Partager la publication "Léo Kraemer, U19 AG2R La Mondiale : « Gagner les bonnes courses, garder les pieds sur terre »"
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Vice-champion de France cadets en 2019, à Beauvais, après une formidable travail de sape pour valoriser la victoire de son coéquipier du Grand Est Gauthier Rouxel, Léo Kraemer a attiré l’attention des recruteurs du Team U19 AG2R La Mondiale. Après une saison 2020 inédite, crise sanitaire oblige, au sein de cette structure d’élite qui draine les meilleurs espoirs du cyclisme de demain, l’Alsacien nous dresse un bilan de sa première année d’intégration. Entre fierté, travail et frustration. Retour d’expérience.
Propos recueillis par Pierre-Maxime Branche. Photos : LK et Van Rysel-AG2R La Mondiale
3Bikes.fr : Comment intègre-t-on une telle structure de formation ?
Léo Kraemer : J’ai dû candidater ! Comme pour un job. Chaque année, il y a environ 250 cyclistes qui postulent une place au sein de cette filière d’excellence. Après un premier tri par les résultats sur la route, tu passes un entretien téléphonique. La sélection est drastique avec seulement huit profils retenus. Au final, il n’en gardent que quatre ou cinq…
C’est pire que Parcoursup ou médecine !
C’est une grosse sélection. Ils récupèrent généralement les cinq meilleurs Français du classement national cadets, ceux qui se dégagent le plus de la saison. C’est une structure qui attire beaucoup, l’une des meilleures car les coureurs y sont très bien encadrés, elle propose de nombreux stages et met beaucoup de matériel à disposition.
LÉO EN BREF
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Qu’est-ce que cela change pour toi car, finalement, tu es resté dans ta région d’origine, l’Alsace ?
Effectivement, on reste licencié dans notre club. C’est une team UCI route, on se rejoint pour des stages de préparation et des courses. Toute la saison, nous sommes amenés à être adversaires puis, le temps d’un rassemblement ou pour de grands rendez-vous comme Roubaix ou Les Flandres, nous enfilons le maillot du Team U19 AG2R La Mondiale et courrons ainsi sous la même tunique.
En revanche, j’imagine que tu as changé d’entraîneur…
Il est tout à fait possible de garder nos coachs personnels, mais évidemment, il est plus logique d’être entre les mains des entraîneurs du team. Ils savent sur quelles épreuves tu vas être sélectionné, quel sera ton rôle aussi au sein du collectif, donc c’est plus facile pour eux de prévoir la planification de tes séances pour te permettre d’être à ton meilleur niveau.
Changement de méthode garanti ?
Radical. Avec de nouveaux outils de planification, des séances optimisées, avec une plateforme numérique partagée pour que les coachs aient accès à toutes tes données, tes courbes de puissance, de cadence, de pulsation cardiaques, afin de cibler tes zones d’entraînement. C’est forcément très poussé, on est dans le détail, mais c’est extrêmement enrichissant. Durant cette année, j’ai beaucoup appris sur mon corps. Sur mes capacités et limites actuelles. Il y a aussi tout l’aspect mental que nous travaillons, car c’est un élément déterminant de la performance.
Un déménagement à Chambéry, en Savoie, est-il prévu pour parfaire ta formation ?
C’est une possibilité pour l’année prochaine.
Dans ce cas, on mise tout sur le vélo ?
Pas du tout. Les études sont primordiales et une condition sine qua non de la réussite au sein de la filière. Pour cela, Chambéry te met à disposition un logement scolaire et paie ta scolarité. Le team reste une structure non professionnelle donc il faut aussi assurer notre avenir. Objectif bac pour moi dans un premier temps avec réussite obligatoire. Si notre contrat se termine, il faut que nous ayons un bagage derrière. Pas question de lâcher les études. Pour notre encadrement comme pour nous.
Te sens-tu chanceux de faire partie de cette structure ?
