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Sous ses airs de vélo décontracté et débonnaire, s’il y a bien un type de vélo qui est dans la tendance en ce moment c’est le Gravel. Alors, phénomène de mode ? Quelque chose de nouveau dans l’air du temps ? La solution multi optionnelle ? Ou alors le vélo de trop, qui ne servira pas – car moins bon qu’un routier sylphide sur le bitume, et moins bon qu’un VTT sur les pentes caillouteuses ? J’ai vite arrêté de me torturer l’esprit pour trouver la réponse, et j’ai saisi l’opportunité offerte par Officine Mattio et le bike shop parisien Drop Bar à Meudon pour rouler pendant quelques semaines sur ce troisième vélo pour vérifier ce qu’il en était…
Par Jean-François Tatard – Photos : DR
Déjà, le moins que l’on puisse dire c’est qu’en cherchant partout sur internet, cette nouvelle pratique du vélo a du mal à trouver une définition unique. Et si nous nous accorderons tous à dire que le Gravel c’est l’aventure et l’exploration de nouveaux territoires avec la liberté de faire ce qu’on veut sans trop se poser de questions, chacun ira de son avis en référence justement à ses envies, ses préférences, ses expériences, ses origines. Néanmoins, un point est indiscutable, le terme Gravel provient de l’anglais et signifie gravier et l’apparition du « phénomène Gravel » remonte à il y a quinzaine d’années et elle trouve sa source dans le Midwest des Etats-Unis. Entre les grands Lacs et la région des grandes plaines. D’ailleurs, l’objectif des premiers pratiquants était d’élargir leur pratique du cyclisme et de ne pas s’arrêter de rouler si la route se transformait en chemins ou en sentiers, comme c’est souvent le cas dans les montagnes du Colorado.
À mi chemin entre le cyclisme traditionnel et le VTT, comme à chaque fois quand on navigue entre deux eaux, ce n’est jamais simple de faire des liaisons clairement définies. Chacun possède sa propre vérité. Celle-ci dépend souvent de ses propres attentes, de ses prédilections et de ses terrains de jeu favori mais aussi de sa vision du monde. Alors – et ça tombe bien – l’ouverture d’esprit et la liberté seront le ciment de cette pratique.
Alors que j’avais récupéré le vélo entre midi et deux, chez Drop Bar, un sympathique bike shop tenu par Xavier sur les bords de Seine, c’est sur un coup de tête en fin de journée après avoir travaillé sur un exposé que j’ai claqué l’ordi et que je suis parti en direction de la plus proche forêt, puis j’ai tiré une bonne ligne droite de plus de 10 km sur un chemin de halage le long de l’Oise pour remonter au plus haut de la forêt de Carnel. J’ai ainsi découvert un chemin en pavés de plus de 3 km à 6 % de moyenne, menant directement sur le point le plus haut du Val d’Oise avec une vue imprenable sur tout Paris. Un coup de tête qui m’aura valu deux ou trois portages et surtout de rentrer après le coucher du soleil. Les sentiers du retour ayant parfois pratiquement disparu, j’ai alterné entre routes, champs, chemins forestiers et forêts. Et tout ça à la lumière de la pleine lune.
Le Gravel a donc bel et bien plusieurs visages. On entend d’ailleurs souvent dire que Gravel ne rime pas avec compétition. Pourtant, on a bien eu le droit à des championnats du monde l’année dernière gagnés de surcroit par des stars du cyclisme… Mais la découverte cette discipline récente me fait dire qu’elle ne sera jamais assez télévisuelle pour être consommée de cette façon. Les consommateurs ont besoin que ça aille de plus en plus vite. Ils ont besoin d’action. Ils ont besoin de spectacle. Ce n’est pas du cyclo-cross ou du VTT. Les sorties sont souvent très (trop) longues. D’ailleurs si ce sont les hipsters qui ont le mieux su moderniser la pratique, les épreuves sur plusieurs jours sont aujourd’hui effectivement très à la mode. Et en vrai, rouler sans se poser de questions, sur des terrains variés et sur des sorties courtes ou longues, cela reste la pratique la plus répandue. Ainsi, les fans de performance optent pour des vélos très sportifs, certains recherchent de la polyvalence et d’autres utilisent des Gravel plus radicaux. Pour notre test, on s’est laissé séduire par un modèle intermédiaire…
Officine Mattio Santiago AL, un vélo de Gravel en alu polyvalent et haut de gamme
Officine Mattio, Made In Italy – la marque est encore peu répandue en France. Mais elle commence tout de même à se faire un nom de l’autre côté des Alpes. Et avec le Santiago AL créé comme les autres vélos de la gamme par Giovanni Monge Roffarello, Officine Mattio met en avant le savoir faire à l’italienne. C’est suffisamment rare pour être souligné en gras mais la conception et l’assemblage des vélos de la gamme sont réalisés en Italie sur des matériaux et périphériques triés sur le volet. Quand Xavier, le patron du bike shop qui distribue la marque à Meudon me briefe ce premier jour du printemps 2023 sur le story telling, il a des paillettes dans les yeux et les poils qui se dressent. Et lorsque Officine Mattio lance une gamme Gravel qui vient compléter son offre de vélos de route en 2020, la firme italienne va garder son mode opérationnel cher aux valeurs de l’enseigne quitte à rogner sur des marges plus conséquentes. Et c’est cela qui nous intéresse aujourd’hui, puisque nous allons parler du Gravel Santiago AL, un vélo pensé pour être polyvalent…
C’est en 2016 qu’Officine Mattio imagine le premier prototype de sa gamme Santiago. En 2020, les premiers vélos arrivent sur le marché. Aujourd’hui, la marque propose ainsi quatre Gravel différents : le Santiago C, avec son cadre en carbone, le Santiago AX en acier inoxydable, le Santiago AC en acier, le Santiago AL avec son cadre en aluminium, et donc celui que nous avons pu tester pendant plusieurs semaines depuis ce premier périple nocturne dans la forêt de Carnel.
