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Présenté il y a déjà plus de quatre ans, le Cannondale SystemSix Hi-Mod a été conçu à l’époque avec pour seul objectif d’en faire le vélo de route le plus rapide du marché. Et si la concurrence a réagi depuis, le SystemSix n’en reste pas moins l’un des modèles les plus efficaces du moment. Avec un prix de 8799 € en Shimano Ultegra Di2 12 vitesses, cette version haut de gamme est une valeur sûre pour un bon rapport prix/performances.
Par Guillaume Judas – Photos : ©3bikes.fr / Cannondale
Toujours au goût du jour même si ce n’est pas la nouveauté de l’année, le Cannondale SystemSix reste un vélo à part, l’un des premiers à concilier la polyvalence d’une machine de course en peloton avec l’efficacité d’un vélo de contre-la-montre. Dès sa sortie en 2018, le SystemSix a été plébiscité pour son rendement aérodynamique, lors des tests indépendants en soufflerie, puis ensuite sur le terrain. Loin d’être un poids plume, le vélo a maintes fois conservé la préférence des coureurs pros équipés par Cannondale sur les parcours vallonnés, au détriment du plus polyvalent (théoriquement) et plus léger SuperSix de la gamme du constructeur américain. Finalement, seul un nouveau SuperSix qui reprendrait les qualités aérodynamiques du SystemSix serait susceptible de détrôner ce vélo dans le cœur des fanas de vitesse. Mais comme tout ceci reste encore de la science-fiction, ne boudons pas notre plaisir de mettre à l’épreuve cette machine faite pour doper les performances, sans pour autant se montrer si inaccessible que cela au commun des mortels.
Six éléments conçus pour fonctionner en harmonie
Derrière le concept SystemSix se cache en fait un ensemble de six éléments travaillés de manière globale pour optimiser au mieux l’efficacité aérodynamique : le cadre, la fourche, le cintre, la potence, la tige de selle et les roues. Cadre et fourche sont dessinés avec des profils destinés à maintenir la continuité des flux d’air, même avec des angles de lacet importants. Pour optimiser encore le comportement sur la route, l’ensemble du châssis est asymétrique, pour répondre instantanément aux forces de pédalage et de freinage.
Avec des tubes massifs aux formes saillantes et surtout une intégration complète des durites de frein à l’intérieur du cadre et de la fourche, en passant bien sûr par le poste de pilotage – même si ici nous avons affaire à des gaines un peu longues eu égard au réglage en hauteur de la potence que nous avons choisi – le SystemSix impressionne. Sur l’avant de la douille de direction, on peut percevoir une protubérance, qui permet en fait le passage des durites devant les roulements. Ce système est plus simple que la plupart de ceux qui sont adoptés aujourd’hui par la concurrence à l’intérieur de la colonne de direction. En revanche, il a pour conséquence de limiter fortement le rayon de braquage du guidon. Ce n’est évidemment jamais un problème en roulant (sauf pour ceux qui veulent faire du surplace en équilibre au niveau des feux de signalisation), mais peut être un peu pénible au moment de ranger le vélo dans le coffre de la voiture, ou pire encore dans une housse de transport pour prendre le train ou l’avion.
Au-delà des dimensions imposantes de tous les tubes et de la forme spectaculairement aérodynamique du tube de selle et de la tige du même nom, la fourche attire également notre attention, avec de larges fourreaux et surtout une superbe intégration esthétique au niveau de la jonction avec le tube diagonal. Plus en arrière, on remarque une énorme boîte de pédalier qui se prolonge avec de larges bases arrière, eux mêmes reliés à des haubans plus fins, mais qui prennent ancrage assez bas sur le tube de selle. Les tubes diagonal et supérieur ont un dessin désormais classique sur les vélos modernes, mais ils se distinguent là encore par leurs dimensions hors normes.
Équipement de haut vol
Après la large tige de selle profilée, l’autre pièce remarquable est le poste de pilotage, parfaitement aérodynamique et à l’esthétisme proche d’un combo intégré. Mais ici, le cintre est réglable, et peut s’ajuster en inclinaison sur 8 degrés, ce qui est un net avantage en termes de confort. Ce même cintre aux dimensions compactes et également légèrement évasé dans sa partie basse, offrant ainsi une superbe prise en main, que ce soit en position aéro sur les cocottes avec les coudes pliés, ou au sprint ou en relance avec les mains en bas. La partie haute en forme d’aile d’avion reste également confortable, même si le SystemSix n’a pas spécialement pour vocation d’affronter les longs cols en montagne.
