Test du nouveau groupe Campagnolo Super Record WRL

Le groupe Super Record Wireless est le modèle le plus haut de gamme de la collection du fabricant italien Campagnolo, avec des dérailleurs électroniques à 12 vitesses, une transmission sans fil, de nouvelles combinaisons de dentures pour des changements de rapport très progressifs et une nouvelle ergonomie pour les poignées. Voyons ce que donne le Super Record WRL sur plusieurs centaines de kilomètres, après un test sans concession.

Par Guillaume Judas – Photos : ©3bikes.fr

Avec le Super Record WRL, Campagnolo entend entrer en concurrence directe avec Shimano et son Dura-Ace Di2 et avec Sram et son groupe Red AXS, le premier groupe avec une transmission entièrement sans fil entre les leviers de commande et les dérailleurs. Même si le prix du groupe est très élevé (plus de 1000 € de plus que Shimano et Sram), Campagnolo oppose à ses concurrents des matériaux premium avec une subtile combinaison de carbone, de titane et d’aluminium qui ne manquera pas de séduire les puristes. Éliminons tout de suite le critère du poids entre les trois fers de lance des trois principales marques de transmission du marché : avec 2480 g, le Campa Super Record WRL accuse 38 g de plus que le Dura-Ace, et 36 g de moins que le Red, toutes choses étant égales par ailleurs. Bref, ce n’est pas un sujet, sauf si l’on compare le poids des groupes haut de gamme avec celui des transmissions d’un prix plus raisonnable.

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Parlons plutôt d’ergonomie. Jusqu’à présent, Campagnolo se distinguait avec des poignées avec deux leviers – que ce soit en version mécanique ou en version électronique -, dont le fameux bouton poussoir sur l’intérieur de la manette pour descendre les pignons sur la cassette, ou descendre sur le petit plateau, et un levier pour effectuer l’opération inversion. La nouvelle version du Super Record abandonne ce bouton poussoir et adopte désormais deux palets, placés derrière le levier de frein. Le palet inférieur permet de descendre les dents, le palet supérieur de les remonter. Mais il est bien sûr possible de personnaliser l’action des boutons en passant par l’application dédiée, comme avec Shimano et Sram.

La nouvelle forme de la poignée offre davantage d’adhérence avec le caoutchouc et un peu plus d’amortissement pour améliorer le confort en roulant. La poignée est également plus longue sur sa partie supérieure, et moins haute sur la partie la plus avancée, en intégrant de ce fait mieux le freinage hydraulique. La forme générale offre un meilleur contrôle du freinage que la version précédente, que ce soit avec les mains sur les poignées, ou les mains en bas du cintre.

Sous la cocotte, se trouvent la vis de purge, et l’accès aux boutons sur la face intérieure qui permettent de régler les dérailleurs, mais pas encore de changer les pages d’un compteur associé. Une fonctionnalité peut-être à l’ordre du jour lors d’une future mise à jour de l’application MyCampy et du groupe.

Une petite vis accessible par un des orifices présents sur le levier permet d’accéder au réglage de la garde du levier de frein, de manière à le rapprocher plus ou moins du cintre, en fonction de la taille des mains.

En revanche, il faut noter un très mauvais point pour la zone évidée juste derrière le levier, sous la poignée, avec des arrêtes trop marquées, et qui peuvent se révéler blessantes ou en tout cas très désagréables à la prise en main.

Communication sans fil

Tout comme le Sram Red AXS, le groupe Campagnolo Super Record WRL fonctionne entièrement sans fil entre les leviers et les dérailleurs. Chaque élément dispose d’une batterie interne (piles plates pour les poignées, des batteries démontables mais non interchangeables pour les deux dérailleurs), ce qui facilite le montage du groupe en l’absence de batterie interne placée dans la tige de selle ou dans le tube diagonal, comme avec Shimano.

L’autonomie est annoncée entre 750 et 1000 km selon l’utilisation, mais nous n’avons pas eu à effectuer de recharge complète pour notre part sur plus de 500 km, en dehors de la toute première utilisation. La recharge des batteries peut s’effectuer directement sur le vélo ou après les avoir démontées des dérailleurs avec un câble spécifique, et elle est assez rapide avec 90 % de charge en 45 minutes et une charge complète en 1h seulement. Un éclairage LED sur les dérailleurs indique l’état de la batterie. Petite touche de fun, l’éclairage affiche un logo Campagnolo !

À l’instar de Shimano et Sram, le groupe Super Record WRL communique avec sa propre application MyCampy pour modifier certains paramètres personnalisables des changements de vitesse (fonctions ordonnées par chaque bouton comme évoqué plus haut, choix et réglages des changements de vitesse séquentiels ou semi-séquentiels comme ses deux concurrents), mais aussi avec un compteur associé comme Garmin ou Wahoo, pour voir affiché le rapport engagé et l’état des batteries.

