Partager la publication "Reconnaissance de l’Étape du Tour 2024 entre Nice et le col de la Couillole"
Après un premier rendez-vous manqué à cause du Covid en 2020, Nice, la capitale du département des Alpes Maritimes revient sur le devant de la scène en 2024 en recevant l’Étape du Tour, le grand événement cyclosportif. Le parcours de la 20e étape du Tour de France et sur lequel s’appuiera l’épreuve cyclosportive presque deux semaines plus tôt reliera Nice sur les bords de la Méditerranée au Col de la Couillole, avec 138 km et 4600 m de dénivelé. Malgré quelques travaux dans le Turini, nous avons effectué une reconnaissance du parcours au lendemain de sa présentation officielle.
Par David Polveroni – Photos : DR / Images : ©ASO
138 km et 4600 m de dénivelé : nous sommes ici sur un type de ratio distance/dénivelé que l’on trouve sur les étapes de haute montagne. Plus de 30 km de moins qu’une célèbre Marmotte, avec à peine moins de 400 m de dénivelé positif en moins… Vous avez ici une idée de la difficulté qui vous attend le 7 juillet prochain pour l’Étape du Tour 2024. L’épreuve en 2022 entre Briançon et l’Alpe d’Huez proposait le même style de parcours (avec 30 km de plus !) mais comportant des ascensions plus longues, et plus de temps en altitude…
Parcours : ICI
Un départ depuis le bord de la Méditerranée
Le départ dans les faubourgs de Nice sera sans doute déjà rapide. Même si la pente est douce, elle est là, dès les premiers hectomètres. Le col de Nice qui intervient après 15 km marque le début des hostilités. On prend la petite route de Blaussac pour grimper durant 4,5 km. Devant, ça ne quittera pas le gros plateau, mais il faut vite gérer car on est sur un parcours qui use ! Ensuite, vous trouverez une très courte descente, et l’on ne perd pas de temps. À l’Escarène, nous sommes déjà dans le col de Braus.
Le col de Braus
Le col de Braus, c’est 10 km à 6,2% de moyenne, mais nous sommes loin d’être sur un col régulier comme le Lautaret par exemple. Ici, dès la sortie de Touet de l’Escarène on retrouve des passages à 8/10% qui feront inévitablement descendre sur le petit plateau. Selon votre niveau et votre style de pédalage, un plateau 34 pourrait être intéressant sur ce véritable parcours de (haute !) montagne. Tout de suite il convient de trouver le bon tempo. Ce col reste néanmoins roulant avec de petits replats. À mi-ascension par exemple, avant que l’on attaque alors une série de lacets.
Mythiques, ces lacets du col de Braus ont été bien délaissés par le Tour. Avant-guerre, ceux-ci étaient régulièrement empruntés, avec 27 passages et, après-guerre il y a eu seulement deux passages. Gardez à l’esprit que le plus dur intervient à 2 km du sommet. Après une énième courbe sur la droite, le petit muret aux tons rougeâtres : 14/15% sur quelques mètres viennent vous scotcher au sol. Une belle ligne droite qui, en plein soleil, (il fait vraiment toujours beau dans le sud !) peut rapidement devenir souffrance. Mais en guise d’entrée à cette heure, on lève les dents et on les serre ! Comme le faisait le légendaire René Vietto, le local, vainqueur de la boucle de Sospel en 1931 à l’âge de 16 ans. On retiendra ensuite que le “Roi René” est un de ces coureurs capable d’une victoire sur la onzième étape du Tour en 1934 et de remporter le prix de la montagne et quatre étapes dominant les Alpes. On passera devant sa stèle après avoir jeté un coup d’oeil sur la droite 2 km avant pour admirer la légendaire série d’épingles très appréciée par les pilotes du rallye de Monte Carlo. Mais on en a encore pour quelques kilomètres sur cette spéciale…
30 km de parcourus au sommet du col de Braus, marqué par un petit replat sur 500 m avant de basculer cette fois, sur ce qu’on appelle l’arrière-pays Niçois. Les virages se succèdent, une petite vingtaine d’épingles, en trois séries, et les trois derniers kilomètres nous plongent sur la petite commune de Sospel. Pas le temps d’admirer les façades en trompe l’oeil, puisqu’il faut déjà remonter le long de la Bevera, ce cours d’eau qui prend sa source plus haut au Col de Turini.
Le col de Turini
Nous aussi ce col nous attend. 3 km de temps mort, et le Turini se profile alors déjà devant nous. Une ascension décomposée en deux temps.
Tout d’abord la première partie jusqu’à Moulinet. 7 km avec des pourcentages qui permettent d’appliquer ce que la ville nous dicte : 4 à 6% grand maximum, mouliner un tant soit peu est ici une nécessité. On laissera le pont-escalier, faisant penser à la muraille de Chine (version miniature) marquant la fin de ces gorges du Piaon pour alors s’armer de watts et attaquer la trentaine d’épingles jusqu’au col de Turini. 3 km de replat passé le village, puis 12 km bien réguliers serpentant dans la forêt sur des pentes modestes entre 6 et 8 % excepté les 2 derniers kilomètres à un petit peu moins de 5% pour terminer la montée en toute tranquillité.
C’est un bien grand mot tranquillité ! Sur une reconnaissance où l’on peut prendre son temps, oui, ici la quiétude des lieux est bien présente. En juillet, le cœur sera tout sauf tranquille.
