Partager la publication "LR2R : 695 km d’une traite entre La Rochelle et Roscoff, le défi folie de Julien"
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Par envie, par défi, par folie, Julien Rabier, entrepreneur et créateur de contenus, a relié sa ville de La Rochelle, en Charente-Maritime, à celle de Roscoff, dans le Finistère. Un itinéraire de 695 km, nommé LR2R (« La Rochelle To Roscoff »), d’une traite, entre doute, euphorie, plaisir et douleur. Départ le 10 septembre, arrivée le 12, 47 heures plus tard. Si c’était à refaire ? Sans hésitation. Entretien et souvenirs.
Propos recueillis par Pierre-Maxime BRANCHE – Photos : LR2R
LA VIDÉO DU ROAD TRIP DE JULIEN, C’EST CI-DESSOUS !
3bikes.fr : Qui es-tu cher cyclo et quel est ton rapport au vélo ?
Julien Rabier : J’ai 33 ans et j’habite La Rochelle depuis trois ans et demi. Avant, j’étais en région parisienne, dans le Val d’Oise. Côté sport, je pratique le tir à l’arc depuis plus de 20 ans puis je cours depuis huit ans. Petit à petit, j’ai allongé les distances jusqu’à courir un marathon puis les 177 km de l’Ultra Marin, le Grand Raid du Golfe du Morbihan. Des choses que je n’aurais jamais pensé faire… Pour ce qui est du vélo, le BMX m’attirait étant petit, mais une chute sur un terrain de bicross m’a vacciné. Plus tard, ma mère m’offre un chouette VTT, pour mes 12 ans je crois… volé dix jours après devant chez moi alors que je buvais un verre d’eau de l’autre côté de la fenêtre.
Bref ! Ce n’est qu’en arrivant sur La Rochelle que je reviens au vélo en me disant que pour parcourir les 4 km qui me séparent du bureau, ce serait plus adapté et économique. Je travaille dans une société qui distribue des accessoires cycles et je découvre peu à peu cet univers. Je tombe aussi sur des vidéos de bikepacking et d’ultra cycling dont des événements type French Divide et Born to Ride. Tout ça m’attire directement et la machine est lancée. Faire du vélo en mode voyage, longue distance et découverte est quelque chose qui me séduit. Loin d’une pratique compétitive.
Quelle est la genèse de ton projet et pourquoi ?
En 2018, je suis invité à un mariage au Portugal. Depuis La Rochelle, c’est 1 200 km. C’est au mois d’août, j’ai des vacances à prendre, pourquoi ne pas y aller à vélo !? Au final je n’ai pas le temps de m’organiser, surtout pour la logistique du retour. J’opte donc pour une semaine de balade pour aller voir de la famille et des amis. Six étapes de 60 à 260 kilomètres sous une chaleur importante et avec la découverte du dénivelé en vélo car La Rochelle, c’est le plat pays ! Des moments durs, mais un super souvenir. Je crois que c’est en rentrant que j’ai pensé à cet itinéraire #LR2R. J’avais entendu parler en bien du Canal de Nantes à Brest. J’avais envie de faire un truc un peu fou et je me suis dit : « Allez, je ferai La Rochelle – Brest d’une traite en prenant ce canal ». Sur La Rochelle, nous avons La Vélodyssée, un itinéraire cyclable longeant la côte atlantique et passant sur le canal. Sauf que l’extrémité nord n’est pas Brest mais Roscoff. L’arrivée sera donc finalement à Roscoff. Comme ça, je n’ai qu’à suivre le tracé de cette « véloroute ».
Quelle a été ta préparation physique et mentale ?
Côté physique, cela fait quelques années que je cours beaucoup et que je fais du vélo. Cependant, je suis peu monté sur la selle l’hiver dernier, un peu plus avant le confinement. Durant celui-ci, j’ai fait du hometrainer en suivant un plan d’entrainement pour faire une course de 200 km sur Zwift. Au déconfinement, j’ai mixé des sorties courtes et longues en fonction de mes envies mais en essayant de rouler pas mal quand même. Mi-juillet, sur un coup de tête, je décide de livrer à vélo un cadeau que j’ai fait gagner sur mes réseaux sociaux. Me voilà parti pour 340 kilomètres d’une traite. Une bonne occasion de mieux me découvrir sur la durée. Dans les autres grosses sorties, je me suis levé aux aurores un dimanche pour deux tours de l’île de Ré en guise de petit déj. En août, je suis parti sur trois jours pour environ 350 bornes avec une journée à 170 bornes. Pour finir, je suis allé quelques jours dans le Lot pour me « faire les cuisses » sur les causses. Autrement, je pense que mes anciens boulots, assez physiques et avec des horaires particuliers, m’ont bien formé pour ce qui est du mental et de la résistance à la fatigue.
