Essai exclusif du nouvel Orbea Denna, le gravel sans limite

Avec le Denna, Orbea poursuit son exploration de la catégorie eRoad, en proposant un vélo conçu pour les adeptes du gravel et les amoureux de l’aventure en général. Ce vélo avec une assistance électrique Shimano EP8 se distingue par les capacités de son moteur et une autonomie exceptionnelle, taillée pour les terrains exigeants et affronter beaucoup de dénivelé. Nous avons pu tester en exclusivité ce nouvel Orbea Denna électrifié, quelques jours avant sa sortie officielle.

Par Guillaume Judas – Photos : Orbea / NVCR

Longtemps perçus comme une aide pour suivre le peloton ou reprendre le vélo en douceur, les vélos à assistance électrique de route/gravel (ou eRoad) séduisent aujourd’hui un public bien plus large : ceux qui veulent redéfinir leur façon de rouler et prendre du plaisir.

Différentes philosophies se confrontent parmi les acteurs du marché, mais Orbea est l’une des marques pionnières dans le domaine. Avec le Denna, fruit de l’expérience acquise à la fois avec le Terra (le gravel traditionnel) et le Gain (l’eRoad léger), la marque espagnole propose un vélo qui allie puissance, polyvalence et plaisir.

Une assistance sur mesure

Si l’Orbea Gain présenté il y a deux ans, décliné à la fois en vélo de route et avec un équipement spécifique pour une utilisation en dehors des sentiers battus, utilise un moteur placé dans le moyeu arrière, le Denna bénéficie d’un moteur central Shimano EP8. Un moteur très puissant, avec un couple maximum de 85 Nm, idéal pour dompter les montées raides et les surfaces instables, mais dont les réglages sont personnalisés par Orbea.

Le concept Orbea Rider Synergy est conçu pour offrir une excellente synergie entre le cycliste et le vélo, grâce à des réglages logiciels spécifiques. Le but est de proposer une assistance fluide et naturelle, ainsi qu’une très longue autonomie. Avec beaucoup de puissance en réserve si nécessaire.

Par défaut, le Denna propose deux types de réglages d’assistance, que l’on peut facilement sélectionner via le commutateur placé sur le poste de pilotage :

• Gravel : conçu pour les terrains roulants, ce réglage privilégie une cadence de pédalage naturelle pour un cycliste entrainé et des sensations authentiques, un peu comme si on roulait simplement un jour de super forme.
• Gravel+ : ce réglage maximise la traction avec plus de couple à basse cadence de pédalage.

Chacun des deux types d’assistance propose trois modes, Eco, Trail et Boost, dont les valeurs de couple sont définies par Orbea, pour proposer le comportement voulu par la marque. Notons d’ailleurs qu’en association avec le moteur Shimano, le Denna utilise une batterie interne Orbea de 420 Wh (avec des cellules de dernière génération), annoncée pour offrir jusqu’à 3500 m de dénivelé d’autonomie. Un Range Extender placé dans le porte-bidon permet même en option d’augmenter cette autonomie de près de 50 %.

L’un des gros points forts de cette motorisation Shimano, c’est la possibilité de personnalisation. Via l’application Shimano e-Tube, il est possible d’ajuster les valeurs d’assistance, en utilisant par exemple le moteur à ses capacités maximales jusqu’à 85 Nm de couple pour affronter n’importe quel difficulté qui se présente sous les roues.

Stabilité et traction

Le Denna est fabriqué à partir d’un cadre en carbone OMR, afin de profiter de ce qu’Orbea appelle une flexion contrôlée. La forme des tubes autorise une sorte de flexion verticale pour diminuer les vibrations et améliorer la motricité du vélo sur les revêtements cahoteux, tout en résistant à la flexion latérale pour optimiser le transfert d’énergie.

