BGY Granfondo : l’expérience italienne

L’italie ! Si le Giro lie les professionnels sur les routes de la botte, celles au nord de la ville de Bergame en Lombardie ont révélé tout leur caractère pour un peu plus de 2000 participants, dont nous faisions partie le 14 mai. Sur un parcours long de 162 kilomètres avec plus de 3200 m de dénivelé, cette cyclosportive lombarde nécessite déjà d’avoir la caisse !

Par David Polveroni – Photos : DR

Située à 5h de Lyon par exemple, à 50 km au nord-est de Milan (1h en train), cette épreuve italienne offre un petit séjour pour l’ensemble des cyclistes français. Mais au même titre qu’une Étape du Tour ou une Marmotte, rouler une granfondo italienne est une expérience unique à vivre. On vous conseillera donc de prévoir votre inscription et logement, tôt dans la saison, si vous voulez faire partie de l’aventure. Car une fois sur place, l’ambiance ici est différente de celle que l’on connait en France.

Malgré la barrière de la langue, on se comprend assez vite en barragouinant entre passionnés. La veille de l’épreuve, on tourne dans les différents stands des marques partenaires de l’événement, puis on récupère son dossard, enfin un vrai petit package avec quelques goodies et friandises ainsi qu’un maillot pour être bien apprêté pour l’épreuve.

Pour tout étranger, il faut impérativement prendre une licence italienne à la journée. Dans l’absolu aucun problème, mais on notera peut être la seule faute sur l’épreuve, le manque de clarté dans l’enchainement des choses à faire et récupérer. Prendre son dossard sous la tente, sa licence journalière derrière la tente, puis sa puce a l’entrée de celle-ci… bref, une fois toutes ces petites choses installées sur le vélo, il n‘y a plus qu’à dormir après un bon plat de pâtes ou une pizza dans un restaurant local par exemple.

Promis vous ne regretterez pas !

Avec un départ à 7h, un lever très matinal s’impose. Le bol de flocon, les oeufs, le pain ou le petit-déjeuner préféré (ou adapté ! ), bref il vous faudra de l’énergie pour cette épopée italienne.

Le Gran Fondo BGY est la première du nom, car par le passé elle était la bien nommée « Felice Gimondi ». La marque de vélo locale Bianchi, dont l’usine est située à Treviglio, juste à l’extérieur de Bergame, était par le passé le principal sponsor. C’est désormais l’aéroport de Milan-Bergame qui est le principal partenaire de l’événement.

On déroule dans les rues de Bergame, l’élégante Lombarde, on croise du coin de nos lunettes des clochers coupoles, ou encore des tours de guet et beffrois, avec en toile de fond les sommets dentelés des Alpes. On ressent la petite tension au milieu des cyclistes qui ont remplacés les voitures sur les rues bergamaises. On suit les petites flèches nous menant dans nos sas de départ. Andiamo !

À 7h00, le maire de Bergame Giorgio Gori et la conseillère provinciale de Bergame Giorgia Gandossi lâchent les 2000 véritables fauves sur ces collines autour de la ville. En italie, plus qu’ailleurs, ça part au sprint ou presque. Il faudra attendre le neuvième kilomètre pour arriver au pied des premières pentes.

Colle dei Pasta

Le bien nommé Colle dei Pasta vient à pic pour parfaire l’échauffement imparfait. 95% des participants sont déjà à bloc. On doute parfois de la gestion de certains coureurs…

Passé ce premier repecho, la descente est très très rapide. De toute façon, il faut bien comprendre qu’ici pour voir le paysage, c’est pour le déblocage ou une décontraction pendant votre aparté italien, car maintenant il faut être focus sur la course.

On a à présent une vallée en faux plat montant d’une quinzaine de kilomètres nous menant le long de la rivière du Cherio, jusqu’à la première véritable montée  : le Passo Gallo.

Passo Gallo

25 km au compteur, et cette fois, si les groupes avaient pu reprendre une forme dans la vallée, ils vont clairement se constituer dans cette montée. Rien d’alarmant sur le papier, mais la pente et le rythme vont s’occuper de clarifier les choses. 5,8km à 7% de moyenne, des passages plutôt irréguliers sur le pied où l’on frôle les 10% et plus régulier à 7 sur le sommet.

Il faut gérer et ne pas se mettre en sur-régime, le col est assez « roulant » pour trouver groupe à son rythme et ne pas laisser des cartouches inutiles dans la nature… On commence déjà à bien se ravitailler, et en une vingtaine d’épingles on passe ce premier Passo à un peu moins de 770 m d’altitude.