Je dirais plutôt fier. Après, je garde tout de même les pieds sur terre. Rien n’est acquis. On se retrouve avec les meilleurs Français, donc on voit assez vite où l’on se situe. Et puis le staff nous fait redescendre aussi. Je sais que le chemin reste très long et très dur avant d’entrevoir les rangs des professionnels. Au-delà des qualités et résultats sportifs, il y a une part de chance. Il faut gagner les bonnes courses, tomber sur les bonnes personnes, savoir s’entourer aussi.
Il y a une part de chance. Il faut gagner les bonnes courses, tomber sur les bonnes personnes, savoir s’entourer aussi
Tu es tout de même dans la bonne direction et l’espoir est permis…
Oui, bien sûr. L’espoir, l’envie sont là, c’est de toute façon un rêve. Je prends les choses comme elles viennent et cette première année m’a déjà beaucoup appris. Sur mon corps, comme je le disais, sur mes qualités, mes faiblesses, mais aussi humainement, sur ma personnalité au sein d’un groupe, sur l’esprit de cohésion. J’ai aussi dû me prendre un peu en charge. Sur les stages, nous devons en partie gérer notre alimentation, nos lessives. Cela n’a peut-être l’air de rien, mais cela fait aussi partie du boulot. Avoir un cadre. Savoir se gérer.
Et sur le vélo, comment s’est déroulée cette première saison emportée par l’épidémie de Covid-19 ?
Forcément frustrante. Je n’ai participé qu’à deux grandes épreuves. L’une où j’étais suppléant, et l’autre, c’était la Philippe Gilbert, une course UCI Juniors, début octobre en Belgique. Sur la première étape de 82 km, je prends la 22e place, avec la fameuse côte de la Redoute ; sur la seconde étape, je termine plus loin, aux alentours de la 50e, mais j’ai effectué un solide travail pour lancer mon leader, Jordan Labrosse, qui va s’imposer devant un autre Français, Romain Grégoire. Un bon souvenir. La Covid a totalement modifié le calendrier prévu, mais notre encadrement a tout fait pour souder le groupe durant cette période difficile. Nous avons participé à des visio-conférences avec nos entraîneurs, roulé avec les pros pour bénéficier de leurs conseils et rester motivés.
Quel est ton profil en course ?
Je suis puncheur, c’est ce qui me convient le mieux. Je suis assez polyvalent, je me débrouille dans tous les domaines, mais à ce jour, je n’ai pas de spécialité. J’aime des coureurs comme Julian Alaphilippe ou Benoît Cosnefroy, deux hommes qui n’ont pas peur de faire des efforts et d’être à l’attaque.
Doit-on te souhaiter d’arriver jusque chez les professionnels ?
Absolument, cela me fait rêver, même si c’est un métier compliqué et éprouvant. On se retrouve loin de sa famille, souvent en déplacement, ce sont des heures et des heures d’entraînement, mais cela reste mon idéal actuel. Sans parler d’être le prochain Alaphilippe, si je pouvais vivre de ma passion, ce serait déjà beaucoup.
SON PALMARÈS 2017 (Minime) 2018 (Cadet 1) 2019 (Cadet 2) 2020 (Junior 1) Son titre de champion Grand Est 2020, acquis à Mazeley (88). |
Le mot du Papa, Maxime Kraemer, président du Road Team Val de Moder, trésorier général du Comité 67 et responsable de la Commission route du comité FFC Grand Est : « Je lui souhaite une saison 2021 pleine, qu’il puisse s’exprimer totalement, participer à de belles courses, prendre du plaisir, mais aussi réussir scolairement. Forcément, c’est le papa qui parle ! Qu’il poursuive son rêve, mais qu’il reste connecté à la réalité, qu’il suive sa formation pour avoir un métier par la suite. Le vélo, c’est environ dix ans de carrière, quinze pour les meilleurs. On sait que c’est aléatoire. Après les Juniors, il y a la grosse catégorie Espoirs, ne pas connaître de problème physique, rester mentalement fort, ne pas se disperser. Aujourd’hui, après seulement une année, je vois qu’il a déjà pris de l’indépendance, de la maturité en dehors et sur le vélo. C’est un coureur au grand cœur, dévoué et qui court juste. C’est aussi un fils bien élevé, comme me l’ont rapporté ses encadrants sur différentes courses et ça, c’est peut-être le plus beau compliment. » |
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