La conception du Santiago AL est née de l’ambition de proposer un vélo qu’on classera de polyvalent aussi fiable en off-road que sur des routes caillouteuses et rendues techniques par des racines d’arbre très prononcées et parfois en pleine montées. Et pourquoi ce nom ? Xavier m’explique que cette gamme de Gravel tient son appellation du chemin de Saint-Jacques de Compostelle, là où le prototype avait en réalité été essayé au départ.
J’ai donc pu tester le vélo dans différents environnements. Sur la route, sur les chemins de halage, dans les champs, dans la forêt, sur gravier, sur sable, dans la boue, en montée, en descente, sur pavés, sur chemins rocailleux, des chemins parfois très racinés aussi, et même parfois quasiment dans l’eau ou en tous les cas la moitié de la jante noyée. Soit un peu plus de 800 km cumulés.
L’esthétisme façon Officine Mattio
Il faut l’avouer, l’objet est très très joli. C’est la classe à l’italienne. Tel un Vespa devenu une icône de liberté et d’émancipation pour les jeunes du monde entier après son apparition dans les années d’après guerre, le Gravel de Officine Mattio associe lui aussi un style Made in Italy distinctif et vintage à une technologie de pointe. La géométrie du cadre rappelle celle d’un vélo de route, mais pas suffisamment pour nous tromper et nous faire croire qu’il ne s’agit pas d’un Gravel. La peinture est sobre mais reflète le style qu’essaye de donner la marque à son vélo. Sur ce Gravel en test, le gris et le vert se marient parfaitement. C’est l’association réussie. Autre chose qui nous a plu : Le passage des câbles se fait en interne et dégage une sensation de minimalisme qui ne nous laisse pas indifférent.
Fabrication artisanale
Officine Mattio propose des vélos haut de gamme dont la fabrication et l’assemblage sont faits à la main en Italie comme nous le rappelle Xavier. Cela veut dire que les cadres en carbone ne sont pas des monocoques importés d’Asie et que les composants sont sélectionnés pour la qualité qu’ils apportent au vélo. À l’image de ce Santiago AL dont le cadre et ses composants ont été choisis avec soin.
Le cadre du Gravel Santiago AL utilise les tubes Dedacciai Force 7005. Et quand on s’intéresse au choix du matériau, il s’est porté sur la résistance proposée et la légèreté que les tubes offrent. Officine Mattio a fait le choix de cadre de classe AEGIS pour respecter une qualité optimale pour la fabrication de ses cadres. Naturellement, le choix s’est donc porté sur Deddacciai dont la réputation n’est plus à faire et le cadre est annoncé à 1600 g en taille 52.
La fourche
La fourche est distinctive. Pas seulement parce qu’elle dispose de rivets qui permettent d’ajouter des sacoches pour du bikepacking. Mais aussi aussi parce qu’elle a un look particulier et qu’elle absorbe le relief et les obstacles et rend le vélo encore plus agréable quel que soit le revêtement.
