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Malgré plusieurs changements de propriétaires ces dernières années, Time reste toujours une marque de référence. Le Scylon n’est pas nouveau, mais il demeure l’une des valeurs sûres du marché, grâce à un comportement et à une finition irréprochables.
Par Guillaume Judas – Photos : Vincent Lyky
Time Sport est depuis un an la propriété de Cardinal Cycling Group, un groupe d’investissement et de gestion franco-américain engagé dans l’industrie du cycle. Après de multiples rebondissements, la marque française a été cédée par le groupe Rossignol, qui ne cachait pourtant pas ses ambitions au moment de l’acquisition de Time, en 2016. Au final, l’activité pédales a été vendue à Sram, et l’usine de Vaulx-Milieu dans l’Isère a été définitivement fermée. Les cadres Time sont désormais entièrement fabriqués en Slovaquie dans une usine de la marque, mais toujours avec le procédé de fabrication RTM (Resin Transfer Moulding), unique sur le marché du cycle. Les tubes sont tressés à partir de fils de carbone, puis sont positionnés sur un noyau amovible, avant que de la résine époxy soit injectée sous pression. Certaines pièces complexes, comme les pattes de fourches ou la potence, sont réalisées par un système de compression (CMT – Carbon Matrix Technology).
Même s’ils ont perdu leur label Made In France, les cadres Time conservent donc leur originalité, et un comportement plus que séduisant sur la route. Évidemment, on fait aujourd’hui plus léger, et surtout mieux intégré, mais difficilement plus équilibré. Avec son procédé de fabrication et son charme légèrement suranné, le Scylon reste séduisant, surtout pour tous ceux qui restent insensibles aux sirènes du marketing. Son style le rend intemporel ou presque, et la finition est de très haut niveau. Pour beaucoup, acheter un Time c’est un investissement sur du long terme.
Disponible aussi bien pour freinage à disque que pour freinage sur jantes – c’est important de le souligner – le cadre Scylon est le modèle le plus haut de gamme de la marque, et il est proposé en deux versions : le Scylon à 3999 € et le Scylon Aktiv avec sa fourche à batteurs dynamiques pour diminuer les vibrations à 4399 €. Au sein de la gamme, on trouve aussi le modèle Alpe d’Huez à partir de 2499 €, le et l’Alpe d’Huez 01 à partir de 3699 €, des cadres aux caractéristiques plutôt portées sur la légèreté, et le confort.
Le Scylon est donc le vélo de pure compétition de la marque, avec des tubes de forme aérodynamique, et une fabrication principalement à partir de fibres de carbone de haut module, qui assurent rigidité et légèreté. Des fibres de vectran sont également intégrées de manière à absorber les vibrations. Le Scylon se présente donc comme un vélo rigide, mais également confortable pour rester performant même sur de longues distances.
Un montage haut de gamme
Pour ce test, AlternativSport, la société qui distribue désormais Time en France entre autres, nous a fait parvenir un vélo avec un montage très haut de gamme : un groupe Rotor 1×13, des jantes Enve SES 3.4 (38 mm à l’avant, 42 mm à l’arrière, pour un poids de 390 g environ) montées sur des moyeux Rotor Rvolver, des pneus Pirelli P7, une selle Repente Prime (160 g), un cintre Time Ergodrive (230 g) et une potence Time Monolink (130 g), un ruban de cintre et des porte-bidons Supacaz carbone (26 g l’unité), un support de compteur Close The Gap avec sonnette intégrée, et des blocages de roues Suntour QLoc Thru Axle (pas super pratiques à l’usage). Le tout pour un poids de 7,4 kg sans pédales en taille M.
Si le kit cadre dans cette version pour freins à disque conserve une cheminement des durites de freins et du dérailleur (puisque le groupe Rotor adopte une transmission hydraulique) sur l’avant de la douille de direction, il bénéficie bien de formes profilées pour le tube de selle, les haubans, les bases et les fourreaux de fourche, et d’un profil Kamm Tail pour les tubes diagonal et supérieur. La douille de direction reste relativement massive, tout comme sa jonction avec les deux tubes principaux. Au niveau du triangle arrière, on note le faible espace entre la roue et le cadre, une option choisie pour favoriser l’aérodynamisme. La finition est de très haut niveau, avec un vernis satiné facile à nettoyer et de superbes logos holographiques.
Un vélo toujours dans le coup
La conception du Time Scylon date certes un peu, mais force est de reconnaître que son comportement n’a pas grand chose à envier aux productions plus modernes. Le cadre se distingue par une rigidité omniprésente, mais pas cassante. Le vélo fait partie des modèles dits « exigeants », dans le sens où il faut être en bonne condition physique pour en tirer le plein rendement, mais si c’est le cas, quel régal ! Sur les routes vallonnées et ventées de la vallée de Chevreuse, le Scylon se montre à son aise quelle que soit la déclivité du terrain.
Sur le plat, il fait preuve de beaucoup de stabilité en roulant vite avec un gros développement. Sur des relances en force, il ne se désunit jamais, et les roues Enve lui offrent même un soupçon de nervosité en plus pour reprendre au plus vite la vitesse de croisière après une courbe serrée par exemple. Bien calé en position aérodynamique et en dépassant les 40 km/h, on peine à sentir la différence avec les tout derniers vélos de ce type. La douille de direction est toutefois un peu haute, et oblige les plus sportifs à bien plier les coudes pour retrouver une position agressive.
Dans les bosses, il permet de grimper efficacement en injection et avec du braquet, ou même en force avec une faible cadence de pédalage, tant que les jambes le permettent. En revanche, lorsque la fatigue s’installe, il ne faut pas compter sur un léger effet de rebond du cadre pour effacer une coordination gestuelle altérée. Lorsqu’on se sent en bout de course, mieux vaut adopter un petit développement, et grimper au train plutôt que de tenter de se battre avec le vélo.
En descente, la tenue de route du Scylon est irréprochable, d’autant plus qu’il absorbe très correctement les irrégularités du bitume. Les vibrations ressenties ne sont pas excessives et le contact avec la route est plutôt soyeux. En ville, entre les ronds points, les ralentisseurs et autre aménagements routiers qui imposent de fréquentes relances, le vélo se montre précis et nerveux, mais à la condition de conserver une attitude dynamique.
Vous l’avez compris, le Time Scylon est un vélo parfaitement réussi et qui n’usurpe pas sa réputation de vélo de compétition. D’ailleurs, c’est une machine qui était encore utilisée chez les pros sur route en 2018 (avec St-Michel-Auber 93) ou même en triathlon sur les épreuves de distance olympique. Il est à l’aise sur de nombreux terrains, mais il faut être correctement entrainé pour apprécier tout son potentiel. Dans cette version avec freins à disque, il ne souffre pas d’un embonpoint éliminatoire grâce à ce montage haut de gamme et à des roues très performantes. Reste un tarif relativement élevé, pour un produit qui n’est plus fabriqué en France et pas vraiment nouveau, mais qui est à relativiser par le fait qu’un propriétaire de Time le demeure généralement pour longtemps.
Le Time Scylon en bref… Note : ***** Les + : rigidité, confort, finition, Cadre : carbone RTM, fibres haut module et vectran – Fourche : carbone RTM avec inserts CMT – Potence : Time Monolink – Cintre : Time Ergodrive – Tige de selle : Time aéro – Tailles : XXS-XS-S-M-L-XL – Poids : 950 g le cadre seul – Prix : 3999 € (existe en version avec fourche Aktiv et/ou tige de selle intégrée Translink) – Prix du vélo complet : 9500 € environ Contact : alternativsport.com |
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