Partager la publication "Test du Cipollini Dolomia"
Le Dolomia marque un tournant dans l’histoire de Cipollini, puisque le fabricant italien propose désormais un vélo polyvalent et relativement léger, accessible physiquement à la plupart des pratiquants, ce qui n’a pas toujours été le cas des modèles précédents depuis la création de l’entreprise en 2009. Ce Cipollini Dolomia n’en reste pas moins très haut de gamme, et il apporte beaucoup de plaisir sur la route.
Par Guillaume Judas – Photos : Vincent Lyky
Depuis 2009, Cipollini fabrique des cadres carbone de haute couture, très haut de gamme et à l’image de Mario Cipollini, l’ancien champion du monde instigateur de la marque de vélos à son nom. Des machines très efficaces mais doublement élitistes, d’abord en termes de tarifs, ensuite au niveau du comportement, avec un accent mis avant tout sur le rendement et l’efficacité, au détriment de l’accessibilité. Le Dolomia est l’occasion pour Cipollini d’offrir un nouveau visage, avec une silhouette plus discrète que les modèles auxquels la marque nous avait habitués, et un comportement plus nerveux, plus reptilien, plus adapté à une utilisation sur des parcours avec de forts pourcentages. Le Dolomia est aussi le premier cadre de la marque avec le très rapide AD.ONE à être proposé avec une intégration complète de la câblerie et uniquement avec des freins à disque.
Présenté en 2021, le Dolomia est le cadre le plus léger que Cipollini ait jamais fabriqué. Avec un poids annoncé de 780 g pour le cadre et 370 g pour la fourche, il se rapproche des modèles les plus légers du marché, tout en conservant son statut de véritable monocoque. Fabriqué en Italie à partir des performantes fibres de carbone T1000 (qui sont parmi les plus haut de gamme utilisées dans le marché du cycle aujourd’hui), l’ensemble du cadre est moulé en une seule pièce, sans aucune liaison « rapportée », comme cela peut être le cas lorsque le triangle arrière d’un cadre est relié au triangle avant dans un second temps par exemple. Cipollini utilise d’ailleurs le terme de TCM (ou True Carbon Monocoque, comme « vrai monocoque carbone ») pour bien marquer une différence qui se retrouve au niveau de la cohérence du comportement de ses vélos.
Une finition très haut de gamme
La finition est comme d’habitude chez Cipollini de très haut niveau, avec un aspect extérieur en fibres de 3K, au moins pour la partie visible du carbone. Toutes les solutions techniques adoptées inspirent la rigueur et la solidité, avec un serrage de tige de selle intégré avec une grosse vis qui présente peu de risque d’être abimée après plusieurs manipulations, une direction facile à régler et une hauteur du poste de pilotage aisée à ajuster avec des bagues rondes, et une intégration des durites et câbles électriques qui préserve la fluidité de fonctionnement de l’ensemble.
Le Dolomia n’est proposé qu’en cinq tailles, ce qui peut être un peu juste pour un vélo de cette catégorie, mais il faut conserver à l’esprit la complexité de sa fabrication et les contraintes imposées par cinq moules différents. La géométrie est plutôt sportive, avec à chaque fois un tube supérieur relativement court, une douille de direction assez basse également et des bases courtes. Ces caractéristiques sont dans la lignée des vélos Cipollini, avec un comportement qui fait la part belle à la maniabilité et à la précision, mais sans altérer la stabilité de l’ensemble à haute vitesse, au détriment peut-être d’une légèreté exagérée. Un vrai vélo italien en quelque sorte, qui démontre que nous ne sommes pas toujours à 200 g près ! Notons enfin que le Dolomia offre également un large dégagement pour les pneus (jusqu’à 29 mm), de manière à profiter d’encore plus de polyvalence.
Vélo nerveux, facile et accessible, le Dolomia n’est pas seulement destiné aux cyclosportifs adeptes des Gran Fondo dans les Dolomites, puisque c’est aussi le modèle utilisé par les coureurs de l’équipe Bardiani CSF Faizanè sur les difficiles étapes de montagne du Giro. Bref, ce châssis est de très haut vol, à tous points de vue, et l’équipement proposé ici est aussi très haut de gamme, pour porter le tarif de ce vélo d’essai à 13490 €. Très cher, oui, mais il faut noter que le kit cadre fabriqué en petites quantités en Italie dépasse déjà les 5000 €. Et qu’une version en Shimano Ultegra mécanique est proposée à partir de 6999 €. Il existe quatre couleurs au catalogue, mais il reste également possible d’opter pour un coloris personnalisé pour 500 € de plus en passant par l’outil online MyCipo.
Un groupe Campagnolo Super Record EPS luxueux et performant
Sur ce Dolomia, Cipollini a fait le choix d’un montage très haut de gamme et 100 % italien avec un groupe complet Campagnolo Super Record EPS en 12 vitesses et des roues Campagnolo Bora WTO 33 pour l’essentiel. On ne note aucune faute de goût pour le reste de l’équipement avec un guidon monocoque Deda Alanera, une selle San Marco Aspide Shorfit et des pneus Vittoria Corsa Graphene 2.0.
