Partager la publication "Évolution des transmissions et des pneumatiques : comment calculer vos braquets ?"
Les braquets ont toujours conduit à des sujets de discussion passionnés entre cyclistes. Avec la presque généralisation des cassettes à 12 pignons sur les transmissions les plus récentes, nous aurions pu penser que tout serait encore plus simple. Mais c’est sans compter le changement de paradigme de deux des trois principales marques de groupes qui proposent désormais des pédaliers avec des plateaux plus petits et l’augmentation de la taille des pneus sur les vélos modernes. Pour vous y retrouver, voici comment calculer et choisir la gamme de développements qui vous convient.
Par Guillaume Judas – Photos : ©Cervélo / depositphotos.com
En moins de 40 ans, nous sommes passés de cinq à 12 pignons à l’arrière sur la plupart des transmissions. Parler de « vitesses » comme nous le faisons tous est d’ailleurs un abus de langage, puisque le nombre de pignons sur la roue est à associer au nombre de plateaux du pédalier. La roue libre à six pignons date en effet du début des années 80, puis on est passé aux sept pignons avant les années 90, aux huit pignons vers 1992-1993, aux neuf pignons en 1996-1997, aux dix pignons au début des années 2000, et aux 11 pignons juste avant 2010. Et c’est un peu moins de dix ans plus tard que sont apparues les transmissions à 12 pignons (appelées plus souvent « 12 vitesses »), avant de se généraliser progressivement à tous les niveaux de gamme ou presque. Deux groupes mono plateau sont même aujourd’hui disponibles avec 13 pignons (Rotor et Campagnolo Ekar), mais plutôt pour une utilisation Gravel.
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Jusqu’à la fin des années 2000, les trois principales marques de transmission (Shimano, Campagnolo et Sram – sur le marché de la route depuis le milieu des années 2000 seulement) proposaient de nombreuses options de cassette, plusieurs options de plateaux (même si le concept de plateaux compacts ne date que d’une bonne vingtaine d’années), et surtout, il existait de nombreux équipementiers qui proposaient des plateaux compatibles, de manière à pouvoir établir une combinaison de développements sur mesure, en fonction du terrain, des habitudes ou du niveau de chacun.
Braquet, rapport, développement, vitesses : de quoi parle-ton ?
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Avec les cassettes à 11 et encore plus à 12 pignons, les fabricants ont avant tout cherché à rendre les transmissions de plus en plus polyvalentes, capables de vous conduire aussi bien sur le plat qu’en haute montagne. Ajouter des pignons supplémentaires a permis d’étendre la plage de développements sur une seule cassette, mais au détriment d’un certain confort pour ceux qui roulent toute l’année dans une région spécifique et qui ne se servent jamais de l’ensemble des pignons proposés. En optimisant la rapidité des changements de vitesse de l’ensemble de leurs transmissions, les fabricants ont aussi progressivement limité le nombre de plateaux de marques tierces compatibles, enfermant ainsi les utilisateurs dans une sorte d’écosystème dont il est difficile de sortir.
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Chez Shimano par exemple, il n’existe pas de cassette à 12 vitesses avec un grand pignon inférieur à 30 dents. Celui qui vit en plaine et qui est correctement entrainé ne se sert donc jamais des deux, voire des trois derniers pignons sur sa cassette 12 vitesses, ou alors il conserve le grand plateau tout le temps et ne passe jamais le petit.
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Chez Sram, on trouve bien une cassette avec un grand pignon de 26 dents (en plus des cassettes avec 28, 30, 33 ou 36 dents au maximum), mais celui-ci est obligatoirement associé comme toutes les cassettes Sram à un petit pignon de 10 dents et à des plateaux plus petits que chez Shimano. Le pignon de 10 dents permet d’étendre la plage de braquets, mais la différence de développement avec le pignon de 11 est telle que le passage de l’un à l’autre n’est pas toujours très confortable. Selon la taille du plateau à l’avant, la différence de développement est d’environ un mètre par tour de pédalier entre le 11 et le 10, alors qu’elle n’est que d’environ 80 centimètres entre le 12 et le 11. Un tel écart de développement entre deux pignons est comparable à celui que l’on ressent en passant du 15 au 17 dents ou du 17 au 15 sur la cassette avec le grand plateau.
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Enfin, Campagnolo avec son nouveau groupe Super Record WRL propose une cassette bien étagée de 10 à 25 dents (en plus des 10-27 et 10-29), mais là encore avec un pignon de 10 et des plateaux plus petits que ce que nous connaissions jusqu’alors.
