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Issu de la renaissance de la marque Dilecta en 2021, le modèle Le Blanc promet de mêler une certaine idée de la tradition associée aux cadres en acier, à un certain modernisme afin de faire face à l’inévitable concurrence des vélos en carbone, dont la technologie permet de coller aux besoins des utilisateurs. Mais cet acier, qui a équipé les cyclistes tout au long du XXe siècle, a lui aussi évolué afin de confirmer ses points forts et rectifier ses points faibles.
Texte : Olivier Dulaurent – Photos : 3bikes.fr, Presse Sport/Papon
Dilecta n’est pas un nom récent puisque la marque a été créée en 1913. Au fil des années, elle a prospéré au point de produire plus de 20000 vélos par an, dans son usine d’une commune de l’Indre : Le Blanc. Mais l’entreprise a dû fermer ses activités à la fin des années 60, après un bref retour au sein du peloton professionnel durant trois ans. C’est sur la base de ce passé glorieux et d’un père ancien professionnel justement équipé en Dilecta, qu’Eric Vanhaverbeke passé par plusieurs grandes marques françaises de l’industrie du cycle, a décidé il y a deux ans de remonter une structure faisant la part belle à un passé mis au goût du jour.
Pas de sur mesure mais beaucoup d’options
Les cadres en acier haut de gamme riment souvent avec le sur mesure. Mais ici, le choix a été fait de garder des tailles classiques avec cinq tailles allant du XS (51 cm) au XL (61 cm), qui est d’ailleurs la taille testée pour l’essai. En observant les différentes géométries selon les tailles, il apparait qu‘elles sont relativement standards, c’est à dire ni orientées vers la course pure et dure ni exagérément axées vers une pratique d’endurance, comme cela est souvent le cas dans les gammes dédiées. Dans tous les cas, les périphériques (cintre, potence et tige de selle) pourront décider du positionnement du cycliste.
Le cadre Le Blanc est fabriqué chez Cyfac, un vrai gage d’expérience et de qualité pour ce cadreur de renom. La série de tubes provient de chez Columbus, avec la qualité Spirit, dont l’épaisseur varie en fonction de l’endroit où se font les contraintes : un gage de rigidité où cela est nécessaire, mais aussi de confort, aux endroits les moins sollicités, sans compter le gain de poids. Avec 1,7 kg sur la balance en taille moyenne, il est évident que la différence de poids avoisine le kilogramme avec les meilleurs cadres en carbone. Mais ce poids supplémentaire est souvent à relativiser à partir du moment où l’utilisateur n’est pas forcément à son poids de forme au kilo près et qu’il évolue en dehors de la haute montagne.
Si la coupe des cadres n’est pas sur mesure, le panel des couleurs est très appréciable avec 16 références possibles et le choix du freinage à patins ou disque est possible. Le vélo d’essai bénéficiait d’une couleur orange du plus bel effet, en plus d’une finition absolument impeccable. Dans ces conditions, le prix du kit cadre (2490 €) n’apparait pas exagéré face aux meilleurs carbones qui coûtent aujourd’hui le double environ, tout en mettant en balance que nous avons affaire à une fabrication en France et les salaires qui vont avec pour offrir le produit fini.
Sur la route
Les premiers tours de roue ou plus exactement les premières relances énergiques laissent apparaitre une rigidité difficile à soupçonner à la vue du diamètre des tubes et du matériau employé – certaines idées reçues peuvent avoir la vie dure. Au fil des kilomètres, jamais cette rigidité ne sera mise en défaut. De même il faut signaler l’homogénéité du comportement : que ce soit au niveau de l’arrière (les bases) ou sur la douille, il n’y a pas de « maillon faible », le vélo semble ne faire qu’un seul bloc.
Ces sensations sont aussi à mettre en face de la taille du cadre et ainsi, réussir à produire cette rigidité avec de grands tubes et des triangles de dimensions généreuses, laisse augurer un comportement du même acabit pour des tailles plus habituelles.
