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Si vous recherchez la performance et des sensations proches de celles des boyaux, les pneus Specialized Turbo Cotton sont parmi les tout meilleurs modèles du marché en assurant faible résistance au roulement, confort et nervosité, comme nous avons pu le vérifier après 2500 km sur des routes variées.
Par Guillaume Judas – Photos : 3bikes.fr
C’est l’une des grosses nouveautés remarquée sur le Tour de France 2020 : certains coureurs pros courent aujourd’hui au plus haut niveau avec des pneus à la place des traditionnels boyaux, à commencer par Julian Alaphilippe (Deceuninck – Quick Step), vainqueur à Nice de la deuxième étape avec les Specialized Turbo Cotton.
Il est vrai qu’en termes de résistance au roulement et d’aérodynamisme, il y a bien longtemps que les pneus ont supplanté les boyaux. Une résistance qui peut représenter jusqu’à 20 % des contraintes à effacer au cours d’un effort, et qui mérite quand même qu’on s’y attarde à partir du moment où l’on recherche la performance. À 30 km/h, on peut trouver jusqu’à 15 watts d’écart de résistance entre les meilleurs pneus du marché et les moins bons. Et sur le plan aérodynamique, la forme des pneus par rapport à la jante est là aussi un avantage par rapport à la forme tubulaire d’un boyau et la traînée qu’elle occasionne à l’endroit de la jonction avec la roue. Les boyaux conservent un avantage non négligeable en course : ils permettent de rouler un petit moment après crevaison (pour attendre le dépannage), ce qui est presque impossible avec un pneu.
Désormais, le choix des pneus n’est donc plus seulement dépendant d’une certaine forme de sécurité ou d’aspect pratique, puisque c’est aussi pour une question de rendement, comme c’est le cas ici avec les Specialized Turbo Cotton, qui s’intègrent idéalement avec les roues Roval Rapide CLX récemment dévoilées par la marque américaine, et dont nous reparlerons très prochainement en détails.
Specialized n’est pas en reste au niveau de sa gamme de pneumatiques, à commencer par les pneus Tubeless S-Works Turbo RapidAir, dont le niveau peut être assez proche des Turbo Cotton, mais aussi avec un large choix depuis les modèles solides pour l’entrainement jusqu’aux S-Works Turbo, souvent plébiscités pour leur rapport rendement/durabilité. Mais par leur couleur (les fameux flancs beiges qui apportent un certain cachet à n’importe quel vélo), leur finesse et le toucher de route qu’ils promettent, les Turbo Cotton sont à part, ce qui se confirme sur la route même après plusieurs centaines de kilomètres.
Poids et dimensions
Disponibles en trois sections différentes – 700×24, 700×26 et 700×28 – ils affichent pourtant un poids qui n’a rien de hors normes. Pesés à 236 et 238 g, nos deux exemplaires en 26 mm sont légèrement plus lourds que les modèles les plus sveltes du marché. À dimension à peu près équivalente, ils rendent par exemple une quinzaine de grammes aux Continental GP 5000, qui disposent pourtant d’une bande de roulement plus épaisse, et sont donc plus durables.
Ils font aussi le même poids que les Veloflex Corsa Evo TLR, qui sont des modèles prétendument destinés à l’endurance, et surtout Tubeless Ready.
Montés sur des roues avec une largeur interne de 21 mm, les pneus mesurent en réalité 28,5 mm de largeur (pour une section de 26) et 24 mm de hauteur. Avec les Roval Rapide CLX, dont la roue avant est très large à l’extérieur, le pneu reste plus étroit que la jante, ce qui est tout bénéfice au niveau de la traînée aérodynamique. Pour des roues moins larges, la section de 24 est sans doute recommandée, alors que la section de 28 est vraiment à réserver à ceux qui recherchent encore un confort supplémentaire en priorité.
Et pourtant, ce n’est déjà pas le confort qui manque avec le montage de notre test, en partie grâce à l’ouverture en U bien large au niveau de la jonction avec la jante, et qui permet d’abaisser légèrement la pression des pneus sans pour autant constater d’affaissement des flancs, ni de perte de précision dans les prises de trajectoires. En 700×26, il est inutile de gonfler plus que 7 bar, et 6 bar suffisent largement pour un cycliste de moins de 60 kg, sans la moindre perte de rendement.
Conception
La carcasse en polycoton est très souple et à haute densité avec 320 TPI (nombre de fils par pouce), avec une chape composée d’une gomme nommée Gripton, une bande de roulement lisse et peu épaisse (à peine plus de 2 mm), ainsi que des épaulements avec des pointes de diamant.
Sous la bande de roulement, se trouve un renfort anti-crevaison appelé BlackBelt qui, malgré la finesse et la souplesse des pneus, semble relativement efficace. La fragilité est plutôt à craindre au niveau des flancs coton, qui pourraient se montrer particulièrement sensibles aux coupures ou aux frottements.
