Partager la publication "Tout ce qu’il faut savoir sur la prise de sang du sportif"
Le sport comme la plupart d’entre nous le pratiquons, s’éloigne assez souvent du sport santé. C’est la raison pour laquelle il est aussi important d’être suivi médicalement. Non pas qu’il faille aller toutes les semaines chez le médecin, mais un bilan sanguin complet au moins une fois par an peut nous permettre de nous préserver de bon nombre de problèmes. Voyons quels sont les objectifs d’une prise de sang et quels sont les paramètres à vérifier.
Par Jean-François Tatard – Photos : depositphotos.com
Lorsqu’on fait une prise de sang, en fonction des résultats, il y a plusieurs pistes qu’on est en mesure de suivre pour améliorer la forme et la santé. Quand je dis « on », je parle du médecin. Car en effet, l’objectif de ce papier n’est pas que vous vous transformiez en biochimiste ou que vous vous preniez pour un médecin. Mais juste que vous compreniez l’intérêt d’une prise de sang et de ses résultats. Ainsi, la prise de sang va nous permettre par l’interprétation du médecin de diagnostiquer une pathologie éventuelle ou de suspecter des déficiences nutritionnelles.
Quels examens ?
Parmi les différents examens biologiques qui existent, chacun aura une fonction différente. Ainsi, pouvons-nous retrouver les possibilités d’examens suivants :
• NFS
• Bilan inflammatoire
• Bilan ferrique
• Bilan lipidique
• Bilan glycémique
• Bilan ionique
• Bilan enzymatique
• Bilan rénal
• Bilan hormonal
La NFS
La Numération Formule Sanguine (NFS) permet de diagnostiquer des anomalies hémolytiques, inflammatoires, infectieuses et/ou carentielles. Voici ce qu’on y retrouve :
• Les hématies : il s’agit du nombre de globules rouges par mm3 de sang. Leur rôle est de transporter l’oxygène vers les muscles. Un chiffre bas diminue le rendement énergétique du sportif.
• L’hémoglobine (Hb) : c’est la protéine intervenant dans le transport de l’oxygène. Plus la valeur est haute, meilleur est le transport. Néanmoins avec la fatigue, l’entraînement et les compétitions, cette valeur diminue.
• L’hématocrite : c’est le pourcentage correspondant au volume de globules rouges (GR) présent dans le sang. Plus ce taux est élevé, meilleure est l’oxygénation des tissus. Avec la fatigue, l’entraînement et les compétitions, ce taux diminue aussi.
• Le volume globulaire moyen (V.G.M.) : il s’agit de la taille moyenne des GR. Une valeur trop élevée indique des GR trop gros et donc limités dans leur déplacement au niveau sanguin. Les muscles seront donc moins bien approvisionnés en oxygène.
• Les plaquettes : ou leur nombre par mm3 de sang. Elles interviennent dans la coagulation. Une valeur élevée reflète souvent une infection et/ou une inflammation.
• Les leucocytes : ou le nombre de globules blancs par mm3 de sang. Une hyperleucocytose est normale après un effort intense et soutenu, après un stress important. Pathologiquement parlant, elle est associée à des phénomènes inflammatoires et infectieux.
Bilan d’inflammation
Ou la vitesse de sédimentation (VS) qui correspond au temps nécessaire aux éléments sanguins pour sédimenter. La VS dénote un état inflammatoire chronique mais non spécifique. Existe aussi la Protéine C-Réactive (CRP). Elle est une protéine qui s’élève très rapidement au cours de processus inflammatoires et reflète une inflammation aigüe. Cela peut être secondaire à une infection, un traumatisme articulaire ou musculaire, ou à une intolérance de la charge d’entraînement.
Bilan ferrique
Rien de féérique quoi que… Dans le bilan ferrique deux choses nous intéressent : le fer sérique et la ferritine.
Le fer sérique correspond au fer contenu dans le sérum. Je vous le rappelle mais le fer participe à la formation de l’hémoglobine (localisée au niveau des globules rouges dans le sang) et de la myoglobine (au niveau des tissus musculaires). Son rôle est crucial. Il intervient dans le transport de l’oxygène dans l’organisme. Et ainsi une carence provoque très souvent une sensation de fatigue.
