Coaching : comment provoquer la chance ?

Quand on est sportif et qu’on aspire à des résultats en compétition, on doit souvent réussir à maîtriser le moindre détail qui va rendre possible la performance. Mais même quand tout est réuni pour réussir, une zone de flou persiste encore. Une notion proche du hasard dans l’esprit de beaucoup. Mais alors, la chance existerait-elle ? Peut-on avoir de la chance ou au contraire ne pas en avoir ? C’est ce que nous allons tenter d’élucider dans cet article…

Par Jean-François Tatard – Photos : depositphotos.com

Mais avant de commencer, petit tour dans le dictionnaire. Quelle est la définition de la chance ? La chance est un concept qui exprime la réalisation d’un événement, positif, améliorant une situation humaine, ou même par extension toute entité vivante, sans nécessairement qu’il y ait un lien de cause à effet entre le désir et sa réalisation, positive.

La chance relèverait alors de l’amélioration d’une situation sans lien causale avec les actions de l’individu, sans action maîtrisée sur le résultat positif atteint. L’étymologie latine du mot et son usage ne peuvent s’appliquer uniquement si l’événement et le résultat sont « tombés » sur un individu en améliorant notablement sa situation. Toute autre explication sémantique relève plutôt de l’interprétation intellectuelle, managériale, de tendance de mode ou encore de propos de gourou à la mode. Et donc, vu sous cet angle, il s’agit d’une superstition si la personne se croit visée par les événements positifs.

Si la chance existe peut-on l’attirer ?

Ce que dit Philippe Gabillet – Professeur de Psychologie et de Management à ESCP Europe (Paris) – dans son livre Éloge de la chance, c’est que pour déclencher les opportunités, il faut être une opportunité soi-même pour les autres, donc chercher en permanence à créer de la valeur pour les autres et pour l’environnement. Sous-entendu que les opportunités, c’est être au bon moment auprès de la bonne personne, répondre aux bonnes demandes et sur les bons territoires. Il suggère ainsi quatre postures, qui ouvrent aux opportunités…

 

  • La vigilance et la curiosité : sortir de la routine, se laisser surprendre et accepter de sortir de la route pré-tracée
  • La magie du réseau : devenir celui qui crée les liens, qui aide les autres à atteindre leurs propres objectifs
  • Utiliser les échecs et en faire des projets (la chance n’est pas ce qui nous arrive, mais plutôt ce qu’on fait avec ce qui arrive)
  • L’anticipation, avoir un projet d’avance… et donc aller plus loin sur avoir de la chance

On vous fait une proposition

Cette proposition c’est de vous aider à coacher la chance. Elle est valable dans le sport évidemment. Mais finalement elle est transcriptible absolument à tous les domaines de la vie. En effet, une attitude d’ouverture à l’opportunité ça se travaille. Mieux, créer des opportunités pour les autres ça se travaille aussi. Et enfin utiliser les difficultés et les échecs c’est finalement primordial si on veut mourir en se disant : « j’ai eu une chouette vie« .

C’est en sortant d’une conférence que j’animais sur le Winning Mindset auprès de jeunes apprentis champions à l’Isle Adam que je me suis rappelé à quel point la chance a mauvaise réputation. Elle est très (trop) souvent considérée comme non maîtrisable. Non influençable. Mais aussi presque dangereuse en ce sens qu’en avoir pourrait se retourner contre nous. Et enfin, quand je questionne ces adolescents qui aspirent à de grandes performances, certains la trouvent injuste.

Coaching : comment provoquer la chance ?
Primož Roglič a particulièrement été marqué par la malchance au cours de sa carrière. Mais est-ce totalement un hasard ?

