Partager la publication "Test du ORIGINE Axxome RS Evo"
Fin décembre 2020, Origine présentait une troisième évolution de son cadre iconique Axxome. Après le II, présenté sur 3bikes en janvier 2019 en version GTR, voici le Evo, disponible en freinage à disque ou à patins, pour lequel la marque française a développé une innovante technique de moulage des fibres de carbone, nommée UML, sans résidu de matière et superposition inutile de matière. Testé durant un mois sur les routes de la Côte d’Azur, le nouveau bébé, plus léger, est très joueur, notamment dans les pourcentages, et tient toujours autant sa promesse en termes de confort et d’accessibilité. Un compagnon de route idéal pour cycliste audacieux.
Par Pierre-Maxime BRANCHE – Photos : @3bikes.fr
De l’extérieur, rien n’a changé. L’Axxome, avec le classicisme de ses tubes et de sa géométrie, est toujours là. Fier de ses lignes et élégant de sobriété. Fier aussi de se démarquer, peut-être, en nous rappelant des formes plus traditionnelles. À la fois rassurant, mais aussi enivrant, car la modernité tape malgré tout à l’œil. Déjà l’on devine, ou l’on sent, du rendement et du retour d’énergie. Du confort, aussi. Toujours pas d’intégration. Pour quoi faire, d’ailleurs ? Et pour qui ? Dans quel but ? Ah. Si. Certaines choses ont changé : cette couleur déjà. « Zanzibar » ! Une des nouvelles teintes disponibles sur le configurateur en ligne (comme blanc nacré, diva pink, rosso folgore, jaune impérial, orange fusion), toujours aussi facile et intuitif pour se projeter. Et ces roues, Prymahl, la signature maison lancée sur le marché en septembre 2020, ici dans leur version jante basse, de 35 mm, pour la montagne.
De l’intérieur, l’Axxome a pourtant bien évolué. Origine a travaillé son âme. L’invisible, ce qui ne veut pas dire l’imperceptible. Bien au contraire. Pour rendre ce cadre encore plus léger et performant, mais toujours aussi fiable que les éprouvés RS et GTR. Ainsi, les ingénieurs nordistes ont accouché d’un nouveau procédé, nommé UML pour Unique Matrix Layup, autrement dit une nouvelle technique de moulage des fibres de carbone : ici, les feuilles sont assemblées sur le triangle avant en une seule fois, autour d’une seule et unique matrice.
Le bénéfice direct : plus de point de jonction et résidu superflu, pas de superposition inutile. « Cette nouvelle version de notre moule interne permet une compaction sous pression pneumatique des fibres uniforme sur la totalité du triangle avant, explique la marque qui contrôle ainsi l’épaisseur des tubes au micron, et de continuer : Cette compaction optimisée nous autorise à supprimer l’excédent de matière qui servait auparavant de zone de jonction, mais créait un point dur et du poids inutile. » Grâce à cette nouvelle construction UML, Origine annonce que cette version EVO est tout aussi solide tout en s’allégeant de 9,8% sur le GTR et 13,7% sur le RS.
Pas de bouleversement en revanche sur le triangle arrière qui conserve le process CCT+ (Continuous Carbon Tubing), avec un seul et même tube qui forme les bases et les haubans. Les fibres de carbone s’enroulent autour du tube de selle pour totalement l’embrasser afin de réduire encore plus les vibrations en les dispersant et minimiser les points durs. Ce procédé qui a donc déjà fait ses preuves sur les précédentes versions, confère à la fois nervosité et filtration des vibrations.
Notre cadre d’essai, le RS EVO pesé à 671 g nu, s’accompagne des roues carbone Prymahl Orion à jantes basses (C35) en freinage à patins et finition Pro (rayons aéro 20 av. radial et 24 ar. radial côté parapluie et croisement par 2 côté cassette, d’un poids de 1 390 g à 1 699 €) équipées des pneus Schwalbe Pro One en section de 25 mm. On retrouve également une transmission Campagnolo Super Record en compact (50-34) et 12 vitesses (11-32), des composant Ritchey (cintre, potence, tige de selle) et une selle Italia SLR Boost Superflow.