Les roues HollowGram KN0T64 de 64 mm de hauteur et 32 mm de large font aussi beaucoup pour le comportement global du vélo. Elles sont très rigides, et leur largeur permet aux pneus Vittoria Rubino Pro Speed de 700×25 d’être mesurés en réalité à 28,5 mm. La forme très légèrement bombée des jantes évite d’être trop déstabilisé avec le vent de côté, et offre une bel équilibre à l’ensemble de la machine à haute vitesse. On peut les sentir un peu lourdes au moment de lancer le vélo, mais une fois la vitesse de croisière atteinte, elles se montrent assez dynamiques. Du côté pratique, notons la présence d’axes traversant qui permettent une libération rapide de la roue, sans qu’il soit nécessaire de les dévisser totalement.
Pour le reste de l’équipement sur cette version haut de gamme du SystemSix, on trouve un groupe complet Shimano Ultegra Di2 Disc 12 vitesses au fonctionnement sans reproche, avec une cassette 11-30 et des plateaux 52-36. Dans cette superbe couleur de l’équipe EF Education – Easy Post, le vélo est complété par une selle Fizik Argo Vento R5, dont nous avons déjà testé le confort. Avec 8,160 kg sur la balance en taille 54 (sans pédales ni porte-bidons), le SystemSix n’est pas un poids plume, et il semble difficile de beaucoup l’alléger sans dénaturer son caractère bien trempé. Deux autres versions du vélo sont disponibles, l’une en Shimano Dura-Ace Di2 12 vitesses (- 230 g environ) à 11 999 €, l’autre en Ultegra 11 vitesses mécaniques avec des roues Vision SC 55 à 5699 € (pour environ 250 g de plus).
Un vélo qui envoie du lourd
Au moment du réglage de la position, on apprécie la relative simplicité du système lié au poste de pilotage. Le pivot de fourche est classique, et malgré la présence de bagues spécifiques sous la potence au moment de la livraison du vélo, il est toujours possible de placer la potence au plus bas sur la douille de direction. Les éléments sont massifs et paraissent compacts au premier coup d’œil, mais en réalité la potence parfaitement parallèle au sol fait 120 mm de long. Cependant, le cintre compact permet de trouver aisément une position sportive mais qui reste confortable.
La position est d’emblée idéale pour une utilisation sportive. Tant mieux, car c’est bien la vocation du SystemSix. La rigidité du cadre se ressent dès les premiers coups de pédale, et le léger surpoids du vélo demande un peu plus d’énergie qu’habituellement pour atteindre la vitesse de croisière. Une fois qu’il est lancé, la masse du vélo n’est plus qu’un lointain souvenir. Sur le plan dynamique, le vélo est à la fois réactif et rassurant. Sa stabilité donne confiance, que ce soit avec vent de travers, dans les descentes rapides avec des changements d’appui, ou lors des freinages d’urgence, grâce à la rigidité du cadre. Globalement, dès lors qu’on adopte une position de recherche de vitesse, avec les mains en bas ou sur les cocottes avec les coudes pliés, son rendement est impressionnant.
Dans les ascensions, le SystemSix reste efficace si on conserve de la cadence et de l’engagement. Sur les courtes bosses, il s’appuie sur sa rigidité pour passer en force. Sur les plus longues montées, il fait profiter de son aérodynamisme au-delà de 20 km/h, lorsque le poids n’est plus vraiment un problème. Dans les pentes les plus raides, il se montre évidemment moins vif qu’un vrai vélo de grimpeur, et ce sont surtout les roues qui font ressentir leur inertie. Heureusement, la transmission Ultegra en 12 vitesses avec une large gamme de développements offre tout de même toujours la possibilité de s’en sortir, sauf évidemment pour les cyclistes les moins moins entrainés.