La ferritine, elle, est une protéine de stockage du fer qui permet de réguler l’absorption du fer en fonction des besoins de l’organisme. En cas de carence importante en fer, d’hémorragies, de régime végétarien mal équilibré, le taux de ferritine dans le sang a tendance à être très bas.
Et il y a l’inverse. En cas de surcharge en fer du sang, à l’inverse, le taux de ferritine a tendance à être élevé et se voit en cas de syndromes inflammatoires, infectieux, d’hépatite aigüe ou d’hémochromatose par exemple.
Le fer sérique et la ferritine participent au diagnostic de l’anémie chez le sportif (ferriprive ou hémolytique) et permettent de connaître la cause, souvent corrélée à une carence martiale. Les phases d’entraînement et de compétitions entraînent une diminution de l’hématocrite et du taux de l’hémoglobine. L’anémie peut correspondre aussi à une élimination excessive du fer par transpiration, une augmentation de l’élimination secondaire à des troubles digestifs (diarrhées, syndrome de malabsorption…), une alimentation pauvre en fer.
Les symptômes de l’anémie fréquemment rencontrés sont la fatigue, une contraction musculaire moins efficace et une diminution des capacités de performance. Une alimentation adaptée et un traitement éventuellement permettent de revenir à un état d’homéostasie interne.
Bilan lipidique
Dans le bilan lipidique, il y a les triglycérides (TG), le cholestérol et ses fractions LDL et HDL. On pose souvent la question : « c’est du bon (HDL) ou du mauvais (LDL) cholestérol ?« . Ainsi, le dosage des deux est utile pour détecter d’éventuelles hyperlipidémies familiales, avec pour objectif par la suite d’orienter vers une alimentation prophylactique visant à minimiser leur taux sanguins. Mais au fait pourquoi il y a un bon et un mauvais ?
Le « bon cholestérol » ou HDL-cholestérol récupère l’excédent de cholestérol au niveau des cellules pour le ramener au foie et favoriser son élimination, c’est le « nettoyeur » des artères de l’organisme. Une valeur basse est un facteur de risque cardiovasculaire.
Le « mauvais » cholestérol ou LDL-cholestérol, apporte le cholestérol aux cellules. Leur oxydation entraîne le dépôt sur les artères. Une valeur élevée est un facteur de risque cardiovasculaire.
Bilan glycémique
Le dosage de la glycémie permet de dépister un diabète éventuel ou de contrôler un diabète connu. La glycémie est fondamentale pour le sportif. Sa variation est variable au cours de la journée, est fonction de l’entraînement, du moment pré-, per- et post-effort, de la nutrition mise en place (notions d’index glycémique des aliments, de composition des repas,…). Le risque le plus important chez un sportif diabétique est l’hypoglycémie, souvent pendant ou après l’effort. Une baisse de la glycémie, voire une hypoglycémie est synonyme de contre-performance, voire d’abandon dans les cas extrêmes du fait d’une diminution des capacités de l’athlète.
Bilan ionique
Pour faire simple les ions ce sont : le sodium, le potassium et le chlore. Ainsi, les taux de sodium et potassium, appelés respectivement natrémie et kaliémie, est intéressante pour les sportifs. Concernant le potassium, c’est un ion intervenant dans la contraction cardiaque, la régulation de la pression osmotique intracellulaire et donc dans le contrôle de la teneur en eau des cellules, qui a un rôle dans la transmission de l’influx nerveux, la tension artérielle, l’anabolisme glycogénique. Pour les sportifs qui ont d’ailleurs des troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie avec vomissements provoqués, …) dans un but commun, celui de « maigrir », le risque majeur est l’hypokaliémie qui peut entraîner des risques cardiaques et musculaires (et notamment faciliter l’apparition de crampes).
Quant au sodium, il contribue au bon fonctionnement neuromusculaire et au maintient de la pression osmotique, le dosage est pertinent lors d’entraînements et/ou de compétitions en climat chaud, où l’effet sur la natrémie est une augmentation. L’hyponatrémie, moins courante, peut se voir dans les cas de dénutrition et/ou malnutrition par rapport à des besoins importants liés à l’activité sportive.
Enfin, le chlore participe au maintien de l’équilibre osmotique. Une déficience peut favoriser l’apparition de crampes musculaires, d’une fatigue nerveuse et/ou musculaire.
