Test exclusif du nouveau BH GravelX Carbon 4.0

Avec son tout nouveau GravelX Carbon, BH optimise un modèle déjà reconnu pour son confort et ses capacités à franchir tous les obstacles ou presque, de longs kilomètres durant. Avec un triangle arrière articulé et une fourche destinée à amortir les vibrations, le nouveau GravelX Carbon gagne encore en vitesse et en motricité. Idéal pour les longues sorties roulantes sur des terrains cassants.

Par Guillaume Judas – Photos : ©3bikes.fr

Le Gravel est une pratique encore en plein essor, et chaque marque propose sa propre vision de la discipline. Et chaque adepte du Gravel a aussi sa propre manière de l’envisager, avec ses propres exigences. Sorties rapides, sorties techniques où le pilotage prime, courses courtes ou d’endurance, ou encore voyages et bikepacking, le Gravel a de multiples visages, et tout le monde peut y trouver sa place. Il en est de même pour le matériel, avec de nombreuses options possibles pour les vélos et l’équipement. Mais pour le GravelX, BH a toujours voulu favoriser un compromis entre poids raisonnable, rigidité, contrôle et réactivité, pour les longues virées sur des terrains variés, et si possible à bonne allure. Cette nouvelle version du GravelX Carbon permet d’aller encore plus loin avec une nette amélioration en termes de confort et surtout de motricité. Le triangle arrière articulé du vélo pour faciliter la flexion optimise nettement le contact de la roue arrière avec le sol, pour améliorer les capacités de franchissement et les passages sur les terrains très cahoteux, alors que la forme particulière de la fourche augmente là encore l’absorption des vibrations.

À ces nouveautés s’ajoutent une géométrie axée sur le confort et la stabilité, comme pour la version précédente du GravelX. L’empattement assez long du vélo offre un excellent équilibre à vitesse élevée et sur des chemins au revêtement fuyant et/ou caillouteux. Mais le vélo est moins à l’aise que certains Gravel concurrents ou que certains vélos de cyclo-cross en parcourant des singletracks tortueux comme on en trouve en sous-bois. Son surpoids relatif n’est pas idéal non plus pour les relances fréquentes dans ce type de situation. Un choix assumé par BH, pour un vélo qui répond aux exigences premières du Gravel, qui sont de rouler longtemps et à bonne allure sur tous les types de terrains.

Un cadre moderne avec de multiples fonctionnalités

Le nouveau BH GravelX Carbon 4.0 appartient à une famille de quatre modèles, proposés entre 3199 € et 6299 €. Avec son groupe Shimano GRX Di2 mono plateau, ses roues Vision Team TC30 et ses périphériques en aluminium, il offre un bon compromis entre fonctionnalités et équipement fiable et rassurant, pour un prix de vente de 4399 €. Avec un poids de 9,5 kg (complet avec pédales et porte-bidons), il est évidemment perfectible de ce côté-là, mais la bonne nouvelle c’est que les périphériques de base en aluminium et même les roues peuvent être changés progressivement en fonction du degré d’investissement dans la pratique, de manière à améliorer la réactivité globale du vélo si nécessaire, notamment à basse vitesse.

Tout en haut de la gamme, on peut trouver chez BH le GravelX Carbon 4.5, avec des roues FSA un peu plus légères et surtout une fourche suspendue Fox AX 40, pour les terrains les plus exigeants. À l’autre extrémité de la gamme, le GravelX Carbon 3.0 est proposé avec un groupe Shimano GRX mécanique et des roues Shimano RS171. Déjà une belle entrée en matière. Il est aussi possible de choisir le GravelX Carbon 3.5 à 3399 €, en GRX mécanique mais avec les mêmes roues Vision que le modèle de test.

Les GravelX Carbon bénéficient de la technologie de fabrication par moulage interne à noyau creux HCIM (Hollow Core Internal Molding), un procédé spécifique aux cadres route haut de gamme de chez BH, qui fait appel à un amalgame optimal entre résine et plaques en fibres de carbone Toray T800 et T500. Lors de la fabrication, une très forte pression est appliquée au moule du cadre pour obtenir un matériau extrêmement compact qui empêche la formation de bulles et d’imperfections dans la matière, et qui permet d’optimiser le poids, la rigidité et la solidité de la structure.

La boîte de pédalier BB386EVO permet d’optimiser la rigidité latérale. Ce standard spécifique à BH augmente la largeur du boîtier jusqu’à 86,5 mm et permet d’accroître le diamètre des tubes, le tout sans augmenter le poids du cadre. Cette largeur de boîte facilite l’obtention de la forme asymétrique du triangle arrière au niveau de la base, ceci afin d’offrir le dégagement nécessaire aussi bien à la transmission avec ses développements extrêmes qu’au pneu de 45 mm de section maximum. Les pneus larges Hutchinson Touareg en 700×40 montés sur le vélo offrent là encore un excellent compromis entre qualités de roulement sur les parties rapides et résistance nécessaire pour affronter pierres et racines sur des terrains rugueux.

