Partager la publication "Le classement en compétition ou le piège de la frustration"
Lorsqu’on fait du sport en compétition et plus encore du cyclisme, notre position par rapport à l’adversité et donc notre place dans le classement de la course est LA préoccupation majeure. Cette motivation se traduit par une envie soudaine de se sentir meilleur que l’autre. Mais n’y-a-t-il pas un risque de s’y perdre et de nourrir des frustrations ? Et si finalement pour atteindre la plénitude on parvenait à ne plus se soucier du résultat des autres ? Et d’ailleurs qu’est-ce que la performance ? Faut-il être performant pour être heureux ou bien faut-il être heureux pour être performant ? La théorie de Maslow nous apporte ici une piste de réflexion intéressante. Je m’y tente !
Par Jean-François Tatard – Photos : @depositphotos.com / DR
Dans le sport, et dans le monde de l’entreprise aussi d’ailleurs, la performance s’exprime souvent sous forme d’un classement et donc d’une comparaison par rapport aux autres. Ce n’est pas rare que pour mesurer le niveau de la performance, on vous demande quelle est votre place dans le classement. On s’intéresse rarement à la progression, et on ne vérifie pas le degré d’amélioration de l’individu. Pourtant la performance est multifactorielle. Elle n’est jamais acquise finalement. Et elle dépend de tellement d’autres facteurs… La comparaison à l’autre n’est pas suffisante. Et je dirais même qu’elle est en quelque sorte dangereuse.
La psycho-sociologie du sport
Ce n’est pas nouveau et je ne vous apprends rien, la psycho-sociologie du sport nous dit bien que l’essence de la performance réside dans le mental. On peut donc en déduire que la clé de la performance passe inévitablement par un épanouissement psychologique. Et ainsi cette approche psychologique prend un tout autre virage au regard de l’analyse des recherches de Maslow, en matière de réalisation de soi et d’épanouissement personnel.
Comment accéder à la réalisation de soi dans le sport ?
S’il y a bien une question à la mode ces dernières années – et pas que dans le sport – c’est bien de savoir comment accéder au bonheur. Mais aussi, comment accéder à la réalisation de soi, ou comment s’accomplir. Nous sommes inondés de théories à propos de ces sujets sur les réseaux sociaux. Mais finalement, cette vieille théorie de Maslow nous offre des réponses très simples, très claires et très pragmatiques sur lesquelles on peut très facilement s’appuyer, nous cyclistes, ou plus généralement sportifs.
Qui est Maslow ?
Abraham Maslow (1908 – 1970) est un célèbre psychologue américain considéré comme le père de l’approche humaniste. Il est surtout connu pour son explication de la motivation par la hiérarchie des besoins, qui est souvent représentée par une pyramide. Maslow est né en 1908 à Brooklyn (New York) et il est un fils d’immigrants russes d’origine juive. Il reste une référence pour bon nombre de psychologues dans le monde entier. Sa théorie pyramidale est systématiquement à tous les programmes des écoles de commerce.
Abraham Maslow a ainsi élaboré une théorie selon laquelle un aspect essentiel de l’être humain est de développer son potentiel personnel. Chaque individu aspire à satisfaire divers types de besoins, des plus primaires (faim, soif…) au plus existentiel (accomplissement de soi). Et le postulat majeur de cette conception est que les besoins supérieurs ne peuvent apparaître que si les besoins inférieurs sont déjà satisfaits. Comme je vous le disais, c’est l’un des modèles de motivation les plus enseignés, notamment en management. Ce modèle possède l’avantage d’être immédiatement compréhensible et frappant.
Comment fonctionne la pyramide ?
La hiérarchie des besoins dans la pyramide signifie que l’homme n’atteint le plein développement de son psychisme que s’il est satisfait sur tous les plans : physiologique, sécurité, appartenance, reconnaissance et accomplissement de soi. Cette hiérarchie est généralement représentée sous la forme d’une pyramide qui, de la base au sommet, distingue cinq niveaux de besoins :
- Besoins physiologiques : manger, boire, respirer, dormir, se vêtir, activité sexuelle
- Besoins de sécurité et de protection : bonne santé, logement, stabilité d’emploi, entourage, argent.
- Besoins d’appartenance : besoin d’amour, affection, vie sociale, amis, appartenir à un groupe, un club, une communauté, partager, communiquer.
- Besoins d’estime : estime de soi, estime des autres, respect des autres, être reconnu, exprimer ses compétences, avoir de l’indépendance.
- Besoins d’auto-accomplissement : s’épanouir, méditer, approfondir sa culture, être consulté et écouté, autonomie, vivre sa passion, développement personnel.
Besoin ou désir ?
Vous êtes-vous déjà posé la question de la différence entre le besoin et le désir ? Le besoin est exprimé par le cerveau. Mais c’est inconscient. C’est en réalité une émotion qui en signale la présence. Et cette même émotion vous donnera la satisfaction ou l’inverse : la non satisfaction. Alors que le désir peut s’exprimer et se définir. C’est en ce sens qu’il est conscient. Mais pourtant son origine est bien, elle aussi, inconsciente. Les désirs se distinguent aussi des besoins dans le sens où ils peuvent être satisfaits dans un monde imaginaire. L’accomplissement des désirs ne permet pas forcément d’accéder à l’épanouissement. C’est pourquoi il est fondamental de faire la différence entre ses propres désirs et ses propres besoins. Par exemple, il appartient aux adultes de veiller à la satisfaction des besoins de l’enfant et non des désirs qui parfois les masquent et les déforment. En somme cette pyramide, peut très possiblement être pour nous tous, un mode d’emploi de la réalisation de soi, d’un point de vue méthodologique. Elle peut nous apporter un socle théorique de qualité et nous aider à mieux cerner les différents aspects qui régissent ce qui nous rendra finalement le plus heureux. Elle m’a personnellement fait prendre conscience que l’état dit « du bonheur » est le fruit d’une concordance de différents éléments sociaux, personnels, psychologiques et que nous pouvons toujours agir sur ces éléments pour y accéder.
Pour conclure
L’idée derrière cet article est la prise de conscience que le bonheur n’est pas un hasard mais une conséquence. La conséquence de nos choix et de nos décisions qui nous amènent progressivement à gravir l’une après l’autre les marches de cette fameuse pyramide de Maslow. Cette progression très subjective et très individuelle qui vous amène chaque jour à faire un peu mieux que ce que vous faisiez la veille, pour ne vous comparer qu’à ce que vous étiez hier pour vous conduire, dans une démarche perpétuelle de progression, à toujours plus d’épanouissement. Pour arrêter de vous situer par rapport aux autres. Pour oublier un peu plus souvent les classements qui vous situent à un rang et vous imposent la comparaison.
Le bonheur est le fruit d’un cheminement progressif et bien plus réfléchi que ça. C’est beaucoup moins bestial et beaucoup plus subtil. Car vouloir atteindre cet état de grâce en comptant uniquement sur les résultats et votre place dans un classement, sans vous soucier de vos propres besoins et sans considérer votre « propre être » dans sa globalité, est – je vous l’annonce – voué à l’échec ! Être performant, c’est avant tout être bien dans sa tête. Et puis, n’oubliez pas, vous qui lisez aussi souvent nos articles sur 3bikes.fr, j’imagine que vous courez, nagez et pédalez. Et pourtant faire du sport comme vous le faites déjà actuellement, c’est déjà un plus indéniable dans votre quête du bonheur. C’est aussi une question de philosophie : « le bonheur n’est pas d’avoir tout ce que l’on désire mais bien d’apprécier que l’on a ».
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