Test du nouveau Canyon Aeroad CF SLX 8

Le tout nouveau Canyon Aeroad CF SLX 2025 évolue subtilement par rapport à la précédente génération d’un modèle qui fait depuis longtemps référence pour ses performances et sa polyvalence. Plus rigide, plus tranchant, mais aussi plus stable, cette version avec un groupe Shimano Ultegra Di2 et des roues DT Swiss Arc 1400 offre l’un des meilleurs rapports qualité-prix du marché pour les amateurs de vitesse et de compétition. Voici le test d’un des vélos les plus réussis du moment.

Par Guillaume Judas – Photos : ©Vincent Lyky

Le Canyon Aeroad CF SLX 8.0 2025 appartient à la quatrième génération de la gamme Aeroad. Le cadre se situe au deuxième niveau de gamme de la marque allemande juste derrière l’Aeroad CFR. Il s’en distingue uniquement par le processus de fabrication, un peu moins pointu que sur le CFR, ce qui lui confère quelques dizaines de grammes de plus.

Comme pour la plupart des cadres du marché, l’Aeroad CF SLX est fabriqué à partir de fibres de carbone sélectionnées pour répondre aux exigences spécifiques de chaque partie du vélo. Canyon utilise une combinaison de fibres à haut module et de fibres à module intermédiaire. Elles sont disposées selon une orientation précise pour maximiser les propriétés mécaniques du cadre.

Les fibres à haut module sont utilisées dans les zones nécessitant une rigidité maximale, comme le boîtier de pédalier et le tube diagonal, pour garantir une transmission optimale de la puissance. Les fibres à module intermédiaire sont placées dans des zones comme le tube de selle et les haubans. Elles offrent une certaine flexibilité pour absorber les vibrations, améliorant ainsi le confort sans compromettre la performance.

Le processus de fabrication repose sur une analyse par éléments finis (FEA) et des tests rigoureux en laboratoire. Cette approche permet à Canyon de réduire le poids du cadre tout en renforçant les zones critiques. Cela garantit durabilité et fiabilité, en plus du comportement dynamique voulu par les concepteurs.

Avec un poids revendiqué d’environ 1 kg pour le cadre (selon la taille), l’Aeroad CF SLX se classe parmi les vélos aérodynamiques les plus légers dans sa catégorie. Un poids contenu grâce à une réduction minutieuse de la quantité de résine utilisée dans le processus de fabrication, tout en maintenant une rigidité optimale.

Une aérodynamique encore améliorée

Le Canyon Aeroad CF SLX de quatrième génération repose sur un travail approfondi en soufflerie et sur une collaboration étroite avec des experts en aérodynamique, notamment Swiss Side. La marque revendique une amélioration significative de l’aérodynamisme par rapport à la génération précédente, avec une économie de 7,5 watts à haute vitesse. Cette performance est obtenue grâce à des profils de tubes optimisés, une intégration complète des câbles et une conception générale qui réduit la traînée au maximum.

Sur ce nouveau modèle, le tube et la tige de selle et les haubans ont été légèrement affinés. En revanche, le tube horizontal est un peu plus large. Entre la douille de direction et le tube diagonal, un léger déport est un peu plus marqué que sur le modèle que nous avions testé en 2023. De profil, le vélo surprend donc un peu, surtout en taille XS, avec un dégagement entre la roue avant et le tube diagonal beaucoup plus important que sur certaines vélos concurrents.

Tous les câbles sont bien évidemment dissimulés à l’intérieur du cadre et du cockpit, réduisant la traînée et offrant une esthétique épurée. Enfin, les roues DT Swiss Arc 1400 avec un profil de 50 mm de haut font partie intégrante du projet. Elles sont aussi conçues en collaboration avec les spécialistes en aérodynamique Swiss Side. Elles semblent parfaitement convenir au vélo, notamment en termes de stabilité sous des vents de travers.

