Une journée dans la voiture d’assistance neutre Shimano sur le Tour de France femmes

Nous étions présents sur la dernière étape du Tour de France femmes avec Zwift 2024, à bord d’une des voitures d’assistance neutre Shimano. Un dispositif essentiel dans le bon déroulement de la course pour tenter d’assurer l’équité sportive entre les concurrents ou concurrentes, qui n’ont pas toujours la chance d’être toujours suivis par la voiture de leur équipe. Une expérience unique qui nous a permis de vivre en direct le suspense autour de l’attribution du maillot jaune jusqu’aux derniers mètres de l’ascension finale vers l’Alpe d’Huez. Zoom sur l’importance cruciale de ces voitures bleues au cœur du peloton.

Par David Polveroni – Photos : DR

À l’heure où le peloton s’apprête à s’élancer du Grand-Bornand pour cette dernière étape du Tour de France femmes avec Zwift en direction de l’Alpe d’Huez, les trois voitures Shimano prennent position. Les derniers échanges entre mécaniciens et conducteurs, majoritairement néerlandais, résonnent avec une atmosphère d’excitation palpable. Quelques minutes avant le coup d’envoi, l’adrénaline monte. Notre voiture est la numéro 1, juste derrière celle de la direction générale, où se trouvent notamment Marion Rousse, directrice de l’épreuve, et Bernard Thévenet, ex-vainqueur du Tour de France (1975 et 1977).

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Les coureuses à l’échauffement avant cette étape de montagne.

Lorsque le départ est donné, nous sommes à l’écoute de la radio de course, en attente de la formation d’une échappée. Si l’écart avec le peloton dépasse les 40 secondes, nous pourrons alors nous positionner derrière le groupe échappé. Dans le cas contraire, nous restons en tête du peloton, prêts à réagir. En plus de la radio de course, qui nous informe en temps réel de l’évolution de la compétition et nous transmet diverses consignes, Shimano dispose d’une radio interne pour communiquer entre les trois voitures et l’unique moto au sein du peloton composé de 120 coureuses ce matin. La stratégie est essentielle : l’une des voitures se place derrière le peloton pour surveiller les groupes qui se forment, tandis que l’autre se positionne à l’avant de la course, prête à changer de place selon l’évolution de la situation.

Premier col : Tamié. La tête du peloton est très active et une échappée se forme. Nous marquons un arrêt pour la laisser passer, puis c’est parti derrière ce groupe d’une vingtaine de coureuses, dont la porteuse du maillot à pois, Justine Ghekier, qui se bat avec courage et détermination pour défendre son maillot. Après deux kilomètres passés derrière le groupe, je réalise qu’il y a un problème avec une coureuse de l’équipe UAE, qui semble accuser le coup à l’arrière de l’échappée. L’agitation s’intensifie dans la voiture, les radios crient en anglais. Je remarque qu’elle a des difficultés à utiliser son gros plateau sur le replat du col. Le conducteur (ou plutôt le pilote !) s’approche d’elle pour cerner la nature du problème. Il s’avère qu’elle a effectivement des soucis avec son plateau, mais elle préfère attendre sa voiture. Même si elle n’intervient pas au final, le travail de l’assistance neutre c’est d’être prête à le faire, le plus rapidement possible en fonction de la situation de course.

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Sur la galerie, les vélos de rechange sont prêts pour parer à toute éventualité.

Nous revenons alors à notre position pour continuer à suivre les échappées. Nous entamons désormais la descente. Mieux vaut respecter la règle des trois heures de digestion avant de monter en voiture ! Croyez-moi, c’est un véritable sport, du pilotage pour suivre les compétitrices de ce niveau en descente. Aucun écart ne doit être laissé entre chaque voiture, sinon toute l’harmonie du processus peut se rompre. Le rythme est soutenu et le maillot à pois affiche des signes de fatigue, peinant à maintenir son allure au milieu des ralentisseurs et des dos d’âne. Dans la vallée, alors que l’écart atteint presque trois minutes, deux pauses pipi sont au programme – des moments précieux et rares dans le feu de l’action. Comme pour la coureuse qui a finalement réussi à passer son gros plateau, le mécanicien situé à l’arrière de la voiture doit être en mesure de gérer n’importe quel imprévu.

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Les voitures sont reliées à radio course, mais ont également un service de communication interne.

