Présentation de la Marmotte, version 2023

À quelques jours du départ de la Marmotte, ce dimanche 25 juin, revenons plus précisément sur ce qui attend les 8000 participants sur les routes de la doyenne des cyclosportives. 

Par David Polveroni – Photos : DR

La Marmotte est la doyenne française, car en Italie on retrouve la Nove Colli par exemple, qui est plus ancienne, mais cette 42eme édition sera surtout marquée par une modification du tracé original, et non des moindres.

Si, par un lointain passé, on a même eu une arrivée à Vaujany, les principaux cols empruntés étaient les suivants : la Croix de Fer, le Galibier et arrivée à l’Alpe d’huez. 174 km pour 5000 m de dénivelé. On a ensuite depuis 2005 bifurqué un peu avant le sommet de la Croix de Fer, au Glandon, pour rajouter un peu de vallée donc revenir à peu de choses près sur la distance et dénivelé initial. Même si au niveau des paysages le Glandon ne vaut pas la Croix de Fer, en termes de difficulté, c’est du pareil au même avec « seulement » 2 km en plus. Mais nous y reviendrons un peu plus en détail.

Cette année, le mythe totalise 187 km et 5500 m de dénivelé. Sur le papier cela peut presque paraître anecdotique, mais 10% de dénivelé et de distance ( ou presque) supplémentaire peuvent parfois bien changer la donne et votre gestion de l’effort.

Eh oui ! Cette année on revient sur le tracé initial en délaissant le Glandon pour monter à la Croix de Fer, mais il faudra bifurquer par le col du Mollard, une petite plaisanterie… accompagnée d’une descente puis remontée pour enfin revenir dans la vallée qui auront su bien entraver vos forces par rapport aux dernières années.

Les infos

Le retrait des dossards se fait sur le village de l’événement au Palais des Sports de l’Alpe d’Huez aux moments suivants :

  • Jeudi de 14h à 19h
  • Vendredi de 10h à 19h
  • Samedi de 10h à 19h

Il faut se munir du ticket reçu par email en complément d’une pièce d’identité et du certificat médical si non validé en ligne.

Bref, dossard en poche, vous voilà inscrit pour une épreuve qui se veut avant tout un défi personnel, car ici, au coeur de l’Oisans : vous allez comprendre que la montagne saura vous remettre à votre place.

La course

À l’heure où vous lirez ces lignes, inutile de trop se prendre la tête sur votre entraînement, les dés sont déjà lancés, il faudra tirer des conclusions plus tard si vous souhaitez évoluer sur ce type d’épreuve. On vous laissera également adopter une stratégie nutritionnelle déjà utilisée, ou bien « expérimentale » pour un futur montagneux.

Entre 7h pour les premiers, 7h20 puis 7h40 suivant votre dossard, il faudra faire une dizaine de kilomètres sur le plat au départ avec un peloton de près de 7500 participants. Un beau défilé. Une portion plane, où seul le stress de la chute avec les énervés qui n’ont toujours pas compris que la course ne se joue pas ici et que leur place et leur prise de risque n’est pas en adéquation avec leur ambition…

Bref, à Allemont, on retrouve les premières pentes pour nous faire passer le long du barrage du Verney, remonter au-dessus de la centrale EDF, délaisser Vaujany sur la droite, une courte descente et alors attaquer pour de bon LA Marmotte !

Sur ce genre d’épreuve, il faut fonctionner par étapes. Etapes puis demi étapes. Si la Croix de Fer monte sur 28,5 km, cette première étape constitue la montée au Rivier d’Allemont, 5,6 km à 8 % de moyenne mais alternant les 10 % et les replats, irrégulier. Il faut pourtant dès ces premiers kilomètres adopter un rythme qui sera le vôtre pour la journée. 

Quel que soit votre objectif de temps, vous allez passer quelques heures à grimper, et si vous souhaitez terminer, l’humilité sera un trait de caractère bénéfique sur cette Marmotte, d’autant plus en 2023. Alors ne vous surestimez pas trop, et ne cherchez pas à suivre coûte que coûte un groupe ou une personne. Ce sont des épreuves où se mettre dans le rouge se paie cash.

