Le traumatisme crânien

Cycliste du dimanche, ou athlète de haut niveau, les blessures n’épargnent aucun sportif. Elles nous rendent tristes et ronchons et méritent bien une fiche explicative en QQOQCP pour chacune. L’idée à travers cette succession de petits dossiers est de mieux les comprendre, d’adopter les bons comportements pour les éviter et la conduite à tenir pour mieux se rétablir.

Je vous propose ainsi de balayer à chaque fois, sous la forme du “QQOQCP” (Quoi, Qui, Où, Quand, Comment, Combien, Pourquoi) et en autant de dossiers que de blessures les plus récurrentes en cyclisme et en triathlon, toutes les possibilités de frustration liée à une mise au repos forcé.

Après le genou, la clavicule, les douleurs de selle, les douleurs de rachis, l’endofibrose de l’artère iliaque, la tendinite du tendon d’Achille, le syndrome des loges et le syndrome du canal carpien, je vous propose aujourd’hui une fiche explicative – toujours avec la démarche du QQOQCP – cette fois-ci pour les traumatismes crâniens.

Par Jean-François Tatard – Photos : Frédéric Poirier, wikipedia, Pxhere.com, Pixabay.com, Flickr.com 

QUOI ?

Un traumatisme crânien fait référence à la décélération brutale du cerveau. Tout d’un coup, le cerveau est soumis à des forces de décélération et d’accélération très violentes, ce qui va créer une quantité de micro lésions disséminées. Pour faire une comparaison mécanique : tous les câbles vont être abîmés. Souvent, il peut y avoir une perte de connaissance et parfois des séquelles encore bien plus graves.

Certaines lésions peuvent être irréversibles.

QUI ?

Vous souvenez-vous de ce terrible accident, cet été de 1995 qui avait plongé le Tour de France dans le deuil ? La chute de Fabio Casartelli, à l’époque équipier de Lance Armstrong dans l’équipe Motorola avait fait prendre conscience du risque encouru par les coureurs lorsqu’ils chutent sans casque. Chaque année en France, environ 150 personnes décèdent après une chute à vélo. Et voulez-vous une autre statistique ? Dans 90 % des cas, le cycliste qui meurt des conséquences de sa chute ne portait pas de casque. La plupart du temps, ces décès sont causés par des lésions cérébrales irréversibles, conséquence directe d’un traumatisme crânien.

Le cerveau des enfants est particulièrement fragile. Le casque à vélo est obligatoire pour eux jusqu’à 12 ans.

Vous qui lisez 3bikes pensez aussi à vos enfants ! En effet, il faut particulièrement penser à protéger les enfants, car leur cerveau, encore en développement, est bien plus fragile que le nôtre. Ils ont trois fois plus de chances de développer des séquelles définitives suite à un traumatisme crânien. Encore trop peu d’enfants portent le casque régulièrement. Le gouvernement a pourtant rendu obligatoire le casque à vélo pour les moins de 12 ans. Mais il faut continuer même après.

OÙ ?

Si tout le monde se souvient de la mort d’Andrei Kivilev sur Paris-Nice 2003, c’est aussi à partir de cette date que le port du casque en compétition a été rendu définitivement obligatoire par l’UCI. Néanmoins, les coureurs ont longtemps gardé l’habitude de continuer à s’entraîner sans casque. Grosse erreur ! En 2017, c’est Michele Scarponi qui décède des suite d’une chute à l’entraînement. Une fracture du crâne avec une hémorragie et œdème cérébral. C’est le risque encouru lorsque vous chutez sur la tête. Il s’agit souvent d’une hypoxie cérébrale, c’est-à-dire une mort des cellules du cerveau par compression et par manque d’oxygène. Il faut intervenir le plus rapidement possible. Mais ce n’est pas la seule source de lésion.

Michele Scarponi est décédé en 2017.

En effet, un traumatisme crânien entraîne d’importantes séquelles physiques mais aussi neuro-psychologiques. Lorsque le pire a été évité, les traumatisés crâniens souffrent souvent de problèmes de mémoire, de troubles de l’humeur ou même de changement de personnalité. Tous ces symptômes ont bien évidemment un impact considérable sur la vie familiale et professionnelle de la victime.

QUAND ?

Chaque fois que la tête se balance d’avant en arrière, elle subit une accélération, puis une décélération violente. Ces mouvements brutaux entraînent des lésions dans le système de câblage du cerveau, ce que l’on appelle les axones des neurones. Des câbles nerveux étirés ou cisaillés par le choc, ce qui peut entraîner des lésions plus ou moins sévères. Le système de câblage est par endroit totalement désorganisé, le fonctionnement des neurones est alors interrompu. Cela peut se traduire par une perte de connaissance brève ou un coma prolongé.

Il est important de porter un casque à la bonne taille, et qu’il soit bien ajusté.

COMMENT ?

Le casque est-il la meilleure solution pour se protéger du traumatisme crânien lorsqu’on est cycliste ? La réponse est évidemment oui ! Les porteurs de casque auraient 60 % de risque en moins, par rapport aux cyclistes tête nue, d’être gravement blessés à la tête en cas d’accident. Un casque a sa taille et c’est important de le marteler – À SA TAILLE – permet de protéger efficacement le cerveau et la boîte crânienne. Le fait d’avoir un casque va diminuer la violence du choc.

Un casque a sa taille et c’est important de le marteler – À SA TAILLE – permet de protéger efficacement le cerveau et la boîte crânienne.

Dans le cadre d’un traumatisme crânien, la rééducation est déterminante pour récupérer. C’est souvent une prise en charge très complète. La rééducation est nécessaire aux patients pour récupérer les fonctions motrices. Mais des troubles cognitifs peuvent persister, tout comme des problèmes de concentration, une attention diminuée, ou encore des troubles du comportement. Des tests de la sensibilité, des réflexes, de la mémoire et de la concentration… permettent d’obtenir une vision complète de ce qui se passe après un traumatisme crânien léger.

Maux de tête, fatigue, anxiété, changement d’humeur… même les traumatismes crâniens légers peuvent entraîner des séquelles qui n’apparaissent que bien après l’accident. Une étude est actuellement menée pour mettre en évidence la nécessité d’une prise en charge des cas, même les plus légers. Ne laissez pas traîner si un jour vous êtes concernés !

POURQUOI ?

Tous les troubles dont je vous ai parlé plus haut apparaissent car le traumatisme a provoqué à l’intérieur du tissu nerveux des lésions invisibles même au scanner. Elles se produisent au niveau des axones. On les appelle les lésions axonales diffuses. Ces conduits sont étirés et parfois même rompus suite aux traumatismes. Ces troubles sont très longs à rééduquer.

Le casque est le meilleur moyen de limiter les risques de traumatisme crânien en cas de chute.

Alors pourquoi est ce qu’en cas de chute sur la tête, le casque est-il votre meilleur sauveur ? Pour une simple raison : ce sera le casque, et non le crâne ou le cerveau, qui va absorber l’énergie cinétique libérée par le choc. Le port du casque va considérablement limiter les violences de la décélération dans le cerveau, et donc les séquelles. On vous le redira jamais assez : « Mettez le casque, les mecs ! »

CONCLUSION 

Dans les prochaines fiches explicatives, je vous propose de continuer à passer en revue les blessures qui nous paralysent le plus souvent. On verra ainsi la prochaine fois, les pathologies digestives, les fascites plantaires et les périostites.

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Jean-François Tatard

- 43 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

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