Jean-François Guiborel dit « La Guibole » : retour sur 60 ans de passion pour le cyclisme

Dans les ruelles pittoresques de Ménilmontant à Paris, résonne l’écho d’une passion cycliste qui transcende les générations. Jean-François Guiborel, mieux connu sous le nom affectueux de « La Guibole », émerge tel un poème vivant au cœur de cette histoire, tissant son récit à travers les pavés de la Ville Lumière. Né le 25 juillet 1954, son parcours exceptionnel s’entrelace avec l’âme de la bicyclette, créant une symphonie d’exploits, de défis et d’émotions qui captivent l’esprit du lecteur. En suivant les traces de ce meneur de peloton, plongeons-nous dans une odyssée cycliste qui révèle la beauté intemporelle de la passion et de la sagesse forgée au fil des kilomètres.

Par Jean-François Tatard – Photos : DR

Dans les ruelles de Ménilmontant, où l’ombre des bâtiments témoigne de l’Histoire, Jean-François Guiborel a tracé son chemin. Son père, un homme passionné de cyclisme, travaillait à la ferme en Bretagne et suivait avidement les exploits cyclistes à la radio. Jean-François, le dernier-né de la famille, a été dirigé vers le cyclisme par celui qui admirait Jean Robic, vainqueur du Tour de France 1947. Ces débuts modestes, baignés dans le soutien familial, ont marqué le commencement d’une histoire cycliste exceptionnelle.

Son premier bouquet, cueilli à l’âge de 14 ans lors de sa seconde course en Minimes en 1968 à Provins, a fleuri la maison familiale du 20e arrondissement de Paris. Ce bouquet symbolique, offert par le jeune « Nanot », son autre surnom affectueux de l’époque, a légitimé sa place chez les Guiborel. La fierté de la famille était palpable, et Jean-François avait trouvé donc sa voie.

Des premiers bouquets qui font la fierté de sa maman.

Sa carrière sportive s’est tracée à travers des rencontres marquantes, dès l’âge de 9 ans aux Jeudis Populaires de Michel Scob au vélodrome de La Cipale. Des débuts précoces qui ont forgé un lien indissoluble entre Jean-François Guiborel et le cyclisme. Le soutien de son père, facteur arpentant les rues du 11e arrondissement, l’a introduit à Raymond Louviot, directeur de l’équipe Saint Raphaël puis Ford France, qui a laissé une empreinte indélébile sur son parcours. Le Cercle Vélocipédique du 19e arrondissement a été son école, présidée par l’ancien champion olympique des 100 km route à Anvers en 1920. Ses premières années d’apprentissage, entre 9 et 13 ans, sur le ciment de La Cipale avec un vélo de route trop grand, ont été effectuées sous la tutelle d’André Boscage, un véritable découvreur de talents.

Chez lui, les maillots anciens, les photos de ces jours passés, racontent une histoire d’une époque où le cyclisme était bien plus qu’un sport, mais plutôt une communion entre l’Histoire et la passion. La nostalgie de ces débuts humbles sur son vélo de course de la marque Geminiani résonne dans ses récits.

En 1967, à l’âge de 13 ans, il prend sa première véritable licence au Vélo Club de Belleville – République. « Entre-temps, j’ai été repéré par des entraîneurs d’athlétisme et de handball, mais l’appel de ma passion pour le cyclisme l’a emporté« , précise-t-il. Sa première course en Minimes se solde par une 29e place, avec une ironie du destin qui plaça Hubert Linard, le vainqueur, comme son futur équipier à haut niveau au CSM Puteaux, puis dans les rangs de l’équipe professionnelle Peugeot.

Son parcours a été jalonné de divers clubs, mais l’année 1981 marqua le début d’une longue histoire avec le CSM Puteaux, où il a continué à s’illustrer jusqu’en 2023. Parallèlement, il a exploré d’autres facettes du sport en s’engageant dans le triathlon notamment, avec le CA Mantes de 1988 à 1990. « C’est en 1982 que j’ai pris ma retraite sportive de haut niveau« , affirme-t-il. Son palmarès, enrichi par le titre de champion du Monde militaire, un Mondial espoirs à une époque où le service militaire rendait les compétitions corsées, témoigne de son talent. Ses victoires sur des épreuves de prestige, les prologues de courses professionnelles, ont contribué à le faire connaître et reconnaître. Jean-François, le pistard de base, a démontré que de grandes choses peuvent être accomplies sur la route, même dans des conditions difficiles. « Je n’ai pas connu de grands échecs, dit-il, mais j’ai le regret de ne pas avoir saisi l’opportunité de passer professionnel chez Fiat fin 1977« . Les méandres du milieu ne lui convenaient pas, et la naissance de sa fille Marina début 1977 le confrontait à des choix difficiles.

Jean-François Guiborel (1er à partir de la gauche) a intégré le service compétition de la marque Peugeot à l’issu de sa carrière sportive de haut niveau.