Sauf si l’on chasse quelques grammes supplémentaires, il est évidemment impossible de distinguer le groupe Super Record EPS des deux autres groupes les plus huppés du marché, à savoir le Sram Red eTap AXS et bien sûr le nouveau groupe Shimano Dura-Ace Di2 12 vitesses en termes de performances. À ce niveau-là, tout se tient, et la différence se joue principalement sur une question d’ergonomie, et éventuellement d’esthétisme. Reste que le Campagnolo est aujourd’hui légèrement débordé par ses concurrents car il conserve des fils électriques entre les poignées et les dérailleurs. Nous attendons impatiemment la réponse prochaine de Campagnolo à ce sujet. D’ici-là, Campagnolo conserve ses fans, pour qui il est totalement inconcevable de chevaucher un vélo italien avec autre chose qu’un groupe de la firme de Vicenza.
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Le montage est ici sublimé par le choix des Bora WTO 33, des roues à jantes relativement basses mais avec un profil qui demeure aérodynamique, et qui assurent rigidité et dynamisme au Dolomia, sans altérer sa maniabilité. Sur les parcours trop légèrement vallonnés de la région parisienne, mais sans cesse exposés au vent tout en nécessitant de fréquentes relances, elles apportent beaucoup de réactivité au vélo, tout en restant faciles à basse vitesse. Un vrai plaisir, d’autant plus que les pneumatiques Vittoria Corsa sont des valeurs sûres.
Nous avons pu apprécier également le confort de la selle San Marco, très agréable à la condition de la régler finement en recul et en inclinaison, car elle ne dispose d’aucune partie plate. Quant au cintre monobloc, d’apparence très carrée, il se révèle peu profond et favorise donc une transition aisée entre les diverses positions des mains. La partie supérieure n’est pas déplaisante à prendre en main dans les longues ascensions, mais peut se révéler un peu glissante si on ne porte pas de gants.
Comportement aérien
Sur la route, le Cipollini Dolomia ne déçoit pas. C’est loin d’être le vélo le plus rigide du marché, mais il y a d’autres modèles pour cela chez la marque italienne. Il se manifeste surtout par sa réactivité, son côté bondissant et facile qui encourage les relances nerveuses et rend les pentes un peu moins cassantes pour la musculature. Mais la machine a également le bon goût de ne pas se désunir lorsqu’on prend de la vitesse, et d’offrir toujours d’excellentes sensations de rendement quand il s’agit de rouler avec du braquet sur le plat. Il faut vraiment malmener le vélo ou sprinter rageusement avec le plus gros développement pour le sentir un peu flotter au niveau de la partie avant.
Une légère souplesse qui n’affaiblit en rien la stabilité du Dolomia, que ce soit dans les descentes rapides en prenant de la vitesse, les enchainements de virages et les trajectoires tendues, et encore moins au freinage, où l’association entre les qualités du châssis et l’excellence du système Campagnolo dans le domaine font merveille. La direction se montre franche et facile à appréhender quel que soit le revêtement de la route, et les disques ne viennent jamais frotter les plaquettes de frein.
Un mot enfin sur le confort, qui n’est certes pas au niveau de certains vélos Gravel avec des pneumatiques surdimensionnés, mais qui encourage déjà à pousser de quelques dizaines de kilomètres la durée habituelles des sorties. La position sur le vélo reste sportive, mais le toucher de route procuré par le Dolomia limite grandement la fatigue causée par les vibrations.
Le Cipollini Dolomia n’a peut-être pas pour vocation de vous emmener sur une Race Across France et ses 2500 km, mais il nous apparait comme la machine idéale pour les longues sorties en montagne, pour boucler une Marmotte ou une Etape du Tour dans les meilleures conditions. Et c’est déjà beaucoup. Évidemment, le tarif du vélo complet pique sévèrement, tout en étant proche des prix pratiqués par la concurrence en haut de gamme avec un tel équipement. Notons toutefois que le mode et le lieu de fabrication du Dolomia – comme tous les cadres Cipollini d’ailleurs – sa finition, la garantie de 10 ans et sa relative originalité du fait qu’il y a peu de vélos de la marque sur le marché peuvent faire pencher la balance. En tout cas, nous on a adoré rouler avec ce vélo.
Le CIPOLLINI DOLOMIA en bref… Note : ***** Les + : comportement vif et confortable, finition, stabilité CADRE : Cipollini Dolomia monocoque TCM – FOURCHE : Cipollini Dolomia Carbon – ROUES : Campagnolo Bora WTO 33 – PNEUMATIQUES : Vittoria Corsa TLR 25 – PÉDALIER : Campagnolo Super Record 12 v. 50-34 – CASSETTE : Campagnolo Super Record 12 v. 11-32 – DÉRAILLEURS : Campagnolo Super Record EPS 12v. – FREINS : Campagnolo Super Record hydraulic Disc 160 mm – LEVIERS : Campagnolo Super Record EPS 12v. Disc – Cockpit : Deda Alanera – TIGE DE SELLE : Cipollini Dolomia offset 10 mm (100 g) – SELLE : San Marco Shortfit Superleggera Wide – NOMBRE DE TAILLES : 5 – POIDS : 7,22 kg en taille M (sans pédales mais avec porte-bidons) – PRIX : 13490 € Contact : www.mcipollini.com |
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