Dans la roue de… Océane et Dany ou le secret d’un tandem qui roule

Une carrière cycliste est parsemée de moments de gloire et aussi de défaites, mais entre les compétitions, l’amour trouve toujours sa place. Dans un vélodrome, sur les routes d’entraînement, sur les courses, Océane Tessier et Dany Maffeïs n’ont pas fait que se rencontrer. Champion et championne, ils font l’actualité par leur succès mais aussi par leur histoire de cœur qu’ils ont écrite à deux… Nous avons donc pris la roue d’un des plus jolis tandems du vélo. Peut-être le couple le plus glamour du cyclisme francilien et ainsi partager trois heures de leur programme croisé sur leurs routes d’entraînement du Val d’Oise.

Par Jean-François Tatard – Photos : DR

Dany Maffeïs (à gauche) et Océane Tessier (au centre), partagent un peu plus que leur passion depuis 2017.

Le sport comme n’importe quel autre domaine est propice aux rencontres amoureuses. Ainsi, si d’autres couples mythiques du cyclisme ont fini par se former, Océane et Dany ne manquent pas les opportunités de rouler tous les deux, comme lors de grandes sorties ou des séances de récupération. « Tout le temps qu’on peut passer réunis, on le fait au maximum », affirme Dany.

C’est justement à l’occasion d’une course, en 2012, que la rencontre entre Océane Tessier, aujourd’hui cycliste professionnelle du Team St Michel Auber 93 et Dany Maffeïs, lui-même coureur Élite au sein de l’équipe du Paris Olympique Cycliste, s’est provoquée. Et même s’il a fallu attendre les bourgeons du printemps 2017 pour un premier bisou, aujourd’hui, entre des programmes respectifs d’athlètes de haut niveau, qui forcément diffèrent et malgré des conflits inévitables au quotidien dans leurs agendas, leur passion commune les ramène toujours à se retrouver. 

À une époque où on ne s’est jamais autant posé la question – de nos jours, sommes-nous faits pour passer toute notre vie ensemble ? – Océane et Dany nous envoient un doux message romantique et nous rappellent qu’il faut toujours croire au grand amour. Mais à quelques conditions…

La première condition c’est que la relation soit épanouissante pour les deux. Dans un couple, il faut savoir admettre que l’on peut se tromper de personne ou que ça ne fonctionne simplement plus. « Rester à tout prix en couple lorsque plus rien ne va, ne mène à rien, nous n’avons qu’une vie et passer à coté en étant malheureux serait vraiment dommage, nous explique Océane. Pour ce qui nous concerne, nous sommes en couple depuis plus de 5 ans, et dans ce laps de temps, autour de moi j’ai vu des couples se former et pratiquement la moitié se séparer » ( les statistiques seraient-elles donc vraies ? NDLR ).

Une chose est sûre, c’est que nous avons changé d’époque et nous acceptons certainement moins de choses que nos parents. Il y a aussi que le bonheur n’a jamais été autant au centre des vies de chacun qu’aujourd’hui. Et qu’on reste donc moins longtemps sans prendre des mesures correctives lorsqu’on est malheureux. Mais est-ce pour autant qu’on arrive à être heureux ?

Ne soyons pas pessimistes, une bonne moitié des couples reste ensemble et sont-ils si malheureux ? Je ne le crois pas. Alors quelle est donc la recette d’un couple qui dure ? Il y a un mythe, qui dit que chacun possède une âme sœur sur terre, est-ce vrai ? À chacun ses convictions mais le destin de Océane et Dany les a visiblement mis sur la même route.

Coureurs de haut niveau tous les deux, ce tandem amoureux roule ensemble le plus souvent possible.

Même si au même moment où Océane enseigne entre deux courses au collège Marcel Pagnol à Saint-Ouen-L’Aumône en tant que professeur de biotechnologies santé environnement à des élèves de 4e et 3e, et que Dany travaille dans un magasin de vélo sur la patte d’oie d’Herblay, le point commun est clair entre les deux partenaires. Cette passion pour le vélo qu’ils partagent ensemble alimente forcément la majorité de leurs sujets de discussion. C’est ce qui les anime mutuellement et qui à première vue les rapproche pour ne pas dire les fusionne. Mais ce que m’a enseigné cet entraînement avec ce joli couple c’est qu’il faut aussi se laisser de l’espace. 

Avoir des passions communes est très important, mais aussi savoir laisser l’autre vivre les siennes. Chacun a besoin de son propre espace, faire ses propres activités, passer du temps avec ses amis et avoir son petit jardin secret. Vouloir que son partenaire passe l’intégralité de son temps avec nous peut être très néfaste pour un couple. Il faut apprendre à exister en tant que personne pour pouvoir exister en temps que conjoint. Sortir chacun de son coté, avoir des amis en dehors du couple et passer un peu de temps sans l’autre.