Cette nouvelle version du GravelX se distingue par un triangle arrière articulé, avec des haubans fixés assez bas sur le tube de selle, mais montés sur une biellette qui assure une légère flexion pour absorber les vibrations, améliorer le confort et optimiser la motricité de la roue arrière. Une encoche au niveau des bases arrière diminue leur rigidité verticale, ce qui permet de favoriser cette légère flexion, vraiment sensible sur le terrain.

Au niveau de la tête de fourche, on observe un net décrochage juste en dessous de la douille de direction. La fourche Air Bow a une forme particulière, tout comme pour les vélos de la gamme route de BH. Des formes courbes qui permettent de surdimensionner au maximum le passage de roues (pour des pneus jusqu’à 45 mm), sans altérer la rigidité latérale et la précision de pilotage, et qui optimisent l’écoulement de l’air pour favoriser le gain de vitesse. Le GravelX bénéficie également d’une belle intégration des durites de frein et des câbles ou fils de dérailleur dans la douille de direction, pour favoriser l’esthétisme et l’aérodynamisme.

Pour en finir avec les détails qui font toute la différence du côté pratique, notons la partie inférieure du tube diagonal qui accueille une petite boîte de rangement qui recouvre une des zones les plus sensibles du cadre en raison de l’impact des cailloux sur les chemins difficiles. Ce compartiment intégré peut accueillir une petite pompe à air ou une cartouche de CO2. Enfin, le vélo reçoit les fameux axes traversants BH avec un écrou papillon dissimulé et intégré au niveau de l’extrémité filetée, qui offrent un montage et un démontage aisés.

Sur le terrain

Sur le BH GravelX Carbon, la position est facile à régler, grâce à une géométrie standard portée sur le confort sur longues distances, mais qui reste sportive. Le poste de pilotage est d’emblée à la bonne hauteur et les commandes tombent facilement sous la main. On apprécie d’ailleurs au passage l’ergonomie des poignées Shimano GRX Di2, même si on peut remarquer que dans cette configuration avec un seul plateau, les leviers de changements de vitesse sur la poignée gauche ne servent à rien.

Lors des premiers hectomètres sur le bitume, le vélo semble un peu pataud. Mais il faut préciser qu’entre un vélo de route, un VTT et un vélo de cyclo-cross, le Gravel est ici un quatrième larron pour notre testeur, qui découvre la polyvalence du modèle, mais aussi ses qualités et ses inconvénients. Les premiers doutes sont rapidement dissipés dès l’entrée sur les chemins. Le vélo est extrêmement confortable, que ce soit sur des chemins de halage, à travers champs ou sur des terrains cassants. L’absorption des vibrations est assez bluffante, même par rapport à un VTT semi-rigide. Lancé sur des terrains roulants, le GravelX permet d’atteindre rapidement 28 à 30 km/h, et le vélo reste très stable. Moins lourd qu’un VTT, mais aussi moins aérien qu’un pur vélo de cyclo-cross, il bénéficie d’une bonne inertie pour maintenir une vitesse de croisière élevée.

En revanche, le GravelX n’est pas très réactif en relance, il se montre un peu lourd pour passer des obstacles (type tronc d’arbre) au milieu des singletracks. On sent la longueur importante du vélo (par rapport à un cyclo-cross) et surtout le poids de l’arrière, avec un triangle arrière forcément un peu paresseux lors des changements de rythme. Néanmoins, le système se distingue dans les montées raides, surtout lorsque le revêtement se montre un peu fuyant par rapport à d’autres Gravel plus nerveux : la roue avant n’a pas pas tendance à se cabrer, et l’arrière reste parfaitement collée au sol, ce qui se traduit par une belle efficacité dans ces conditions, presque identique à celle d’un VTT.

Dans les descentes, sans qu’elles soient extrêmes en termes de difficultés, la qualité du freinage et la stabilité du vélo restent appréciables et rassurantes. La position équilibrée et la géométrie du vélo sont aussi un avantage pour passer avec plus d’assurance qu’avec un vélo de cyclo-cross.

Contrairement à beaucoup de vélos tout-terrains, comme un VTT ou même un vélo de cyclo-cross, le BH GravelX Carbon assure de belles transitions entre routes et chemins. Il permet d’effectuer de longs trajets sans se soucier du revêtement. Sur la route, la section des pneus n’est pas trop handicapante, et la position proche de celle d’un vélo de route permet d’envoyer du braquet sans prendre trop de vent. Reste l’inconvénient du mono-plateau dans ces conditions, avec des écarts marquants entre chaque pignon de la cassette, mais c’est avant tout une histoire de préférence personnelle.

Au final, le nouveau GravelX Carbon perd un peu en nervosité ce qu’il gagne en confort et en motricité avec un empattement conséquent et un triangle arrière qui évite au vélo de rebondir. Ce n’est pas un vélo pour les courses courtes et toniques, mais plutôt pour les longs raids ou pour les épreuves d’ultra-distance parcourues à belle allure. Reste qu’en gagnant un peu de poids sur les roues (annoncée autour de 1900 g la paire) et les périphériques, il est possible d’économiser presque un kilo sur le vélo complet. De quoi offrir encore plus de polyvalence à un modèle déjà fortement séduisant.

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