Dans l’ombre de la gloire : les confessions de Vincent Martins, l’entraîneur aux liens brisés

C’est en lisant un récent article du Parisien, qui a fait couler beaucoup d’encre au sujet de l’affaire Marion Sicot, que l’idée nous est venue de nous rapprocher de Vincent Martins. Cet homme, longtemps perçu comme un mentor respecté dans le monde du cyclisme, a vu sa carrière et sa réputation s’effondrer. Derrière les titres accrocheurs et les rumeurs, il y avait une histoire plus complexe, plus humaine, que nous avons voulu entendre.

Par Jeff Tatard – Photos : DR / Bernard Cloüet

Avec une générosité inattendue, Vincent nous a ouvert sa porte. Pendant des heures, il s’est livré, évoquant ses triomphes, ses échecs et les moments d’obscurité qui l’ont marqué à jamais. Ce récit est le fruit de cette rencontre, une plongée dans les méandres d’une vie dédiée au sport, mais aussi entachée par les trahisons et les drames.

L’apothéose : une victoire ternie par le doute

En fin d’année 2021, Vincent Martins était au sommet. Marion Sicot, une cycliste qu’il entraînait depuis plusieurs années et avec qui il entretenait une relation intime, venait de pulvériser un record du monde, celui du maximum de dénivelé en 24h. Les applaudissements fusaient, les félicitations pleuvaient. Ce moment aurait dû être la consécration de toute une carrière dédiée à l’excellence. Mais derrière les sourires de façade, quelque chose n’allait pas. « Ce jour-là, j’aurais dû être heureux, fier. Et pourtant, au fond de moi, j’avais cette étrange sensation que tout allait basculer. »

Quelques semaines après la performance, des révélations ont émergé, brisant l’illusion de ce triomphe. Marion, celle qu’il considérait presque comme un membre de sa famille, lui avait menti sur des détails cruciaux. Des mensonges qui n’ont pas seulement entaché la victoire, mais aussi leur relation.

Dans l’ombre de la gloire : les confessions de Vincent Martins, l’entraîneur aux liens brisés
Marion Sicot après son record du monde de dénivelé en 24h. L’entraineur n’est jamais loin. ©Bernard Cloüet

La trahison de Marion Sicot : une blessure intime

Pour Vincent Martins, le choc a été double. Professionnellement, il s’est senti trahi, car tout ce qu’ils avaient construit ensemble reposait sur une base fissurée. Mais sur le plan personnel, c’était un coup bien plus dur à encaisser. « Marion n’était pas qu’une athlète pour moi. Elle était une partie de ma vie, presque comme ma propre famille. J’ai tout donné pour elle : mon temps, mon énergie, mon cœur. Découvrir qu’elle m’avait menti, c’était comme recevoir un coup de poignard dans le dos. »

Vincent ne s’étend pas sur la nature exacte des mensonges. Mais il évoque les conséquences dévastatrices qu’ils ont eues sur lui et sur leur entourage. « Ce n’est pas seulement la confiance qui s’effondre, c’est tout ce que vous pensiez être vrai. On se demande si chaque sourire, chaque moment de complicité, n’était qu’un écran de fumée. »

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Pour le Coach, l’accompagnement des sportifs est un sacerdoce.

Marc Bracke : un drame inoubliable

Au cœur de cette affaire se trouve également Marc Bracke, un acteur clé du cyclisme, qui s’est donné la mort dans des circonstances tragiques. Bien que Vincent n’ait pas été directement impliqué dans les événements qui ont conduit à ce geste désespéré, il porte une part de culpabilité. Rappel des événements : en 2019, lorsque Marion Sicot est contrôlée positive à l’EPO à l’issue des championnats de France contre-la-montre, elle évoque pour se défendre la pression mise sur elle par son directeur sportif de l’époque, Marc Bracke, jusqu’à déposer une plainte contre lui pour harcèlement. Or, cinq ans après les faits, une enquête révèle que la cycliste française avait commencé à se doper dès 2016.

Vincent Martins s’interrompt, visiblement ému, avant de poursuivre : « ce genre de drame vous force à réfléchir sur vos propres actions, sur ce que vous auriez pu faire différemment. On ne revient jamais vraiment d’une telle perte. On apprend juste à vivre avec ce poids. »

Il avait à l’époque soutenu son athlète après ce qu’il croyait être une seule et unique incartade. Il avait co-écrit son livre, où la cycliste se trouvait des excuses, et lui avait même prêté une somme d’argent conséquente pour assure sa défense.

