Partager la publication "Les douleurs thoraciques : quand faut-il s’inquiéter ?"
Le récent accident cardiaque du champion d’Europe de cyclisme Sonny Colbrelli nous rappelle que le cœur d’un cycliste est souvent mis à rude épreuve. Et qu’il vaut mieux prévenir avant qu’il ne soit trop tard. Si la prudence est de mise, le sujet d’aujourd’hui répond aussi à de nombreux lecteurs qui nous ont récemment contactés pour essayer de comprendre la signification de certaines douleurs au niveau de la cage thoracique. Et certains s’interrogent également sur les douleurs dont a été victime le joueur de tennis Rafael Nadal en finale du tournoi d’Indian Wells dimanche 20 mars. Alors, s’agit-il de douleurs bénignes ou de symptômes plus inquiétants ?
Par Jean-François Tatard – Photos : depositphotos.com
La cage thoracique est une zone anatomique constituée par le rachis dorsal en arrière, les côtes, latéralement et le sternum en avant. Ensuite, des muscles rachidiens et des intercostaux vont assurer la stabilité et les mouvements de cette cage destinés aux mouvements ventilatoires, qui est fermée en bas par le muscle diaphragme qui l’isole de l’abdomen.
À l’intérieur se trouvent les poumons, et les bronches. Et la plèvre entoure aussi cette partie de l’appareil respiratoire. On y retrouve aussi le cœur qui lui-même est entouré du péricarde et de gros vaisseaux qui augurent des flux bilatéraux. Quant à la partie centrale, elle s’appelle le médiastin et elle comprend différentes structures vasculaires et nerveuses. L’œsophage transite également dans cette partie avant de traverser le hiatus diaphragmatique pour s’aboucher avec l’estomac.
Un système complexe
La complexité de cette partie anatomique ne facilite pas le diagnostic du médecin en cas de douleur, quelle qu’en soit la virulence. Car, elle peut très bien trouver son origine dans n’importe laquelle de ces structures. Néanmoins, si on exclue les maladies les plus rares en lien avec cette localisation thoracique, et qu’en parallèle on est sportif, on doit faire l’effort de distinguer les douleurs thoraciques grave des douleurs bénignes.
Deux exemples récents viennent de démontrer qu’il faut rester prudent avec l’interprétation de ce type de douleur. Ce lundi 21 mars, le champion d’Europe Sonny Colbrelli était victime d’un malaise cardiaque quelques minutes après l’arrivée de la première étape du Tour de Catalogne, alors qu’il venait de prendre la deuxième place au sprint derrière Michael Matthews. Heureusement, grâce à l’intervention rapide des secours, il a pu être ranimé sur place avant d’être conduit à l’hôpital où des examens étaient prévus pour déterminer la cause de cet accident. Pour rappel, on dénombre chaque année environ 50 000 décès de mort subite en France, dont 2000 sportifs, pendant et après l’effort.
La veille, le champion de tennis Rafael Nadal perdait la finale du tournoi d’Indian Wells face à Taylor Fritz, en expliquant avoir été gêné par des douleurs thoraciques assez violentes qui perturbaient même sa respiration. L’intervention de son ostéopathe sur le cours n’a pas manqué de provoquer l’incompréhension, et de déchainer les discours conspirationnistes sur les réseaux sociaux, avec ceux qui voulaient y voir une fois de plus une démonstration des effets secondaires graves du vaccin contre le Covid-19. On apprenait finalement le 22 mars que le champion espagnol souffrait d’une côte fissurée.
Désolé d'insister sur cette histoire de côte fissurée de Nadal, mais c'est tellement révélateur de la manière dont Facebook et Twitter propagent la désinformation sur les vaccins.