Avec ce montage, le configurateur indique 6,4 kg (sans pédales) et un tarif de 6 000 € (Kit cadre à 2 131 €). À noter également que les câbleries restent apparentes tout comme le serrage de selle toujours pas intégré (signe du souhait de la marque de conserver la facilité d’entretien pour l’utilisateur et de ne pas alourdir le nouveau cadre), une tige de selle ronde, une potence standard. Origine a une ligne directrice et elle s’y tient.
Sur la route
Le précédent opus, l’Axxome II que nous avions testé dans sa version freins à disque, nous avait fortement enthousiasmé de par son cadre nerveux, joueur dans les pourcentages, mais aussi et surtout tolérant et très confortable sur longue distance. Aussi, nous attendions énormément de cette version Evo. Indéniablement, ces qualités sont toujours aussi présentes dès les premiers coups de pédale pourtant en bosse, sans aucune période d’observation entre l’homme et la machine.
En danseuse, la légèreté du cadre s’allie au dynamisme et permet de bien appréhender les pentes et de relancer facilement. C’est le principe de Dynamic Response, signature de la marque avec la même approche qu’un arc ou un ressort tendu qui, lorsqu’il est relâché, restitue l’énergie. C’est incisif et musclé quand on envoie les watts sur quelques dizaines voire centaines de mètres, sans avoir besoin d’en mettre trop non plus. À la réactivité ressentie et concrète sur la route se succède cette sensation de tolérance dans la déformation d’un cadre non rigide à l’extrême qui absorbe l’énergie dépensée sans casser. Sur un effort plus prolongé cette réponse dynamique s’estompe un peu. C’est donc dans les changements de rythme que le nouveau procédé Evo semble faire le plus ses preuves, et non sur la durée d’un effort à haute intensité de plusieurs minutes.
C’est dans les changements de rythme que le nouveau procédé Evo semble faire le plus ses preuves, et non sur la durée d’un effort à haute intensité de plusieurs minutes.
Un cadre qui tolère les faiblesses chroniques ou passagères
Cet effet est aussi le résultat du montage du train roulant avec ces Orion C35, loin d’être des bêtes de course. « C’est une volonté d’avoir élaboré un produit plus accessible au commun des mortels que la sacro sainte roue super rigide. Le but était de former un ensemble cohérent avec nos vélos qui s’adressent plus aux cyclosportifs qu’aux coursiers purs », explique François-Xavier Plaçais, responsable développement chez Origine Cycles. C’est ce que révèle le ressenti sur la route, entre un cadre vif qui prend vite de la vitesse et des roues qui viennent tempérer les ardeurs, pour ne pas casser les muscles et consommer trop d’énergie.
On remarque d’ailleurs que les rayons aéro ne sont pas tendus au maximum pour ne pas trop raidir les roues. Pour les gros rouleurs, les très expérimentés et vrais coursiers, l’ensemble manque clairement de rigidité pour exprimer totalement ses moyens et avoir le retour d’énergie attendu. Mais encore une fois, Origine ne cherche pas cet objectif de rigidité à tout prix, et livre ici des roues dans la même dynamique que le cadre, joueuses mais raisonnables, réactives mais accessibles et faciles à emmener dans toutes les situations, notamment lorsque les pourcentages se font plus raides et demandent plus de puissance, quand il faut appuyer toujours plus fort ou que l’enchaînement des kilomètres a engendré un excès de fatigue et qu’il faut rentrer à la maison. Les propriétaires d’un Origine s’y retrouveront donc parfaitement tout comme les futurs accédants qui ont pleinement conscience de leur capacités réelles et souhaitent un vélo qui tolère leurs faiblesses chroniques ou passagères.
Toujours aussi confortable
C’est un peu le même tarif sur le plat. Lancer le vélo est un jeu d’enfant. Maintenir une haute vitesse demande plus d’implication et de ressources. L’ensemble manque d’inertie, notamment avec cette paire de roues. Nul doute que la chose soit plus aisée en montant une paire plus aéro, pourquoi pas les Orion C50 dont c’est la raison d’exister au catalogue ou l’équivalent chez un concurrent, pour fendre l’air et avaler du kilomètre plus facilement. Cela dit, en vitesse de croisière ou dans un groupe, l’Axxome Evo est un bonheur à rouler, notamment sur parcours vallonnés. Il répond à chaque sollicitation, changement de braquet, de puissance et coup de rein pour passer les reliefs et relancer derrière.