En ce qui me concerne, je préfère penser que la chance est une compétence. Mais encore faut-il comprendre comment l’attirer et quelles sont les limites de ce pouvoir d’attraction. Quand on observe les différents vainqueurs du Tour de France, ont-ils eu de la chance ? Pourquoi font-ils partis des rares dans la liste à ne jamais avoir chuté durant les trois semaines de l’épreuve ? Quand l’américain Lance Armstrong traverse le champ en plein descente d’un col lors du Tour 2003 pendant que Joseba Beloki y laisse son fémur : réflexe ou chance ? Quand le vainqueur de Paris-Roubaix est le seul de l’échappée à ne pas avoir été victime de crevaisons, a-t-il eu de la chance, lui aussi ? Et lorsque le champion slovène, Primož Roglič, perd son maillot de leader l’avant dernier jour du Tour 2020 alors que tout semblait gagné, a-t-il à l’inverse joué de la malchance ? Et quand cela lui arrive plusieurs fois : est-il victime de la loi des séries ?

Réconcilions nous avec la chance. Essayons de la considérer comme une capacité à tirer le meilleur parti des circonstances, comme une forme d’intelligence de chaque situation, du fortuit, de l’imprévisible. Comme une discipline de vie à avoir et de la considérer comme si elle était partout…

Facteurs déclencheurs

Il y a des facteurs déclencheurs à ce qu’on peut appeler la chance, qu’on peut essayer de conscientiser. Nos rencontres déjà. En effet, il faut garder à l’esprit que chacune de nos rencontres peut être la chance de notre vie. On peut également faire le pari qu’à chaque instant, des informations autour de nous peuvent constituer des chances. Des opportunités qu’on fera lors de nos nouvelles expériences aussi mauvaises qu’elles peuvent sembler bonnes au départ. Mais aussi des demandes inattendues auxquelles nous ne sommes pas toujours attentifs et face auxquelles on n’a parfois (souvent) tendance à fuir. Mais lorsqu’on vous demande de l’aide ou de la contribution, il y a quasi systématiquement un cadeau caché. Vous connaissez l’incident providentiel ? De nombreux coups de chance semblent en effet tout droit sortis d’incidents, du plus banal au plus improbable comme une panne de réveil qui vous fait manquer l’avion qui va se crasher au milieu de l’Atlantique.

Coaching : comment provoquer la chance ?
Le vainqueur de Paris-Roubaix, comme ici Peter Sagan en 2018, passe souvent entre les mailles du filet de la malchance.

Le secret est probablement dans l’intention. Les neurosciences s’accordent à dire qu’une intention préalable est au cœur de tout dispositif psychologique. Pour nous, ce serait une sorte de préparation du mental à voir la chance dans ce qui nous entoure. La magie de l’auto suggestion positive. Et en réalité, si nous travaillons à orienter positivement nos intentions vers l’extérieur, alors nos perceptions et nos comportements s’orienteront de même et favoriseront la réalisation de ce que nous recherchons positivement. Et en vrai, plus on anticipe fortement un évènement, plus on oriente sa pensée positivement vers sa réalisation, plus notre comportement s’alignera en fonction de la prédiction de départ et plus tout cela favorisera la réalisation de cet évènement.

En pratique, il faut se mettre en mode chance, c’est ça la compétence dont je vous parlais. Quel est votre objectif suprême ? Quel est votre rêve d’accomplissement le plus cher à votre cœur ? Qu’est-ce que vous aimez réellement ? Dans quoi êtes-vous bon ? Quelle réalisation seriez-vous susceptible de construire qui laisserait une empreinte définitivement indélébile ? Élaborez une pensée précise à ce sujet de désir profond. Et nourrissez de l’intention afin de la renforcer. Visualisez là !

Et oui, la chance est aussi une question de regard à tous les niveaux. Sans une attention vigilante face à votre environnement, les choses ne peuvent être qu’accidents. Vos yeux ont le pouvoir de les transformer en instant de chance. Entretenez votre disponibilité intérieure par l’ouverture consciente. Soyez curieux. Acceptez de vous ouvrir sur ce que vous ne connaissez pas encore, donnez-vous le droit d’explorer des territoires nouveaux ou de créer des relations avec des gens très différents de ceux que vous fréquentez d’habitude. Finalement, je me rends compte qu’il faut se méfier des plans préétablis. Je ne dis pas qu’il ne faut pas être cadré ou de vous éloigner du point de focus, mais préparer le terrain de l’intuition. Pour les plus rationnels d’entre nous, n’ayez pas peur de l’intuition, elle n’est qu’un raccourci entre nos actions et nos expériences, elles-mêmes archivées dans une énorme bibliothèque de l’inconscience.