Les publications mensongères sont propulsées par les deux plateformes, qui les mettent en avant. pic.twitter.com/20RTzjH0th
— Raphael Grably (@GrablyR) March 23, 2022
Les douleurs thoraciques graves
Les douleurs importantes situées au niveau du thorax peuvent très bien être en relation avec de nombreuses maladies aiguës au niveau digestif, cardiovasculaire, respiratoire, osseux ou articulaire. Sur le plan cardiovasculaire, il peut s’agir d’une obstruction plus ou moins complète et réversible d’une artère du cœur ou coronaire, un trouble du rythme cardiaque, une rupture d’anévrisme ou encore une atteinte du péricarde. Toutes les douleurs qui interviennent au niveau thoracique et qui surviennent à l’effort, et qui irradient dans le membre supérieur gauche, mais aussi la mâchoire ou l’abdomen sont très très suspectes. Et il est difficile de ne pas faire le lien avec une origine cardiovasculaire. Un examen clinique s’impose, et c’est la seule vraie piste qui permettra de faire un tri entre les différentes causes pouvant expliquer ces douleurs. Quitte à prévoir des examens complémentaires s’ils sont nécessaires. Il ne faut pas jouer avec le feu : ces douleurs graves impliquent évidemment l’arrêt de l’effort et de se rendre aux urgences ! Un électrocardiogramme est dans ce cas immédiatement prescrit, ainsi qu’une prise de sang pour mesurer les marqueurs cardiaques. Selon les résultats de ces premiers examens, une échographie cardiaque peut être prescrite, ainsi qu’un test d’effort voire une coronarographie s’il subsiste un doute.
Les douleurs thoraciques bénignes
La cage thoracique est aussi composée de plusieurs structures différentes. Les douleurs bénignes peuvent très bien correspondre à des douleurs musculaires dorsales ou intercostales, à des douleurs articulaires rachidiennes, claviculaires, du bassin ou autres. Elles peuvent provenir de l’estomac ou des intestins, suite à des reflux gastriques par exemple. Ou encore à des douleurs thoraciques après une chute de vélo, mais aussi à une fracture des côtes ou à un traumatisme cartilagineux. On peut très bien faire le lien aussi avec une mauvaise position sur le vélo. Un changement de longueur de potence ou de recul de selle. Lorsqu’on alterne aussi entre les vélos (route, VTT, contre la montre, etc). Enfin, on pourra aussi faire un lien avec le fameux point de côté, plus connu des coureurs à pied et qui est toujours difficile à expliquer malgré nos recherches.
La douleur intercostale
La description d’une douleur intercostale est difficile. La cage thoracique est constituée par les 12 vertèbres thoraciques à l’arrière, les 12 paires de côtes sur les côtés et le sternum à l’avant. Il est important de rappeler aussi que la principale fonction de la cage thoracique est de protéger les différents organes vitaux comme le cœur, les poumons, l’œsophage, la trachée ainsi qu’une partie des viscères abdominaux. Enfin, n’oublions pas le nerf intercostal qui chemine dans chaque espace intercostal, c’est-à-dire entre deux côtes d’un même côté. Nous en possédons 22 au total, soit 11 de chaque côté. Et leur principale fonction est de véhiculer l’information sensitive et motrice de zones bien précises de la paroi thoracique et abdominale. Ce qu’on appelle la douleur ou névralgie intercostale est donc le résultat d’une irritation d’un de ces nerfs intercostaux.
Les principales causes d’une douleur intercostale sont :
- Un blocage vertébral ou costal
- Une arthrose de la colonne vertébrale
- La grossesse
- Un traumatisme local passé
- Une hernie discale dorsale
Les causes de douleur intercostale nécessitant une consultation médicale sont :
- Une condition cardio-pulmonaire
- Une fracture vertébrale
- Une fracture costale
- Une douleur référée d’un organe interne
- Un problème de foie
- Un dysfonctionnement de l’estomac
- Un souci de vésicule biliaire
- etc.
Les principaux symptômes d’une douleur intercostale peuvent être :
- Une douleur dorsale qui suit le trajet d’un nerf intercostal
- Un mouvement pénible à exécuter
- Une respiration éprouvante
- Une toux douloureuse
Pour conclure
Majoritairement les douleurs thoraciques ne sont pas graves heureusement, mais le seul vrai conseil que nous pouvons vous donner chez 3bikes.fr en cas de douleurs inexplicables, vives ou persistantes, c’est de consulter votre médecin traitant qui saura parfaitement vous prendre en charge. La prudence est de mise. Et avant d’envisager un traitement, il faut comprendre la cause sous-jacente.
Enfin, parallèlement à une éventuelle médication conventionnelle, il peut être envisager des approches complémentaires telles que le renforcement musculaire, mais aussi la kinésithérapie, la sophrologie ou encore l’acupuncture de façon à prévenir et à améliorer le confort de vie.
=> VOIR AUSSI : Tous nos articles Infirmerie
Partager la publication "Les douleurs thoraciques : quand faut-il s’inquiéter ?"