Chaque nouvelle saison, Shimano réalise un inventaire de chaque équipe et, avant chaque course, un point est fait pour s’assurer que tous les équipements sont en ordre pour pouvoir dépanner n’importe quel coureur. Chaque voiture est ainsi équipée de :

  • 3 vélos avec pédales Shimano
  • 3 vélos avec pédales de marques concurrentes 
  • 4 roues Shimano avec freins sur jante 
  • 8 roues Shimano avec freins à disque (disques de 140 et 160 mm) – 2 disques de chaque taille (140 et 160 mm) – 4 roues arrière de marques concurrentes 
  • 1 paire de pédales de chacune des marques présentes dans la course 
  • 2 chaînes 
  • 2 batteries pour Shimano Di2 
  • 20 bidons 
  • 24 bouteilles d’eau de 50 cl 
  • 30 gels énergétiques 
  • 30 barres énergétiques
  • Tous les outils nécessaires à une course

Voilà une préparation solide pour faire face à de nombreuses éventualités !

Le col du Glandon approche, l’ogre tant redouté de ce Tour de France. Cette étape de haute montagne se termine par le redoutable enchaînement Glandon – Alpe d’Huez. On se souvient tous du bluff de Lance Armstrong en 2001, lorsqu’il avait semblé en difficulté avant de s’envoler seul dès le pied de la montée de l’Alpe. Ici, pas de place pour le bluff : le groupe de tête se réduit peu à peu, ne comptant plus qu’une petite dizaine de coureuses à mi-pente à Saint-Colomban-des-Villards. Cela confirme mes impressions depuis le départ : ça roule vite ! Que ce soit dans les montées, les descentes ou les vallées, mon Garmin à la main me montre que nous sommes juste un léger cran en dessous des meilleurs cyclosportifs français. Col du Glandon en 1h05’30 pour Vollering, une minute de plus pour le reste des favorites. Les connaisseurs peuvent faire la comparaison…

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Dans le col du Glandon, pendant que Demi Vollering tente de créer un écart suffisant pour reprendre le maillot jaune.

À présent, la Néerlandaise est en tête, accompagnée de sa compatriote Pauliena Rooijakkers (Fénix-Deceuninck) et Valentina Cavalar (Arkéa – B&B Hotels). Quand l’écart dépasse les 40 secondes au barrage de Grand Maison, on se positionne derrière le groupe pendant la rapide descente vers la vallée de la Romanche. La coureuse d’Arkéa peine à garder le contact, et le rythme imposé par Demi Vollering se révèle élevé. Mais, tout comme dans notre voiture, au fil des virages serrés puis des pointes à près de 90 km/h dans les lignes droites, elle trouve la force de recoller aux deux Néerlandaises. Une dépense d’énergie qui eput lui coûter cher dans la montée finale.

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Les particularités techniques de chaque équipe sont indiquées sur le livre de bord de l’assistance neutre.

Dans la vallée, les directeurs sportifs des deux équipes respectives se consultent à la fenêtre. Que peuvent-ils bien se dire dans cette tension palpable ? Rooijakkers collabore peu avec Vollering, et le groupe de la maillot jaune Katarzyna Niewiadoma se rapproche. Le suspense se prolonge jusqu’à la ligne d’arrivée, comme vous l’avez vu à l’écran. Il manquera quatre petites secondes à Vollering, qui s’impose pourtant au sommet, pour déloger la Polonaise. À deux kilomètres de l’arrivée, alors qu’aucune intervention supplémentaire n’est à signaler, nous filons directement vers la zone technique pour rejoindre le camion Shimano et ranger toutes les voitures qui en ont terminé avec le Tour de France Femmes ! Chaque soir, les vélos sont lavés avec soin, tout doit être impeccable, à l’image de Shimano !

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Tout proche de l’arrivée, il est temps de rejoindre la zone technique.

Le service neutre, qui a remplacé Mavic en 2021 sur le Tour de France, est également présent sur de nombreuses autres épreuves tout au long de la saison. En tout, six équipes de service de dépannage neutre, disséminées à travers l’Europe, sont présentes sur les trois Grands Tours masculins, les championnats du monde, les cinq monuments du cyclisme, ainsi que toutes les classiques d’un jour du printemps pour les hommes et les femmes. Shimano intervient également lors de nombreuses autres courses inscrites au calendrier UCI, tant pour le circuit féminin que masculin, et fournit du dépannage neutre sur les compétitions juniors et espoirs, les épreuves sur piste et les événements de paracyclisme. Bien que Shimano ne soit pas directement impliquée dans la performance des coureurs, l’assistance neutre représente un maillon essentiel au bon déroulement de la course, contribuant parfois de manière décisive à la victoire !

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L’assistance neutre en détails.

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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