Arrivé au Rivier, une petite descente vient à nouveau casser le rythme si on voit le négatif, mais positivement elle permet de souffler un coup, deux petits kilomètres de descente et on repart cette fois sur 1 km à presque 12 % : on est dans le vif du sujet… Une déviation empruntée depuis 1989 permettant de contourner l’éboulement qui avait effondré la route. Après ce passage bien raide, on retrouve 7 km autour de 8 %, alternant entre 7 et 10, jusque 1730 m d’altitude. Ce nouveau point haut verra la route longer le barrage de Grand Maison, un très beau lac ! Le coup d’oeil est nécessaire et à peine le temps d’apprécier la beauté des lieux, que l’on devine au loin les 2 derniers kilomètres de la Croix de Fer.

Avant cela, une courte descente à nouveau, on reprend 2 km à 7 % jusqu’au col du Glandon. Ici le vent peut  parfois bien se faire sentir, s’il est de face, être dans un groupe n’est pas une mauvaise idée… On laisse l’ancienne Marmotte sur la gauche pour aller jusqu’au col de la Croix de Fer. 3 km, 6 % assez roulant, mais au vu du dénivelé et l’approche des 2000, rien n’est facile en montagne. 

On arrive après 39 km, à 2067 m au premier sommet de la journée, le col de la Croix de Fer. Ici le panorama est magnifique, le chrono est ici stoppé au col : se ravitailler et contempler sur les Aiguiles d’Armes est une bonne stratégie.

Bon, on est en course… Alors on reprend son chemin pour descendre en quelques lacets sur les routes précédemment empruntées par le Criterium du Dauphiné, ou un certain Vingegaard s’était imposé, descente jusqu’au village de St Sorlin d’Arves. Suit une portion plus roulante où il faut parfois pédaler, le long de l’Arvan, enclavée entre deux montagnes. On laissera une station essence sur notre droite, espérons que vos réservoirs soient encore bien remplis (!) pour passer le pont de Belleville et laisser la route principale pour attaquer le col du Mollard.

Le col du Mollard

Passage non pas inédit puisqu’en 2015 la Marmotte était passée par là (jy étais !) mais dans l’autre sens. Ici on débute par 2 km à 8,5 % avant une transition sur à nouveau 2 km entre 4 et 5 % pour à nouveau retrouver des pourcentages sur les 2 derniers kilomètres. Ce « petit » col du Mollard, à 1638 m d’altitude vient couper toute tentative de récupération comme on pouvait l’avoir dans le passé par l’enchaînement Glandon/vallée. 

Presque l’envie de dire « heureusement » la descente du Mollard qui va s’amorcer sera à nouveau non chronométrée. Toujours un casse tête, car cette Marmotte va à nouveau se transformer en multiple course de côte et l’on est jamais sûr d’être à côté de la personne qui sera réellement à côté de vous dans le classement … Bref, on fait pour soi.

Première partie de descente où il faut virer à droite après la traversée de Albiez Montrond pour se diriger vers Albiez le Jeune puis descendre enfin… 50 virages vous attendent, où il faut relancer le vélo et faire preuve de prudence car la route est par endroits dans un état assez précaire…

On arrive alors a Villargondran, (bien content…) et si vous pensez alors souffler en vous retrouvant dans une vallée, que nenni ! Un petit pétard de 1,5 km pour couper une nouvelle fois les jambes ! De bons passages à 10. Mais bon, tout cela n’est que du « pipi de chat » avant ce qui vous attend. Mais voila, il faudra composer avec. Encore une courte descente et l’on reprend enfin derrière les usines de la Maurienne, le petit bout de vallée qu’il nous reste. 8 km le long de l’Arve, d’abord en faux plat montant puis descendant pour arriver a St Michel de Maurienne pour alors aborder le gros morceau de la journée : l’enchaînement Télégraphe – Galibier. 

