Fariba Hashimi : l’histoire d’une cycliste afghane qui transcende le sport

Ce week-end, une histoire bouleversante a traversé le monde du cyclisme, résonnant bien au-delà des routes sinueuses de l’Ardèche. Fariba Hashimi, une jeune cycliste afghane de 21 ans, a triomphé sur les pentes exigeantes du Mont Lozère, remportant l’étape reine du Tour de l’Ardèche. Mais ce n’est pas seulement une victoire sportive : c’est un acte de bravoure, un symbole de résistance et d’espoir. Dans un monde où tant de femmes sont encore privées de leur liberté, Hashimi a marqué l’histoire en devenant la première cycliste afghane à s’imposer sur une course de l’Union cycliste internationale (UCI). Son exploit dépasse les frontières du sport, rappelant avec force que, parfois, pédaler, c’est aussi lutter pour ses droits et sa dignité.

Par Jean-François Tatard – Photos : X/@afghancycling – Instagram/fariba__hashimi/

Son histoire ne se limite pas à cette victoire éclatante, car derrière chaque coup de pédale se cache un parcours de survie et de résistance. Fariba et sa sœur Yulduz, toutes deux passionnées de cyclisme, ont été forcées de quitter leur Afghanistan natal en 2021, au moment du retour au pouvoir des talibans. Avec ce retour, les droits des femmes ont subi un recul brutal, réduisant à néant les avancées durement gagnées dans le pays après des décennies de conflits. Pour les femmes afghanes, l’accès à l’éducation, au travail et à la pratique du sport est devenu un véritable défi, sinon totalement interdit. Fariba et Yulduz, déterminées à poursuivre leur passion et à défendre leurs libertés, n’avaient d’autre choix que de fuir.

Aujourd’hui basées à Aigle, en Suisse, au Centre mondial du cyclisme – un centre d’excellence soutenu par l’Union cycliste internationale (UCI) qui aide des athlètes issus de pays défavorisés – elles ont trouvé un refuge où elles peuvent continuer à s’entraîner et à concourir. Cependant, pour ces deux jeunes femmes, la compétition sportive est bien plus qu’un simple défi physique. Chaque course est une manière de combattre symboliquement l’oppression qui pèse sur leurs concitoyennes restées en Afghanistan. Dans un pays où le simple fait de monter sur un vélo est désormais un acte de rébellion pour une femme, Fariba et Yulduz incarnent une lutte bien plus grande que celle de la ligne d’arrivée : celle de la liberté, de la dignité et de l’émancipation.

Leur histoire est d’autant plus poignante que leur famille reste sous la menace permanente des talibans en Afghanistan. Leurs proches ont dû déménager plusieurs fois pour éviter les représailles, et le plus jeune de leurs frères a été blessé dans une attaque violente, une agression motivée par la participation de ses sœurs aux Jeux olympiques de Paris en 2024. Malgré les dangers, Fariba et Yulduz continuent de brandir fièrement le drapeau afghan lors de leurs courses, montrant au monde entier qu’elles ne sont pas prêtes à abandonner leur combat. Elles ne se battent pas seulement pour elles-mêmes, mais pour toutes les femmes afghanes, prouvant que le sport peut être un puissant levier de changement social.

Chez 3bikes.fr, nous ne pouvions pas passer à côté de cette histoire qui dépasse largement le cadre du sport. La victoire de Fariba Hashimi n’est pas simplement celle d’une athlète au sommet de sa discipline, mais bien celle d’une femme qui a su transformer l’adversité en une force extraordinaire. Son triomphe au Mont Lozère est avant tout un cri de résistance contre l’oppression, un acte de rébellion face à l’injustice, et une démonstration éclatante que même les obstacles les plus immenses peuvent être surmontés. Le cyclisme, pour Fariba, n’est pas qu’un défi physique : c’est une manière de briser les chaînes qui entravent les libertés de tant de femmes dans le monde. Chaque coup de pédale, chaque montée, chaque victoire porte en elle un message puissant de force et de résilience. Son courage face aux menaces et aux persécutions, sa détermination à poursuivre son rêve malgré l’exil, et son succès éclatant nous inspirent tous. À travers son parcours exceptionnel, nous saluons une athlète hors du commun, mais aussi une militante silencieuse qui se bat pour des droits fondamentaux à travers son sport.

Dans un monde où, encore aujourd’hui, des millions de femmes sont privées de leurs droits, y compris celui de pratiquer un sport, l’exemple de Fariba Hashimi résonne comme un rappel poignant : le vélo, comme toute autre forme d’expression physique, est un vecteur de liberté. En Afghanistan, où les talibans ont réinstauré des lois répressives qui interdisent aux femmes des activités aussi simples que sortir seules ou faire du vélo, Fariba prouve que les frontières imposées par la société peuvent être franchies. Son ascension lors de cette étape ardéchoise est plus qu’un exploit sportif : c’est une déclaration politique, un témoignage de la capacité des femmes à accomplir l’impossible, à surmonter les barrières invisibles et visibles qui leur sont imposées. Elle incarne une promesse d’espoir pour toutes celles qui sont encore bâillonnées, montrant qu’elles aussi peuvent gravir des sommets, au sens propre comme au figuré.

Et c’est là toute la beauté et la puissance de son histoire. La victoire de Fariba Hashimi, bien au-delà du cyclisme, nous invite à réfléchir à ce que nous pouvons accomplir lorsque nous refusons de céder face à l’injustice. Son parcours est une ode à la persévérance, à la liberté et à l’espoir, nous rappelant que, même dans les moments les plus sombres, il existe toujours une lumière à suivre. Le chemin de Fariba est pavé de souffrances, de sacrifices et de courage, mais sa réussite prouve que l’avenir appartient à ceux qui, malgré les obstacles, choisissent de ne jamais abandonner.

En célébrant cette athlète, nous célébrons toutes les femmes qui, chaque jour, se battent pour leur liberté. Que son exemple inspire d’autres à ne jamais cesser de croire en leurs rêves, à ne jamais cesser de se battre pour un monde plus juste, plus égalitaire. Car au fond, le cyclisme – comme la vie – est une course vers l’avant, et Fariba nous montre que peu importe la pente, avec assez de détermination, nous pouvons tous atteindre le sommet.

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Jean-François Tatard

- 43 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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