Ce comportement permet ainsi de maintenir une allure élevée quand il est nécessaire de s’employer face au vent ou dans une bosse plutôt roulante. Il n’y a pas non de flottement sur les phases en danseuse, que ce soit avec un braquet exagérément long ou à l’inverse, avec une cadence élevée.
Cette description du Dilecta Le Blanc pourrait ainsi laisser penser que nous avons ici un vélo en carbone. Ceci serait toutefois oublier que le vélo n’a pas les mêmes capacités d’accélération que les vélos en carbone haut de gamme. Il est évidemment possible d’accélérer mais du côté de l’explosivité réclamée lorsque le cycliste demande de boucher un trou ou d’effectuer une relance puissante voire un sprint, un décalage entre l’énergie déployée et la vitesse atteinte semble s’opérer. Pour autant, si cela peut se montrer gênant pour un compétiteur sur des distances courtes, à l’inverse le cyclosportif ou mieux encore le cycliste qui n’épingle pas de dossard, ne sera que peu voire pas gêné par ce phénomène de légère inertie. Au-delà du matériau employé, celle-ci peut aussi s’expliquer par le choix de la longueur des bases, ici coupées à 418 mm.
Quoiqu’il en soit, l’explosivité ne « fait » pas le rendement. S’il fallait le définir, nous pourrions dire que c’est celui qui permet d’aller le plus vite possible du départ à l’arrivée, en faisant intervenir tous les paramètres et notamment la fatigue. Et c’est sur cet aspect que le Dilecta se rattrape : s’il n’est pas aussi filtrant (au niveau des vibrations et petits chocs) qu’un titane, sur le plan du confort il se montre excellent en absorbant l’ensemble des chocs de façon très agréable dès lors que la sortie se prolonge. Le cycliste un peu fatigué n’aura pas l’impression de « buter » contre le cadre, comme il pourrait le craindre d’un modèle qui fait aussi les beaux jours des professionnels possédant le double de watts dans les jambes. C’est ainsi que l’on découvre au fil des kilomètres que la rigidité de ce cadre s’accompagne d’une élasticité qui donne des sensations différentes – mais très appréciables – de celles renvoyées par un cadre en carbone.
Si le choix des bases longues implique la géométrie et le rendement d’une certaine manière, celui des différents angles et longueurs de tube permet d’avoir une très grande stabilité : c’est bien simple, le vélo semble indéboulonnable dès que le compteur s’affole en descente. Il n’est jamais nécessaire d’effectuer des micro corrections comme c’est parfois le cas avec certains cadres très performants mais très vifs. Mais surtout cette stabilité ne s’accompagne pas d’une difficulté à tourner sur les virages serrés, et l’ensemble vire de façon fluide sans effet « pataud » dans les enchainements ou même les épingles.
Ainsi, et comme nous pouvions nous y attendre, le vélo colle parfaitement à une utilisation au long cours, et ce même si la vitesse et la performance sont recherchées. Le cocktail est parfaitement dosé entre la rigidité largement suffisante quel que soit le gabarit, le confort, et la géométrie reposante qui ne réclame pas une concentration particulière pour guider le vélo. Et cela se remarque particulièrement en cas de vent latéral : malgré le profil des roues Fulcrum, et comme s’il s’agissait d’un nom prédestiné, le Dilecta semble se délecter des sorties avec un vent fort.
Pour le reste, si le cadre peut être équipé des composants de son choix, ici le choix a été de proposer des composants 100% européens, à commencer par un groupe Campagnolo Record mécanique. Habitué aujourd’hui des transmissions électriques qui brillent par définition par leur souplesse d’utilisation, il a fallu se réhabituer au fonctionnement du groupe transalpin à câbles dont le maniement reste assez « viril ». Mais à part cette caractéristique qui concourt à rappeler des souvenirs, la transmission et le freinage n’appellent que des louanges.
Comme nous pouvions nous y attendre, le vélo colle parfaitement à une utilisation au long cours, et ce même si la vitesse et la performance sont recherchées. Le cocktail est parfaitement dosé entre la rigidité largement suffisante quel que soit le gabarit, le confort, et la géométrie reposante qui ne réclame pas une concentration particulière pour guider le vélo.