D’autant que le confort est toujours un autre de ses grands points forts. Sur les routes en très mauvais état, pas grand-chose à faire, il faut se montrer patient. Mais sur les rubans légèrement rugueux ou avec quelques passages détériorés, les vibrations se dispersent bien dans l’ensemble du cadre. On ne sent pas de point dur sous la selle, ni sur la fourche avant. L’ingénierie, avec son travail sur l’invisible – pas de multitude des jonctions, pas de résidus – a fait le job pour permettre au cycliste de longues sorties sans souffrir du séant, des avant-bras, de la nuque et résoudre la fatidique équation légèreté, rendement, confort.
Son pilotage est aussi une réussite. Une fois les sommets franchis, l’Axxome Evo bascule ardemment dans les descentes et assure parfaitement les trajectoires et freinage anticipés ou plus prononcés. Sur les routes très sinueuses et épingles des hauteurs cannoises, le cadre ne se fait pas prendre en défaut, il ne louvoie pas, ne dévie pas de sa ligne et il brille en sortie de virage pour relancer l’allure. Les erreurs de trajectoires se rattrapent même facilement.
Disponible en kit cadre au tarif de 2 102 € pour le RS Evo et 2 211 € pour le GTR Evo, cette nouvelle version s’offre pour 150 € supplémentaires en vélo complet sur le configurateur par rapport aux séries RS et GTR. Seulement 150 €. À l’heure du bilan, nous devons avouer que nous attendions une marge de progression plus importante pour cet Axxome 2021 sur son petit frère, de quoi le pousser vers une autre dimension. Mais n’est-ce pas nos vieux relents et souvenirs de coursier qui refont surface et nous poussent à exiger de cet Axxome des sensations auxquelles il n’est pas voué à répondre ?
La réponse est certainement dans l’affirmative car choisir un Origine, c’est aussi un travail d’introspection, savoir se regarder dans la glace pour répondre aux fatidiques questions sans se cacher derrière son casque et ses lunettes : « quel cycliste suis-je ? Quelles sont mes capacités, mes objectifs et ma pratique ? Ai-je véritablement besoin d’un cadre d’une extrême rigidité qui me plombera dans les pourcentages et après plusieurs heures de selle ? » L’Axxome Evo est un très bon cadre qui saura séduire une très large majorité de cyclistes, cyclosportifs et coursiers. Ses qualités permettent de s’amuser sur tous les terrains en privilégiant la réactivité et le confort. Deux qualités indispensables pour du plaisir instantané ou pour le prolonger.
L’ORIGINE AXXOME RS EVO en bref… Note : ***** LES + : nervosité et légèreté du cadre, confort CADRE : Axxome II RS Evo Carbone – FOURCHE : Axxome II Evo Carbone SSL Direct Mount (320 g)- ROUES : Prymahl Orion C35 – PNEUMATIQUES : Schwalbe Pro One Evo V-Gard TLE, 25 mm – PÉDALIER : Campagnolo Super Record 50-34 – CASSETTE : Campagnolo Super Record 12v 11-32 – DÉRALLEURS : Campagnolo Super Record – FREINS : Campagnolo Super Record – LEVIERS : Campagnolo Super Record – CINTRE : – Ritchey Road Curve WCS – POTENCE : Ritchey 4-Axis – TIGE DE SELLE : Ritchey 1B Superlogic Carbone 27,2 – SELLE : Selle Italia SLR Boost Superflow – NOMBRE DE TAILLES : 6 (XS51,5, S452,5 M54, L55,5, XL57,5 et XXL60) – POIDS : 6,4 kg (sans pédales) – PRIX : 6 000 € (kit cadre à 2 131€). Contact : https://www.origine-cycles.com/fr-FR/ |
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