Test du Giant Propel Advanced Pro 1

Aérodynamique, rigide, stable et facile à prendre en main, le Giant Propel Advanced Pro 1 se distingue par un rapport prix/équipement séduisant, même s’il est un peu lourd sur la balance. Que vaut-il réellement en termes de performances ?

Par Guillaume Judas – Photos : ©Vincent Lyky

Avec un profil plus consensuel que le modèle qu’il remplace, le Propel ne trahit pas cependant son caractère dédié à la rigidité.

Avec ses tubes massifs et affûtés, le Giant Propel Advanced Pro 1 inspire l’efficacité sur la route. Même s’il semble moins extrême que la version précédente qu’il a remplacé en 2022, à aucun moment on ne peut imaginer qu’il fléchisse sous les coups de butoir des rouleurs les plus athlétiques. C’est d’ailleurs une caractéristique qui se confirme dès la première sortie. Le vélo est rigide, mais aussi particulièrement stable quels que soient la vitesse ou le terrain choisis. Et le confort n’est curieusement pas en reste. C’est un vélo dédié à la performance, qui dans cette version se révèle cependant un peu exigeant à cause de son poids, plutôt au-dessus de la moyenne.

Le Giant Propel est un vélo aérodynamique performant dans son domaine.

Vélo typé aéro dans la famille Giant, le Propel est décliné en trois niveaux de gamme pour le kit cadre : Advanced pour le modèle d’accès (à partir de 3000 € pour le vélo complet), Advanced Pro comme la monture testée ici en milieu de gamme avec des fibres de carbone de niveau supérieur (à partir de 5600 € pour ce vélo en Sram Rival AXS et roues carbone) et Advanced SL pour la version la plus huppée utilisée par les professionnels du Team Jayco AlUla, qui est l’un des vélos aérodynamiques les plus légers du peloton World Tour (à partir de 9200 €).

L’Advanced Pro est lui-même décliné en trois niveaux d’équipement :

  • Advanced Pro 1 en Sram Rival AXS à 5600 €
  • Advanced Pro 0 Di2 en Shimano Ultegra Di2 à 6500 €
  • Advanced Pro 0 AXS en Sram Force AXS à 6900 €

Les trois modèles sont livrés avec des roues Giant SLR 1 avec une hauteur de jante de 50 mm, mais aussi avec les mêmes pneus Giant Gavia Course, la même selle Giant Feel SL, ou encore le même poste de pilotage Giant Connect SL. Seuls changent les groupes. Et bien que son fonctionnement soit sans reproche par rapport aux groupes plus haut de gamme de la marque, le Sram Rival AXS accuse 215 g environ de plus que le Sram Force et 330 g de plus que le Shimano Ultegra. Résultat, avec 8,3 kg sur la balance sans pédales ni porte-bidons en taille S, l’Advanced Pro 1 est loin d’être un poids plume. En ordre de marche, avec bidons, nécessaire de réparation et compteur, le vélo flirte allègrement avec les 10 kg.

La transmission Sram Rival est un peu lourde, mais elle offre tout ce qu’on peut attendre d’un groupe moderne.

Mais ce serait une erreur de résumer le Giant Propel Advanced Pro 1 seulement à cet embonpoint. D’abord parce qu’il bénéficie d’un groupe qui propose toutes les fonctionnalités qu’on attend d’une transmission moderne, avec 12 vitesses, des changements de vitesse électroniques et sans fil, ainsi qu’un freinage à disque hydraulique. Et on peut même affirmer qu’en termes de rapidité, de souplesse et de précision, le Sram Rival AXS n’a pas grand chose à envier aux Force et Red qui le supplantent dans la gamme.

Ensuite parce que le Propel offre une intégration totale des durites de freins dans le cadre et la douille de direction, en passant par un poste de pilotage bien conçu formé par un cintre et donc une potence réglables. C’est joliment fait, il n’y a pas grand chose qui dépasse, et le système reste pratique à l’usage, notamment pour les ajustements de position. Dans l’ensemble d’ailleurs, la finition du vélo n’appelle que des commentaires positifs.

Il ne faut pas faire attention au pivot de fourche ici non coupé. L’intégration est parfaitement réalisée, et surtout le système offre des possibilités de réglage intéressante sans avoir besoin de tout démonter.