Passo Selvino

Il faut comprendre que les 2000 cyclistes sont répartis sur trois parcours différents alors chacun doit trouver son groupe. Le niveau plutôt homogène est l’avantage sur ce genre de parcours, temporairement… comme nous le verrons ensuite.

La descente longue de 6 km suivie d’une seconde portion en vallée plutôt au profil descendant nous amène à la seconde montée, le Passo Selvino.

Un col assez « basique » avec 10 km, 6%, du même acabit que le précédent. En quittant la cité de Nembro, on s’engage progressivement dans ces montagnes lombardes. Il faut un peu plus de 4 km pour arriver alors à une série d’épingles, 12 en 5 km. Typiquement italien, et si le Selvino a la même consonance que son homologue, plus au nord, dans le massif de l’Ortles, que le Stelvio, la comparaison s’arrête ici.

Le Passo Selvino est une petite ville qui se traverse, à 950 m, il faut encore bien se dire que longueur et dénivelé ne sont pas encore au curseur des 50%.  Alors, à l’image des nombreux ravitailleurs dans la zone dédiée au sommet, on pense à mettre la main à la poche et à bien boire et manger si vos alarmes de compteurs ne sont pas activées…

Une « longue » descente permet de refaire un peu de jus pour la suite, une première portion ou pédaler peut se mettre de coté, puis passé le village de Bracca, il faut à nouveau faire évoluer le groupe dans lequel on se trouve. Ou pas ..

On passe dans des gorges le long de l’Ambrio, pour désormais prendre à droite au village d’Ambria, et maintenant aborder la seconde partie du parcours. On a laissé les quelques coureurs participants au parcours de 89 km rentrer sur Bergame, pour s’engouffrer dans une nouvelle vallée.

Ca pétille ! Ici le groupe dans lequel je suis ralentit, et je continue avec un bon rouleur qui n’est pas avare de ses efforts pour partir dans cette vallée. Aucune idée de ma place, ni des écarts, je ne m’occupe que de moi et de mes jambes. On lisse l’effort et arrivons ensemble après avoir passé les termes de San Pellegrino (bien penser à boire) au pied d’une nouvelle bosse.

Costa d’Olda et la forcella di Bura

Difficile d’appeler cela un col, mais la pente avoisine les 9% : la Costa d’Olda.

4 km à 6%, une petite descente dans le village puis 1 km à 7% termine la montée. Désormais, plus personne derrière moi à l’horizon, un coureur qui me semble pas au mieux dans ma roue, mais je décide de temporiser pour faire la descente et la vallée avec lui.

Descente qui ici sur ces granfondos sont un régal, c’est très simple, à l’image d’une Étape du Tour en France, les routes sont fermées aux voitures pour les coureurs et coureuses étant devant la voiture balai. Car la voiture balai n’est pas la voiture qui clos le peloton ici mais celle qui indique une autre envergure de protection des coureurs et notamment l’ouverture à la circulation passée celle-ci. Alors, dans ces épingles et petits singles, on se prend parfois plaisir à prendre à gauche. Parfois mais pas sans arrière pensées, car on n’est à l’abri de rien…

Descente brève, pour alors reprendre une montée roulante : la forcella di Bura. 7km, avalés rapidement car la pente tourne entre 2 et 4%. Mon rouleur se régale (ou pas…) et moi j’essaie d’emmagasiner à nouveau des forces. Déjà 30 km à deux et il en reste encore 60.

Cette fois, la descente est un peu plus longue et l’on arrive à la bifurcation des parcours au kilomètre 113, Brembilla. Aucun lien avec le coureur italien professionnel Brambilla, par contre le parcours medio verra la victoire du jeune Thomas Colbrelli, le ni plus ni moins frère de Sonny, ancien vainqueur de Paris-Roubaix…

Pas de pavés ici, mais encore une bosse qui vient faire mal aux jambes, on est là pour ça, d’autant que j’ai perdu mon seul compagnon de route qui bifurque sur le parcours moyen.

