Le dilemme de la vaccination contre la Covid-19 chez les cyclistes

Alors que le ministère des sports et de la santé est en train de plancher actuellement sur un plan de vaccination contre la Covid-19 pour les athlètes olympiques en partance pour Tokyo, on peut aussi se poser la question pour les autres sportifs et notamment les cyclistes professionnels et les amateurs qui ont la possibilité de courir en compétition. Quels sont les impacts sur la performance de la vaccination ? Quels risques ? Quels bénéfices ? Comment déterminer un calendrier cohérent ? Comment faire coïncider les deux injections avec le programme de courses ? Et d’ailleurs pourquoi privilégier dans la file d’attente les athlètes par rapport au reste de la population qui devront attendre son tour ? Est-ce bien acceptable ?

Par Jean-François Tatard – Photos : AFP/emmer.com.ar/UAE

Comme toutes les réponses depuis le début de l’épidémie, aucune n’est certaine. Memes les plus experts se sont souvent trompés depuis 18 mois. Néanmoins, compte tenu de la programmation des objectifs des athlètes dans une saison encore aléatoire en ce qui concerne le maintien des épreuves, si l’athlète volontaire ou obligé doit être vacciné, en termes de performance, l’idéal serait probablement d’administrer un vaccin à dose unique. Le cas échéant, cela signifierait qu’il faudrait considérer un délai de 30 jours entre les deux injections si le vaccin choisi est celui de Pfizer ou celui de Moderna. Et donc prendre le risque de doubler la durée des effets secondaires s’il y en a.

La question de la priorité

Pour se faire vacciner, les sportifs de haut niveau devront de toute façon choisir la bonne file. Dans toutes ces campagnes de vaccination qui montent en puissance un peu partout dans le monde comme on peut le voir dans les médias, faut-il accorder une priorité aux sportifs pros ? Le sujet est suffisamment délicat pour s’interroger sur le côté essentiel de ce métier ou de ce statut. Vous avouerez que le sujet est compliqué. Difficile d’admettre qu’un métier comme celui de cycliste est absolument nécessaire au bien-être de l’humanité. Mais je vous laisse la liberté de motiver votre propre opinion sur ce débat…

L’équipe UAE Team Emirates a déjà fait vacciner ses coureurs.

Dans l’équipe UAE et dans l’équipe Israël Start Up Nation, on ne s’est sont pas posé la question longtemps. À peine les vaccins étaient-ils disponibles que les coureurs de ces deux formations avaient déjà été servis avant tout le monde. La saison n’avait pas encore démarré que Pogacar et ses coéquipiers étaient déjà immunisés par l’antidote tant convoité (par le vaccin chinois à l’efficacité contestée néanmoins). Peut-être aussi que les Emirats et l’état israélien avaient déjà été les plus réactifs globalement pour vacciner rapidement leur population. 

Vient donc aussi la question de la motivation. Si l’état l’oblige et met les moyens pour vacciner massivement, il n’y a plus de débat. Mais que fait-on alors pour les athlètes dont les pays mettent plus de temps ?

Les athlètes doivent-ils être prioritaires pour la vaccination ?

Le temps presse

En France, rien n’est encore très clair. Le ministère des sports et le ministère de la santé n’ont pas encore acté pour la priorisation à vacciner les champions. Mais il semble pourtant que ce sont les athlètes eux-mêmes qui sont demandeurs, car il semblerait que dans certains pays, pour concourir en compétition, le vaccin devra être prochainement obligatoire. Notamment aux JO. Sauf que le temps presse et qu’il faut aussi tenir compte qu’il y a possiblement le risque que le vaccin perturbe les préparations et les entraînements des athlètes.

La situation est complexe. Où mettre la priorité ? Qu’est-ce qu’il y a de mieux à faire ? Faut-il laisser le choix au sportif ? Est-ce qu’un test PCR négatif pourrait suffire ? Et mettez-vous à la place du coureur qui attrape la Covid la semaine avant le Tour ? Ou quinze jours avant les JO ? Difficile de peser le pour et le contre. Difficile de faire les bons choix. Nous n’avons pas de recul clair non plus sur les effets secondaires de la vaccination. Chaque cas est différent. Et il semble que ce soit un peu la loterie à ce niveau-là aussi. Il y a des prises de position qui posent forcément conflit. Et quand on interroge les cyclistes qui ont eu la chance de courir depuis le début de saison, finalement on se rend compte que très rares sont ceux qui ont déjà reçu leur première injection. Et quand la liste définitive des sélectionnés olympiques sortira, probablement en juin, il sera trop tard pour vacciner. Alors que fait-on ?

Entre les Tours d’Italie, de France et d’Espagne, les JO, les championnats du monde, les classiques d’automne, et les stages et les préparations qui s’y associent : le temps presse. Pour ne pas perturber les performances et les différentes préparations, cette campagne de vaccination pour les champions est donc, vous l’imaginez bien, un énorme stress. Un stress dont les premiers à avoir été vaccinés se sont déjà bien vite débarrassés. Alors, si finalement la solution, pour les champions en attente de vaccination, était de continuer à vivre à huis clos le temps que se termine la saison ? De prendre toutes les précautions pour ne pas être contaminés tant qu’ils sont en période de compétition ? De continuer à vivre avec les tests PCR et d’attendre la période de trêve sportive pour faire comme tout le monde et au moment où on en sera au passage dans leur tranche d’âge pour prendre leur rendez-vous sur https://vitemadose.covidtracker.fr ?

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Jean-François Tatard

- 43 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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Un commentaire sur “Le dilemme de la vaccination contre la Covid-19 chez les cyclistes

  1. Il y a la possible voire probable réaction. Sur Pfizer il semble que la 1ère dose soit très bien tolérée, avec de la fatigue seule pour des durées de 1 à plusieurs jours. Il faut donc éviter de placer une vaccination juste avant un gros objectif. C’est aussi un effort collectif à réaliser, puisque le nombre de vaccinés permet l’immunité de groupe et une reprise rapide et générale de notre sport préféré.

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