Les deux tourtereaux se soutiennent l’un et l’autre. Le secret d’un amour qui dure ?

Il faut savoir faire des concessions. On ne vit plus seul et vivre en couple, c’est forcément faire des concessions, ce n’est pas négociable. La vie n’est pas faite pour tourner comme une roue autour de notre petite personne. Et certaines choses qui peuvent nous sembler ridicules ont peut être beaucoup d’importance pour notre partenaire. Et ainsi la plus belle preuve d’amour que m’a donné ce couple durant ces trois heures ce n’est pas leur passion commune. La plus plus belle preuve qu’ils m’ont donné c’est qu’ils sont très compréhensifs l’un envers l’autre. Et ça me rappelle qu’il faut apprendre à se mettre à la place de l’autre, grandir et travailler sur soi pour être durablement accomplis.

Et un autre point… si la jalousie peut tuer un couple. Il n’y a rien de pire que de sentir que notre conjoint ne nous fait pas confiance. Alors évidement, on est forcément tous un peu jaloux, c’est humain. Et certains plus que d’autres, mais ça ne doit pas empiéter sur notre relation. Dans ce tandem, jamais l’un n’opprime l’autre par jalousie et l’empêche de vivre sa vie comme il l’entend. Chacun s’intéresse à l’autre. Des petites attentions du quotidien, c’est peut-être ça leur secret. Lui préparer un repas revigorant après une course. Ou juste un thé bien chaud avant d’enfourcher la bicyclette pour aller travailler. Lui faire un petit massage la veille de compétition. L’aider à préparer sa valise avant un déplacement sur une course à étapes. Repasser un tee-shirt ou un survet du PCO, une petite attention pour des occasions spéciales c’est pas très compliqué mais ça entretient leur amour, c’est indéniable.

S’intéresser aux sujets importants pour l’autre ou encore juste être attentif à ses besoins, voilà la leçon que je retiens de cette discussion pendant cette partie de manivelles. Mais aussi « Se tirer vers le haut » ! C’est d’ailleurs à mon sens une constante dans l’alchimie de ce binôme romanesque. Ils se soutiennent, ils sont présents pour l’autre dans ses projets et ses envies. Ils s’encouragent au quotidien et chacun aide l’autre à se réaliser, cela contribue au bonheur de chacun des deux et ça resserre leurs liens.

Lors de ses exercices d’intensité, Océane Tessier ne se préoccupe pas du rythme de son compagnon.

Dans la même idée, ils se respectent même lorsqu’ils ne sont pas d’accord. Pendant cette sortie, Océane roule (très) vite ou très doucement. Elle suit son programme d’entraînement très précis à la lettre. Sur sa session d’intensité vent de face, caché derrière sa roue, mon compteur affiche plus de 40 km/h et mon coeur pourtant bien entraîné et abrité dans le sillage de la championne calédonienne est déjà à 85 % de son maximum. Mais lorsqu’elle récupère, elle récupère vraiment. Le compteur descend à 25 km/h et le coeur retombe rapidement à 110 pulsations par minute. « Pour rouler vite il faut savoir rouler doucement » me répète Océane. Dany lui soutient un rythme intermédiaire. Il peut enrouler le braquet à 32 ou 33 km/h pendant 3 h sans que son coeur ne dépasse les 120 pulsations. Elle ne s’en soucie pas. Elle peut perdre de la longueur, elle reste concentrée. Cette anecdote est pourtant symptomatique de la manière très différente dont chacun conçoit le vélo. « Ne jamais s’insulter ou se manquer de respect dans ses actions » voilà la règle de Dany. Il est très important de ne jamais laisser ce genre de comportements entrer dans le couple car la situation peut vite devenir très néfaste.

Pour finir, je dirais qu’aucun couple n’est parfait, et même lorsqu’une passion commune aussi émotionnellement prenante rend les choses de l’extérieur plus évidentes, ce n’est pas aussi simple. Alors on essaie tous de faire notre maximum au quotidien. Il est complètement normal de se disputer pour un cuissard sale qui traîne, ou parce que l’un fait plus souvent cuire les spaghettis que l’autre. La répartition des tâches ménagères même pour un couple de cyclistes est la même source de conflits que dans un autre couple. Mais ces deux là me rappellent que la majorité du temps c’est sans gravité. Et plus que la passion partagée, parler ensemble, prendre du temps pour l’autre et s’aimer simplement c’est peut être ça la clef d’un tandem qui roule…

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Jean-François Tatard

- 43 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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