Enfin parce que même si ce nouveau Propel semble disposer de formes de tubes un peu plus consensuelles que son prédécesseur, il profite de profils tronqués qui ont pour effet d’être autant voire plus performants sur le plan aérodynamique, tout en offrant moins de prise au vent latéral, et moins de poids. D’après Giant, le gain serait d’environ 6 watts à 40 km/h pour l’ensemble du vélo par rapport à l’ancien Propel. Même s’il est situé en milieu de gamme, ce Propel Advanced Pro 1 est vendu avec des jantes en carbone de 50 mm (pour l’aéro) tubeless sans crochet, avec les pneus associés. Là encore, le vélo bénéficie des dernières technologies en vogue, que Giant semble parfaitement maîtriser d’ailleurs comme le montrent les pneus Gavia que l’on peut gonfler autour de 6 bar malgré l’absence de crochets à l’intérieur de la jante. Il en résulte un mariage parfait avec les flancs des jantes, pour optimiser l’aérodynamisme et la stabilité des roues, très difficile à mettre en défaut.

Les pneus offrent adhérence et confort. Ils sont surtout en parfaite adéquation avec la forme des jantes, ce qui favorise la stabilité avec le vent de côté.

Confort et maniabilité

À 5600 €, ce Giant Advanced Pro 1 se révèle donc comme une proposition intéressante compte tenu de la technologie embarquée et d’un comportement accessible en termes de pilotage. Car contrairement à certains vélos de route aérodynamiques concurrents, le Giant Propel reste maniable, avec une direction franche et précise, alliée à la stabilité dont j’ai parlé plus haut. La prise en main du vélo est aisée, même par un jour de grand vent. Les changements de trajectoire sont précis et la tenue de route rassurante. La machine ne louvoie pas malgré de fortes rafales de côté et se faufiler au milieu de la circulation en ville n’est jamais un problème en termes de réactivité. La direction semble un tout petit peu lourde à manier en raison d’une forte rigidité de la partie avant du vélo et du poids conséquent du poste de pilotage et des poignées de frein à l’aplomb de la roue avant. Mais les injonctions données au guidon sont rapidement suivies d’effet, avec toujours la sensation que l’on sait exactement où on place la roue.

Le vélo est particulièrement rigide.

Le plus étonnant reste le confort de roulement du vélo, avec des pneus qui chuintent en douceur sur le bitume et des haubans assez fins qui semblent absorber une partie des vibrations que l’on peut ressentir sur un mauvais bitume. Le Propel ne secoue pas outre mesure et se montre plutôt agréable à l’usage, même après plusieurs heures de route. Grâce à son poids, il ne rebondit pas et parait toujours bien posé sur ses deux roues, offrant ainsi une motricité de bon aloi même sur les routes grasses de cet automne particulièrement humide. La seule gêne (ou pas) susceptible de venir perturber la douceur de fonctionnement de cette machine provient du bruit du corps de roue libre, vraiment très très marqué dès qu’on arrête de pédaler quelques instants.

Le confort du Giant Propel, bien que ce ne soit pas l’objectif premier, se révèle étonnant pour une machine de ce type.

Une position facile à ajuster

Le Propel bénéficie des mêmes cotes de position que le TCR, le modèle plus léger et polyvalent de la marque. Il est ainsi de possible de retrouver les mêmes réglages avec les deux vélos, même si le Propel est beaucoup moins sloping, avec un tube horizontal plus droit.

Le poste de pilotage dissimule parfaitement les durites de frein, mais il reste facile à ajuster.

Malgré l’intégration des durites de frein, les réglages de position sont assez faciles d’une part grâce au cintre réglable à l’intérieur de la potence, d’autre part grâce aux entretoises placées sous la potence, composées de deux parties qui s’emboîtent. Il est ainsi possible de monter ou de baisser le poste de pilotage sans enlever totalement la potence du pivot de fourche, et sans bien sûr avoir à démonter les durites de frein. On peut également changer la potence aisément. Ces mêmes durites cheminent en avant du pivot de fourche, lui-même en forme de D, ce qui rend par ailleurs impossible de monter la potence de travers par rapport à la roue avant. Elle est donc toujours dans l’axe.

Le profil tronqué des tubes permet de favoriser l’aérodynamisme tout en conservant des dimensions raisonnables.

Des composants maison remarquables

Le vélo est livré avec un capteur de puissance intégré dans le pédalier, ce qui relève encore fois d’une belle performance compte tenu de son prix. Giant propose son propre capteur Power Halo placé dans l’étoile du pédalier, avec la mesure de l’équilibre gauche/droite et une précision revendiquée de +/-1,5 %. Je n’ai pas été complètement convaincu par ce capteur, qui m’a donné des valeurs pas vraiment cohérentes malgré un calibrage sur mon compteur avant chaque sortie. Mais à dire vrai, je n’ai pas pris le temps de mettre le nez dans l’application dédiée Giant’s RideLink pour voir s’il y avait des mises à jour à effectuer ou une procédure particulière pour l’étalonnage, puisque ce n’était pas l’objet de ce test de vélo. Cela reste néanmoins quelque chose à creuser à l’avenir.