Merryl : la double trahison

Comme si les événements avec Marion ne suffisaient pas, Vincent a également été confronté à une autre trahison, celle de Merryl, sa meilleure amie. « Quand deux des personnes en qui vous aviez le plus confiance vous tournent le dos, c’est comme si le sol se dérobait sous vos pieds. Pendant des mois, j’ai eu l’impression de ne plus exister, d’être un fantôme. »

Merryl, qui avait toujours été un pilier pour lui, et qui a aussi soutenu Marion Sicot dans cette affaire, a choisi de faire sa vie avec elle, tout en mentant à Vincent sur la nature de cette relation. Une histoire d’amour que Vincent a vécu comme une double trahison, de la part de sa meilleure amie comme de celle pour laquelle il éprouvait de forts sentiments.

L’obscurité : une lutte contre soi-même

Face à ces trahisons et à ces drames, Vincent a sombré dans une période d’obscurité profonde. Il admet avoir envisagé, à plusieurs reprises, de mettre fin à ses jours. « Quand tout ce que vous avez construit s’effondre, il n’y a plus rien qui semble valoir la peine. Vous vous sentez vide, inutile, incapable de continuer. »

Ce qui l’a sauvé, dit-il, c’est la parole. « Une seule conversation peut changer une vie. Mais encore faut-il avoir le courage de demander de l’aide. » Il évoque également l’importance de trois piliers dans sa reconstruction : le sport, l’écriture, et sa famille. Le sport, bien sûr, reste un exutoire, un moyen de canaliser ses émotions. L’écriture, qu’il a redécouverte dans cette période sombre, lui permet de mettre des mots sur ce qu’il ressent. Quant à sa famille, elle est restée à ses côtés dans ses moments les plus durs.

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Vincent Martins est aussi un athlète accompli, comme le montre ici son titre de champion de France Masters.

Un retour à zéro professionnel

Aujourd’hui, la carrière de Vincent Martins est en suspens. Il ne sait pas encore s’il reprendra son rôle d’entraîneur. « Être entraîneur, c’est donner une partie de soi à chaque athlète. C’est un métier magnifique, mais c’est aussi épuisant. Après ce que j’ai vécu, je ne sais pas si je suis prêt à recommencer. » En revanche, il continue de suivre l’évolution du cyclisme avec un regard critique. « Le sport devient de plus en plus scientifique, de plus en plus robotisé. On perd parfois ce qui faisait la beauté de ces moments : l’humain, l’émotion brute, l’imprévu. »

Un regard vers l’avenir

Malgré tout, Vincent Martins reste optimiste. Ce qu’il a vécu, dit-il, l’a rendu plus fort. « Rien ne nous détruit totalement. Chaque épreuve est une leçon, une opportunité de grandir. J’ai appris à m’aimer moi-même, à me respecter, même quand tout semble perdu. »

Il envisage d’écrire un livre pour partager son histoire, non pas pour pointer du doigt ceux qui l’ont blessé, mais pour inspirer ceux qui, comme lui, ont dû faire face à l’adversité. « Si mon expérience peut aider ne serait-ce qu’une seule personne à se relever, alors tout cela n’aura pas été vain. »

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Vincent Martins, en tant que coach, est toujours passionné par le sport, mais il se demande s’il va continuer à entrainer des athlètes.

Une histoire universelle

L’histoire de Vincent Martins dépasse largement les frontières du cyclisme. Elle incarne des thèmes universels : la trahison qui ébranle les certitudes, la résilience face à l’adversité, et cette quête profonde de rédemption et de sens dans un monde parfois impitoyable. Alors que nous quittons son domicile, une chose devient évidente : son combat n’est pas terminé, mais il avance avec une détermination mêlée de vulnérabilité.

Vincent Martins n’est pas simplement un entraîneur marqué par les épreuves. Il est un survivant, un homme qui, malgré les blessures, refuse de se laisser définir par ses échecs. Là où d’autres auraient sombré, il choisit la lumière, réapprenant à reconstruire non seulement sa vie, mais aussi sa foi en l’humanité. Dans ses yeux, on lit une promesse silencieuse : celle de renaître, plus fort, et de transformer ses cicatrices en une source de force et d’inspiration.

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Jean-François Tatard

- 43 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

2 commentaires sur “Dans l’ombre de la gloire : les confessions de Vincent Martins, l’entraîneur aux liens brisés

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