Leur largeur interne est de 20 mm, quand bon nombre de marques vont aujourd’hui jusqu’à 22, 23, voire 25 mm pour un profil plus rond, censé offrir plus d’équilibre à haute vitesse. Néanmoins, en proposant l’Aeroad avec des sections de pneu différenciées (25 mm à l’avant et 28 mm à l’arrière), Canyon a étudié son affaire dans les moindres détails.

Cockpit presque sur mesure

Le cockpit ajustable Aerocockpit CP0048 est une autre innovation majeure. Il permet de régler facilement la hauteur (jusqu’à 20 mm) et la largeur (jusqu’à 40 mm) du guidon sans nécessiter de modifications complexes. Comme le remplacement de composants ou la découpe du tube de direction. Une modularité particulièrement appréciée de ceux qui souhaitent personnaliser leur position pour maximiser leur confort et leur efficacité.

Le poste de pilotage se compose de trois parties. D’abord un segment principal en forme de T relié au pivot de fourche par une pièce taraudée pour remplacer l’expandeur. On peut changer la longueur par rapport au modèle défini par la taille du vélo, contre 200 € environ. Le montage est ici plus complexe qu’un simple changement de potence sur un vélo plus classique. Notons que le réglage du jeu de direction est maintenant simplifié par rapport au système précédemment utilisé sur l’Aeroad.

Puis on trouve deux extensions des deux côtés du T, maintenues par deux vis. Ce système permet de régler la largeur du cintre comme on le désire (avec 390, 410 ou 430 mm de largeur). Mais aussi de faciliter le transport du vélo dans certaines conditions et démontant et rabattant les deux parties vers le cadre. Une solution déjà présente sur le précédent Aeroad ou l’Ultimate, qui s’accompagne ici d’une autre option, puisque Canyon propose désormais des extensions avec un évasement de 19°, pour une partie supérieure bien plus étroite que la partie inférieure.

C’est quelque chose que je n’ai pas testé. Cela devrait plaire aux cyclistes qui recherchent une position très aérodynamique avec les mains posées sur les poignées de frein.

Sans aucun doute, Canyon s’impose en leader avec cette fonctionnalité, surtout que le changement des extensions ne nécessite pas de démonter les durites de frein. Sur le cockpit livré de série avec l’Aeroad CF SLX 8, je trouve la partie basse du cintre un peu trop haute et avec un angle qui ne favorise pas le calage des mains. Les extensions évasées semblent moins hautes et moins profondes. Reste que le système en soi de ce poste de pilotage montre toujours un léger décalage de rigidité entre les parties haute et basse du cintre.

Équipement de haut niveau

Le Canyon Aeroad CF SLX 8 est équipé d’un groupe Shimano Ultegra Di2 12 vitesses, assorti d’un capteur de puissance 4iiii (uniquement dans la manivelle gauche). En dehors d’un léger surpoids par rapport au groupe Dura-Ace (environ 250 g), il n’y a strictement rien à reprocher à l’Ultegra Di2, aussi précis, rapide et performant que le haut de gamme Shimano.

Le seul reproche que l’on puisse faire concerne les plateaux livrés avec le vélo : 52 et 36 dents. C’est le maximum proposé avec de l’Ultegra. À l’heure où de plus en plus de compétiteurs adoptent des développements plus importants, il est dommage que l’on ne puisse pas choisir des plateaux plus gros, que ce soit pour courir sur route ou pour participer à des triathlons. L’option n’est pas disponible en Ultegra, et de toute façon pas possible chez Canyon. Il en est de même pour la longueur de manivelles, imposée ici par la marque. C’est une des limites de la vente en ligne, mais qui permet tout de même d’optimiser au mieux le tarif des vélos de la marque.