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Évidemment, pour la plupart des cyclistes novices ou qui pratiquent simplement en loisir, cette polyvalence accrue est un avantage. On se contente de la transmission proposée sur le vélo au moment de l’achat, et on ne se pose pas de question. Le vélo convient pour les sorties dominicales, et aussi pour une escapade éventuelle en montagne une fois par an, sans rien changer. Pour ceux qui visent la performance, il faut parfois s’adapter. Mais le plus frustrant est sans doute de disposer de tant de possibilités avec des transmissions de plus en plus performantes, sans se servir de tous les rapports mis à disposition.
Des pneus de plus en plus gros
À tout cela s’ajoutent les changements d’habitude en ce qui concerne la taille des pneumatiques. Là encore, un bref retour en arrière s’impose. Dans les années 80, on roulait avec des boyaux de 19 ou 20 mm de section. Le 23 s’est imposé à partir du milieu des années 90, pour rester très longtemps la référence, au moins jusqu’au début des années 2010. Puis le 25 est apparu d’abord pour une question de confort, puis de rendement en même temps que l’évolution phénoménale que nous avons connu en quelques années en matière de rendement pour les pneus, puis les tubeless, qui ont quasiment totalement détrôné les boyaux, même chez les coureurs professionnels. La section de 28 a fini par devenir la norme depuis la généralisation des freins à disque, pour offrir plus d’assise sur la route au moment du freinage. Mais on voit aussi du 30, du 32 voire du 35 chez ceux qui recherchent de l’endurance et du confort, avec des pneus qui permettent de s’évader de temps en temps en dehors des routes bitumées.
Pour quelles conséquences en termes de braquet ? Si les jantes modernes pour la route font toujours la même circonférence (700c ou 28 »), leur élargissement permet l’utilisation de plus gros pneus, ce qui augmente la circonférence de la roue totale, et donc le développement. Pour chaque tour de pédale avec un rapport défini, vous allez plus loin avec des pneus plus gros.
Calculer l’équivalence des braquets
Il est donc possible de comparer facilement des braquets entre eux, quelle que soit la cassette utilisée, et quels que soient les plateaux, à la condition de le faire avec la même dimension de pneus. Pour cela, il suffit de diviser le nombre de dents du plateau par le nombre de dents de la cassette. Cela nous donne un rapport, qui permet ensuite de comparer les différentes combinaisons entre elles.
Exemple : 50/10 (chez Sram ou Campagnolo) = 5:1. Pour avoir le même rapport de 5:1 chez Shimano, il faut un 55/11. À l’autre extrémité d’une gamme de développements, un 36/36, un 34/34 ou un 30/30 sont toujours équivalents à un rapport de 1:1. Ce qui signifie dans ce cas qu’un tour de pédalier équivaut à un tour de roue arrière.
Ce sont des développements extrêmes, mais vous pouvez appliquer ces calculs à toute la gamme de braquets proposée par votre transmission, ce qui peut être utile par exemple si vous passez des combinaisons de plateaux offertes par Shimano à celles de Sram ou Campagnolo, ou l’inverse.
Pour comparer l’influence des tailles de pneus
Si vous souhaitez comparer des développements avec différentes tailles de pneus, il faut en revanche effectuer un calcul plus complexe qui tient compte de la circonférence de la roue complète. Et là, vous pouvez avoir des surprises.
Circonférence d’une roue complète en fonction de la taille du pneu
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Pour calculer un développement exact, il faut donc reprendre la même opération que précédemment en divisant le nombre de dents du pédalier par le nombre de dents du pignon, mais en multipliant par la circonférence de la roue complète. Pour un braquet de 53/11 par exemple, le développement est de 10,28 m – (53/11)x2,135 – par tour de pédalier avec un pneu de 25, et de 10,45 m avec un pneu de 32. C’est approximativement comme si vous passiez sur un 54/11 (à 3 cm près) avec votre pneu de 25. Et ceci vaut évidemment pour toute la gamme de braquets. Heureusement, plus le rapport est petit, moins l’influence de la circonférence de la roue est importante. Pour le fameux rapport de 1:1 qui permet d’effectuer un tour de pédalier pour un tour de roue arrière et qui est cher aux cyclotouristes en haute montagne ou à ceux qui font du Gravel, la différence réelle de développement entre un pneu de 25 mm de section et un pneu de 40 mm n’est que de 6,5 cm.
L’augmentation globale de la taille des pneus utilisés sur les vélos modernes a donc moins d’influence sur nos habitudes que l’évolution des combinaisons de dentures proposées. Mais il reste cependant facile de comparer les gammes de développements pour choisir celle qui convient le mieux.
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