Au final, le Dilecta Le Blanc coche toutes les cases du cahier des charges de tout cyclosportif ou même cycliste qui ne cherche pas « à gagner ». En effet, que ce soit la distance, les bosses ou même les cols, les descentes ou le vent, rien ne l’effraie et l’acier employé par le cadre a su se mettre à la page pour garder ses qualités tout en gommant les défauts constatés sur des séries de tubes d’un passé pas si lointain. Espérons ainsi que les cyclistes à qui les qualités du vélo vont parler, ne vont pas s’arrêter aux idées reçues liées à ce matériau qui a su faire sa révolution.
Le vélo vélo Dilecta Le Blanc en bref… Note : ***** Les + : rigidité étonnante, confort, élasticité du cadre, stabilité ET maniabilité, facilité générale Fabrication française artisanale à la main en petites séries, numérotées – Cadre Acier Colombus Spirit soudo-brasé et traité antirouille par cataphorèse – Soudures polies – Fourche carbone Columbus Futura Disc SLX 1-1/8” avec déport de 45 mm permettant le montage de pneumatiques jusqu’à 30 mm de section – Jeu de direction Colombus Compass 1-1/4” – En version à disque, axes traversant de 12×100 mm et 12×142 mm thru axle – Transmission mécanique ou électrique (EPS, DI2) – Passage de gaines interne – Patte de dérailleur spéciale DILECTA – Boîtier de pédalier fileté BSC68 – Collier de selle brasé peint – Tige de selle 27,2 mm – Finition avec logo DILECTA sur la fourche et liseré rouge, signature de la marque sur le tube horizontal – 16 couleurs au choix – Option personnalisation couleur spécifique sur demande (+ 300 €) – Poids du cadre : 1,7 kg (en taille M) – Poids de la fourche : 450 g – Poids du vélo complet testé : 7,9 kg en taille 61 – Prix : 2590 € le kit cadre (version patins ou disque) et vélo complet à partir de 4990 € – Contact : Dilecta |
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Hello Olivier,
Bels article très objectif sur ces vélos que je connais bien. Les Dilecta ( « le Blanc » et « Forçat » pour les Gravel), sont effectivement, mis à part leurs qualités intrinsèques dans ce matériau qu’est l’acier ( nouvelle génération fabuleuse des aciers Columbus), des vélos d’une grande finition, avec des émaillages ‘simples et beaux’, qui ne coupent pas la ligne des cadres par de supers effets colorés types ‘arc en ciel’ multiples…en gros, plus c’est simple, plus c’est beau (avis tout personnel).
pour ce qui est du poids, le rendement global, qualité/performance/confort est bien démontré quant à l’aspect cyclosportif du Dilecta.
Amitiés à toi et à Guillaume
GGM
A mes yeux, et ayant possédé de nombreux vélos en acier, aluminium et carbon. 43 ans de pratique, je reste persuader que l’acier est le meilleur matériau pour fabriquer une bicyclette. J’espère qu’il reviendra sur le devant de la scène. DILECTA, c’est SUPERBE, mais, cela n’engage que moi.
Hello Olivier,
Bels article très objectif sur ces vélos que je connais bien. Les Dilecta ( « le Blanc » et « Forçat » pour les Gravel), sont effectivement, mis à part leurs qualités intrinsèques dans ce matériau qu’est l’acier ( nouvelle génération fabuleuse des aciers Columbus), des vélos d’une grande finition, avec des émaillages ‘simples et beaux’, qui ne coupent pas la ligne des cadres par de supers effets colorés types ‘arc en ciel’ multiples…en gros, plus c’est simple, plus c’est beau (avis tout personnel).
pour ce qui est du poids, le rendement global, qualité/performance/confort est bien démontré quant à l’aspect cyclosportif du Dilecta.
Amitiés à toi et à Guillaume
GGM
A mes yeux, et ayant possédé de nombreux vélos en acier, aluminium et carbon. 43 ans de pratique, je reste persuader que l’acier est le meilleur matériau pour fabriquer une bicyclette. J’espère qu’il reviendra sur le devant de la scène. DILECTA, c’est SUPERBE, mais, cela n’engage que moi.