Test du compteur GPS Garmin Edge 840 Solar

Un an après le Edge 1040, Garmin lance au même moment les compteurs GPS Edge 840 et 540 aux deuxième et troisième niveaux de la gamme, qui évoluent jusqu’à proposer chacun une option avec une recharge par énergie solaire. Ce n’est évidemment pas la seule nouveauté de ces modèles aux très nombreuses fonctionnalités et à la précision encore en amélioration, que nous avons pu mettre à l’épreuve sur plusieurs semaines et presque 4000 km avec le tout nouveau Edge 840 Solar. 

Par Guillaume Judas – Photos : ©3bikes.fr/DR

La série 800 est depuis longtemps ma préférée chez Garmin, avec des appareils de taille moyenne qui disposent de quasiment toutes les fonctionnalités de la série haut de gamme 1000, avec seulement peut-être une autonomie et une résolution d’écran un peu moins performantes, mais largement suffisantes pour ma pratique. Les Edge de la série 800 ont toujours été moins lourds d’une quarantaine de grammes que ceux de la série 1000, et avec un écran de 2,6 » (pour le 840) contre 3,5 » (pour le 1040), on n’a pas l’impression de pédaler avec un smartphone accroché au guidon. J’utilise personnellement cette gamme de compteur depuis 2015, même si je dois admettre que tous les modèles n’ont pas été exempts de tout reproche, notamment parfois pour des problèmes de batterie ou de connexion avec les appareils tiers.

Après les Edge 800, 810, 820 et 830, voici le 840, lui-même décliné en deux versions : un modèle classique avec toutes les nouvelles fonctionnalités, et un modèle Solar qui permet de prolonger l’autonomie du compteur en emmagasinant l’énergie solaire lors de son utilisation et en fonction de la luminosité. En pratique, j’ai pu constater sur ce Edge 840 Solar de test un gain de 40 minutes au maximum d’autonomie sur une sortie de 4 h en bord de mer à la fin mai et à la mi-journée, c’est-à-dire lorsque la luminosité est presque à son maximum. À chacun de voir ensuite si les 100 € supplémentaires demandés pour le 840 Solar par rapport au 840 pour bénéficier de ce gain d’autonomie sont justifiés.

Le Garmin Edge 840 se justifie-t-il par rapport au Edge 540 ?

Les différences entre les nouveaux Edge 840 et 540 lancés au même moment et avec les mêmes dimensions, sont assez simples à résumer :

• Écran tactile (plus boutons) pour le 840, alors que le 540 ne se manipule qu’avec des boutons
• Stockage pour la cartographie de 32 Go pour le 840, contre 16 Go pour le 540
• Deux pays pré-chargés sur le 840, contre un seul sur le 540 (possible de télécharger ou d’échanger les pays chargés par la suite gratuitement)
• Possibilité d’entrer une adresse précise ou des coordonnées GPS sur le 840, contrairement au 540
• Possibilité de créer des entrainements personnalisés directement sur l’appareil avec le 840, alors qu’il faut passer par une application ou une tierce partie sur le 540
• Une différence de prix de 100 € entre les deux compteurs. Le Edge 540 est proposé à partir de 399,99 € (et 499,99 € en version Solar) et le 840 à 499,99 € et 599,99 € en version Solar.

Clairement, le 840 prend l’avantage sur le 540 grâce à son écran tactile, d’autant plus que ce dernier est désormais doublé de boutons qui reprennent les mêmes fonctions. Autrefois trop sensible, voire capricieux sur les modèles précédents de la série 800 notamment lors des sorties sous la pluie ou sur les séances sur home-trainer à cause de la sueur, celui-ci semble désormais très fiable et n’a posé aucun souci pendant toute la durée du test. Il est également facilement verrouillable, ce qui peut être utile sous une grosse averse orageuse par exemple. La plupart du temps, j’ai néanmoins utilisé le compteur en combinaison avec une transmission Shimano Di2 et avec ses boutons intégrés aux poignées de frein qui permettent de changer les pages du compteur. Autrement dit, j’utilise peu l’écran tactile, et là encore le Edge 540 ferait donc l’affaire.

Concernant les cartes pré-chargées, l’avantage du 840 par rapport au 540 me parait confortable (j’ai eu l’occasion de l’utiliser dans deux pays) mais pas essentiel. Quant à la possibilité de rentrer une adresse, j’avoue n’avoir utilisé cette option que quatre fois depuis que j’utilise les compteurs de la série 800, mais j’ai à chaque fois été ravi de me rendre à destination à vélo sans avoir à m’arrêter pour regarder mon smartphone. Reste la possibilité de créer des entrainements, que je n’utilise pas.

