Changer de club ou d’équipe : le bon moment et les bonnes raisons

Alors que la saison 2025 débute, les premiers résultats donnent déjà matière à réflexion. Bryan Coquard a surpris en s’imposant en Australie sous les couleurs de Cofidis, tandis que Tom Pidcock et Marc Hirschi découvrent leur nouvel environnement. Le Britannique a rejoint Q36.5 Pro Cycling, tandis que le Suisse a choisi TUDOR Pro Cycling Team. Deux choix qui reflètent les questionnements récurrents des coureurs, qu’ils soient amateurs ou professionnels : quand faut-il changer d’équipe ? Pourquoi ? Et surtout, qui a raison et qui a tort ?

Par Jeff Tatard – Photos : Q36.5 Pro Cycling Team / Grok / DR

Dans le monde amateur : entre progression et plaisir

Pour un cycliste amateur, changer de club est souvent une décision motivée par la progression ou l’envie de retrouver du plaisir. Lorsqu’un coureur sent qu’il stagne, que son club ne lui apporte plus les moyens de progresser ou que l’ambiance ne correspond plus à ses attentes, la question du départ se pose naturellement.

Le niveau des courses joue aussi un rôle important. Certains clubs offrent plus d’opportunités en fonction des catégories, et un coureur ambitieux peut chercher un meilleur encadrement, plus de compétitions ou un environnement plus structurant. À l’inverse, d’autres peuvent vouloir rejoindre une structure plus conviviale après des années de haut niveau, pour retrouver une approche plus détendue du sport.

Et puis, il y a les raisons plus personnelles. Comme le dit Nico, qui a choisi de changer de club cette année : « J’avais envie de courir dans le même club que mon fils. Partager cette passion ensemble, porter les mêmes couleurs, c’était quelque chose qui me tenait à cœur. » Pour lui, le choix du club n’est plus seulement une question de performance, mais aussi de transmission et de plaisir familial.

Changer de club ou d’équipe : le bon moment et les bonnes raisons
Dans le cyclisme amateur, un changement de club peut résulter d’une volonté de se rapprocher d’une ambiance familiale.

D’autres, comme Fred, cherchent un club plus en phase avec leur mode de vie actuel : « J’ai fait des années dans des structures très compétitives, mais aujourd’hui, je veux un club à taille humaine, où l’ambiance est plus familiale et où l’organisation correspond mieux à mon quotidien. » Son choix est avant tout dicté par l’équilibre entre passion et contraintes personnelles.

Enfin, la gestion des courses et des calendriers a son importance. Un club qui ne propose pas assez de compétitions adaptées ou qui se spécialise dans un type d’épreuve qui ne correspond pas à un coureur peut devenir un frein.

Chez les professionnels : des enjeux plus complexes

Dans le cyclisme professionnel, le changement d’équipe est une décision bien plus lourde de conséquences. Les motivations sont variées, mais plusieurs éléments reviennent systématiquement dans les choix de carrière des coureurs.

D’abord, l’aspect financier. Un coureur, même talentueux, n’a qu’une fenêtre de quelques années pour sécuriser son avenir. Un contrat plus avantageux peut être déterminant, notamment pour ceux qui ne sont pas des leaders naturels et qui doivent assurer leur place au sein du peloton.

Ensuite, le rôle au sein de l’équipe. Un coureur peut être un simple équipier dans une structure et devenir leader dans une autre. C’est souvent ce qui motive un changement : la volonté d’avoir sa chance, de courir pour soi et non plus au service d’un autre. Tom Pidcock, en rejoignant Q36.5 Pro Cycling, espère peut-être trouver plus de liberté que chez INEOS Grenadiers, où il était entouré de multiples leaders.

Le matériel et l’encadrement jouent également un rôle clé. Tous les vélos, toutes les stratégies d’entraînement, tous les préparateurs ne se valent pas. Un coureur peut partir pour bénéficier d’un environnement plus propice à sa progression. Marc Hirschi, après des années chez UAE Team Emirates, a choisi TUDOR Pro Cycling, une équipe suisse plus modeste mais qui pourrait lui offrir un cadre plus personnalisé et une place plus centrale dans son projet sportif.

Enfin, l’alignement avec les objectifs personnels est essentiel. Certains coureurs rêvent de gagner le Tour de France, d’autres veulent briller sur les classiques ou les courses d’une semaine. Si une équipe ne soutient pas ces ambitions, le coureur peut chercher un projet plus en phase avec ses aspirations.

Changer de club ou d’équipe : le bon moment et les bonnes raisons
Le choix d’une équipe permet souvent d’orienter différemment sa carrière.

Qui a raison, qui a tort ?

Changer d’équipe est toujours un pari. Certains réussissent brillamment leur transition et franchissent un cap, tandis que d’autres se retrouvent dans un environnement qui ne leur convient pas et peinent à retrouver leur meilleur niveau.

Ce début de saison 2025 illustre bien cette dynamique. Bryan Coquard, resté fidèle à Cofidis, prouve qu’il est parfois bon de miser sur la stabilité, en remportant une belle victoire en Australie. De l’autre côté, Tom Pidcock et Marc Hirschi découvrent encore leur nouvelle équipe, et seul le temps dira si leur choix était le bon.

Dans le fond, que l’on soit amateur ou professionnel, le plus important reste l’envie et l’ambition. Rester dans un club ou une équipe où l’on ne se sent plus à sa place, c’est prendre le risque de perdre sa motivation. Et en cyclisme, comme ailleurs, la motivation fait souvent la différence entre la victoire et l’oubli.

=> Tous nos articles Mag

Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Vous aimerez peut-être aussi