Le montage n’est pas très difficile, mais dépend aussi des jantes et de la forme des crochets. Si le montage sur les Roval est facilité par leur largeur interne, il faut tout de même un bon coup de main et on a le sentiment que le pneu n’est pas prêt de sortir de la jante en cas de crevaison.
De tels pneus, enfin, méritent d’être montés avec des chambres à air légères, comme les modèles light de chez Specialized (70 g contre 100 g pour une chambre basique), ou encore des chambres en Latex pour gagner encore un petit poil en confort et en rendement, puisque les freins à disque autorisent enfin l’association entre des roues carbone et ce type de tube interne, sans risque d’explosion à cause de la chaleur du freinage sur les jantes. Ne faites donc pas cette économie, ce serait dommage !
Un rendement exceptionnel
Dès les premiers hectomètres, nous sommes frappés par le confort et le toucher de route des Turbo Cotton. Pour tout vous dire, ce n’est pas la première fois que nous roulons avec, ces pneus n’étant pas vraiment une nouveauté. En revanche, c’est la première fois avec cette section de 26 mm, et surtout la différence est réellement sensible avec la plupart des pneus du marché, même en haut de gamme.
Ce que l’on pourrait considérer comme un léger surpoids par rapport à la concurrence est totalement indolore, car nous sommes d’emblée séduits par le confort et la nervosité qui se dégagent de ces pneus. Le contact avec la route est soyeux, et sur le bitume granuleux d’une route de campagne, on sent moins de vibrations et surtout une meilleure motricité que des modèles plus courants. Bien sûr, la pression de gonflage a ici toute son importance : à 6 bar, on a l’impression que le vélo habituel change de catégorie pour passer dans celle des vélos « confortables », et à 7 bar on le sent un peu plus ferme sous les fesses et surtout on ressent un bruit comparable à celui des bons boyaux d’antan, avec un sifflement caractéristique au fur et à mesure que l’on prend de la vitesse.
Le contact avec la route est soyeux, et sur le bitume granuleux d’une route de campagne, on sent moins de vibrations et surtout une meilleure motricité que des modèles plus courants.
Mais il ne s’agit pas seulement de sensations, car les Turbo Cotton sont très rapides avec une résistance au roulement parmi les plus faibles du marché, du même niveau que des pneus spécifiques destinés au contre-la-montre, plus légers et plus fragiles, si l’on en croit le site bicyclerollingresistance.com.
L’adhérence est d’un excellent niveau grâce à la qualité de la gomme, à la souplesse de la carcasse et aux dessins des épaulements. Sur le sec, on se surprend à prendre de l’angle de manière agressive, et en cas d’averse nous ne sommes jamais surpris par un décrochage intempestif. Le freinage avec les disques, même s’il est d’urgence, montre également que le pneu reste bien en contact avec le bitume en retardant l’instant fatidique du blocage de la roue, susceptible de faire perdre le contrôle du vélo. Tout cela sous des températures tempérées ou estivales, donc avec un sol assez chaud. Les réactions pourraient être légèrement différentes avec un sol froid comme c’est parfois le cas avec certaines gommes, mais nous n’avons pas pu le vérifier.
Au niveau de l’usure, les Turbo Cotton restent des pneus avec une gomme tendre, et donc sensibles à l’abrasion. Après 2500 km, nous constatons peu de coupures, mais une usure uniforme sur la bande de roulement qui entame forcément son épaisseur. La durabilité dépend du type de route sur lesquelles vous roulez, un beau bitume bien lisse étant bien sûr moins abrasif. Et paradoxalement, même s’ils sont plus confortables que la plupart des autres pneus sur mauvaises routes, on a tendance à éviter ces dernières, en tout cas si elles sont jonchées des trous ou de graviers. Ainsi, il faudra compter sur une durabilité environ deux fois moindre que des GP5000 ou des Michelin Power Road par exemple, et compte tenu du prix des Turbo Cotton, cela peut faire réfléchir les gros rouleurs.
Quant aux fameux flancs beiges, il est à noter qu’ils sont beaucoup moins sensibles à la salissure avec des freins à disque qu’avec des freins à patins. Logique : même sous la pluie, il n’y a plus les déchets des patins au freinage, et un simple coup de chiffon sur les flancs avec un peu de dégraissant les remet à neuf.
Au final, même s’il ne s’agit pas vraiment d’une nouveauté, les pneus Specialized Turbo Cotton confirment qu’ils sont des modèles exceptionnels, et parmi les plus performants du moment, que ce soit en termes de faible résistance au roulement, de nervosité, d’adhérence ou de confort. Évidemment, toutes ces qualités s’obtiennent au prix d’un tarif élevé et d’une durabilité en retrait par rapport à certains autres modèles du marché.
SPECIALIZED TURBO COTTON |
Note : ***** Les + : rendement, confort, adhérence Les – : prix, durabilité Carcasse 320 TPI polycoton – gomme Gripton – renfort BlackBlet – Disponible en 700×24, 700×26, 700×28 – Poids : 236 g en 700×26 – Prix : 64,90 € |
Contact : www.specialized.com |
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