Par la suite, la transition vers la vie post-compétition de haut niveau représente un tournant délicat, une étape cruciale que tout sportif doit aborder avec précaution. Jean-François a ainsi navigué à travers diverses sphères professionnelles, occupant des postes tels que Directeur du département compétitions chez Peugeot Cycles et agent de liaison chez Speedo-Courses. Cependant, c’est au sein de l’entreprise Peugeot qu’il a trouvé son épanouissement le plus complet, laissant son empreinte dans des rôles variés, depuis la direction du Service course amateur jusqu’à la création d’équipes Pro de renom en VTT, BMX et triathlon.

Sa contribution significative à la diversification de l’industrie du cycle chez Peugeot a marqué l’histoire du cyclisme. Son regret principal réside dans la perte de l’éclat du cyclisme amateur français lorsque Peugeot a retiré son sponsoring. « Les épreuves emblématiques telles que la Route de France ont perdu de leur splendeur, et j’ai ressenti la tristesse de voir ces événements disparaître ». En prenant en charge avec passion le Service course amateur, il a façonné une ossature pour les équipes féminines de haut niveau sous l’égide de Peugeot France. Cependant, il regrette de ne pas avoir accepté le poste de directeur sportif chez les pros. « À cette époque, je craignais le milieu« , un monde qu’il n’avait pas totalement embrassé. Ce regret est compensé par la satisfaction d’avoir préservé son intégrité et ses valeurs.

Il a souvent été un référent vélo auprès de personnalités, comme ici avec Bernadette Chirac.

En tant qu’homme aux multiples casquettes, il a trouvé l’équilibre entre le sport et la famille. Il souligne : « c’est tout de même dommage d’avoir été éloigné de ma famille pendant certaines périodes« . Sa tribu, composée de Martine, son amour rencontré à l’âge de 16 ans, et de ses trois enfants – Marina, Julien, et Clément – est la pierre angulaire de sa vie. Sa Bretagne natale, près du Mont-St-Michel, est son refuge, le lieu où reposent ses parents.

Le portrait de Jean-François Guiborel ne serait complet sans évoquer le présent et l’avenir. Après sa retraite administrative en 2022, il est devenu ambassadeur du vélodrome national jusqu’aux JO de Paris et coach au même endroit. Sa vie quotidienne est désormais consacrée à promouvoir la piste, le BMX et le VTT, en préparation des épreuves olympiques et paralympiques. À bientôt 70 ans, il envisage de continuer à transmettre ses connaissances dans l’entraînement de néophytes et à faire du vélo-loisir. En tant que papy vélo comme il aime se définir pour ses petits-enfants. « Je les encourage à toucher à tout et surtout prendre du plaisir. »

Sur le vélodrome de Saint-Quentin, il reçoit des débutants comme des confirmés, comme ici avec Michel Cymès, le docteur star de la télévision.

Sa passion pour le sport ne s’est jamais émoussée. Enfant, il imitait les gestes sportifs dans diverses disciplines, une préfiguration de sa polyvalence future. Aujourd’hui, en observant l’évolution du sport, des athlètes et du matériel depuis son époque, il reste émerveillé. L’ analyse de Jeff est pleine de philosophie : « les changements dans les braquets utilisés sur piste, passant de la vélocité à la force, résonnent pour moi comme une métaphore de mon propre cheminement ».

Avec Corentin Ermenault (au centre) et Nicolas Geay aux commentaires, il fait part de son expertise.

Jean-François Guiborel, observateur averti, conseille la concentration pour les amateurs qui regardent la piste à la télévision. Il souligne l’importance d’une réalisation télévisuelle adaptée pour capturer toute l’intensité de ces courses. Il se remémore avec émotion une finale mémorable des championnats d’Europe de poursuite individuelle entre Corentin Ermenault et Filippo Ganna, un moment où son célèbre « Allez Môme » résonne encore sur YouTube.

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Au-delà du sport, Jean-François évoque la philosophie qui guide sa vie. Sa vision éthique et authentique, forgée par son parcours, inspire ceux qui le côtoient. La passion, l’intégrité, et le respect sont ses valeurs cardinales, imprégnées dans chaque coup de pédale de sa vie. Son message transcende les frontières du cyclisme pour toucher le cœur de chacun.

Une vie marquée par différents rôles autour du cyclisme.

En conclusion, cette rencontre avec Jean-François Guiborel m’a profondément marqué, révélant en lui l’incarnation vivante de l’esprit cycliste qui traverse les époques et nourrit l’inspiration des générations présentes et futures. Son parcours, mêlant succès et défis, se déploie comme un vibrant hommage à la passion et à la persévérance qui animent chaque coup de pédale. La poésie émanant de son vécu, teintée d’une sensibilité philosophique rare, dévoile un homme qui a tracé son chemin avec une sagesse et un équilibre exceptionnels, laissant ainsi une empreinte indélébile non seulement sur le monde du cyclisme, mais bien au-delà.

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Jean-François Tatard

- 43 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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