Pour beaucoup d’utilisateurs avec une pratique semblable à la mienne, il est donc fort probable que le Edge 540 soit suffisant, d’autant plus qu’il reprend la plupart des nouveautés affichées sur le 840. Mais j’apprécie toutefois de pouvoir compter sur le fait de rentrer une adresse si c’est vraiment nécessaire. Et c’est pour cette raison en priorité que je le choisirais. Une fois de plus, le compteur de la série 800 semble celui qui me convient le mieux.

Les nouvelles fonctionnalités intéressantes

Soyons clairs : comme sur la plupart des appareils modernes, vous n’utiliserez ce type de compteur/GPS qu’à 25 ou 30% de ses capacités. Les fonctionnalités sont très (trop ?) nombreuses pour être toutes parfaitement exploitées, et il y a tellement de choix qu’il est même difficile de déterminer les nombreuses données à afficher sur les différentes pages du compteur.

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Parmi les premières différences par rapport au précédent Edge 830, on peut noter que le 840 est très légèrement plus épais pour accueillir l’option solaire, et très légèrement plus large, ce qui est un avantage en termes de lisibilité. Il également plus lourd de 9 g (89 g contre 80 g pour le 830). Il dispose de plusieurs boutons latéraux en plus de l’écran tactile, et il est désormais équipé d’une connexion USB-C pour le chargement ou la synchronisation via un ordinateur.

En termes de performances, il bénéficie désormais d’un GPS multibande/double fréquence carrément beaucoup plus performant que sur la précédente génération de la série 800. La mise à jour de la position sur la carte semble plus rapide, même en sous-bois. Par ailleurs, je passe fréquemment sous deux tunnels de 300 m environ lors de mes sorties habituelles, et là où le 830 perd le signal GPS, cela n’arrive jamais avec le 840. En utilisation Gravel, cette performance améliorée se traduit par moins de perte de temps à chercher son chemin, quand on suit une trace en forêt ou que l’on essaie de retrouver la bonne direction lors d’une bifurcation. Cette caractéristique est combinée également à une carte un peu plus précise que sur le 830, ce qui est surtout sensible là encore en utilisation Gravel.

L’interface utilisateur a également été totalement remaniée, pour reprendre celle développée sur le 1040. En pratique, Naviguer dans les menus ou sous-menus pour afficher ou cocher des options semble plus intuitif qu’avec le 830. Avec le 840, il est possible d’afficher/paramétrer jusqu’à 10 pages avec jusqu’à 10 informations à chaque fois, auxquelles s’ajoutent les pages dédiées à la navigation, à la boussole, à l’altimétrie, ou les widgets téléchargés à partir de Garmin Connect IQ. Mais évidemment, si vous souhaitez moins d’informations sur chacune des pages pour plus de visibilité, c’est toujours possible. Selon les profils de vélos, les activités ou les saisons, il est aussi possible de mettre de côté certaines pages, comme celles liées aux données de puissance et de cadence, que j’ai décidé de retirer quelque temps par exemple. À noter que pour plus de facilité et ne pas perdre trop de repères, on peut transférer les paramètres des différents profils (route, gravel et home-trainer pour ce qui me concerne) de l’ancien 830 au 840 en passant pas l’application Garmin Connect. De même, il est possible de modifier les pages des profils d’activité du compteur en passant là aussi par l’application, ce qui est nettement plus simple et rapide que sur le compteur lui-même. Profitons-en d’ailleurs pour préciser que la connexion avec le smartphone, qui n’est pas toujours sans difficulté pour télécharger une sortie par exemple, est quand même plus fiable et plus rapide qu’avec le 830.

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ClimbPro et l’indication du niveau d’entrainement en temps réel : bien plus que des gadgets

En termes de fonctions, l’ajout du mode ClimbPro Free-Ride est un vrai avantage pour les férus de dénivelé. Le mode ClimbPro n’est pas nouveau chez Garmin, et on trouve aussi quelque chose de semblable chez Hammerhead. Il s’agit de l’indication sous forme de graphique du degré de difficulté d’une côte ou d’un col, avec la distance, le dénivelé, la pente instantanée et à venir. Mais jusqu’à présent, il fallait suivre un parcours téléchargé sur les compteurs Garmin pour bénéficier de ces indications. Avec le Edge 840, le mode s’affiche automatiquement (mais on peut le désactiver) au pied d’une côte sans qu’il soit nécessaire d’avoir prévu le parcours en amont. Un tableau de bord Climb Explorer est même ajouté pour trouver les ascensions à proximité de l’endroit où l’on se situe. En pratique, la fonction est hyper efficace quand on ne sait pas trop où l’on va en abordant une côte ou un col, que l’on cherche à gérer son effort, ou à s’accrocher ou à décrocher d’un groupe dans une partie difficile par exemple. C’est de mon point de vue un vrai plus.

