Cyrille Patoux, l’éternel guerrier du cyclisme amateur

Cyrille Patoux nous a ouvert sa porte pour partager avec nous plus qu’une carrière : une véritable leçon de passion et de persévérance. Depuis ses années cadet jusqu’à aujourd’hui, il incarne ce qu’il y a de plus authentique dans le cyclisme : l’amour du sport, le respect de l’effort et une constance remarquable. À 40 ans, il continue de briller parmi les meilleurs, porté par une motivation intacte et un entourage qui l’a toujours soutenu. Son histoire est celle d’un coureur qui n’a jamais cessé d’avancer, avec humilité et détermination.

Par Jean-François Tatard – Photos : DR

Cyrille Patoux, l’éternel guerrier du cyclisme amateur
À près de 40 ans, Cyrille Patoux continue de courir au plus haut niveau amateur.

Dans un sport où la carrière des coureurs amateurs est souvent éphémère, où beaucoup raccrochent dès les premières désillusions, Cyrille Patoux fait figure d’exception. À 40 ans, il est toujours là, au plus haut niveau amateur, prêt à en découdre, à faire parler sa science de la course, son talent et son expérience.

« Tout d’abord, c’est la passion qui me motive. J’aime mon sport, et des fois il me le rend bien, des fois pas du tout, mais c’est ce que j’aime. » Une phrase qui résume tout. Cyrille n’est pas qu’un coureur, il est habité par le vélo, depuis toujours.

Une longévité hors normes

Vingt saisons au plus haut niveau amateur, cela ne s’improvise pas. C’est une question de passion, certes, mais aussi de rigueur et de mental. « Je suis un coureur de championnat et des courses d’un jour. J’aime relever le défi ces jours-là où tout est possible. »

Sa capacité à se surpasser dans les grandes occasions, sa connaissance de la course et son mental en acier trempé lui permettent de rester compétitif face à des coureurs bien plus jeunes.

Il aurait pu tout arrêter, comme tant d’autres, face aux coups durs et aux désillusions. « Oui, surtout quand tu prends des branlées, et quand j’ai eu mal au dos comme l’année dernière, j’avais aucun plaisir et là ça m’a écœuré, mais sinon je passe vite à autre chose. Le mental joue beaucoup. »

Il y a une forme de sagesse dans cette réponse, un détachement qui lui permet de rebondir, toujours.

Cyrille Patoux, l’éternel guerrier du cyclisme amateur
Cyrille Patoux reste compétitif, même s’il affronte des coureurs qui ont parfois la moitié de son âge.

L’histoire d’un pilier du cyclisme amateur

Si son passage chez les pros a été court, il reste convaincu que tout aurait pu être différent. « Mon plus grand regret sur ma carrière sera surtout le passage chez les pros très court. Si j’avais été champion de France, cela aurait changé la donne, je pense, car AG2R et Cofidis étaient sur le coup. Même si ma saison chez Roubaix était loin d’être ridicule, huitième à Plumelec et mes deux top cinq à Bessèges derrière Bryan Coquard, et d’autres places d’honneur… »

Son talent était là, son potentiel aussi, mais les occasions n’ont pas toujours été au rendez-vous.

Ce qu’il retient avant tout, ce sont les souvenirs marquants. « 10e de la Poly Normande en équipe de France en 2012. Et puis vice-champion de France amateur à Saint-Amand-les-Eaux en 2012, aussi une de mes plus belles saisons. »

Il n’a pas couru pour la gloire, mais pour le plaisir de se battre, de se dépasser. Et il n’a jamais cessé d’évoluer : « J’aime le défi et les challenges. Quand un domaine du cyclisme me plaît, je m’investis à fond pour savoir si je suis bon dans ce domaine. »

Cyrille Patoux, l’éternel guerrier du cyclisme amateur
Il brille aussi en cyclo-cross, discipline où il a décroché le titre de champion de France Masters cet hiver.

Un équilibre entre vélo, famille et travail

Si Cyrille est toujours là, c’est aussi grâce à son entourage. « Ils sont là tous les week-ends avec moi, ma compagne depuis 17 ans et les enfants. Dès qu’ils sont nés, dès leur premier mois, ils étaient déjà sur une course de vélo, et ça, c’est ma force. Ma femme, c’est mon assistante, ma coach mentale, ma DS et ma mécano. »

Ce n’est pas seulement un homme de vélo, c’est un homme de famille, conscient que cette stabilité lui permet de poursuivre sa carrière.

Il jongle entre sa vie professionnelle et le haut niveau. « J’ai un travail qui me fait partir tôt le matin et rentrer vers 15h30. Ça me laisse un peu de temps pour m’entraîner et mes mercredis après-midi. C’est sûr, je roule moins la semaine qu’avant, mais ça ne m’empêche pas de performer. »

Là où beaucoup ralentissent, où la vie professionnelle et familiale prennent le dessus, lui continue à tracer sa route avec la même envie.

Cyrille Patoux, l’éternel guerrier du cyclisme amateur
La famille de Cyrille Patoux est très présente à ses côtés.

Un regard éclairé sur le cyclisme

Avec deux décennies de carrière, Cyrille a vu le cyclisme évoluer. « Freins à disque et passage de vitesse électrique, c’est ce qui a le plus changé. »

Et sur les coureurs qu’il a croisés ? « J’ai pas forcément de coureurs qui m’ont impressionné, j’en ai tellement vu passer… On va dire Samuel Plouhinec en amateur. » Une réponse humble, qui témoigne de son respect pour ses adversaires.

Et la fin de carrière ? Il ne la voit pas encore. « Tant que le corps et l’envie suivent, je continue. » Il sait que ce jour viendra, mais pour l’instant, il est toujours là, prêt à conseiller la jeune génération. « J’aime toujours donner des conseils aux gars de l’équipe ou à d’autres dans le peloton, pour les faire évoluer un maximum et leur apprendre mes connaissances. »

Il veut transmettre, partager tout ce que le vélo lui a appris.

Une dernière victoire ?

Il a encore des rêves, des objectifs. « Une Coupe de France ou une belle classique. » Il sait que le temps joue contre lui, mais il ne renonce à rien.

Et s’il devait résumer son histoire avec le vélo en une phrase ? « Le monde du vélo est une deuxième famille. »

Voilà pourquoi il est toujours là. Parce que Cyrille Patoux, c’est plus qu’un coureur, c’est un passionné, un homme du vélo, un pilier de ce sport. Il n’a jamais cherché la lumière, il a simplement suivi son propre chemin. Et c’est ce qui fait de lui un champion à part.

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Jean-François Tatard

- 44 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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