IL Y A AUSSI LE CALCIUM & LE PHOSPHORE
Le calcium agit au niveau de la constitution des os et des dents, de la contraction musculaire, la régulation du rythme cardiaque, aussi dans la coagulation sanguine. Une déficience augmente le risque de micro-fractures et fractures de fatigue, une faiblesse musculaire.
Le phosphore joue lui un rôle dans l’absorption et la fixation du calcium sur la trame osseuse, dans l’équilibre acido-basique et participe au métabolisme énergétique (ATP, Créatine Phosphate).
LE MAGNÉSIUM
C’est un élément minéral central qui intervient dans plus de 300 réactions métaboliques, c’est un véritable « activateur » enzymatique lorsqu’il est non-déficient. Il favorise la relaxation sur le plan neuromusculaire et donc la récupération. En effet, il participe à la transmission de l’influx nerveux, à la contraction musculaire, potentialise l’utilisation du glycogène au niveau cellulaire.
Une déficience peut avoir des effets secondaires néfastes à type d’irritabilité musculaire (tétanie, spasmophilie), crampes, fatigue physique et nerveuse. Des troubles du rythme cardiaque, de l’hypertension artérielle, des troubles digestifs et des manifestations psychiques (hyperémotivité, anxiété), troubles du sommeil peuvent aussi apparaître. C’est le magnésium au niveau du globule rouge qui est dosé, appelé magnésium érythrocytaire, et qui reflète le mieux l’état de notre stock (comparé au magnésium plasmatique). La moitié des sportifs seraient carencés. Pourquoi ? La sueur pardi ! En effet, les pertes par la sueur sont à prendre en compte dans la diminution du taux de magnésium et d’ailleurs notez le mais une complémentation est le plus souvent nécessaire lors des phases d’entraînement intense.
Bilan enzymatique
SGOT, ASAT, SGPT et ALAT : Ça vous dira forcément quelque chose mais c’est quoi ?
ALAT : Alanine-Aminotransférase (SGPT, Sérum Glutamopyruvate Transférase),
ASAT : Aspartate-Aminotransférase (SGOT, Sérum Glutamooxaloacétate Transférase)
Les transaminases sont des enzymes ayant une activité métabolique (entre acide aminé et acide α-cétonique) à l’intérieur des cellules. Ces enzymes sont présentes dans plusieurs tissus (foie, coeur, reins, muscles…) reflétant ainsi l’activité du foie et du coeur.
Les ALAT se retrouvent essentiellement dans le foie, les reins et en faible quantité dans les muscles striés et dans les globules rouges. Les ASAT se retrouvent plus dans les muscles striés, les globules rouges et dans le foie.
Une diminution de la valeur des transaminases peut suspecter une déficience en vitamine B6. Les causes d’une augmentation peuvent être dues à des efforts et/ou à des traumatismes musculaires, un problème cardiovasculaire type infarctus du myocarde, une pancréatite. Chez la femme, les contaceptifs oraux peuvent altérer le bilan sanguin.
PHOSPHATES ALCALINES
Les phosphatases alcalines sont des enzymes qui se trouvent dans plusieurs types de cellules : la muqueuse intestinale, le rein, foie, os et cerveau. Les phosphatases alcalines augmentent dans deux pathologies : les affections hépatiques (hépatites, infections hépatiques, ictère…) et les affections osseuses (convalescence de fracture,…).
LA LDH
La LDH est une enzyme importante dans le métabolisme des glucides, présente dans certains tissus de l’organisme comme le muscle cardiaque ou myocarde, les hématies, les reins, les muscles squelettiques et le foie. Une augmentation de son taux peut se voir lors d’une hémolyse, un effort violent entraînant une « casse » musculaire (xercices excentriques par exemple).
LA CPK
La CPK est une enzyme dont la présence dans le sang permet d’aider au diagnostic d’atteinte musculaire, cardiaque ou cérébrale étant donné sa présence dans ces trois tissus. Une élévation peut être due à un traumatisme musculaire type choc, entraînement intense, piqûre intramusculaire…
Les enzymes ALAT, ASAT, CPK et LDH sont des marqueurs importants de pathologies cardiaques, musculaires ou hépatiques. En résumé, l’élévation des trois premières orientent vers l’état de surentraînement et le risque de blessures graves.
