneu. J’ai donc dû gonfler un peu plus fort pour ressentir un peu de rendement, tout en perdant assez nettement de confort.
Bref, je m’attendais à un toucher soyeux et réactif sur la route, comme avec des pneus avec des flancs coton, et finalement j’ai été déçu de ce côté-là. Les Fulcrum Sharq méritent sans doute mieux sur la route, en tout cas pour rivaliser en termes de performance avec des roues carbone de cette gamme de prix.
Mais évidemment, leur stabilité avec le vent de travers, supérieure à celle de nombreux modèles avec une telle hauteur de jante remonte le niveau. Car des roues plus stables, moins soumises aux rafales de vent, diminuent la fatigue en fin de sortie et améliorent finalement le sentiment général de confort.
Ajoutons à cela la qualité des roulements, la fluidité de la roue libre et l’absence totale de bruits parasites, pour conclure que dans ce domaine, le bilan est globalement positif.
En dehors des sentiers battus
En quittant la route, les Sharq reprennent de leur superbe. Pour des roues que l’on peut utiliser sur des chemins cassants avec de gros pneus gonflés autour de 2 bars, leur poids devient un atout. Car rares sont les roues spécifiques pour le gravel à être aussi légères, surtout avec ce profil de jante. Un profil intéressant sur les chemins roulants, mais qui ne handicape pas trop les Sharq lorsque la vitesse de déplacement est plus faible.
En empruntant des singletracks un peu techniques jonchés de racines, je n’ai pas senti de différence d’inertie significative par rapport aux roues avec une jante de 32 mm de hauteur que j’utilise habituellement en gravel. En revanche, il m’a semblé que sur les parties rapides, je prenais plus de vitesse, et surtout que je pouvais plus facilement la maintenir. Mais honnêtement, je ne peux pas dire si l’efficience aérodynamique avec un pneu de 40 mm de section à crampons est vraiment au rendez-vous.
Malgré quelques sorties engagées, les roues n’ont pas souffert. Elle confirment leur adaptabilité, même si, en gravel plus que sur la route, c’est souvent le pneu qui fait la différence.
Prix et disponibilité
Les Fulcrum Sharq sont disponibles au prix de 2 460 €, un tarif qui les place dans le segment premium, en concurrence avec des modèles comme les Zipp 353 NSW. Elles sont livrées avec des valves tubeless et des housses de transport, prêtes à être montées sur n’importe quel vélo, de route ou de gravel… ou les deux.
Promesse tenue ?
Avec les Sharq, Fulcrum signe une entrée remarquée dans la catégorie des roues à profil ondulé, rejoignant des pionniers comme Zipp et Princeton CarbonWorks. Leur stabilité en conditions venteuses, leur construction soignée et leur adaptabilité en font une option séduisante pour les cyclistes à la recherche d’un équipement polyvalent et performant. Il s’agit d’une paire de roue haut de gamme intéressante pour ceux qui refusent de choisir entre bitume et sentiers.
Mais ces roues ont aussi les défauts de leurs qualités. Bonnes partout, elles ne sont exceptionnelles dans aucun domaine, si ce n’est dans leur capacité à passer d’un terrain à l’autre sans broncher. Dans la même catégorie de prix, on trouve plus léger, plus aérodynamique, plus explosif.
Leur bon comportement, quel que soit le terrain, dépendra aussi du bon choix de pneumatiques. Sur la route, elles méritent en tout cas des pneus légers et haut de gamme pour offrir le maximum de plaisir.
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Les FULCRUM SHARQ en bref…Les + : polyvalence, roulements, solidité, stabilité, compatibilité pneumatiques Discipline : Route/Gravel Contact : https://www.fulcrumwheels.com/ |
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