Garmin et les professionnels : une amélioration constante des performances

Dans l’imaginaire collectif, nous pensons parfois que les professionnels bénéficient d’un matériel spécial, plus avancé que le nôtre et que leurs besoins sont totalement éloignés d’une pratique normale, même celle venant de la part d’un pratiquant passionné. A l’occasion de quelques jours passés en marge d’un stage à Calpe en Espagne avec l’équipe professionnelle Groupama – FDJ, l’occasion a été donnée à 3bikes.fr de vérifier quelles étaient justement les interactions entre ces différents acteurs au niveau d’un compteur GPS comme Garmin (utilisé par l’équipe) et quels étaient les autres axes d’améliorations des produits de la marque

Texte : Olivier Dulaurent – Photos : Garmin, Facebook Groupama FDJ, Facebook Garmin, Facebook Jumbo Lease a bike

Pour aborder directement cette question que l’on se pose parfois et tordre le cou à une autre idée reçue, il faut signaler que Garmin est partenaire de l’équipe Groupama – FDJ. Concrètement, cela se caractérise par la fourniture de compteurs GPS – on parle ici de dotation – mais en aucun cas, cet accord s’accompagne d’une participation financière.

L’équipe Groupama – FDJ en stage à Calpe, étrenne son nouveau vélo et peaufine les réglages sur le matériel

Dans les faits et quant à cette collaboration, il existe un véritable échange entre d’un côté Jérémy Roy, ancien coureur de l’équipe professionnelle aujourd’hui responsable Partenariats et Développements Techniques chez Groupama – FDJ et de l’autre côté Matthieu Lagrange de Garmin qui est entre autres responsable des produits cyclisme pour la marque. Il faut signaler que sur une saison complète, les échanges entre Jérémy et Matthieu ne sont pas très fréquents. Ils se limitent à des explications pour répondre à un besoin ponctuel en cas de soucis ou de conseils sur les produits. Maxime Schneider est lui le responsable des partenariats au sein de l’Europe, c’est à dire qu’il gère celui avec Groupama – FDJ tout comme avec celui des autres équipes professionnelles.

Remco Evenepoel (équipe Soudal Quick Step) consulte les données de son Garmin
Filippo Ganna ici à l’entrainement, utilise aussi un éclairage avant associé à son compteur Garmin

Si Jérémy Roy ne sollicite que peu souvent son contact chez Garmin, c’est justement que sa place dans l’équipe française lui demande de répondre à la majorité des questions des coureurs.

Sur le stage de décembre à Calpe, les discussions ont été enrichissantes avec les différents membres du staff et certains coureurs, notamment Valentin Madouas venu en compagnie de son entraineur personnel au sein de l’équipe, pour une conférence avec des stagiaires participant au séjour « Comme un pro » en marge de celui des coureurs de l’équipe professionnelle. Toutes les informations sur ce stage sont disponibles ICI.

Valentin Madouas à l’effort… et très accessible en dehors du vélo pour partager son expérience du très haut niveau
Stefan Küng est connu pour être particulièrement pointilleux pour tout ce qui touche son matériel

Dans les discussions, du côté de Garmin certaines informations ont constitué plutôt une surprise dans la mesure où les coureurs utilisent plus de fonctions qu’imaginé. En effet, d’un côté il est évident que les données directement liées à la performance et à la sortie effectuée que constituent les différentes informations de vitesse, temps, dénivelé et bien évidemment celles concernant les différentes mesures de puissance (sur 3 sec, sur 10, moyenne, normalisée, etc.) sont largement exploitées. Mais de l’autre côté, d’autres fonctions sont réellement utilisées par les coureurs, que ce soit à l’entrainement comme en compétition. L’exemple de Thibaut Pinot, tout fraîchement retraité des pelotons professionnels a été cité (lui comme d’autres) utilisait vraiment la trace GPX, en passant donc d’un écran à l’autre comme par exemple les données de puissance en montée et la trace en descente. Cela lui permettait de connaitre en avance les virages se refermant et d’une matière générale tous les changements de direction, un atout en cas de descente rapide surtout par mauvaise visibilité et si le vent souffle fortement.

