Partager la publication "Le retour triomphal des « jeunes » vétérans : Benoît Daeninck et ses compagnons de piste au sommet du monde"
Dans l’univers du sport, il est rare de voir d’anciens champions revenir sous les projecteurs après avoir raccroché. Pourtant, c’est exactement ce qu’ont réussi Benoît Daeninck et ses quatre compagnons, Damien Charlot, Thomas Bodo, Fabien Merciris et Nicolas Labussière. Ces cinq passionnés de cyclisme, qui auraient pu se contenter de leur retraite sportive bien méritée, ont fait un retour fracassant sur la piste lors des Championnats du monde Masters 2024 à Roubaix. Un exploit collectif qui leur a permis de décrocher la médaille d’or en poursuite par équipes, mais aussi bien plus. Nous avons retrouvé Benoît Daeninck, et à travers lui, revécu cette aventure hors du commun. Ce récit est celui d’un défi improbable, d’une amitié profonde, et d’une philosophie de vie axée sur le dépassement de soi, le plaisir, et le partage.
Par Jean-François Tatard – Photos : DR
Une idée née d’une rencontre et d’un pari fou
Tout a commencé par une visite impromptue. « J’avais ouvert mon magasin de cycles début 2023, et le sport était un peu passé en arrière-plan« , raconte Benoît. « Puis Fabien Merciris est passé un jour de mars et m’a lancé : “J’ai un truc à te proposer.” Le soir même, j’ai appelé Damien Charlot, et il a dit oui sans hésiter. » Ce projet, c’était celui de former une équipe pour participer aux Championnats du monde Masters sur piste, qui se déroulaient à Roubaix, à seulement une heure de route de chez eux. L’idée a immédiatement séduit tout le monde, et en quelques jours, l’équipe était en place.
L’objectif ? Rien de moins que décrocher le titre mondial en poursuite olympique. « On n’en parlait qu’à demi-mot au début, mais dans le fond, on voulait tout faire pour être champions du monde« , avoue Benoît.
Retrouver la forme… et les automatismes
Se replonger dans l’entraînement après plusieurs années de pause n’a pas été une mince affaire. « Remettre le cuissard, ça n’a pas été facile, confie Benoît en riant. Il a fallu faire rentrer cette petite bouée qui s’était installée ! » Malgré les années, les automatismes sont vite revenus. « Ce qui m’a le plus surpris, c’est ma capacité à retrouver mes sensations sur la piste en quelques coups de pédale », ajoute l’ancien champion de France (11 titres sur la piste).
Le groupe a retrouvé ses marques, aidé par l’alchimie qui les unit depuis leurs jeunes années. « Avec Fabien, on avait déjà une grosse expérience internationale, et Damien arpente les vélodromes depuis 30 ans. Quant à Nicolas et Thomas, ils nous ont montré qu’ils n’avaient rien perdu de leurs qualités, même s’ils n’avaient pas fait de poursuite par équipes depuis leurs années juniors. »
La dynamique de groupe, clé du succès
Ce retour sur le devant de la scène s’est appuyé sur une dynamique de groupe exceptionnelle. « L’alchimie entre nous a tout de suite pris, raconte Benoît. On se connaît depuis longtemps. Damien et moi, on a été champions de France ensemble en 1998, notre premier titre à tous les deux. Forcément, ça crée des liens. »
Le collectif a été l’élément déterminant dans cette aventure. « Chacun savait ce qu’il avait à faire. La poursuite par équipes, ce n’est pas juste avoir les quatre meilleurs, c’est avoir la meilleure équipe de quatre », souligne Benoît. La camaraderie et la complémentarité ont permis à l’équipe de tirer le meilleur de chaque membre.
Un exploit gravé à jamais
Le moment où ils ont décroché le titre mondial restera gravé dans leurs mémoires. « Ce moment où nous devenons champions du monde est hors du temps ! Seul le sport peut procurer autant d’émotions« , se souvient Benoît, les yeux brillants. « Des mois de travail, d’efforts, de sacrifices, et tout cela pour ces quelques minutes.Voir la fierté dans les yeux de mes filles, c’était incroyable. »
Mais leur aventure ne s’est pas arrêtée là. Nicolas Labussière a décroché l’argent en scratch, et Benoît a remporté l’or dans la course aux points, après avoir pris deux tours d’avance sur le peloton. « Je n’avais pas prévu de faire cette course, mais je ne pouvais pas passer à côté », confie-t-il.
Une nouvelle jeunesse
Au-delà des médailles, cette expérience a offert à ces quadragénaires une nouvelle jeunesse. « Damien dirait qu’on a retrouvé une nouvelle jeunesse, et il n’aurait pas tort« , plaisante Benoît. Leur performance exceptionnelle a rappelé au monde que l’âge n’est qu’un chiffre, et qu’avec la détermination et l’esprit d’équipe, il est possible de continuer à accomplir de grands exploits, même après avoir pris sa retraite sportive.
L’avenir : toujours plus loin
Et maintenant ? « Mes compagnons passent dans la catégorie des 45-54 ans, et ils ont bien l’intention de continuer. Quant à moi, le petit jeune de l’équipe, je suis déjà en train de former une nouvelle équipe pour 2025″, annonce Benoît avec un clin d’œil.
Le seul conseil : prendre du plaisir
En bref, pour les sportifs plus âgés qui rêvent de relever un nouveau défi, Benoît résume en une phrase simple mais puissante : « Prenez du plaisir. C’est la clé de tout. Nous, on a vécu cette aventure avec le sourire, et c’est ce qui a tout changé. »
Cette histoire dépasse le cadre d’un simple retour à la compétition. Elle incarne des valeurs profondes : l’amitié, cimentée par des années de complicité ; la passion, qui ne s’éteint jamais vraiment ; et surtout, cette capacité à puiser en soi pour se réinventer, même quand les jours de gloire semblent derrière nous. Plus qu’une victoire sportive, c’est une victoire humaine. Elle montre que le véritable accomplissement ne réside pas seulement dans les médailles, mais dans le chemin parcouru ensemble, les défis relevés à plusieurs, et le plaisir de vivre des moments intenses qui défient le temps. En somme, ces champions nous rappellent que l’on peut toujours écrire de nouvelles pages, qu’importe l’âge, tant que l’envie et la joie de partager l’effort demeurent.
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