Un pédalier avec un capteur de puissance intégré est proposé de série sur le Giant Propel Advanced Pro 1.

En dehors des composants de position (selle, tige de selle, potence et cintre), le Propel est également équipé de roues et de pneus Giant qui se distinguent par leur stabilité d’une part, mais aussi par leur confort et par leur adhérence. Affichés en 700×25, les pneus tubeless Gavia mesurent en réalité 28 mm de section sur les roues SLR 1 50 Carbon Disc. Ils ne sont certes pas les plus légers ni les plus performants du marché, mais associés aux roues Giant à 1600 g, ils forment un ensemble cohérent pour ce niveau de prix, avec une forme de la jante et du pneu qui semble idéale pour contrôler les mouvements parasites du vélo. Quand on parle d’affronter le vent, que ce soit de face, de côté ou de dos, la marque domine manifestement bien son sujet.

Pour les broyeurs de braquet

Rigide, stable et précis, le Propel Advanced Pro 1 ne parvient toutefois pas à faire oublier son poids sur la route, qui le handicape dans les relances et les changements de rythme dans les bosses. Évidemment, tout est une question de références, mais la différence est nettement sensible par rapport à un vélo d’un bon kilo et demi de moins comme on en trouve en haut de gamme de la plupart des marques. Rien d’étonnant à cela, mais il faut juste en avoir conscience.

Dans les ascensions, la machine est exigeante, en raison de son poids et de sa rigidité.

Dans la même gamme de prix, le Giant est 300 g plus lourd par exemple que le Girs Solo, ou que le Canyon Aeroad, pour prendre exemple sur deux vélos que j’ai pu tester récemment. Si on compare le Giant au Canyon, puisque les deux sont équipés du même groupe, de roues en carbone aéro et d’un cadre destiné à fendre l’air, je trouve le Giant un peu plus rigide et peut-être finalement un peu plus exigeant, même s’il est plus facile à piloter. Mais les deux machines poursuivent le même objectif : proposer un vélo performant dans certaines conditions, à un prix « raisonnable ». Le Giant Propel Advanced Pro 1 s’adresse donc aux coureurs athlétiques, aux triathlètes, à ceux qui ont l’habitude de malmener leur vélo en écrasant le braquet. Il n’est pas forcément adapté pour les critériums, pour le dénivelé ou pour toutes les portions où il faut changer de rythme. Mais il étonne pour son confort, sa stabilité et sa qualité de fabrication.

Sur le plat, maintenir une vitesse de croisière élevée permet de ressentir l’efficacité globale du vélo.

Globalement, ce Giant Propel Advanced Pro 1 est une proposition intéressante pour qui cherche un vélo sûr, fiable, confortable et rassurant à piloter. Pour en tirer la quintessence, il faudra cependant avoir quelques watts en réserve, et surtout l’utiliser dans une région peu accidentée.

Le Giant Propel Advanced Pro 1 en bref…

Les + : rigidité, stabilité, maniabilité, confort, roues 
Les – : poids, vélo exigeant

Cadre : Advanced-grade composite Disc – Fourche : Advanced SL-grade composite Disc – Potence : Giant Contact SL Aero  – Cintre : Giant Contact SL Aero – Freins : Sram Rival hydrauliques 160/140 mm – Dér. Avant : Sram Rival AXS 12 v. – Dér. Arrière : Sram Rival AXS 12 v. – Leviers : Sram Rival AXS 12 v. – Cassette : Sram Rival 10-30 – Chaîne : Sram Rival AXS 12 v. – Pédalier : Sram Rival AXS 12 v. 48-35 (avec capteur de puissance Giant Power Halo) – Roues : Giant SLR 1 50 Carbon Disc 50 mm – Pneus : Giant Gavia Course 1 700×25 tubeless – Selle : Giant Fleet SL – Tige de selle : Giant Vector – Poids : 8,3 kg en taille S sans pédales – Nombre de tailles : 6 – Prix : 5600 €

 

Contact : www.giant-bicycles.com

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Guillaume Judas

  - 53 ans - Journaliste professionnel depuis 1992 - Coach / Accompagnement de la performance - Ancien coureur Elite - Pratiques sportives actuelles : route & allroad (un peu). - Strava : Guillaume Judas

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