Forcella di Berbenno et Costa Valle Imagna

Petit avis personnel : ce mélange des parcours avec un seul et unique départ dérange. Au final, la gestion de 90/120 ou 160 km n’est pas la même et vient fausser un peu les écarts et classements sans véritablement homogénéiser la course… Bref, je serai seul ou presque pendant 90 km sur 160, et comme nombre de candidats. Mais à présent, les difficultés s’enchainent et on passe le petit forcella di Berbenno, 4% sur le début, puis plus autour de 7 avant une petite descente avant de reprendre des petits pourcentages dans le final. On déboule ensuite dans la dernière difficulté, au milieu des quelques tifosi, en échauffement pour le week end suivant et l’arrivée du Giro.

Cette dernière montée voit le soleil taper. Taper aussi la tête contre la pente. Ici, à Selino Basso, on quitte encore une fois la vallée pour aller monter sur les hauteurs. Pas bien haut, mais 8 km entre 7 et 10% suffiront pour s’achever de douleurs musculaires et arriver sur quelques hectomètres en plateau. On reprend à nouveau le final de l’étape du Giro, le bitume alterne entre fraiches portions de goudron refais et celui d’antan… Ça zig-zag, encouragé par quelques spectateurs, on s’y croirait presque…

Mais retour à la réalité, il reste un peu plus de 15 km pour rallier l’arrivée, et sur des portions sur strade prinvinciale, comprendre « nationale », ou plutôt portion pas très marrante dans le langage cycliste… on rallie Bergame, vent dans le nez !

Alors, inutile de dire que celui qui a mal géré son affaire peut rapidement voir son capital temps s’écrouler… On bloque ses mains au creux du cintre, on baisse la tête, sans capteur de quoi que ce soit, on gère pour aller au plus vite vers cette lignée d’arrivée.

Sur les faubourgs de Bergame, on reprend inévitablement le flux de la circulation, qui ici n’est plus neutralisé.

On retrouve aussi le final des deux autres parcours. On ne s’y retrouve surtout plus, on n’en peut plus : on appuie seulement sur les pédales. Je rattrape un groupe de coureurs a 2 km de l’arrivée, je les passe sur la gauche, des coureurs s’agrippent, sans m’imaginer alors que certains d’entre eux ont fait les 160 km… Je me fais bien sûr sauter sur la ligne, et alors je comprends la chose… Bref, peu importe, 20 minutes plus tôt, Manuel Senni l’avait emporté devant le Français Loïc Ruffaut et Federico Pozzecco à un peu plus de 35 km/h. Oui, en Italie, cela roule fort !

Ils savent rouler, mais aussi bien manger comme en attestera la pasta party qui suit… Les italiens ont décidément quelque chose hors du commun ! C’est toujours avec des étoiles plein la tête qu’on rentre dans l’Hexagone, avec désormais plus qu’une seule question en tête : c’est quand la prochaine  ?

https://www.strava.com/activities/9069073378/overview

https://www.granfondobgy.it/en/la-granfondo/

Résultats :
km 162,1 – hommes : 1. Manuel Senni (Team Crainox) 4h33.27, kmh 35,566; 2.  Loic Ruffaut (Fra) +1.36; 3. Federico Pozzecco (MGKVis Dal Colle) +2.04. femmes: 1. Maria Elena Palmisano (Garda Scott Matergia) 5h10.47, kmh 31,294; 2. Sarah Palfrader (Team Da-tor ISB) +22.34; 3. Sonia Passuti (Team Staweld Buzzolan Basso) + 29.20

km 128,8 – hommes : 1. Tomas Colbrelli (Domain asd) 3h29.06, kmh 36,958; 2. Federico Brevi (Team Da-tor ISB) st; 3. Samuele Chiappast. femmes : 1. Luisa Isonni (Asd Boario) 3.55.33, kmh 32,806; 2. Vania Canvelli (Formigosa) +6.06; 3. Giulia Portaluri (MG KVis) +6.09.

km 89,4 – hommes : 1. Fabio Fadini (Team Breviario Bonate Sotto) 2h23.17, kmh 36,289; 2. Luca Boschini (Team Colpack) st; 3. Daniel Pellegrinelli (Team Seven Club) st. femmes : 1. Sonia Opi  (Team Bike Almè) 2h50.26, media 30,590; 2. Chiara Siboldi (Team Seven Club) +1.18; 3. Maria Donzelli (Bike Avengers) +2.29.

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David POLVERONI

  - 34 ans - Ambassadeur Factor et Castelli. Arpenteur de cols - Passionné de cyclisme - Plus de 30 victoires en Cyclosportives - Pigiste depuis 2018 - Pratique sportives actuelles : pur routier, gravel et dans le futur du VTTAE Strava : David Polveroni

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