J’ai eu des moments difficiles avec le sommeil qui me tombait dessus lors de la seconde nuit. Pourtant, je n’arrivais pas à dormir quand j’en avais l’occasion
Côté matériel, parles nous de ton compagnon de route ?
J’ai commandé ma monture en début d’année et je l’ai reçue le 17 mars. Oui, elle est arrivée le jour du confinement ! C’est un Trail de la marque Origine. Un vélo type gravel que je trouve bien polyvalent. Je l’ai fait monter avec une transmission Shimano 105 double plateau 50×34 et une cassette 11×34. Pour les roues, ce sont des Mavic Allroad Pro. Je n’avais pas commandé de selle ou pédales pour remonter ma SMP Well et une paire de Look X-Track EN-Rage Plus. L’ensemble faisait entre 9,5 et 10 kg.
Quelles modifications as-tu fait avant de prendre la route ?
Pas grand-chose, j’ai juste ajouté des prolongateurs à mon vélo. Après quelques longues sorties, je me suis dit que ce serait confort pour les longues lignes droites ou face au vent. Je ne regrette pas cet ajout. Côté pneus, j’ai fait un changement de dernière minute. Je testais des Pirelli Cinturato Velo en 35 mm que je trouvais très bien, très solides et qui passaient pas mal sur chemins blancs même s’ils manquaient un peu d’accroche en virage. Je pensais partir avec, mais j’ai ramassé un gros caillou dans le pneu arrière deux semaines avant le départ. Histoire de ne pas dépenser une fortune et faire avec ce qui était rapidement dispo près de chez moi, j’ai remonté des Hutchinson Overide 35 mm avec un montage tubeless. Des pneus qui passent bien sur route et sur chemin, tout à fait adaptés à ma pratique. Au final, ayant eu pas mal de chemins dont certains pas « top top » et des routes très abimées, je ne regrette pas ce changement de dernière minute.
Comment te sentais-tu au moment du départ ?
Bien et avec une seule envie : rouler ! Bon, j’étais encore en train de digérer quand même car depuis deux jours je ne faisais que manger… Par contre, je m’étais « affamé » du point de vue vélo en ayant arrêté de rouler depuis quelques jours.
Qu’est-ce qui a été le plus dur ?
Les 50 ou 60 derniers kilomètres quand mes genoux ont décidé d’un coup de me faire bien souffrir. Ce fut une grosse bataille face à moi-même pour continuer d’avancer tout en me disant que ça ne pouvait pas s’arrêter, comme ça, si proche du but. J’ai aussi eu des moments difficiles avec le sommeil qui me tombait dessus lors de la seconde nuit. Pourtant, je n’arrivais pas à dormir quand j’en avais l’occasion. Je suis passé un peu par tous les états : du plus euphorique au plus saoulé et fatigué, à trouver le temps long… en général parce que j’avais besoin de manger.
Aujourd’hui, avec un peu de recul, quel regard portes-tu sur cette aventure ?
Que c’était super ! J’avais envie de le faire depuis un moment et voilà, c’est fait. Une nouvelle expérience, des supers rencontres et l’envie de remettre ça. Juste qu’à cause des genoux, la fin a été beaucoup moins intense que je ne l’avais imaginée.
Si tu pouvais le refaire, que changerais-tu ?
Quelques réglages pour éviter certaines douleurs et être plus efficace sur le vélo. Autrement, je pense que mes choix de matériel étaient bons.
Et maintenant, d’autres projets, de nouveaux défis ?
Les idées folles ne manquent pas. Maintenant, je ne sais pas encore quelle sera la prochaine. Un défi en off de mon côté ou organisé type Bikingman, Born to Ride ou French Divide ? Éventuellement en course à pied, pourquoi pas. À voir en fonction des envies et du planning.
Quels conseils donnerais-tu à qui souhaite se lancer son propre défi ?
Juste de ne pas hésiter. Si on a envie de se lancer dans une aventure, autant ne pas trop attendre et faire en sorte que cela se réalise.
SON ROAD TRIP EN QUELQUES IMAGES
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