Partager la publication "Veines apparentes : pathologique, naturel, ou dopage ?"
Partager la publication « Veines apparentes : pathologique, naturel, ou dopage ? »
Qui n’a jamais vu ces photos de cyclistes aux muscles recouverts de veines saillantes ? Vous souvenez-vous de cette photo qui a fait le tour des réseaux sociaux sur laquelle Pawel Poljanski, l’équipier de Peter Sagan s’affichait avec un système veineux particulièrement visible ? Faut-il s’en inquiéter ? Naturel ? Dopage ? Quelles sont les explications ?
Par Jean-François Tatard – Photos : Frédéric Poirier, Instagram/Janez Brajkovič/Pawel Poljanski/Antoine Duchesne
Avant de trouver des réponses à nos questions, il est intéressant de redéfinir le rôle et le fonctionnement des veines. Tout d’abord, les veines ont pour rôle de faire passer le sang de l’organe vers le cœur. Elles assurent le retour du sang après qu’il ait approvisionné l’organe en oxygène. Lorsque les muscles sont très développés, ils ont besoin d’être davantage oxygénés. Ils possèdent donc un système vasculaire adapté à leurs besoins.
La masse graisseuse recouvre les veines
De plus, la graisse aussi diminue la visibilité des muscles. Chez une personne de constitution classique la masse graisseuse est bien plus élevée que chez un cycliste du Tour de France. C’est aussi pour cela que les muscles des champions sont très dessinés : il n’y a pas de gras pour les recouvrir. Ce n’est pas nécessairement un problème pathologique. C’est surtout lié au fait que le pourcentage de masse grasse est très faible (souvent autours des 5 % contre plus de 20 chez quelqu’un de constitution normale).
Pourquoi aussi visible ?
C’est souvent que, chez les pros, le système veineux ressemble à une vraie carte autoroutière après la course. Cela répond à un gros travail musculaire. C’est la journée passée à pédaler qui produit cette importante augmentation du débit de la circulation sanguine des jambes. Rendez-vous compte : le débit peut être multiplié par 50 par rapport à la normale ! Ce qui explique ce débit provisoirement phénoménal, c’est que le système circulatoire est soumis à rude épreuve pour assurer la régulation thermique. Le volume sanguin augmente drastiquement, les muscles en activités ont besoin d’une quantité de sang très importante à ce moment-là.
Varices ou veines athlétiques ?
On fait souvent allusion à des varices pour expliquer cette tuyauterie à la Mario Bros mais la plupart du temps il n’en est rien. Même si l’Américain George Hincapie était passé au bistouri après sa carrière pour lui permettre de rétablir cette insuffisance veineuse, majoritairement il s’agit d’une turgescence veineuse. Et non l’inverse ! En effet, les sports d’endurance comme la course à pied, le triathlon ou le cyclisme entraînent une augmentation progressive du volume plasmatique. Et la majorité de ce volume plasmatique est stockée justement dans les veines des membres inférieurs. Alors rassurez la maman de Pawel Poljanski car ce dernier ne présente aucun trouble fonctionnel.
D’autres pistes
Chez les bodybuilders, qui eux cherchent plus à provoquer justement cet « effet de style » pour des raisons d’image, il existe des petites astuces pour favoriser la visibilité des veines : ils suivent un régime particulier. Un régime diurétique et riche en glucides. À cela s’ajoute le bronzage artificielle et l’huile corporelle pour mieux dessiner les tissus.
Physiologie et patrimoine génétique
Comme toujours, il y a des petits veinards ! Certains bénéficient d’une génétique généreuse léguée par des parents charitables. Une peau fine, pas de gras… et de grosses veines apparentes. En clair un taux de masse grasse très faible, une peau épaisse comme du papier de cigarette et – pas besoin de chercher en profondeur – un système veineux positionné naturellement très en surface. Et pour les autres, il peut y avoir un peu de magie…
Huggy les bons tuyaux
La plupart du temps c’est une histoire de congestion. L’apanage des culturistes s’obtient avec la sèche. Mais malheureusement, la science est aussi passée par là ! Pour aider à faire apparaitre en surface ces gros tuyaux, il y a les vasodilatateurs du type No. Ce sont des compléments volumisateurs qui ont pour but d’augmenter la congestion et le phénomène de veinasses, phénomène qui sera surtout démultiplié avec la congestion liée à la course ou à l’entraînement. La testostérone, les anabolisants et les stéroïdes aussi provoquent cet effet et influencent l’apparition de ces veines déformées. Mais tout comme il y a aussi la piste de l’âge, de l’hérédité ou d’une mauvaise circulation.
Conclusion
C’est pas parce qu’on ne voit pas vos veines, que vous n’avez pas de veine. Ne pas avoir de veines saillantes ne signifie pas que vous n’êtes pas en forme ou que vous avez trop de graisse corporelle. Certains ne possèdent pas un réseau sanguin en surface et ne verront jamais leurs veines. D’autres au contraire trouvent qu’elles se voient trop. Parfois, on accuse les anabolisants de faire ressortir les veines de cyclistes et admettons que cela peut être une piste dans la mesure où cela peut faire descendre le taux de masse grasse et réduire la couche de gras sous-cutanée. Mais tous ceux dont les veines se voient ne font pas forcément l’usage de stéroïdes. Et à bien y réfléchir, je préfère privilégier les pistes de la thermorégulation, la déshydratation, la congestion et la physiologie atypique de ces sportifs d’endurance de haut niveau pour expliquer la veinasse.
=> VOIR AUSSI : Tous nos autres articles CQFD
Partager la publication « Veines apparentes : pathologique, naturel, ou dopage ? »
Partager la publication "Veines apparentes : pathologique, naturel, ou dopage ?"