Le Col du Télégraphe

Avec un peu moins de 12 km, 11 700 m sur une route qui va permettre de s’élever pour quitter la plaine et retrouver la montagne, c’est l’idée ! Une montée qui en tant que telle serait presque anodine mais avec déjà 90 km au compteur, il faudra déjà faire avec une fatigue inévitable. N’est pas Pogacar qui veut !

Le Télégraphe se décompose en deux parties : 6 km soutenus, 7/8 % assez constamment, l’heure de passage voudra que le soleil annoncé vous fera écouler quelques gouttes de sueur… Alors pensez à vous hydrater. Je ne détaillerai pas une quelconque stratégie nutritionnelle ou hydrique, mais sur ce type d’épreuve, cela fera la différence entre finir dans le dur et bien finir… C’est un tout.

Passé ces 6 km on retrouve des pourcentages plus faciles, 5/6, un léger 7 à la fin avant une dernière ligne droite dominant la vallée de l’Arc pour définitivement rentrer à 1566 m aux portes du Galibier.

5 km de descente, une belle ligne droite où il faut souvent pédaler et on rentre dans Valloire. Quelques mètres en mode Paris-Roubaix, nul doute que l’on se souvient de ce passage qui secoue et on commence alors tout de suite le géant : le Galibier.

Le Col du Galibier

Inutile ici d’imiter un Roglic ou Pogacar s’attaquant à tour de rôle l’an passé avec son équipier Vingegaard alors futur vainqueur d’étape puis du Tour. Non, ici il faut gérer, vous n’avez rien à gagner… Ce sont 17,6km et 1200 m de dénivelé qui nous attendent. Encore une fois il faut jouer par étapes dans ce Galibier, un premier passage pour sortir de Valloire sur 1,5 km, un bon replat où était situé le ravitaillement l’année passé, puis à nouveau il faut gérer jusque plan Lachat.

Cette portion qui monte jusqu’à sous les 2000 m d’altitude peut être assez traître si elle est mal gérée, une portion où le vent est bien souvent porteur. On se sent facile, mais on n’avance pas forcément vite… Bref ici le décor change peu à peu, la montagne nous envahit progressivement… La végétation se raréfie, l’aspect minéral des montagnes nous gagne, mais l’air aussi diminue. 

Tournant sur la droite, on peut parfois prendre un peu de vent, on rentre définitivement dans ce que j’appelle le Galibier au lieu-dit Le Plan Lachat. Il reste 8 km de montée, 8 km pour prendre 650 m de dénivelé, des pentes comprises entre 7 et 9 % jusqu’au tunnel, avant de passer sur un monde à 2 chiffres dans la dernière épingle pour basculer dans une nouvelle vallée. Cette montée comporte 2/3 virages au début qui soit cassent votre rythme, soit permettent de souffler. Souffler, car ce souffle est de plus en plus court, ce qui marque la difficulté de ce col n’est pas sa longueur ni sa pente mais un tout cumulé avec l’altitude. Bref, ici tout le monde est dans le mal, les tous premiers qui seront au sommet en moins de 5 h comme le dernier, même si celui-ci aura passé un peu plus de temps sur sa selle…

Avantage : ici l’ambiance est tout bonnement magique, une montée ou l’on sent son coeur taper contre sa poitrine rythmé par votre souffle et votre cadence de pédalage diminuant dangereusement si l’on ne veille pas à avoir mis le bon braquet et joué du dérailleur. Aujourd’hui un 34×34 devrait être de rigueur pour l’ensemble ou presque des participants. Mieux vaut en avoir plus que pas assez.

À 2642 m, l’atmosphère encore un peu fraîche, au milieu des névés, le col à été ouvert il n’y À qu’une semaine, mettre un petit gilet sera peut être conseillé, à vous de voir. Ce qui est obligatoire, c’est de remettre un peu du carburant, du sucre, dans votre machine. La Marmotte, plus que toute épreuve, vous fait sentir au fil des kilomètres, du dénivelé, une vidange progressive de celui-ci. Alors maintenant, il va falloir gérer cette portion proche des 50 kilomètres pour rallier Bourg d’Oisans et aborder la montée de l’Alpe avec le plus de forces encore possible.