Quand on s’intéresse aux champions, les grands champions, on se rend compte qu’ils ont cette capacité à rebondir positivement face à ce qu’une majorité considéreront comme la malchance. Systématiquement ils cherchent les bons côtés de la situation. Ils s’entretiennent dans la conviction qu’un coup de malchance peut déboucher sur autre chose de positif. C’est un trait de caractère. Mais un trait de caractère qui se travaille et s’entretient. Comme le fait de s’efforcer de ruminer le moins longtemps possible suite à une malchance. Et prendre rapidement des mesures correctives pour aller de l’avant. Une autre des caractéristiques communes des champions chanceux est que la malchance leur donne des opportunités nouvelles. Ils sont surentraînés à relativiser. Ils digèrent plus rapidement la situation et passent plus vite que les autres au positif. Ils relancent la machine quasi immédiatement.

Coaching : comment provoquer la chance ?
Avoir de la chance, c’est aussi savoir profiter des opportunités qui se présentent.

Aussi, ce que j’ai remarqué – et Philippe Gabillet en parle dans une vidéo qu’on trouve sur Youtube – c’est que une des meilleures façons d’atteindre ses propres objectifs est d’aider ceux qui en ont besoin pour atteindre les leurs. En fait, c’est simple, il est impossible de rencontrer des opportunités en restant tout seul dans son coin. La chance c’est aussi et surtout les autres finalement. Attirer la chance n’est pas si complexe. Autour de nous, il y a des personnes qui sont susceptibles de nous connecter à d’autres qui elles-mêmes nous rapprocheront de cette fameuse intention dont je vous parlais plus haut. Si on veut que la chance nous sourie, il faut avoir une démarche altruiste et généreuse, et ne pas forcément attendre des choses en retour. Ce qu’on sème germera un jour ou l’autre. C’est aussi ça la chance. Des graines de chance à semer. Il faut sourire à la vie. La bonne humeur est contagieuse et il faut s’employer à porter chance aux autres. Entraînons-nous à l’optimisme, à l’attention pour l’autre, à l’ouverture d’esprit, à la tolérance et la bienveillance.

Pour conclure…

La chance, c’est finalement quelque chose qu’on ose. Alors, affirmons-nous dans des objectifs ambitieux. Faisons preuve de créativité pour innover et inventer des solutions. Car, à chaque fois que nous nous aventurons sur un chemin d’une nouvelle expérience, on améliore encore un peu notre propre connaissance de soi. On s’ouvre ainsi aux autres et à de nouvelles perspectives. Et pour ma part, je suis convaincu que l’on a tous la capacité d’être plus chanceux si on se concentre sur les aspects positifs de notre vie et les petits cadeaux du quotidien. En changeant notre perception des événements et en arrêtant de nous focaliser sur les choses sombres. Comme un effet boule de neige, l’énergie optimiste que l’on dégage entraîne le positif et contamine notre entourage, c’est ça la magie. On peut tous apprendre à avoir de la chance. Il faudra juste modifier notre perception de la réalité. Le verre est à moitié vide ? Ou le verre est à moitié plein ? Restons positifs. Et restons curieux. La chance ne favorise que les esprits préparés. Préparons-nous aussi à être une chance pour les autres. Et si la chance ne fonctionne pas toujours, transformons notre malchance en opportunité de (mieux) recommencer. Ayons toujours un projet d’avance. Et parlons-en aux gens les plus susceptibles de nous aider. La chance, c’est une vision du monde qui s’entretient au quotidien. La chance attire la chance. Comme l’appétit vient en mangeant, simulons et stimulons la chance. Bref, inspirons-nous de ceux qui ont de la chance car, la vérité, c’est que pour être heureux élus, ce n’est pas un hasard. Ils en sont les seuls responsables.

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Coaching : comment provoquer la chance ?

Jean-François Tatard

- 43 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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