La géométrie du Denna facilite le pédalage sur des surfaces rugueuses. Quatre caractéristiques principales garantissent maniabilité, confort et stabilité :

• Un tube supérieur plus long qu’habituellement associé à une potence plus courte pour un meilleur contrôle sur les terrains accidentés.
• Des bases arrière optimisées, suffisamment longues pour une bonne répartition du poids, mais assez courtes pour conserver une bonne réactivité du vélo.
• Un déport de fourche adapté à chaque taille, pour une expérience sur mesure, quelles que soient les dimensions du cycliste.
• Un boîtier de pédalier plus bas et un empattement plus long qu’un vélo classique pour augmenter la stabilité sur des surfaces plus rugueuses.

L’Orbea Denna s’adapte à de nombreux styles de pratique. Il peut aussi bien recevoir des pneus relativement fins que des gommes élargies jusqu’à 50 mm de section pour les sentiers sauvages ou très empierrés. Fixations pour garde-boue, deux porte-bidons, et un cadre prêt à affronter toutes les conditions permettent au Denna de se présenter non seulement comme un e-gravel sportif, mais aussi comme un vélo paré pour l’aventure.

Enfin, son poids de 14 kg environ pour notre version de test favorise évidemment la stabilité et la motricité dans certaines conditions. Même si le vélo n’est pas aussi aérien qu’un gravel léger sans moteur, l’assistance permet d’effacer largement l’embonpoint en rendant accessible n’importe quelle pente qui peut se présenter sous les roues.

Prise en main intuitive

Le moteur central Shimano EP8 impose un pédalier mono plateau, avec une transmission 12 vitesses identique à celles que l’on trouve sur les VTT ou les gravel modernes. Associé au dérailleur électronique Di2 avec les leviers de changements de vitesse dédiés, le système permet de passer d’un mode d’assistance à l’autre en passant par la manette gauche (habituellement dévolue aux changements de plateau, sans objet ici).

Les données d’assistance peuvent être suivies en temps réel avec l’écran Shimano EN600 ou avec un compteur Garmin connecté pour tout avoir sous les yeux : niveau de batterie, mode, etc. Les capteurs ultra-précis du Shimano EP8 et le micrologiciel RS Gen2 assurent une réactivité bluffante.

Parmi les gros points forts du système d’assistance électrique Shimano associé à un dérailleur Di2, on note les fonctions Free Shift (changements de vitesse en roue libre) et Auto Shift (changements de vitesse automatiques).

Si je n’ai pas pu tester réellement cette dernière option car je n’ai pas pris le temps de la configurer dans E-Tube, j’ai trouvé très pratique la possibilité de changer de rapport sans pédaler dans une descente ou une partie technique avec le Free Shift. Ce qui permet d’anticiper la reprise de pédalage, un véritable atout en tout-terrain.

Paré pour l’aventure 

Après avoir découvert le Denna dans toute sa technicité et sa polyvalence, il est temps de passer à l’essentiel : ce qu’on ressent vraiment une fois en selle. J’ai pu l’essayer sur deux sorties de 60 km de pur gravel, avec de nombreux chemins blancs et des secteurs plus empierrés, et pas mal de petites bosses enchainées.

L’Orbea Denna se montre très vite rassurant sur un terrain meuble. Le cadre en carbone, léger et rigide, donne une impression de stabilité immédiate, même sur un chemin de gravier un peu capricieux. Contrairement à mes toutes premières expériences il y a quelques années avec un vélo à assistance électrique à moteur central, on ne ressent aucune sensation de mollesse au niveau du pédalier lorsque le moteur n’est pas activité. Preuve qu’il est parfaitement intégré et maintenu dans le cadre du Denna.

C’est le Q-Factor plus important que celui d’un vélo de gravel ordinaire ou que celui du Gain qui me rappelle que je roule avec un vélo assisté avec un moteur central.

Avec le réglage Gravel, le moteur EP8 entre en jeu avec une douceur presque déconcertante : pas de coup de pied aux fesses brutal, juste une poussée naturelle qui accompagne chaque coup de pédale comme un coéquipier invisible.

Le mode Eco suffit à effacer le poids de la machine, qui se pilote alors comme un vélo de gravel traditionnel. Le mode Trail donne un coup de pouce certain, mais toujours avec progressivité : plus vous en donnez, plus le moteur vous en donne en retour. C’est d’autant plus le cas ici avec le réglage logiciel, qui favorise l’assistance électrique avec une cadence de pédalage proche de celle qu’on choisit naturellement sur la route.