Le long de ces 24 km et 1260 m d’élévation, il faudra avoir géré sa nutrition pour ne pas avoir trop entamé vos forces à l’image des colombiens Bernal et Quintana sur Paris-Nice 2019, s’épaillant sur le versant de notre descente sur les pentes du géant niçois, (c’est ainsi qu’on pourrait l’appeler !) : nous sommes sur la plus longue montée de cette étape !
Ici, à 1608 m d’altitude, vous savez logiquement comment va se dérouler la suite de votre Étape. Si vous avez su parfaitement gérer ces 66 premiers kilomètres, que vous arrivez à sentir que vous en avez encore sous le pied, c’est toute la subtilité de l’expérience, qui fera qu’ici on peut basculer vers un calvaire ou alors une seconde moitié qui ne sera que du bonheur.
Une très longue descente ensuite, sur 16 km, tout sauf reposante. Ça virevolte dans tous les sens, à l’image de la montée, les épingles s’enchaînent. On croisera du regard le village de la Bolène Vésubie, village perché, tombant presque dans la vallée de la Vésubie. Vallée qu’on retrouve alors après un total de 80 km après avoir quitté Nice. On vire à droite et on se dirige tout droit alors vers la station de la Colmiane.
Le col de la Colmiane
La Colmiane, ou parfois appelée le col Saint Martin, est une montée un peu traîtresse. Ce col ne monte pas vraiment. Jusqu’à Saint Martin de Vésubie. Sa position dans l’épreuve en fait un col redoutable qui pourtant ne l’est pas sur le papier ! C’est une portion où il est capital de boire et manger pour aborder au mieux le final de l’épreuve. Et quand je dis final, ce n’est pas le final de la Colmiane, car ici c’est déjà trop tard, il fallait gérer son Turini et sa descente. Le final : col de la Couillole. Mais on y arrive.
Avant ça il faut se battre sur près de 9 km bien réguliers entre 6 et 8% pour nous mener jusqu’à 1506 m à la station de la Colmiane, franchie seulement à quatre reprises par le Tour de France, la dernière fois en 2020, avec Benoit Cosnefroy en tête.
Nous descendons ensuite sur la vallée de… la Tinée cette fois-ci ! Toujours bien concentré, avec une nouvelle fois 16 km de descente, mais ce versant nécessite moins de coups de frein que celle du Turini. Les courbes se devinent bien et il n’y a que peu d’épingles. La partie centrale est assez rapide et l’on se dégage alors le long de la Tinée en remontant vers le nord après un virage à 180°.
5 km de transition, sur ce plat voire faux plat montant au col de la Bonette. On garde la Bonette pour un autre jour et l’on restera sur les routes bien encadrées par la Garde républicaine et sans voiture : c’est ça l’aventure Étape du Tour, vivre l’espace d’une journée ce que ressent le pro durant trois semaines.
Taper la tête dans la pente : c’est surtout ça ici que l’on va sentir, à St Sauveur sur Tinée. On prendra alors une toute petite route sur la gauche, qui descend pendant 200 m avant de vraiment se sentir sur une autre planète.
Le col de la Couillole : le point culminant, la touche finale !
Le pied du col, tapissé sur le flanc de la montagne avec des pierres aux schistes rouges, vous donne l’impression d’être dans le Colorado. Non, ici, nous sommes au sud du Mercantour, sur les terres de la Mercantour Classic. VOTRE histoire s’écrit sur ce dernier appendice, la Couillole, avec presque 16 km, elle aura de quoi en 1000 m de dénivelé vous faire comprendre si votre entraînement a été à la hauteur de l’événement.
La FFC saura vous guider avec leur expérience ainsi que les services offerts normalement pour les professionnels, afin de mener à bien votre préparation finale. Elle vous propose, durant cinq journées, de repérer, de vous donner les meilleurs conseils pour gérer et appréhender au mieux votre 7 juillet.
Voir : ICI
Bref, aparté mental (oui, on pense beaucoup sur le vélo) mais ici la gestion se fait oublier kilomètre par kilomètre. On lâche ses dernières forces, ses dernières étincelles d’énergie, on extrait les yeux qui étaient fixés sur les watts établis pour alors s’arracher pour suivre le coureur qui nous précède, on sent en nous ce petit frisson qui nous envahit peu à peu car à cet instant on le sait ! On sait qu’alors on sera finisher de cette étape !
138 km, 4600 mètres de dénivelé avalés, du premier au dernier, le sentiment du devoir accompli doit résonner en vous !
Ce qu’il faut retenir de ce parcours du l’Étape du Tour 2024 :
- Dans le vif du sujet après 15 km
- Les deux premières descentes sont peu reposantes, avec de nombreux freinages et peu de pente. Donc c’est plus difficile pour se ravitailler, et moins de relâchement possible
- Le col de la Colmiane est une véritable difficulté du fait de son placement dans l’épreuve alors que sur le papier il fait facile
- Gestion du carburant très importante car c’est sans répit : Étape du Tour « nerveuse » !
=> VOIR AUSSI : Tous nos articles Voyages
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Merci pour cet article ! Au top !
Bravo très bel article, très bien écrit. « VOTRE histoire s’écrit sur ce dernier appendice, la Couillole … » 😁
Merci pour cet article ! Au top !
Bravo très bel article, très bien écrit. « VOTRE histoire s’écrit sur ce dernier appendice, la Couillole … » 😁
Encore une fois la précision et la passion sont au rendez-vous dans cet article, bon courage à tous les participants…
Merci M. POLVERONI
Encore une fois la précision et la passion sont au rendez-vous dans cet article, bon courage à tous les participants…
Merci M. POLVERONI