Test des chaussures Nimbl Ultimate

Les Nimbl Ultimate sont les chaussures utilisées par les coureurs de Visma | Lease a Bike, et avec lesquelles Primoz Roglic, Jonas Vingegaard et Sepp Kuss ont remporté les trois Grands Tours en 2023. Fabriquées à la main en Italie, très rigides et très légères, elles sont destinées à apporter confort et rendement sur la route. Qu’en est-il réellement et valent-elles leur prix très élevé ?

Par Guillaume Judas – Photos : ©3bikes.fr

Aperçues d’abord aux pieds de Greg van Avermeat à partir de 2017, les chaussures Nimbl ont commencé progressivement à se populariser chez les pros en étant portées par Vincenzo Nibali, Pierre Rolland ou Chris Froome, avant de crever l’écran avec toute l’équipe Visma | Lease a Bike à partir de la saison 2023.

Les coureurs de l’équipe Visma ont remporté les trois Grands Tours en 2023 avec ce modèle de chaussures.

Une mise en avant incroyable pour une petite entreprise qui fabrique entièrement à la main en Italie plusieurs modèles de chaussures cyclistes de haut de gamme, avec un ticket d’entrée à 449 €. Le prix de l’artisanat. Débordée par la demande, la société ne bénéficie même pas d’importateur officiel dans certains pays, et le meilleur moyen de s’équiper reste donc de s’adresser directement au site de vente de la marque, mais sans avoir la possibilité d’essayer. Pour acheter des Nimbl, il faut vraiment être motivé et prendre le risque de se référer seulement au tableau des tailles disponible sur le site.

Le guide des tailles visible sur le site de Nimbl permet d’établir des équivalences en mesurant la longueur de pied. Un 39 chez Specialized, par exemple, correspond à une longueur de pied de 25 cm. Soit 40,5 chez Nimbl.

Portées par les pros

Au sein de la gamme, on trouve des modèles à lacets ou avec serrage Boa, plus ou moins rigides mais toujours avec le même moule de semelle extérieure. Les Ultimate sont les chaussures portées par les pros, en présentant un bon compromis entre simplicité, forme, confort et facilités de serrage en roulant, avec les deux cadrans Boa Li2. Elles sont proposées en blanc avec trois couleurs différentes de Boa et de marquage (blanc/marquage noir comme pour les pros, argent/marquage argent, ou or/marquage or comme pour le modèle testé), ou en série limitée totalement noires.

Cette combinaison de blanc et or reste discrète.

Elles bénéficient de la semelle la plus rigide de la gamme, entièrement en fibres de carbone, et renforcée pour encore plus d’inflexibilité. Cette semelle est peu cambrée et assez large sur la partie avant, en offrant pas mal de place pour les orteils. Elle remonte légèrement sur les rebords de la chaussure à l’avant, créant ainsi une sorte de butée pour les pieds sur les côtés. Au fur et à mesure que l’on s’approche du talon, la semelle remonte de plus en plus vers les côtés du pied, créant ainsi une coque à l’arrière qui limite les déformations lors du pédalage.

La semelle en carbone est très rigide, mais aussi très exposée en cas de contact ou de choc.

Les trois trous de fixation des cales sont placés de manière assez neutres, ni trop en avant, ni trop en arrière. Il n’y a en revanche aucun marquage ou repère auquel se référer en cas de changement de cale. Trois petits orifices sur l’avant de la semelle et cinq autres au milieu sont destinés à évacuer l’eau en cas de pluie. Sur l’avant, on retrouve une protection pour limiter les dégâts en cas de contact avec la roue avant, mais elle ne remonte malheureusement pas assez haut. Sur l’arrière enfin, un patin de marche interchangeable évite de glisser et protège la semelle.

La semelle forme comme une sorte de coque, notamment au niveau du talon.

