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Chaque club en a au moins un : un « costaud » qui ne peut s’empêcher de rouler (trop) vite à l’entraînement, qui prend un malin plaisir à vous « faire mal à la gueule » alors que vous aviez prévu de rouler tranquillement pour une bonne raison. Ne tombez pas dans le piège !
Par Bruno Cavelier – Photo : DR
Article paru dans le magazine Cyclo Coach n°81 de septembre/octobre 2023
Souvent, il ne fait pas de course, et il n’en a d’ailleurs jamais fait. Et s’il en fait, il perd ses moyens, ou plutôt, il n’en a pas, pris à son propre piège. Car il roule toujours trop fort – une sortie à moins de 30km/h de moyenne ne le concerne guère – et à une vitesse uniforme pour ne pas justement plomber son allure moyenne, ce qui a un double effet pervers : manque de jus sur une ligne de départ où il faut arriver frais et impossibilité de se surpasser lorsqu’il convient de s’accrocher à vitesse élevée. Car, si on s’entraîne toujours pareil, on ne peut pas s’exercer à très haute intensité, justement celle dont on a besoin en course… Du coup, ça le conforte dans son idée : les courses, ce n’est pas pour lui. Malheureusement, on en rencontre encore qui ne portent pas de casque, car il préfère la casquette de coureur. Souvent, il est équipé de pied en cap d’une tenue à la mode, c’est peut-être un chasseur de KOM car l’entraînement est sa seule compétition. Il est costaud, et il le sait.
Au pays des aveugles…
Les borgnes sont rois. Le champion de l’entraînement déteste perdre. Alors, comme solution, il a trouvé son gibier favori : il préfère rouler avec plus faible que lui. C’est le meilleur moyen qu’il ait trouvé pour arriver le premier en haut d’une bosse, ou tout simplement, rouler en tête en laissant un petit sourire se dessiner sur ses lèvres, pendant que les plus faibles que lui – ou tout simplement bien plus âgés – qui le suivent commencent à grimacer de douleur. Même les coursiers plus forts et expérimentés que lui sont contrariés, tout simplement, car ils suivent un entraînement structuré, et aujourd’hui, ils n’avaient pas prévu de produire un tel effort, contreproductif dans la gestion de leur préparation.
Être coursier, c’est un état d’esprit : on fait la course en course, on s’entraîne – et on s’entraide – à l’entraînement. Bien rouler en groupe, en club, en équipe, c’est tout un art que certains perturbateurs ne maîtrisent pas.
Alors, comment l’éviter ?
Vous l’avez compris, si vous entrez dans son jeu, le champion de l’entraînement risque fort de mettre à mal l’ambiance d’une sortie en groupe, de contrarier l’excellent état d’esprit qui règne dans votre club où il convient que les plus forts se mettent à la portée des plus faibles – car l’inverse reste impossible – ou perturber votre préparation personnelle en modifiant pernicieusement la thématique prévue de votre entraînement du jour. En premier lieu, il convient de l’identifier et c’est pour cette raison que nous vous avons donné quelques pistes en introduction de ces quelques lignes. En complément, vous pouvez le tester sur la route : si vous roulez à côté de lui, il doit toujours avoir une demi-roue d’avance. Remontez juste à son niveau, et il accélère l’allure pour regagner « sa » demi-roue. Puis, n’entrez jamais dans son jeu ! Prévenez vos compagnons de route moins expérimentés que vous, et laissez-le s’amuser tout seul. Et un jour, pour vous amuser à votre tour, si par chance vous le rencontrez alors que vous avez prévu une sortie « musclée », proposez-lui de rouler avec vous – il sera ravi – et faites-lui la misère !
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