Partager la publication "La fracture du fémur"
Cycliste du dimanche, ou athlète de haut niveau, les blessures n’épargnent aucun sportif. Elles nous rendent tristes et ronchons et méritent bien une fiche explicative en QQOQCP pour chacune. L’idée est ainsi de poursuivre notre succession de petits dossiers que nous avions commencé à mettre en place l’année dernière, afin de mieux les comprendre, d’adopter les bons comportements pour les éviter et la conduite à tenir pour mieux se rétablir.
Après le genou, la clavicule, les douleurs de selle, les douleurs de rachis, l’endofibrose de l’artère iliaque, la tendinite du tendon d’Achille, le syndrome des loges, le syndrome du canal carpien, le traumatisme crânien, les troubles digestifs et la périostite, la fasciite plantaire, je vous propose aujourd’hui une fiche explicative – toujours avec la démarche du QQOQCP (Quoi, Qui, Où, Quand, Comment, Combien, Pourquoi) – cette fois-ci pour la fracture du fémur.
Par Jean-François Tatard – Photos : Nicolas Götz / Flickr.com, Israël Start Up Nation, Wikimedia Commons, JF Tatard.
Quand on pense à une chute en vélo, on pense souvent à un accident avec une voiture ou alors à une chute en peloton ou encore à un virage manqué dans une descente sinueuse. Le risque d’exposition est effectivement le plus important dans ces conditions. Mais parfois, une chute à l’arrêt dans son garage en voulant essayer ses nouvelles cales a plus de conséquences graves que dans une situation plus accidentogène. C’est précisément ce qui est arrivé à Alexandre. À ce moment précis où Alexandre fait ses réglages avec ses nouvelles cales, le risque est semble-t-il inexistant. Alexandre manque pourtant de vigilance et se fait surprendre. Il perd l’équilibre, les pieds restent bloqués sur les pédales et le choc au sol est tel que son fémur se fracture en deux. L’esprit n’a pas eu le temps d’anticiper et d’envoyer l’information au corps de se contracter pour se protéger. L’os a cédé sans résister…
QUOI ?
Déjà, qu’est-ce que le fémur ? Le fémur c’est l’os unique de la cuisse. Il est le plus long, le plus gros et le plus fort de tous les os. Il représente environ un quart de la hauteur du corps et peut supporter des pressions très élevées (jusqu’à 280 kg/cm2 lors d’un saut). Il est situé entre l’os du bassin et le genou.
Qui ?
On dit souvent que le col du fémur est une fracture de personnes âgées, pourtant les cyclistes sont également une population à risque. Toutes les chutes ne finissent malheureusement pas en glissade. Certaines occasionnent un impact violent au sol ou contre des objets (arbres, voitures, barrières, balustrades, etc). Ce sont dans ces circonstances que la casse est la plus importante. Récemment, c’est le Colombien Miguel Florez qui a été victime d’une fracture du col fémoral gauche lors d’une chute lors durant la 3ème étape du Tour des Alpes-Maritimes et du Var. En 2019 c’est Christopher Froome qui s’est cassé le fémur à l’entraînement alors qu’il reconnaissait le parcours du contre-la-montre du Critérium du Dauphiné Libéré.
Où ?
La fracture du fémur chez le cycliste survient quasi exclusivement lors d’une chute. Et c’est souvent la tête du fémur qui trinque davantage. Pour une raison simple, c’est qu’elle est plus fragile que le reste du squelette en temps normal et devient donc plus vulnérable encore.
Quand ?
La fracture du fémur survient généralement lors d’un traumatisme violent. Voire très violent, le fémur étant un os très dense et très résistant.
Comment ?
Les signes cliniques sont une douleur très exacerbée. Il n’est plus possible de marcher. Dans tous les cas, on constate l’impossibilité du patient de mobiliser son membre inférieur. On observe aussi parfois une déformation, la cuisse est souvent raccourcie et elle-même augmentée de volume. Le diagnostic de confirmation se fera grâce à une radiographie.
Quant au traitement, il est quasi toujours chirurgical. Par contre en fonction de la complexité, la méthode thérapeutique sera différente. S’il s’agit d’une conséquence à une chute et non d’usure prématurée l’ostéosynthèse est souvent de rigueur. Celle-ci consiste en une réparation de la fracture par la pose d’une vis-plaque ou de plusieurs vis pour stabiliser la fracture, qui se consolidera ensuite toute seule en deux mois environ.
Combien ?
Chaque cas est différent, mais il faudra compter en moyenne au minimum deux mois pour reconsolider l’os. Et probablement trois à six mois avant de reprendre le vélo à l’endroit où vous l’aviez laissé avant la chute. Quant à la durée d’hospitalisation, il faut compter trois à dix jours. On constate également que la phase de rééducation est amorcée de plus en plus tôt aujourd’hui. En effet, la reprise d’appui est le plus souvent immédiate, sous couvert de béquilles néanmoins. Le travail d’appui sera tout de même repris de manière progressive, avec un appui complet autorisé aux alentours de six semaines. Ce qui n’empêche pas de compléter avec du renforcement musculaire et un entretien des amplitudes articulaires.
POURQUOI ?
Les fractures du fémur ne sont donc pas si rares chez les cyclistes. Cependant il faut dissocier les fractures de la diaphyse fémorale (longue partie de l’os) de celles du col du fémur. Les fractures de la diaphyse surviennent en général dans un contexte traumatique de chute. Alors que les fractures du col surviennent préférentiellement dans un contexte d’ostéoporose qui rend les os plus fragiles. L’extrémité supérieure du fémur, qui comprend le col et la tête, est très exposée à l’ostéoporose ce qui la place en haut du palmarès des fractures chez les « anciens ».
EN CONCLUSION
La fracture du fémur est une blessure grave et souvent difficile à éviter. Quand elle intervient suite à une chute violente, c’est qu’on ne pouvait pas faire autrement. Néanmoins, la chirurgie répond bien dans la majorité des cas à ce type de fractures, à l’aide d’une ostéosynthèse (vis et plaques) quand il s’agit d’une fracture de la diaphyse. Et quoi qu’il arrive le pronostic n’est jamais 100 % tout sombre et dans la plupart des cas le malheureux cycliste retrouvera toute sa mobilité, mais surement pas dans l’immédiat… Même si une excellente forme physique de départ comme dans le cas d’Alexandre est un atout majeur dans la perspective de récupération de ses moyens physiques.
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Mai 2005 : fracture fémur droit, mai 2015 : fémur gauche. Par deux fois, la guérison après opération a été rapide.
Mai 2005 : fracture fémur droit, mai 2015 : fémur gauche. Par deux fois, la guérison après opération a été rapide.