Partager la publication "La taille des manivelles de Tadej Pogacar : innovation ou folie ?"
Dans le monde du cyclisme professionnel, chaque détail compte. De la forme du cadre aux composants des roues, chaque élément est minutieusement étudié pour optimiser les performances des coureurs. Cependant, il arrive parfois qu’un champion ose défier les conventions établies. C’est le cas cette année de Tadej Pogacar, le talentueux cycliste slovène qui, selon plusieurs médias, aurait opté pour des manivelles de 165 mm sur son pédalier, bien en dessous des standards habituels pour quelqu’un de sa taille, qui se situerait plutôt autour de 172,5 mm. Cette décision, en apparence contre-intuitive, soulève des questions sur la logique derrière ce choix, et pourrait bien révéler une approche novatrice du cyclisme professionnel.
Par Jean-François Tatard – Photos : Instagram Tadej Pogacar / DR
Bien que surprenant au premier abord, le choix de Tadej Pogacar d’adopter des manivelles de pédalier plus courtes que la norme ne manque pas de susciter l’intérêt. Cette décision, audacieuse et potentiellement risquée, ouvre la voie à une réflexion approfondie sur les bénéfices qu’elle pourrait offrir. Pour éclairer cette perspective, nous avons sollicité l’avis de Guillaume Girout, leader du groupe DAGG et expert reconnu en études posturales, qui a lui-même adopté cette configuration depuis plusieurs années déjà. C’est d’ailleurs le premier à nous en avoir parlé et à avoir réussi à nous convaincre d’équiper notre vélo avec des manivelles encore plus courtes que celles du champion slovène, en l’occurrence 162,5 mm sur notre Factor Ostro VAM.
Nos discussions antérieures avec Guillaume ont révélé un point crucial : « les manivelles plus courtes favorisent une rotation plus rapide des jambes« . Dans le cas spécifique de Pogacar, cette réduction de la longueur des manivelles pourrait entraîner une augmentation de sa cadence de pédalage. Cette capacité à maintenir une cadence élevée, particulièrement précieuse lors des montées abruptes comme celles que nous vivons sur le Giro, pourrait constituer un avantage significatif dans la quête de performance.
Guillaume Girout souligne également que « un aspect intéressant des manivelles plus courtes est leur capacité à améliorer l’aérodynamisme ». Et il rajoute : « En réduisant la longueur du bras de levier sur lequel les jambes exercent leur force, le coureur peut potentiellement réduire la traînée aérodynamique« . Cette réduction de la résistance à l’air fait partie de ce qu’on appelle les gains marginaux – mais à ce niveau de compétition, tous les avantages sont bons à prendre – une considération particulièrement cruciale lors des contre-la-montre ou des étapes plates où chaque seconde gagnée compte. Nos observations lors de l’étape contre-la-montre du Giro 2024 ont confirmé cette théorie, soulignant ainsi l’impact potentiellement significatif de ce choix technique sur les performances en compétition. Des manivelles plus courtes, c’est aussi une boîte de pédalier sur le cadre potentiellement plus basse par rapport au sol, ce qui offre moins de prise au vent, et plus de stabilité à haute vitesse.
Enfin, les manivelles plus courtes permettent d’adopter une position plus agressive sur le vélo, avec un poste de pilotage plus bas et plus en avant. Car en réduisant l’angle formé par le tronc et les cuisses à chaque remontée de la manivelle grâce aux bras de leviers plus courts, le coureur peut se baisser un peu plus, une attitude déjà observée sur les vélos de contre-la-montre. Cette considération supplémentaire renforce l’idée que le choix de Pogacar, bien que controversé, est le fruit d’une analyse minutieuse de la part de l’équipe UAE des multiples facettes de la performance cycliste.
Guillaume Girout souligne également « qu’un autre avantage potentiel des manivelles plus courtes, c’est la réduction de la fatigue musculaire. » En raccourcissant la distance que les jambes parcourent à chaque tour de pédale, Pogacar pourrait ainsi diminuer la contrainte exercée sur les muscles des jambes. Cette réduction de la charge musculaire pourrait lui permettre de maintenir un niveau de performance élevé sur une période prolongée, notamment lors des étapes de montagne exigeantes. Cette observation met en lumière l’importance de considérations ergonomiques telles que la longueur des manivelles dans la gestion de l’endurance et de la récupération pendant les compétitions cyclistes de haut niveau.
Et cependant, on y vient, malgré les avantages potentiels évoqués ci-dessus, le choix de Pogacar d’opter pour des manivelles de 165 mm demeure effectivement controversé. Certains experts du cyclisme remettent en effet en question la validité de cette approche. Franck Perigois, un autre expert consulté pour cet article, souligne « que les avantages potentiels pourraient être minimes par rapport aux risques de compromettre la puissance et l’efficacité du coup de pédale. » Cette mise en garde souligne l’importance de considérer attentivement les compromis entre les bénéfices potentiels et les possibles limitations lors de l’adoption de nouvelles technologies ou configurations techniques dans le monde du cyclisme professionnel.
En définitive, l’impact réel du choix de Pogacar d’opter pour des manivelles de pédalier plus courtes restera à déterminer avec le temps. Toutefois, ce qui est indéniable, c’est que cette décision alimente les débats passionnés au sein de la communauté cycliste. Elle témoigne également de l’audace et de la détermination du champion slovène à repousser les frontières de son sport. Cette décision ne se limite pas à une simple question technique ; elle incarne l’innovation et la volonté incessante d’amélioration qui caractérisent les grands athlètes.
Alors que les projecteurs se braquent sur les compétitions à venir, l’ensemble de la communauté cycliste retient son souffle dans l’attente de voir si Pogacar saura démontrer que ses choix techniques révolutionnaires sont à la hauteur de son immense talent sur le vélo. En attendant, une certitude demeure : le monde du cyclisme continuera d’être émerveillé par ces décisions audacieuses, témoins de la capacité des champions à repousser sans cesse les limites et à redéfinir les paradigmes de leur discipline.
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Oui, ses cales sont désormais nettement plus reculées. Du coup il écrase la pédale à l’horizontale à chaque fois qu’il appuis. C’est pour cela que certains observateurs disent aussi qu’il a baissé sa hauteur de selle. C’est lié à la nouvelle position de ses cales.