Car, pour un prix de 6549 €, Canyon soigne sa clientèle. Outre le cadre et le groupe de très bonne facture, il y a les roues DT Swiss Arc 1400, des pneus Continental GP 5000 S TR (montés ici avec des chambres à air) et une selle Selle Italia SLR Boost Superflow Kit Carbonio. Le poids total du vélo s’affiche à 7,49 kg, sans pédales mais avec les porte-bidons. Une belle machine prête à courir.

Performant mais polyvalent 

Si l’Aeroad CF SLX 8 est avant tout conçu pour la performance, Canyon n’a pas négligé le confort, un aspect crucial pour les longues sorties et les courses exigeantes. La tige de selle offre une certaine flexibilité pour absorber les vibrations, tout en restant aérodynamique. Elle dispose également de deux trous filetés pour les accessoires tels que les feux et les supports de plaque de cadre.

De plus, le vélo est compatible avec des pneus jusqu’à 32 mm, ce qui améliore le confort sur les routes moins lisses sans compromettre la vitesse. Sur la route, l’Aeroad de nouvelle génération n’est pas un vélo réellement conçu pour admirer le paysage, mais il reste relativement confortable sur des sorties de quatre à cinq heures parcourues à bonne allure.

En termes de rendement pur, la machine tient largement ses promesses. Dès les premiers coups de pédale, j’ai pu ressentir la rigidité globale du vélo, mais une rigidité qu’il ne faut pas confondre avec une trop grande raideur. L’Aeroad est vif et parfaitement maintenu sur toute sa longueur. Les roues ne semblent jamais flotter au milieu du châssis, même lors des relances énergiques avec du braquet.

Et pourtant, je ne l’ai pas trouvé non plus intransigeant, dans le sens où il n’impose pas obligatoirement une fenêtre de cadence de pédalage ou de puissance idéale pour se relancer ou maintenir une bonne vitesse au train. J’ai pu monter certaines côtes plutôt en force, autour de 60 tours/minute, sans me sentir complètement planté comme c’est parfois le cas avec des cadres vraiment très raides.

Sur le plat et dans le vent, l’Aeroad CF SLX 8 est vraiment efficace. Non seulement il est rapide comme le montrent les données croisées du capteur de puissance et du compteur, mais il fait également preuve d’une étonnante stabilité sous un vent fort de travers. Compte tenu de la dimension des tubes et des jantes, il faut bien sûr souvent pencher un peu le vélo pour contrebalancer l’effet du vent.

Le vélo fait preuve d’une étonnante stabilité sous un vent fort de travers.

En revanche, la direction est peu sensible aux rafales et je ne me suis jamais senti surpris par une perte de contrôle de la trajectoire sur des parties roulantes. C’est seulement en descente à très haute vitesse, et toujours sous des conditions de vent fort, que le vélo est un peu plus délicat à tenir. Il s’agit tout de même d’une caractéristique souvent commune aux vélos équipés de jantes hautes.

Un vélo taillé pour la compétition, mais accessible à tous

L’Aeroad CF SLX 8 est un vélo de compétition, dont la version CFR est utilisée par des équipes professionnelles comme Alpecin-Deceuninck et Movistar. Cependant, il reste accessible aux amateurs passionnés grâce à son prix compétitif et à un comportement plus polyvalent qu’il n’y parait. Cette quatrième génération apporte de mon point de vue bien plus qu’une simple mise à jour. Il s’agit d’une véritable évolution qui repousse les limites de ce qu’un vélo de route aérodynamique peut offrir.

Je ne le conseillerais pas bien sûr à ceux qui ne roulent qu’une fois par semaine. Il n’est pas aussi pointu que des vélos très haut de gamme vendus deux fois plus chers, et auxquels il rend un demi-kilo et quelques menus détails de fonctionnalités. Mais pour tous ceux qui sont correctement entrainés et qui recherchent un vélo moderne, réactif, et qui rêvent de vitesse et de performance, il n’est pas loin d’être un choix idéal, surtout si l’on tient compte de son prix de vente, lui aussi extrêmement compétitif par rapport à la concurrence.

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