Partager la publication "Les relais dans un groupe ou en échappée : comment apporter sa contribution à l’effort collectif, et comment ne pas trop en faire pour ne pas se griller"
En vélo pour sortir du lot et aller gagner des courses, il faut le plus souvent partir en échappée. Mais seul c’est souvent compliqué. Il faut alors composer avec le travail de tous les participants qui constituent ce groupe de tête. Dans les groupes d’entrainement qui se tirent la bourre, c’est le même principe : ce sont les relais de chaque participant qui permettent de gagner de la vitesse. Pourquoi et comment prendre ses relais dans ce groupe ? Faut-il en prendre beaucoup, juste assez, pas du tout ? Dans quel but ? Comment organiser ou désorganiser le groupe, si tel est votre objectif ?
Par Jean-François Tatard – Photos : depositphotos.com / DR
Plus qu’une règle de courtoise, c’est une question de science physique. On le sait : faire du vélo en groupe permet de réduire l’énergie nécessaire pour avancer et de rouler plus rapidement qu’en étant seul devant. Pourtant, si vous jouez la gagne, il va bien falloir trouver comment en profiter de la meilleure façon.
L’avantage de rouler en groupe c’est que vous calquez votre allure sur celle des autres. Quel cycliste même le plus novice, n’a-t-il jamais senti cette sensation d’aspiration au cœur du peloton ? Vous la visualisez cette situation où le premier du groupe exposé à un vent de face appuie comme un dératé alors qu’au plus à l’abri du peloton certains des participants peuvent même se permettre des passages en roue libre. En effet, parfois bien caché derrière les autres, votre économie d’énergie, peut s’élever jusqu’à plus de 30% en petit groupe, et jusqu’à 70 % au coeur d’un gros peloton homogène.
La bonne mesure pour prendre les bons relais
Quand on est en échappée et que le groupe évolue correctement, quand faut-il prendre son relais ? Pas simple à savoir à quel moment passer pour relayer. Mais c’est aussi une question d’instinct. C’est peut-être sur une portion particulière ? Ou alors lorsque vous vous sentirez plus fort ? Ou au bluff, peut-être tout simplement l’inverse ? Mais passer un relai n’importe comment, c’est la meilleure façon de désorganiser un groupe. Et donc de diminuer sa vitesse et de réduire son avance par rapport au peloton. Les courses les plus difficiles à gagner sont évidemment celles qui sont composées de concurrents ayant sensiblement votre niveau. Dans ce cas, il faudra encore plus calculer le moment opportun pour savoir quand passer votre relais. Cela se joue au placement dans le groupe, ou sur la durée de vos relais. Et oui, le vélo c’est aussi une partie de poker qui se joue…
Ce qu’il faut savoir, c’est que la majorité des tentatives d’échappées sont lancées lorsque la plupart des autres participants sont à la rupture. Et évidemment tous les acteurs de ce jeu sont concernés par cette baisse de régime. Il faut savoir en profiter. Alors, comment maintenir l’écart avec le groupe de poursuivants lorsqu’on est en échappée ? Et pour ça il ne faut pas seulement compter que sur votre force ou votre talent. Parmi les variables qui constituent le mieux votre chance de l’emporter, il y a donc bel et bien aussi votre capacité à bien passer vos relais.
Tous les cyclistes s’accordent à dire qu’il ne faut « passer de relais que ce qu’il faut, pas plus. Si vous passez trop, vous vous grillez pour la suite… ». Mais si vous n’en passez pas non plus, vous vous grillez aussi. Les autres participants se méfieront et arrêteront de collaborer. Voilà le dilemme. Alors une fois encore, il faut du feeling. Il faut sentir les choses et observer les comportements. Parfois, il peut aussi y avoir des discussions. Cela ne sert à rien de rouler systématiquement toujours à fond.
Les grosses erreurs à ne pas commettre
Bref, si une bonne organisation au niveau des relais est le clé d’une bonne échappée, le relais reste un des piliers techniques de la course cycliste. C’est aussi lui qui permet de mettre en place d’autres stratégies comme le fameux coup de bordure. Et parmi les erreurs les plus courantes dans un relais, il y a celle d’accélérer quand le premier de la file s’écarte. En effet ce n’est pas rare que le second accélère lors de son passage… Or, si chacun accélère à sa prise de relais, on a vite fait de rouler à 40, puis 45 km/h, puis 50, etc. et ce sont les derniers qui en feront les frais avec de possibles cassures et donc une désorganisation dans le groupe. Or, ce n’est pas l’objectif. L’idéal est peut-être de vérifier votre vitesse, sur votre compteur, quand vous êtes second, et de garder cette vitesse quand vous prenez votre relais. C’est le premier qui s’écarte qui va ralentir afin que vous puissiez passer. Quand le premier coureur s’écarte, il devra donc réduire sa vitesse de 1 ou 2 km/h, afin de se reposer et descendre la file. Il doit penser alors à remettre une dent ! Cela lui permettra de tourner les jambes pour récupérer tout en perdant un poil de vitesse. Vous vous sentez costaud mais vous ne voulez pas désorganiser le bon ordonnancement du groupe ? Prenez des relais plus longs, mais en gardant la même allure que vos compagnons.
Ensuite, comment se placer, et de quel côté descendre dans la file ? La seule chose à prendre en compte est la direction du vent. Si vous n’arrivez pas à la ressentir, fiez-vous aux indices comme la direction des feuilles dans les arbres. Quand, par exemple, le vent est de face, les coureurs seront en file indienne, les uns derrière les autre sur une file, le premier coureur s’écartera à droite ou à gauche une fois son relais terminé, mais il faut juste s’être entendu au préalable pour savoir de quel côté le coureur devra s’écarter. Fiez-vous aux plus expérimentés. En cas de vent de 3/4 gauche, les coureurs devront former une file en éventail ou chacun est légèrement abrité par son prédécesseur en se décalant donc légèrement à droite. Le coureur qui s’écarte devra le faire sur la gauche du relais. Et si le vent vient de droite, ce sera donc le contraire avec le premier coureur qui s’écartera à droite pour abriter les autres coureurs en redescendant dans la file une fois qu’il aura produit son effort.
Un bon relais est un relais fluide. Il ne doit pas y avoir d’à-coups ou d’accélérations, à moins que le but soit de faire lâcher les plus faibles. Mais méfiez-vous dans ce cas de l’interprétation qu’en feront vos adversaires et méfiez-vous aussi de vous montrer trop fort. Rappelez-vous que c’est du poker. Et si vous ne voulez pas participer au relais parce que vous êtes trop fatigué ou que vous voulez vous économiser, un conseil de 3bikes.fr : ne refusez surtout pas le relais et encore plus si c’est à votre tour de passer et que vous avez oublié de rester en queue. Dans cette position passez quand-même même de façon de très brève.
Pour conclure, ne vous endormez jamais trop longtemps au cœur du peloton. Pour sortir du lot, il va falloir aller devant et passer quelques relais… Apprenez juste à savoir les doser et votre tour pour gagner viendra !
=> VOIR AUSSI : Tous nos articles Coaching
Partager la publication "Les relais dans un groupe ou en échappée : comment apporter sa contribution à l’effort collectif, et comment ne pas trop en faire pour ne pas se griller"