Thibaut Pinot était un utilisateur averti de son Garmin, tant pour les données liées à sa performance que pour la trace GPS qu’il suivait en descente

Une autre fonction est particulièrement prisée : celle de Climb Pro, en plus des données liées directement au dénivelé. Cette fonctionnalité permet d’afficher à l’écran toutes les caractéristiques d’une difficulté au moment où elle se présente sous les roues du cycliste : profil, longueur, pente moyenne et maxi, distance jusqu’au sommet, tout y est. Si le cycliste suit en plus une trace GPX, la difficulté en question en répertoriée au milieu des autres figurant sur le parcours. Pour le cycliste amateur, il s’agit d’un excellent outil pour gérer ses efforts au cours de la montée tout comme au cours de la sortie. Mais même les pros ont adopté cet atout.

Climb Pro, un atout très performant pour gérer son effort en montée et se situer sur les montées à effectuer lors d’un parcours comme ici pour une troisième ascension (avec 14 ascensions au final)

Globalement, du côté de Garmin on signale toutefois que les remontées d’informations des cyclistes professionnels sont plus compliquées « en direct » en raison du peu de temps dont ils disposent. Les échanges peuvent paraitre à première vue plus opaques car le staff présent peut avoir tendance à « filtrer » et dans le cas de Groupama – FDJ, il s’agit de Jérémy Roy qui recueille les informations des coureurs avant de les transmettre. A l’inverse, du côté de la course à pied, les athlètes sont davantage seuls (sans équipe structurée autour d’eux) et le dialogue est plus direct. Dans une autre catégorie de cyclistes, Matthieu Lagrange vante les échanges avec certains ambassadeurs comme Steven Le Hyaric, cycliste d’ultra distance dont l’utilisation est particulière et qui pousse au maximum certaines fonctionnalités de l’appareil tout en fournissant des informations précieuses au secteur R&D.

Pour rester dans le registre de la performance, précisons que les professionnels utilisent le modèle 840 Solar et non le 1040 Solar à l’écran plus grand et aux fonctionnalités supérieures mais 48 g plus lourd (133 g contre 85 g). Au niveau des professionnels, chaque gramme compte !

Le modèle 840 Solar et ses 85 g
Le modèle 1040 Solar et ses 133 g

Des produits sans cesse améliorés

Améliorer des produits déjà existants figure dans l’ADN de Garmin, qui dépense une large part de son budget dans la R&D, avec pas moins de 834 millions de dollars qui ont été consacrés à ce domaine en 2022, ce qui représente environ 20% du chiffre d’affaire (voir tableau ci-dessous pour l’évolution du budget au cours des années).

Une grande partie du travail de la marque se fait sur le côté intuitif. Et les concepteurs gardent cet objectif en tête pour le transformer en c’est compliqué de faire simple et ils expliquent d’ailleurs qu’il s’agit là de l’une des réussites de la marque Apple. Corollaire de cette recherche, Garmin sait très bien que si certains n’utilisent que 10% des capacités de l’appareil, 100% des demandes doivent y être.

Départ de sortie pour un coureur Groupama – FDJ
Laurence Pithie, maillot blanc de meilleur jeune, entouré de ses équipiers, sur l’étape 3 du Tour Down Under

Pour autant, Garmin cherche à aller plus loin que les demandes. Pour exemples ci-dessous, quelques nouveautés de la marque qui ne constituaient pas de réelles demandes de la part des athlètes :

-Stamina, qui constitue finalement le niveau du réservoir du coureur.

-Climb Pro, comme décrit plus haut. Récemment, cette fonction utilise tout le fichier cartographie possible même si la trace GPX n’est pas intégrée dans l’appareil. Les cyclistes peuvent ainsi connaitre précisément l’ascension qu’ils abordent, même si c’est la première fois.

-Le radar/feu Varia qui permet d’être vu par les automobiliste tout en indiquant au cycliste à quelle distance se situe la voiture. Ici, c’est davantage la réponse à un besoin de sécurité, qu’une réelle demande formulée ainsi par les cyclistes.