Le Campagnolo 12 vitesses passe au 10 

Tout comme Sram, Campagnolo adopte des cassettes avec un premier pignon de 10 dents pour ce nouveau groupe Super Record WRL. Une décision étonnante de la part du fabricant italien, qui n’hésite pas ici à remettre totalement en cause les idées reçues à ce sujet, de manière à optimiser la progressivité des changements de rapport et à gagner du poids avec une cassette particulièrement légère. Campagnolo propose ainsi trois combinaisons de plateaux (45-29 comme sur notre vélo d’essai, 48-32 et 50-34) et trois combinaisons de cassette (10-25, 10-27 et 10-29). S’il y a toujours 16 dents d’écart entre les deux plateaux et que leur choix dépendra du niveau de l’utilisateur, les deux premières cassettes offrent les huit premiers pignons qui se suivent d’une dent en une dent (sept premiers pignons pour la 10-29). À titre de comparaison, un 50/10 est l’équivalent d’un 55/11, soit un braquet de professionnel. Un 48/10 est quasiment égal à un 53/11, et un 45/10 est équivalent à un 54/12. Enfin, le braquet de 29/29 est l’équivalent du 34/34 de chez Shimano.

Détails des pignons des cassettes :

10-25 : 10-11-12-13-14-15-16-17-19-21-23-25
10-27 : 10-11-12-13-14-15-16-17-19-21-24-27
10-29 : 10-11-12-13-14-15-16-18-20-23-26-29

La cassette s’affiche à 210 g seulement en 10-25, mais elle impose un montage sur un corps de cassette spécifique Campagnolo N3W.

Le dérailleur arrière, avec de nombreuses pièces en carbone et titane, est particulièrement massif sur sa partie extérieure. Il nous semble assez exposé en cas de choc avec la roue avant d’un autre cycliste dans un peloton. Le dérailleur avant est lui aussi assez imposant, mais surtout sa batterie démontable n’est pas interchangeable avec l’arrière, en raison d’un brevet Sram.

Pièce maîtresse des groupes Campagnolo avec sa magnifique finition en carbone unidirectionnel, le pédalier présente une encoche qui annonce l’arrivée prochaine d’un capteur de puissance de la marque. Disponible avec des manivelles de 165, 170, 172,5 et 175 mm, il conserve le système Ultra Torque comme le modèle précédent pour un excellent transfert de puissance, avec un axe en titane, et des roulements en céramique pour la fluidité.

Un freinage très performant

Le freinage à disque Campagnolo est aujourd’hui le plus puissant et le plus progressif du marché, quelles que soient les conditions. Il s’explique par un système de contrôle de la température pour éviter la surchauffe et un disque légèrement flottant. Ce concept limite les risques de voile du disque, ainsi que tous les bruits de frottement après un freinage appuyé, même pendant seulement quelques secondes. C’est une vraie réussite.

Sur la route : rapidité et fluidité des changements de vitesse

Pour un système entièrement sans fil, le Super Record WRL se distingue du Sram Red AXS en étant plus rapide. La réponse des dérailleurs à chaque injonction des leviers est instantanée. Et extrêmement fluide, grâce à la forme des dents de la cassette, retravaillée par rapport aux autres cassettes de la marque. Après une sortie et quelques dizaines de kilomètres d’adaptation par rapport à l’ancienne version Campagnolo EPS, il est simple d’appréhender les boutons de changements de vitesse, et facile de balayer l’ensemble de la cassette en laissant le doigt appuyé sur l’une des commandes. À la descente des rapports sur la cassette, la sensation de changement de pignon reste assez nette, voire sonore, comme depuis toujours chez Campagnolo. Comme une signature.

Concernant les braquets, il a fallu quelques kilomètres pour s’habituer aussi à de nouvelles références. Cette combinaison 45-29 et 10-27 pour ce groupe de test apporte une grande polyvalence, avec un grand développement équivalent à un 54/12, et un petit développement équivalent à un 39/36, à titre de comparaison. Le passage du pignon du 10 au pignon de 11 est parfois décrié en raison de la grande différence de développement, mais avec un plateau de 45, cette sensation est atténuée.

La fluidité de la transmission se retrouve jusque sur le pignon de 10 dents.

Dans tous les cas, la progressivité de la cassette est fortement appréciable. Avec les huit premiers pignons qui se suivent (45/10 jusqu’au 45/17), c’est comme si on allait du 54/12 au 54/21 sans rupture de cadence excessive. La fluidité de la transmission se retrouve jusque sur le pignon de 10 dents, qui n’apporte pas ici de sensation de frottement ou de raideur, comme c’est le cas avec les transmissions Sram.

La classe à l’Italienne

Avec son tarif très élevé, le groupe Campagnolo Super Record WRL peut être qualifié d’ultra haut de gamme, que l’on parle de la finition (en dehors de la partie inférieure des poignées) ou de la qualité de fonctionnement. La transmission est sans reproche, et s’ajoute au désormais légendaire freinage à disque Campagnolo. La nouvelle gamme de braquets est intéressante à l’usage si l’on prend soin de choisir la bonne combinaison de plateaux en fonction de son niveau. Au final, le groupe Super Record WRL s’adresse aux pratiquants aisés et épicuriens, qui n’hésiteront pas à dépenser un gros billet de plus que le prix demandé par la concurrence pour se distinguer dans les pelotons.

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