Si le SystemSix n’est pas un vélo destiné à la promenade, il n’est pas totalement inconfortable pour autant, à la condition d’opter pour un pédalage actif et de ne pas se laisser dominer par la raideur du vélo en abusant des passages en roue libre avec tout le poids sur la selle et les bras. Le Cannondale est un vélo qui demande de l’implication, un pédalage en cadence et de fréquents changements de vitesse pour ne pas butter sur la moindre irrégularité du terrain. Si pour ce qui nous concerne nous avons apprécié la position sur le vélo (c’est déjà beaucoup en termes de confort), la largeur des pneus induite par celle des roues a permis également de rouler avec une pression de gonflage relativement mesurée, et donc d’atténuer pas mal de vibrations. Cela a également été bénéfique en termes d’adhérence sur les routes grasses et humides de cette fin décembre, sans perturber le rendement assez bluffant des Vittoria Rubino Pro Speed. Bref, à bien des égards, le SystemSix confirme qu’il a bien été conçu et étudié dans les moindres détails pour économiser un maximum d’énergie dès lors qu’il faut lutter contre le roulement ou l’air, ou pour rouler plus vite qu’habituellement, c’est selon.
À qui s’adresse le Cannondale SystemSix ?
Est-ce qu’un vélo aérodynamique et rigide comme le SystemSix s’adresse obligatoirement aux coureurs de bon niveau ou aux triathlètes les plus performants ? Non, loin de là, même si les roues de 64 mm de haut typent encore plus son comportement, rendent le vélo un peu plus exigeant à lancer et à piloter les jours de grand vent ou sur les parcours très techniques. Le SystemSix étonne par son rendement global, toujours parmi les meilleurs en dépit d’une concurrence très affûtée, et par son équilibre général, qui le rend finalement très attachant. Ceux qui aiment rouler vite pour le plaisir et repousser leurs limites et la moyenne sont aussi parmi le public visé. Tous les pratiquants correctement entrainés en fait, exceptés ceux qui visent exclusivement le dénivelé.
Le CANNONDALE SYSTEMSIX Hi-MOD en bref… Note : ***** Les + : rendement, stabilité, rigidité, tenue de route, géométrie Cadre : SystemSix Hi-MOD Carbon – Fourche : Hi-MOD Carbon – Poste de pilotage : HollowGram KNØT SystemBar – Tige de selle : HollowGram 60 KNØT Carbon – Roues : HollowGram 64 KNØT – Pneus : Vittoria Rubino Pro Speed 700×25 – Pédalier : Shimano Ultegra 12 v. – Dérailleurs : Shimano Ultegra Di2 12 v. – Leviers : Shimano Ultegra Di2 12 v. – Freins : Shimano Ultegra Disc – Cassette : Shimano Ultegra 12 v. 11-30 – Selle : Fizik Vento Argo R5 – Poids : 8,160 kg en taille 54 sans pédales – Prix : 8799 € – Contact : cannondale.com |
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Une superbe machine, mais j’imagine que ce n’est pas pour tout le monde. Avec mes 220 watts de FTP, je dois pas pouvoir l’emmener, vous en pensez quoi ? 🙂
Les vélos haut de gamme d’aujourd’hui ne sont plus aussi exigeants que ceux d’il y a quelques années. A mon avis, ça doit aller parfaitement avec cette FTP. Peut-être avec des roues à jantes basses ?
Bonjour Olivier. Oui, il est vrai qu’avec des jantes basses (type 35 mm), le vélo est plus tolérant. Nous avons un ami ancien pro chez Auber 93 qui roule dans cette configuration, et il trouve le vélo très polyvalent même s’il ne s’entraine plus beaucoup.
Une superbe machine, mais j’imagine que ce n’est pas pour tout le monde. Avec mes 220 watts de FTP, je dois pas pouvoir l’emmener, vous en pensez quoi ? 🙂
Les vélos haut de gamme d’aujourd’hui ne sont plus aussi exigeants que ceux d’il y a quelques années. A mon avis, ça doit aller parfaitement avec cette FTP. Peut-être avec des roues à jantes basses ?
Bonjour Olivier. Oui, il est vrai qu’avec des jantes basses (type 35 mm), le vélo est plus tolérant. Nous avons un ami ancien pro chez Auber 93 qui roule dans cette configuration, et il trouve le vélo très polyvalent même s’il ne s’entraine plus beaucoup.