-Live Track

Même les professionnels, comme ici des coureurs Jumbo Visma, utilisent le radar arrière Varia

Par ailleurs, d’autres aspects déjà existants sont en amélioration. Citons par exemple le capteur de puissance Vector dont les premières versions n’ont pas donné satisfaction, avec des retours en SAV et une précision de mesures aléatoire, ou encore la création de parcours sur Garmin Connect, devenue plus précise et intuitive tout en permettant des passerelles faciles avec d’autres applications comme Strava.

Sur de longues sorties, un compteur Garmin permet de gérer son effort en suivant de nombreux paramètres

Ainsi, la recherche d’amélioration est constante comme par exemple l’intégration et le développement du processeur et le codage. Ici, tout est réfléchi en amont ce qui peut donner lieu à des périodes s’étirant sur un à deux ans pour un nouveau produit. A l’inverse, un développement plus léger reste possible comme par exemple parmi tant d’autres celui d’afficher un écran durant 15 secondes de plus que d’habitude pour une fonction donnée.

Pour participer à ce développement, un « simple » utilisateur peut devenir bêta-testeur en utilisant dans sa pratique les futurs softwares. L’inscription peut se faire directement sur le site ou sur le forum Garmin. Cela s’accompagne forcément de précautions d’usage liées à des bugs possibles, qui ne nuisent cependant pas à l’utilisation mais qui peuvent survenir au cours des tests. A ce sujet, les cyclistes professionnels n’ont pas le temps de faire ce « travail » et globalement ils utilisent toujours un produit validé en amont. Plus généralement, ils préfèrent ne pas s’embarrasser avec un produit qui ne fonctionne pas, ce qui pourrait même donner une mauvaise expérience, ne les incitant pas à continuer avec la marque ou le produit.

Reliant directement une utilisation davantage grand public au-delà du cyclisme, une histoire peut être contée concernant le développement d’une fonctionnalité pour les coureurs à pied : Garmin avait décidé d’utiliser un éclairage à LED pour sa montre. A l’usage, les retours utilisateurs ont été au delà des espérances. Au départ, les athlètes souhaitaient un bouton physique pour l’allumer, avec la possibilité d’avoir un éclairage blanc ou rouge, ainsi qu’obtenir un produit fini parfaitement étanche. Rapidement, les développeurs se sont rendus compte que ce cahier des charges a priori facile à tenir, entrainait des conséquences plus compliquées que prévu à satisfaire. Il a fallu faire appel à des fournisseurs de LED pour l’énergie et la puissance, deux aspects primordiaux, donc pour la batterie qui devait être sélectionnée avec soin. Ensuite, comment intégrer le coucher du soleil pour que, le cas échéant la lumière s’allume. Une autre étape consistait à se fournir en stock de LED. Enfin, des recherches poussées ont concerné l’intégration d’une batterie externe afin de multiplier par trois l’autonomie. Au final, les traileurs d’ultra distance notamment sont friands de ce produit mais la « génèse » a été longue de nombreux mois d’améliorations et de recherches diverses.

La montre avec l’éclairage à LED s’est montrée très appréciée à l’usage

Ainsi, d’une manière globale Garmin joue sur de nombreux tableaux pour réussir à améliorer ses produits. Pour le cycliste aujourd’hui, les informations que permettent un compteur Garmin sont nombreuses. Elles concernent tout d’abord la sécurité (radar Varia ou Livre Track potentiellement), mais aussi la création et le suivi d’une trace GPS, la collecte de données permettant de s’entrainer avec des informations « en direct » liées notamment à la puissance, ou encore à la gestion de son effort (Climb Pro et Stamina). Si ces apports implantés sur les compteurs au fil des sorties des nouveaux modèles ne sont pas le fait des professionnels directement, ces derniers utilisent les améliorations immédiatement lors de leur pratique. Et si tous les professionnels expliquent que « cela roule de plus en plus vite », il est évident que les progrès globaux des informations données sur les compteurs GPS y sont aussi pour une certaine part.

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Olivier Dulaurent

- 48 ans. – Pigiste presse écrite et Internet depuis 2004, auteur de Le Guide du Vélo Ecolo (Editions Leduc, novembre 2020), Moniteur Brevet d’Etat Cyclisme, encadrant de stages cyclistes depuis 2005 et coach cycliste - Pratiques sportives actuelles : cyclisme route et VTT (occasionnelle : course à pied) - Strava : Olivier Dulaurent

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