La marque utilise une empeigne en microfibres fine et assez raide qui s’adapte avec le temps à la forme des pieds. Elle se compose de deux parties qui se rapprochent sur le pied au moment du serrage, sur une languette légèrement matelassée maintenue par une petite bande velcro qui l’empêche de glisser d’un côté ou de l’autre. L’empeigne est perforée pour favoriser la circulation de l’air, mais elle ne dispose d’aucune partie en mesh et elle est montée avec un minimum de coutures, ce qui limite largement les risques d’étirement et facilite l’entretien des chaussures. En dehors de la languette, seule la partie intérieure du talon est rembourrée. Le côté minimaliste du matériau de l’empeigne lui permet de ne pas retenir l’eau, que ce soit sous la pluie ou après une grosse séance de home-trainer, et de sécher rapidement.

Une petite bande velcro permet à la languette d’éviter de glisser lors du serrage.

La semelle interne proposée est assez basique, avec peu de soutien au niveau de la voûte plantaire. Dommage à ce niveau de prix, car les Nimbl Ultimate sont vendues à 499 €, ou même 549 € pour ceux qui désirent une semelle quatre trous spécifique pour les pédales Speedplay, comme les chaussures des coureurs de Visma | Lease a Bike.

Les semelles internes fournies avec les chaussures présentent peu d’intérêt.

Les promesses sont en revanche largement tenues en termes de poids, avec 180 g par chaussure en taille 40,5. Elles sont parmi les chaussures les plus légères du marché.

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Le chaussant des Nimbl Ultimate

En enfilant le pied dans la chaussure, on remarque la place accordée aux doigts de pied, qui ne sont pas compressés en largeur et qui peuvent conserver un minimum de liberté même avec les chaussures complètement serrées. Le talon est également assez libre. L’ouverture au niveau de la cheville est importante, et si le talon semble correctement maintenu par le rembourrage à l’intérieur, il n’est pas non plus complètement collé au cou-de-pied comme avec des Specialized Ares par exemple. Le serrage au niveau du médio-pied et du cou-de-pied se montre en revanche très efficace. L’action des deux cadrans Boa cran par cran rapproche progressivement les deux parties de l’empeigne qui viennent sécuriser fermement le pied. Les Boa Li2 permettent un serrage et un desserrage cran par cran, mais aussi une libération rapide du serrage en tirant sur le cadran. La languette ne bouge pas au serrage et elle protège parfaitement des câbles des Boa même avec un serrage très important.

Les rares coutures internes montre une finition de très bon niveau.

Nimbl ne propose qu’une seule largeur, contrairement à d’autres marques qui proposent des modèles haut de gamme avec deux, voire trois largeurs différentes. J’ai les pieds assez fins, et pourtant je n’ai pas été gêné dans les Ultimate. En les passant, j’ai d’abord eu l’impression de flotter un peu dedans. En marchant à côté du vélo, j’ai même eu l’impression de les perdre au niveau du talon, regrettant ainsi de ne pas avoir pris une demi-pointure en dessus. Mais finalement, une fois sur le vélo, j’ai remarqué que le serrage pouvait être très progressif et très efficace, sans provoquer de plis trop marqués sur l’empeigne, susceptibles de créer des points de constriction sur le dessus du pied, et donc de l’inconfort.

Pédalage près de l’axe

Grâce à la forme de la semelle (peu cambrée) et au type de construction, avec une empeigne collée et cousue directement sur les rebords de la semelle extérieure, les Nimbl n’ont pas de semelle intermédiaire, ce qui rapproche le pied de l’axe de la pédale. Cette faible hauteur associée à la faible cambrure peut obliger dans certains cas à baisser de quelques millimètres la hauteur de selle par rapport à d’autres chaussures, comme les Specialized par exemple. Même si ce sont des valeurs très difficiles à mesurer d’un modèle de chaussures à l’autre, je dirais que les Nimbl sont plus hautes de 2 mm environ que les Shimano S-Phyre au niveau de la cale, mais plus basses d’autant au niveau du talon.

Les Nimbl favorisent un pédalage à plat.

