Partager la publication "Pascal Carlot : l’alchimiste du VC Rouen"
Dans le monde du cyclisme amateur, rares sont les figures qui parviennent à conjuguer rigueur, vision et humanité. Pascal Carlot, directeur sportif du VC Rouen, est de celles-là. Il est l’homme derrière le club qui a dominé les pelotons français cette saison, une équipe où chaque victoire est le fruit d’un équilibre subtil entre ambition individuelle et esprit collectif. Portrait d’un maître artisan qui transforme le cuivre des promesses en l’or des performances.
Par Jean-François Tatard – Photos : DR
L’architecte du collectif
Quand Pascal Carlot parle de son équipe, il ne parle jamais de chiffres ni de statistiques – pourtant impressionnants cette saison. Non, il évoque avant tout des hommes. “Le secret ? Une camaraderie exceptionnelle”, confie-t-il. Dans un monde où les individualités cherchent souvent à briller, il a su imposer un modèle fondé sur la fraternité. Cette cohésion, il l’entretient dans les gîtes où l’équipe loge lors des courses, dans les moments de vie partagés loin des lignes d’arrivée.
L’anecdote qu’il raconte à propos de Killian Théot en dit long sur cette philosophie. Lors d’une finale de Coupe de France, Théot aurait pu jouer sa carte personnelle. Mais il a préféré sacrifier ses ambitions pour protéger son coéquipier Florentin Lecamus Lambert, leader au général. “Ça n’arrive jamais”, sourit Pascal, encore ému par cet épisode. “Mais c’est ça, l’esprit du VC Rouen.”
Le stratège pragmatique
Être à la tête du meilleur club amateur de France, c’est aussi une affaire de pression. Pascal Carlot ne le nie pas : “La pression est naturelle, mais les résultats passés l’atténuent.” Sous sa direction, le VC Rouen ne s’est pas contenté de gagner ; il a su évoluer avec son temps. Loin des clichés sur les rouleurs à l’ancienne, il a intégré des avancées comme les vêtements aérodynamiques ou une approche modernisée de la nutrition, menée à l’initiative même des coureurs. Mais il garde une distance philosophique face à ces innovations : “Le matériel, c’est bien, mais le plus important reste l’humain.”
C’est cette vision pragmatique qui le guide dans le recrutement. Diversité des profils, complémentarité des qualités, et surtout, capacité à s’intégrer dans le collectif : tels sont les critères du VC Rouen. “On ne cherche pas seulement des sprinteurs ou des puncheurs. On cherche des coéquipiers, des hommes capables de faire progresser le groupe.”
Le mentor des jeunes talents
Pascal Carlot n’est pas seulement un manager : il est un formateur. Pour lui, 95 % des coureurs ont encore à apprendre, même les plus prometteurs. Son obsession ? Proposer un calendrier formateur, mêlant épreuves de haut niveau et compétitions exigeantes. “La formation des jeunes est primordiale. On leur apprend la rigueur, la discipline, mais surtout à être bien entourés et à écouter.”
Son message aux jeunes qui rêvent de haut niveau est limpide : “Ne croyez pas tout savoir. Écoutez les conseils des gens expérimentés. Et surtout, soyez rigoureux. Le talent seul ne suffit pas.”
Un rêve professionnel, mais les pieds sur terre
Et le futur ? Pascal ne cache pas son ambition : “Passer professionnel d’ici cinq ans.” Mais il sait que le chemin est semé d’embûches. Le cyclisme amateur traverse une crise économique, et le vélo devient, selon lui, un sport de plus en plus élitiste. Pourtant, il refuse de céder au pessimisme. “Il faut se réinventer, tout le temps.”
Cette résilience, il l’applique également à son rôle. Alors qu’il se prépare à passer davantage de temps sur des tâches administratives, il reste profondément attaché à l’équipe. “Je serai toujours là pour mes coureurs. Même si je vais moins aux courses, leur bien-être restera ma priorité.”
Une philosophie de la victoire
Ce qui rend Pascal Carlot si unique, c’est sa capacité à mêler ambition et humilité, modernité et tradition. Il sait que gagner n’est pas une fin en soi. “Ce que je veux, c’est qu’on garde cet esprit de copains. Celui qui ne rentre pas dans le collectif s’exclut de lui-même. Mais tant qu’on reste unis, tout est possible.”
Alors que le VC Rouen continue d’écrire en lettres d’or l’histoire du cyclisme amateur français, une évidence s’impose : Pascal Carlot n’est pas qu’un directeur sportif, il est un maître d’orchestre, capable d’harmoniser talents, ambitions et esprits. Bâtisseur infatigable, il forge des champions autant qu’il façonne des hommes, avec cette rare alchimie entre vision, pragmatisme et humanité.
Par son approche, il nous rappelle une vérité essentielle : le cyclisme n’est pas qu’un sport, c’est une métaphore de la vie, où chaque coup de pédale rapproche un peu plus de ses rêves, à condition de ne jamais avancer seul.
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