Partager la publication "Brûler pour briller : l’entrainement à la chaleur, l’arme fatale des cyclistes"
Le cyclisme de haut niveau n’a jamais été aussi exigeant. Les écarts se réduisent, les stratégies se peaufinent, et la moindre amélioration physiologique peut faire la différence entre une victoire sur les Champs-Élysées et une place d’honneur. C’est dans ce contexte que l’entrainement à la chaleur, ou heat training, est en train de révolutionner la préparation des meilleurs cyclistes mondiaux. Une méthode radicale, éprouvante, mais diablement efficace, adoptée par les plus grands pour repousser leurs limites.
Par Jean-François TATARD – Photos : Grok / DR
L’entrainement à la chaleur repose sur des mécanismes physiologiques bien précis :
- Augmentation du volume plasmatique, améliorant l’apport d’oxygène aux muscles et retardant la fatigue.
- Amélioration de la thermorégulation, essentielle pour éviter le coup de chaud lors des courses estivales.
- Optimisation de la sudation, permettant un refroidissement plus efficace du corps.
- Effet “altitude-like”, avec une stimulation de la production d’EPO et une hausse du taux de globules rouges.
- Endurance boostée, grâce à une meilleure tolérance à l’effort prolongé.
Et ce ne sont pas juste des hypothèses : de nombreux athlètes ont déjà validé cette approche.
Pogačar, Campenaerts et les autres : pourquoi ils misent sur l’entrainement à la chaleur
Si une équipe ou un coureur veut dominer en juillet, il doit être prêt à affronter les conditions extrêmes du Tour de France. Tadej Pogačar, double vainqueur de la Grande Boucle, l’a bien compris. Son entraîneur et son équipe UAE Team Emirates ont fait du Heat Training un pilier de sa préparation.
Comme l’explique AS.com, “c’est un élément central dans la montée en puissance de Pogačar, un moyen de simuler des conditions extrêmes et de maximiser sa capacité d’adaptation.”
Victor Campenaerts, ancien recordman de l’heure, est lui aussi un fervent adepte de la chaleur. Il a utilisé cette méthode pour améliorer sa tolérance thermique et optimiser ses performances, notamment lors des épreuves longues et intenses.
Comme il le confiait à The Sun, “c’est une approche qui te pousse dans tes retranchements, mais qui te donne un avantage décisif en course.”
Tanguy Turgis : de la fin de carrière au renouveau avec le PCO
Mais l’entrainement à la chaleur ne concerne pas que les coureurs du World Tour. Il fait aussi son chemin dans les structures amateurs les plus ambitieuses, notamment grâce à des directeurs sportifs visionnaires comme Tanguy Turgis.
Ancien coureur professionnel, Tanguy Turgis a vu sa carrière brutalement stoppée en 2018 à cause de problèmes cardiaques, alors qu’il était l’un des plus grands espoirs français. Une coupure nette, un choc, mais aussi un tournant.
Plutôt que de s’éloigner du cyclisme, il a choisi de mettre son expérience au service des autres. Aujourd’hui, il est directeur sportif du Paris Cycliste Olympique (PCO), la plus grande structure amateur de la région Île-de-France, et il ne laisse rien au hasard dans la préparation de ses athlètes.
Convaincu des bienfaits du Heat Training, il l’intègre désormais dans les plans d’entraînement des coureurs qui lui font confiance. “C’est une méthode qui, bien utilisée, peut vraiment faire passer un cap aux athlètes”, explique-t-il. Chez les amateurs aussi, les courses se gagnent sur les détails, et l’adaptation à la chaleur peut être un game changer.
Grâce à son expertise et à son regard aiguisé sur la performance, Turgis applique les mêmes principes que les équipes World Tour à son groupe d’élite. Avec un entrainement structuré principalement à base de séances de home-trainer sous des conditions chaudes et humides. Une approche novatrice qui porte déjà ses fruits.
Les entraîneurs en pointe sur cette méthode
Le Heat Training n’est pas une mode passagère, mais bien un outil d’optimisation majeur pour les préparateurs de haut niveau. Carles Tur, entraîneur au sein de l’équipe Q36.5, a intégré cette méthode dans ses plans d’entraînement. Son objectif ? “Maximiser l’adaptation des coureurs aux conditions climatiques extrêmes et améliorer leur masse d’hémoglobine.”
L’équipe Bora-Hansgrohe, de son côté, pousse l’approche encore plus loin avec des capteurs de température corporelle embarqués, permettant de mesurer en temps réel l’adaptation des coureurs à la chaleur.
Comment s’entraîner à la chaleur ?
Adopter le Heat Training, ce n’est pas juste rouler en plein cagnard sans préparation. C’est un protocole précis qui peut se décliner sous plusieurs formes :
Entraînement en conditions chaudes et humides : sur home-trainer dans une pièce chauffée, avec des vêtements thermiques pour accentuer l’effet.
Bains chauds post-entraînement : immersion en eau chaude pour prolonger le stress thermique et accentuer les adaptations physiologiques.
Séances de sauna après les sorties : un moyen efficace d’augmenter le volume plasmatique sans effort mécanique supplémentaire.
Stages en climat chaud : pour combiner entraînement en altitude et acclimatation thermique, un combo redoutable.
Ces méthodes doivent être intégrées de manière progressive, sous contrôle, pour éviter les risques de déshydratation et de surchauffe.
Une approche incontournable pour les années à venir
Avec le réchauffement climatique et l’intensification des conditions de course, le Heat Training va devenir un passage obligé pour les cyclistes visant la performance. Les équipes les plus en pointe l’ont compris : mieux vaut préparer son corps à la chaleur plutôt que de la subir. Ce type d’entrainement, bien que difficile, permet aussi de booster l’endurance.
Et si aujourd’hui ce sont des champions comme Pogačar et Campenaerts Des structures comme le PCO, sous l’impulsion de Tanguy Turgis, l’ont déjà compris et appliquent ces techniques au plus haut niveau amateur. Et une chose est sûre : ceux qui négligeront cette méthode risquent d’en payer le prix sur les routes brûlantes du Tour… ou des classiques. Le HEAT Training, une mode ? Non. Un game changer… Partager la publication "Brûler pour briller : l’entrainement à la chaleur, l’arme fatale des cyclistes"