En d’autres termes, le cycliste est toujours impliqué, mais il ne sent pas forcément limité par sa puissance musculaire.

Le mode Boost, enfin, ressemble un peu plus à une roue de secours en cas de grosse difficulté. Les réglages d’assistance choisis par Orbea n’utilisent pas toutes les capacités du moteur, loin de là. Mais j’ai pu m’apercevoir que dans des montées avec de très forts pourcentages, il suffit d’accompagner les pédales pour sentir la machine grimper presque toute seule. Pas très vite, certes, puisqu’elle se maintient autour de 10 ou 11 km/h, mais c’est largement suffisant dans une pente à plus de 15 % sur des cailloux roulants.

Changer de mode d’assistance avec le levier de frein gauche ? Aussi simple que de changer de plateau quand on est un routier expérimenté.

La puissance au service de l’évasion

Ce qui s’avère très surprenant également, c’est le bruit quasi inaudible du moteur. À peine un sifflement, couvert par le petit craquement des graviers sous les pneus. Associé à l’autonomie redoutable du Denna, on en oublierait presque de recharger la batterie. Après un total de 120 km et 2400 m de dénivelé, où je n’ai pas franchement ménagé la monture, j’ai tout juste dépassé la moitié de la réserve de charge.

Savoir que le Range Extender est aussi disponible en option, c’est comme avoir une sécurité dans la poche : plus besoin de calculer, juste rouler.

Bon, il faut avouer tout de même qu’au sein de notre petit groupe, nous n’avons pas non plus chômé, avec une moyenne qui a approché les 25 km/h, sur chacune des deux sorties et sur des chemins. Ce qui veut dire concrètement qu’à chaque fois que nous avons dépassé les 25-26 km/h (souvent), le moteur n’a pas été sollicité.

Lorsque l’assistance se coupe, c’est vraiment très progressif, et on ne se sent pas rattrapé d’un coup par le poids du vélo, ni par la moindre sensation de résistance. Preuve que le dosage de la puissance délivrée est vraiment très bon.

Mais cette assistance donne évidemment des ailes quand les petites montées raides et les virages serrés s’enchainent. L’apport de puissance rend n’importe quelle difficulté du terrain plus accessible. Et elle ouvre de nouveaux horizons.

Le gravel, version plaisir intense

Avec ses 14 kg (avec pédales et compteur, mais sans le Range Extendeur et un bidon) et son empattement plus long, l’Orbea Denna n’est pas des plus maniables a priori, surtout si on le compare à un Gain, beaucoup plus nerveux et réactif dans les changements de trajectoire.

Mais dans les descentes sur des surfaces meubles ou des graviers fuyants sous les roues, il excelle et offre un contrôle total. La géométrie, les gros pneus de 45 mm de section de cette version de test et les capacités de filtration du cadre permettent d’enchainer les virages avec une aisance qui devient vite extrêmement rassurante.

Grâce au configurateur MyO, l’Orbea Denna offre encore une autre forme de plaisir. Outre certaines spécificités des accessoires, il est possible de personnaliser les coloris. C’est un détail, mais qui rend chaque sortie un peu plus personnelle. Le vélo peut s’adapter à vos envies, à votre vision du gravel. Un vélo qui vous ressemble, à partir de 5499 € et jusqu’à 9999 €.

Explosion de sensations

L’Orbea Denna offre un cocktail d’émotions. La puissance qui galvanise, le confort qui rassure, la liberté qui grise. Chaque sortie devient une aventure où l’on se surprend à aller plus loin, à oser plus, tout en restant connecté à l’essentiel : le plaisir de pédaler.

Alors bien sûr, il est un peu lourd. Son moteur central modifie aussi un peu les habitudes de pédalage. Son prix est élevé, même si en le comparant à un vélo classique haut de gamme, on se dit que la technologie embarquée n’est pas si chère payée.

Mais il démontre aussi que même un cycliste expérimenté et entrainé peut prendre beaucoup de plaisir à son guidon. Il s’agit finalement d’un vélo de gravel électrique qui s’adresse à un très large panel d’utilisateurs.

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