Partager la publication "Le lactate dans le cyclisme : décryptage d’un indicateur clé de la performance"
Le monde du cyclisme de haut niveau repose sur une multitude de facteurs à prendre en considération, et les entraîneurs cherchent constamment des moyens innovants pour maximiser les performances de leurs athlètes. Parmi les outils à la pointe de cette quête de l’excellence, la mesure du lactate s’est imposée comme une pratique incontournable ces dernières années…
Par Jean-François Tatard – Photos : DR
Le lactate est une molécule biologique et correspond à la forme ionisée de l’acide lactique. Avant de comprendre l’impact du lactate sur la performance à vélo, il est essentiel de démystifier sa formation. Il s’agit du produit final de la glycolyse anaérobie (fermentation). Si la consommation de glucose est supérieure à l’apport d’oxygène, c’est-à-dire en cas d’effort intense, le pyruvate issu de la glycolyse se transforme en lactate. Contrairement à une idée répandue, le lactate n’est pas responsable de la fatigue, mais plutôt un indicateur de l’intensité de l’effort. Le lactate est le premier indicateur du conditionnement aérobie pour les athlètes. L’organisme en produit toujours un minimum lors d’un effort, mais une intensité dite aérobie (de basse intensité) maintient une forme d’équilibre entre sa production et son élimination, alors qu’au contraire une intensité supérieure ne suffit pas à l’éliminer, créant ainsi une fatigue musculaire.
Ainsi, les entraîneurs mesurent les niveaux de lactate dans le sang après un effort intensif. Cette analyse offre un aperçu de la tolérance à l’effort de l’athlète. Les zones de seuil lactique sont identifiées, définissant les limites entre lesquelles le cycliste peut maintenir une performance optimale. Ces données sont cruciales pour adapter les plans d’entraînement à chaque individu. En moyenne, un cycliste professionnel peut atteindre des concentrations de lactate de 8 à 12 mmol/L pendant un effort maximal, avec des variations individuelles notables. La zone d’équilibre (seuil) se situe plutôt autour de 4 mmol/L.
La mesure du lactate sanguin peut s’effectuer très rapidement avec un appareil spécial, sur une toute petite goutte de sang. Ce test du lactate est quasiment indolore, rapide et précis.
Pour en savoir plus sur la manière dont on peut mesurer le taux de lactate à différentes intensités, un exemple ici :
Comment interpréter les résultats ?
Interpréter les résultats de la mesure du lactate nécessite une compréhension approfondie. Des niveaux élevés peuvent signaler une fatigue précoce, suggérant la nécessité d’ajuster l’intensité ou la durée de l’entraînement. Une récupération rapide, en revanche, indique souvent une excellente condition physique et une capacité à gérer l’effort. À l’image de la Jumbo, les équipes de cyclisme de haut niveau ont constaté une amélioration significative des performances en ajustant les plans d’entraînement basés sur les seuils lactiques individuels, augmentant ainsi la capacité des athlètes à maintenir des efforts soutenus.
Un Paramètre devenu indispensable dans la programmation d’entraînement
Sur le terrain, les équipes cyclistes intègrent ces données dans la conception de séances d’entraînement spécifiques. En ajustant l’intensité et la durée des séances en fonction des seuils lactiques individuels, les entraîneurs maximisent la tolérance à l’effort de chaque athlète. Cela se traduit par une amélioration de l’efficacité énergétique, de l’endurance et de la capacité à maintenir des performances de pointe sur de longues distances. À noter que des études montrent une réduction significative du risque de surentraînement lorsque les plans d’entraînement sont basés sur des données lactiques précises, avec une diminution de plus de 20% des risques de blessures liées à la fatigue.
Pour conclure
La mesure du lactate offre un regard intime sur la physiologie de la performance cycliste. En comprenant comment le corps réagit à l’effort intense, les entraîneurs peuvent personnaliser l’entraînement pour chaque coureur, ouvrant la voie à des sommets de performance jusqu’alors inexplorés. Les équipes ayant adopté une approche basée sur le lactate ont vu une augmentation moyenne de 15% des performances individuelles sur des épreuves d’endurance de longue distance. Le lactate, bien loin d’être un ennemi, devient ainsi le compagnon indispensable des cyclistes vers l’excellence.
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