Descente du Galibier à Bourg d’Oisans.

La première partie de descente jusqu’au Lautaret se voudra juste pour vous reposer les jambes, inutile ici de chercher à mettre la main à la poche, mais plus faire preuve de vigilance autour de vous, la route est encore et toujours ouverte… La fatigue diminue la vigilance, accouplée à l’altitude, le maître mot reste d’être maître et de ne pas se laisser griser par la vitesse et les courbes parfois piègeuses, on est en montagne, les routes ne sont pas toujours parfaites même si le Galibier n’est pas le Mollard.

Au col du Lautaret après 7 km, il faut faire le point : ici il faut attendre un groupe, 2/3 cyclistes sinon laisser filer, il faut chercher à s’économiser au maximum. Car cette descente du Lautaret est tout sauf un laisser couler. De longues lignes droites, souvent vent de face (si de dos dans le Galibier avant plan Lachat : de face dans la descente, normalement ! ) et de petites remontées après le barrage du Chambon. Avant ,quelques tunnels nécessiteront un éclairage obligatoire à l’avant comme à l’arrière ainsi qu’un gilet réfléchissant, (sinon les participants non en règle seront mis hors course). C’est aussi une portion, plus d’une heure de vélo, ou il faut vraiment penser a mettre la main à la poche pour arriver dans les meilleures conditions dans l’Alpe et ne pas connaître la panne sèche.

Passé un dernier tunnel dans la rampe des Commères, dernière prise de vitesse avant 5 km de plat pour rallier là ou tout avait commencé 170 km plut tôt : à Bourg d’Oisans.

L’Alpe d’Huez

Virage à gauche et c’est alors parti pour presque 14 km et 1150 m de dénivelé… Ici, il faut éviter de suivre ceux cherchant à imiter le train de l’US Postal au risque de couler une bielle assez rapidement. Les 2 premiers kilomètres jusqu’à la Garde sont les plus durs. 10/12 % avec seulement les épingles pour soulager la force appliquée sur les pédales… Ensuite il faut tout faire pour arriver à trouver le bon tempo. 21 virages où ici pour tout le monde les jambes ne tournent pas comme un Lance Armstrong ou Tadej Pogacar et font mal. Il faut vous dire que c’est l’aboutissement de votre journée, de votre objectif pour certains, pour beaucoup, qui se profile.

La mythique montée de l’Alpe d’Huez pour clore cette belle journée en montagne : passé le village d’Huez, (après que le photographe vous a couru après pour vous donner sa carte !) on devine les 4 dernières épingles. Virage 2, puis 1, une dernière ligne droite puis l’on passe sous un court tunnel avant de reprendre sur la droite et arriver en légère descente au bout de votre mission alpestre !

Maintenant il n’y a plus qu’à refaire la course, le parcours entre copains, ces moments auxquels il est nécessaire de profiter peu importe votre satisfaction. Ici au coeur de l’île au soleil, admirer une dernière fois ces montagnes autour de vous, pensez à votre journée, commencez à vous dire ce qui aurait pu être amélioré… Pour l’année prochaine ?

https://marmottegranfondoalpes.com/lepape-marmotte-granfondo-alpes/#

Itinéraire : https://www.strava.com/routes/3106469197442745704

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David POLVERONI

  - 34 ans - Ambassadeur Factor et Castelli. Arpenteur de cols - Passionné de cyclisme - Plus de 30 victoires en Cyclosportives - Pigiste depuis 2018 - Pratique sportives actuelles : pur routier, gravel et dans le futur du VTTAE Strava : David Polveroni

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Un commentaire sur “Présentation de la Marmotte, version 2023

  1. Hello. merci pour ce CR. Petite question concernant la transmission sur cet épreuve.
    Si ce n’est pas un secret, tu avais mis quel braquet ? et comment avais tu gérés ton effort ?
    Merci

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