Le Edge 840 apporte également des nouveautés au niveau de la gestion de l’entrainement. Garmin utilise d’ailleurs depuis plusieurs années des algorithmes pour calculer la VO2max en prenant en compte la fréquence cardiaque et les watts (plus ou moins fiable), le seuil FTP ou les différents seuils d’entrainement, que ce soit avec les watts ou avec la fréquence cardiaque. Sur le 840 et comme sur le 1040 lancé en 2022, on peut voir l’ajout de séances suggérées, en fonction d’une course un événement programmé, ou en fonction de la forme et des séances passées. Le système ajoute même un statut d’endurance en temps réel qui affiche la distance, la durée restante en fonction de la réserve d’énergie pendant l’entraînement. Même si ces données ne peuvent pas avoir la pertinence d’un véritable entraineur, et qu’elles sont issues d’indications qui ne sont pas fiables à 100 %, elles me semblent toutefois intéressantes au moins pour les pratiquants qui cherchent encore à se connaître, ou pour détecter certains signes liés au surentrainement.

La fiabilité du Edge 840 Solar au quotidien

Depuis six semaines que j’utilise le Edge 840 Solar, j’ai apprécié la lisibilité de l’écran (en progression par rapport au 830), la précision et la rapidité du système GPS, les détails améliorés de la cartographie, la fonction ClimPro ainsi que l’autonomie de la batterie. Garmin annonce jusqu’à 34 heures d’autonomie avec le mode GPS multi-bandes et avec la recharge solaire. En pratique, il est possible d’enchainer une semaine normale d’entrainement sans avoir à recharger le compteur.

J’ai également perçu une très nette amélioration du 840 par rapport aux compteurs de la génération précédente au niveau de la recherche de signaux satellites. Même en changeant d’endroit, le 840 n’a jamais besoin de chercher longtemps sa position, ce qui est au final un gain de temps appréciable.

La connexion avec le smartphone n’est pas toujours été parfaite au retour des entrainements, et il faut insister parfois pour télécharger les séances. Il n’est pas certain cependant que la faute soit toujours celle du compteur. Même la connexion à partir de l’ordinateur avec le câble bugge parfois. Par ailleurs, le Edge 840 a planté une fois sur la route, sans raison particulière : au milieu d’une sortie, le compteur s’est éteint, pour se rallumer instantanément, stoppant ainsi l’enregistrement de la sortie en cours. Il m’a fallu appuyer à nouveau sur le bouton de départ d’enregistrement pour relancer la sortie, sans perdre heureusement la moindre donnée. Ce genre de bug m’est arrivé très souvent ces derniers temps avec le 830, avec dans ce cas une remise en route bien plus longue que le 840. À chaque fois, c’est facilement 500 m de perdus sur l’enregistrement de la sortie, ce qui est particulièrement gênant lors d’une séance de fractionnés par exemple.

Concernant le guidage GPS, les progrès ont été phénoménaux ces dernières années, mais le système n’est toujours pas aussi performant que celui d’un smartphone avec l’application Waze par exemple. J’ai utilisé à plusieurs reprises l’option « retour au point de départ », et j’ai pu constater que le parcours proposé n’était pas toujours le plus court ou le plus pratique. Le Edge 840 m’a même perdu une fois dans une cité pavillonnaire, en voulant me faire prendre une allée barriérée, plutôt que de contourner le quartier de façon plus classique. Cela reste des détails de mon point de vue, car la fonction GPS à vélo est surtout utile avec un parcours téléchargé (que ce soit avec Garmin Connect, Strava, ou toute autre application du même type), et les indications sont relativement facile à suivre sur l’écran. Reste que lorsqu’on veut zoomer/dézoomer la carte sur l’écran, l’accès aux icônes « – » et « + » n’est pas très pratique en roulant.

Malgré ces quelques petits défauts (de jeunesse et qui pourront être réglés avec des mises à jour, ou liés à sa taille réduite), le Garmin Edge 840 Solar est toutefois un excellent compteur GPS, avec de très nombreuses fonctions qui permettent vraiment d’adapter l’appareil à la manière de rouler de chacun. À 599 €, le prix commence en revanche à être très élevé, et on ne peut que vous conseiller de comparer attentivement les fonctionnalités des différents appareils de la gamme.

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