L’équipement
Avec un cadre monté de manière artisanale, on ne pouvait s’attendre qu’à des périphériques du même niveau. Du coup, y est monté un cintre Deda Elementi Gravel assez large et la potence du même niveau de gamme comme la tige de selle aussi d’ailleurs. Pour la selle ce sera – devinez ? Selle Italia, Recesso… Et clou du spectacle : la fameuse transmission Campagnolo Ekar (forcément j’allais dire pour un vélo italien…) qu’on retrouve souvent sur les Gravel haut de gamme. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le groupe Campagnolo spécialement conçu pour le Gravel avec 13 vitesses n’est pas un groupe Gravel comme les autres… Ekar est le groupe Gravel complet le plus léger au monde : fiable et performant. Avec un dérailleur arrière à 13 vitesses et sans compromis. Il a été conçu pour offrir des performances optimales, la meilleure expérience de conduite et une fiabilité maximale sur tous les parcours Gravel, tout-terrain et endurance, sur les terrains les plus difficiles à affronter. Bref, le groupe Gravel de tous les défis…
Comparé à mon matériel habituel, le groupe présente de meilleures performances de freinage avec son système hydraulique et bénéficie d’une technologie des poignées Ergopower, deux solutions qui ont été optimisées pour l’utilisation Gravel. Grâce au choix méticuleux des matériaux, qui a permis d’atteindre un équilibre optimal entre la résistance, la durée et la légèreté exigées par la discipline. Le groupe Ekar assure un contrôle précis et des performances fiables. J’ai adoré ce groupe. Avec les leviers à action différenciée, vous ne ratez jamais un passage de vitesse. Les poignées Ergopower ont été adaptées spécifiquement au gravel tout en conservant tous les atouts du système : la fameuse précision et le confort maximal garanti par les repose-mains Vari-Cushion. Vraiment, la technologie assure un contrôle parfait.
Quant au pédalier, il constitue le cœur du nouveau système 1x Ekar. Le mono plateau est évidemment facile à utiliser : aucun dérailleur avant, poids considérablement réduit, moins de composants en mouvement qui ramassent la saleté et peuvent créer des blocages, et un excellent maintien de la chaîne. Les deux manivelles réalisées en fibre de carbone UD sont dotées de demi-axes en acier AISI 630 : comme sur tout le groupe Ekar, l’association ingénieuse de matériaux permet d’obtenir des composants légers, mais dont l’efficacité et la résistance sont maximales.
Pneus et roues
La marque a fait le choix d’équiper ce vélo avec les roues Officine Mattio en Alu tubeless Ready et montées avec des pneus Vittoria Terreno Mix Tubeless Ready en 38 avec une chambre à air. Parfaitement adaptées à la topographie et au revêtement de mes terrains de jeu favoris. Quant aux pneus, ils offrent une adhérence parfaite sur les portions les plus sableuses ou gravillonneuses. À une pression de 2 bar, on se sent safe !
Niveau sensations ?
Sur le vélo, la sensation est agréable. Le cadre est pourtant un peu lourd comparé à mon Sworks Epic pour le VTT ou à mon Factor VAM Ostro pour la route mais celui-ci apporte un confort notoire. D’ailleurs, quel que soit l’environnement, j’ai trouvé le vélo très agréable à rouler. Même sur la route à plus de 40 km/h, j’ai pu profiter du confort sans être pénalisé par son manque d’aérodynamisme. Néanmoins, la géométrie du cadre apporte de la réactivité. On le ressent bien pour relancer dans les bosses et même sur la route avec des pneus d’une section de 38 et gonflés à 2 bar. Aussi, je n’ai pas essayé, mais l’espacement au niveau des haubans semble pouvoir accepter des sections de pneus jusqu’à des diamètres de 50, ce qui doit pouvoir être très intéressant sur des parcours plus exigeants.
Notre avis sur l’Officine Mattio Santiago AL
Je connaissais le vélo performance, je connaissais le VTT engagé, mais cette première expérience avec le Gravel m’a fait découvrir une certaine légèreté et une autre insouciance encore plus la bienvenue à une époque où je m’éloigne de plus en plus de l’esprit de compétition. Et ce, même si l’ustensile est un peu plus lourd que mes deux autres vélos traditionnels. Le Santiago AL d’Officine Mattio est finalement encore plus polyvalent que me l’avait vendu Xavier. Enfin, lors de mes sessions de tests, j’ai été très impressionné par sa réactivité sur les terrains les plus exigeants.
Bref, cette expérience avec Officine Mattio, et plus précisément avec le Santiago AL, m’aura ainsi apporté un autre regard sur la pratique du vélo – moins compétitive et davantage ouvert à la nature et à sa grandeur. Et maintenant, sans vouloir aller jusqu’à jouer les têtes brûlées je me verrai bien voyager avec en soute et aller me frotter aux cailloux et aux chemins boueux du Michigan ou du Kansas…
L’OFFICINE MATTIO SANTIAGO AL en bref… Note : ***** Les + : confort, esthétique, efficace et performant, réactif Cadre : aluminium Dedacciai Force 7005 – Groupe : Campagnolo Ekar 13 vitesses – Roues : Officine Mattio en Alu tubeless Ready – Pneus : maxi 700×47 ou 650bx50 – Géométrie : standard ou sur mesure – Coloris : standard ou personnalisé – Montage : plusieurs choix possibles – Poids du vélo testé : 9,6 kg sans pédales – Prix : à partir de 3790 € selon les options – Contact : Instagram Drop Bar, officinemattio.com |
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