Partager la publication "Fibrose musculaire : comment la comprendre et la traiter pour continuer à rouler et courir sans douleur ?"
Douleurs persistantes, raideurs, perte de souplesse… La fibrose musculaire peut être un véritable cauchemar pour les cyclistes et les coureurs à pied. Souvent méconnue, elle résulte d’une mauvaise cicatrisation après une blessure, un traumatisme ou une inflammation. Et une fois installée, elle peut sérieusement compromettre la fluidité du coup de pédale ou la légèreté de la foulée. Mais alors, comment la reconnaître ? Et surtout, comment la traiter efficacement pour éviter qu’elle ne devienne un frein à la performance ?
Par Jeff Tatard – Photos : Grok / DR
Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé des spécialistes : Mathieu Moretti, directeur du centre KINESIS à Méry-sur-Oise, Dr Laurent Aumont, médecin des stars du PSG, et Kristel Beveraggi, ostéopathe spécialisée en yoga à l’IMS Préfontaine à Saint-Germain-en-Laye. Nous avons aussi recueilli le témoignage de Ludovic, cycliste amateur, et de Timothée, coureur à pied, qui ont dû composer avec cette pathologie.
Qu’est-ce que la fibrose musculaire et pourquoi touche-t-elle les sportifs ? La fibrose musculaire est une réaction du corps à une blessure ou une inflammation. Lorsqu’un muscle est endommagé, l’organisme répare les tissus en produisant du collagène. Mais parfois, ce processus ne se déroule pas correctement et conduit à la formation d’une zone fibreuse rigide, qui limite l’élasticité et la fonctionnalité du muscle.
« Chez les sportifs, on voit souvent des fibroses au niveau des ischio-jambiers, du quadriceps ou encore du tendon d’Achille, notamment après une déchirure, une tendinite mal soignée ou une surcharge d’entraînement », explique Mathieu Moretti.
Dans le cas des cyclistes, les muscles les plus touchés sont les ischio-jambiers et le quadriceps, en raison de la sollicitation répétée et des microtraumatismes liés à l’effort prolongé. Pour les coureurs, le tendon d’Achille et les mollets sont des zones à risque, particulièrement après une tendinopathie mal récupérée.
Comment reconnaître une fibrose musculaire ?
La fibrose se manifeste par des raideurs musculaires, une sensation de blocage, et parfois des douleurs profondes. « Ce qui est piégeux, c’est que la douleur n’est pas forcément constante, elle peut disparaître à chaud et revenir à froid », précise Dr Laurent Aumont.
Pour établir un diagnostic précis, plusieurs méthodes existent :
• L’examen clinique, qui passe par la palpation et la mise en tension du muscle pour détecter une perte d’élasticité.
• L’échographie ou l’IRM, qui permettent d’identifier précisément la zone fibreuse.
« Pour un sportif, le plus gros danger, c’est d’ignorer les premiers signes et de continuer à forcer dessus, ce qui peut aggraver la fibrose et ralentir la récupération », avertit Kristel Beveraggi.
Témoignages de sportifs : quand la fibrose devient un frein
Ludovic, cycliste amateur, a découvert la fibrose musculaire après une chute qui lui a valu un hématome profond à la cuisse :
« Au début, je pensais que c’était juste une douleur passagère. Mais plusieurs semaines après, j’avais toujours cette sensation de blocage dans le quadriceps, comme si mon muscle ne voulait plus fonctionner normalement. J’ai compris qu’il y avait un problème quand je n’arrivais plus à envoyer de la puissance notamment quand il s’agit de rouler à 100% de la FTP les mains en bas. »
Timothée, coureur à pied, a lui aussi été freiné par une fibrose du tendon d’Achille après une tendinite mal soignée :
« J’avais enchaîné trop vite après une blessure. J’ai repris la course avec une douleur diffuse qui passait à chaud, mais revenait systématiquement après l’entraînement. Jusqu’au jour où mon tendon s’est comme “figé”, impossible de dérouler ma foulée correctement. »
Comment traiter la fibrose musculaire ?
Les techniques de kinésithérapie : l’étape incontournable
Le traitement de la fibrose repose en grande partie sur la rééducation fonctionnelle et la stimulation des tissus lésés. Parmi les techniques les plus efficaces :
• Les massages profonds et le crochetage : permettent de casser les adhérences et de redonner de la mobilité aux muscles.
• Les étirements progressifs : indispensables pour redonner de l’élasticité aux tissus.
• Le renforcement musculaire ciblé : pour éviter les compensations et rééquilibrer les chaînes musculaires.
• Les thérapies par ondes de choc ou LPG Cellu M6 : utilisées pour stimuler la régénération du tissu musculaire.
• Le laser O2 : une technique de photobiomodulation qui accélère la régénération cellulaire et améliore la vascularisation des tissus cicatriciels.
« L’objectif est de relancer la vascularisation de la zone touchée et d’améliorer la souplesse du muscle. Mais attention, cela demande de la patience, on ne “casse” pas une fibrose en quelques séances », insiste Mathieu Moretti.
L’ostéopathie et le yoga : des alliés pour une récupération optimale
L’ostéopathie et le yoga peuvent aussi jouer un rôle clé dans la récupération. « L’ostéopathie permet de lever les blocages et de restaurer la mobilité articulaire et tissulaire », explique Kristel Beveraggi.
Quant au yoga, il peut aider à améliorer la souplesse et à réduire les tensions musculaires chroniques. « Les postures d’étirement profond, comme celles du Yin Yoga, sont particulièrement efficaces pour travailler sur les fascias et limiter la rigidité des tissus cicatriciels », ajoute l’ostéopathe.
La prévention : éviter que la fibrose ne revienne
Une fois la fibrose traitée, l’objectif est d’éviter les récidives. Pour cela :
• Évitez la reprise trop rapide après une blessure : un muscle fragilisé est plus vulnérable.
• Travaillez la mobilité et les étirements régulièrement : notamment après l’effort.
• Adoptez une récupération active : massage, cryothérapie, auto-massages avec rouleau de massage.
• Soyez attentif aux premiers signes : une gêne persistante est un signal d’alarme.
« La meilleure arme contre la fibrose, c’est d’avoir une approche globale : du renforcement musculaire, du travail de mobilité et une récupération bien gérée« , conclut Dr Laurent Aumont.
Conclusion : reprendre le contrôle sur son corps
La fibrose musculaire n’est pas une fatalité, mais elle demande une prise en charge sérieuse et adaptée. Si elle est ignorée, elle peut devenir un véritable frein à la performance et au plaisir de rouler ou de courir.
Grâce aux conseils des spécialistes et aux retours d’expérience de sportifs qui en ont souffert, vous avez maintenant toutes les clés pour mieux la comprendre, la prévenir et la traiter. Alors, prêt à reprendre la route ou les chemins sans douleur ?
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