Bilan rénal
On entend par bilan rénal : l’acide urique et l’urée. C’est une molécule quasiment insoluble dans l’eau résultant de la dégradation et de l’excrétion des purines (molécules azotées composant l’ADN, l’ATP…), véritable marqueur biologique d’intolérance à l’entraînement. Une valeur trop élevée reflète une hyperuricémie, très fréquente chez le sportif. Cela peut favoriser la survenue de pathologies musculaires, tendineuses, articulaires, voir rénales (calculs rénaux). L’alimentation du sportif, souvent les diététiques hyperprotéinées, associée à une hydratation non adaptée augmente le risque. Associée à cela, l’hyperurémie (taux d’urée, produit du catabolisme des protéines formé dans le foie à partir de l’ammoniac dans le sang) est aussi fréquente et corrélée à une faible hydratation, une alimentation riche en protéines, un catabolisme protidique accru des tissus…
QUANT À LA CRÉATININE…
La créatinine résulte de la dégradation de la créatine à l’effort dans le muscle et est éliminée par les reins. En temps normal, la créatinine est éliminée par les reins dans les urines. Dès que son taux augmente anormalement dans le sang, cela montre une fonction rénale insuffisante. Sa concentration diminue, à l’opposé, si les masses musculaires diminuent car ce sont les muscles qui produisent la créatinine.
La clairance à la créatinine est l’un des meilleurs marqueurs de la fonction rénale. Elle est calculée à partir des résultats des dosages de créatinine dans le sang et les urines. Elle peut aussi être estimée à partir du dosage de la créatinine dans le sang (créatinine plasmatique) et en connaissant l’âge et le poids du patient. Une valeur diminuée reflète une fonction rénale insuffisante.
Bilan hormonal
Trois axes nous intéressent dans le bilan hormonal. L’axe corticotrope. L’axe gonadotrope. Et l’axe somatotrope.
L’Axe corticotrope c’est le cortisol. Ainsi, le cortisol c’est une hormone stéroïde sécrétée par le cortex de la glande surrénale. C’est une donnée très intéressante pour évaluer la tolérance à l’entraînement et aux charges imposées. Son activation est directement corrélée à une adaptation physiologique à l’exercice en fonction du volume et de l’intensité. Son augmentation est corrélée positivement à ces deux paramètres. Néanmoins, un taux bas peut signaler une prise de corticoïdes, et une hypercortisolémie peut avertir par rapport à un stress important (phase d’entraînement intense,…).
L’Axe gonadotrope c’est la testostérone. Hormone stéroïdienne, principalement sécrétée par les testicules chez l’homme mais aussi, par les glandes surrénales (homme et femme). C’est un paramètre recherché souvent avec le cortisol. Le taux sanguin en testostérone est corrélé positivement à un entraînement intensif et volumineux (en d’autres termes en résistance). Un protocole d’entraînement en endurance a tendance à avoir l’effet inverse (diminution de la testotéronémie).
L’axe somatotrope c’est l’hormone de croissance (GH ou Growth Hormon). L’hormone de croissance, ou somathormone, est une hormone sécrétée par les cellules somatotropes de la partie antérieure de l’hypophyse. L’intensité de l’effort augmente la sécrétion de l’hormone de croissance. Néanmoins, l’âge (diminution), la composition corporelle (plus le pourcentage de masse grasse est important, plus la sécrétion est basse), le sexe (taux moins important chez les hommes) et l’entraînement (augmentation) jouent aussi sur cette hormone.
Pour conclure
Votre suivi biologique est à entreprendre dans une démarche globale. Et si son résultat par la prise de sang demande évidement des qualités analytiques qu’on ne vous demande pas d’avoir il faut vous faire accompagner. C’est une expertise. La prise de sang et ses résultats visent à la fois à optimiser les performances mais aussi à protéger votre santé. Et quand on parle de santé c’est aussi bien votre intégrité physique, que physiologique et psychologique. Ainsi, pensez-y mais un bilan biologique est, à mon sens indispensable pour ajuster les orientations liées à votre entraînement et votre programmation de courses et de compétition. Mais il permet aussi d’adapter les charges d’entraînement et enfin de compléter ou modifier certaines habitudes ou mauvaises habitudes alimentaires ou autres…
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