Au final, les Nimbl Ultimate permettent un pédalage avec le pied presque à plat, ce qui me donne personnellement l’impression de pouvoir le dérouler plus facilement lors des efforts intenses, qu’il est à la fois moins verrouillé dans une position et plus stable lors de la phase de puissance maximale qu’avec des chaussures plus cambrées.

La semelle très rigide ne laisse aucun watt s’évaporer, que ce soit en position assise en pédalant en force, ou en danseuse. Lors des sprints, il est particulièrement appréciable de sentir le pied faire totalement corps avec la semelle. Pour plus de stabilité et de confort à l’intérieur des chaussures, j’ai évidemment changé immédiatement les semelles internes, pour des semelles sur lesquelles mes pieds reposent presque en totalité. De manière à éviter les points de pression, et donc la stase veineuse, responsable la plupart du temps du phénomène de « feu au pied ».

Sur les premières sorties, j’ai ressenti les Nimbl Ultimate comme plutôt raides. Le matériau de l’empeigne est rigide. En ne serrant pas assez la chaussure, mon pied semblait comme flotter à l’intérieur, et si j’appliquais un peu plus de serrage, je ressentais un point dur au niveau des guides des câbles des Boa. Il me fallait donc assez régulièrement manipuler les cadrans Boa sur la durée d’une sortie. Cependant, ce phénomène a diminué au fil des semaines, et il m’a fallu attendre la première sortie sous la pluie pour que les chaussures « s’adoucissent » plus clairement. Non pas qu’elles aient particulièrement souffert de ce traitement, mais en séchant elles ont en quelque sorte pris la forme de mes pieds. Elles sont donc devenues plus confortables au fil du temps.

Les chaussures peuvent être très sales après une sortie sous la pluie, mais les Nimbl se nettoient très facilement.

Après les sorties sous la pluie justement, l’entretien des Nimbl Ultimate se montre facile grâce à l’empeigne en microfibres. En effectuant un nettoyage régulier (avec lingette bio après une sortie courante, savon de Marseille et brosse douce après une sortie sous la pluie), il n’y a aucune raison que les Nimbl vieillissent mal. Ce sont des chaussures haut de gamme, parfaitement finies, seulement un peu trop exposées en cas de chute ou de frottements avec la roue avant ou celle d’un autre pratiquant. À savoir : la marque propose une remise de 35% sur un modèle neuf en cas de chute si les chaussures ont été achetées sur le site ou chez un revendeur officiel.

La protection de l’empeigne à l’avant ne remonte pas assez haut. Un contact malheureux avec le pneu avant en faisant un surplace à un feu de circulation a marqué définitivement les Ultimate.

Quel rapport qualité/prix ?

Le prix très élevé des Nimbl Ultimate peut être un frein légitime à leur achat, surtout pour un produit aussi exposé aux conditions extérieures. Reste que ce tarif est à comparer aux autres chaussures haut de gamme du marché, dont beaucoup approchent les 400 €. Pour 100 € de plus, on trouve ici des chaussures artisanales, fabriquées en Italie, superbement finies et parmi les plus légères du marché. Et qui sans accident, semblent destinées à durer, sauf avec les pratiquants les moins soigneux.

Après 2200 km et quelques sorties sous la pluie, les Nimbl Ultimate sont encore très propres. Elles sont destinées à durer.

Les chaussures NIMBL ULTIMATE en bref…

Les + : rigidité de la semelle, poids très léger, chaussant, entretien facilité, finition
Les – : semelle extérieure exposée, semelle intérieure basique, prix

Semelle extérieure : fibres de carbone – Empeigne : microfibres – Serrage : deux cadrans Boa Li2 – Pointures : du 36 au 48, demi-pointures à partir du 39 – Coloris : 4 – Poids : 360 g la paire en 40,5 – Prix : 499 € (549 € avec semelle quatre trous pour Speedplay) – Contact : nimbl.cc

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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