Zoom sur le PRP

Parmi les méthodes disponibles pour soigner certaines blessures récalcitrantes, le PRP (Plasma Riche en Plaquettes) n’est pas la moins décriée, car pour certains elle n’est pas loin de franchir les limites de l’éthique, au moins en apparence. Dans le détail, même si ce type de soin n’est pas accessible à tout le monde, on reste dans les clous. On vous explique pourquoi et comment ça fonctionne.

Par Jean-François Tatard – Photos : flikr.com, commons.wikimedia.org

Qui n’a jamais été arrêté par une blessure ? Ne me dites pas que vous n’avez jamais vécu cette insupportable sensation de ne plus pouvoir pratiquer ce que vous adorez faire ? La blessure est souvent assez dévastatrice chez tous les sportifs. La douleur physique liée à ce dysfonctionnement dépasse souvent l’intolérance mais plus douloureux encore est ce sentiment de privation et pire : ce sentiment de condamnation à perpétuité lorsqu’on ne trouve pas la solution…

Une question d’éthiqueMamie risquerait de se retourner dans sa tombe si elle lisait ce dossier. En effet, avec le PRP (Plasma Riche en Plaquettes) on s’éloigne drastiquement de la méthode de grand-mère. Nous sommes même à l’opposé de l’application d’argile verte. Il s’agit d’une méthode de laboratoire révolutionnaire qui m’a sauvé d’une aponévrosite plantaire récalcitrante, il y a quelque temps. Je vous préviens : superficiellement, on peut se demander si on ne franchit pas les frontières de l’éthique. Dans le détail, c’est déjà plus proche de la bonne morale de votre site internet préféré.

Une fois que vous aurez tout essayé pour guérir de votre tendinite, et uniquement si rien ne répond à l’ensemble des traitements les plus habituels (repos, glaçage, anti-inflammatoire, kiné et toutes les méthodes qu’on trouve dans le cabinet du praticien, accompagnement podologique, etc.), vous pouvez vous diriger depuis quelques années vers un traitement par PRP. En effet, pour soigner une tendinite après l’échec aux autres traitements, je ne connais pas plus efficace.

La plupart des lésions musculaire et/ou squelettiques surviennent dans des zones faiblement vascularisées donc fragilisées, comme le tendon d’Achille. Ainsi, le processus naturel de l’organisme de cicatrisation est donc lent à cause de ce déficit de vascularisation et donc de facteurs de croissance disponibles immédiatement et en quantité.

Qu’est-ce que le PRP ?

Commençons par une leçon d’anglais : PRP comme Platelets Rich Plasma. Ou autrement traduit Plasma Riche en Plaquettes. Et cela s’obtient à partir d’un système de centrifugation de votre propre sang. La centrifugation, pour ceux qui ne connaissent pas, permet de séparer les différents composants du sang pour ne conserver que le plasma et les plaquettes.

Le PRP s’obtient à partir de son propre sang.

Ainsi le fait que ce soit autologue, ou autrement formulé que l’utilisation de ce sang soit celui du sportif lui-même, permet de limiter tout risque de contamination. Le PRP est ensuite injecté en intra-tendineux afin d’accélérer la réaction de cicatrisation du tendon.

Les plaquettes renferment différents facteurs de croissance. Si on entre un peu dans la partie technique, il s’agit des PDGF, des facteurs de croissance bêta transformant (TGF-ß) et endothélial vasculaire (VEGF). Mais simplifions ! Retenez juste à ce moment précis qu’il est prudent d’analyser les résultats de cette méthode.

En termes de dopage, ou d’éthique, j’imagine déjà quelle est votre inquiétude… Rassurez-vous, l’AMA l’autorise depuis janvier 2013, sauf si des facteurs de croissance sont injectés séparément.

Comment ça marche

  1. La préparation du PRP nécessite un prélèvement de votre sang, selon des techniques strictes et sécurisées comme pour une prise de sang normale d’ailleurs.
  2. La seconde étape repose sur une centrifugation de l’échantillon de votre sang prélevé.
  3. Une fois que vous avez les trois parties de sang bien séparées, le médecin en extrait uniquement la partie du haut où se trouve le plasma.
C’est uniquement le plasma qui est réutilisé pour être injecté sur le tendon abimé, afin d’accélérer sa cicatrisation.

Après discussion avec le Docteur Laurent Aumont, le médecin des joueurs du PSG, qui en est accessoirement un des pionniers de cette technique en France, la méthode d’obtention est la suivante :

  • Volume de sang prélevé : 15 ml avec seringue unique
  • Temps de centrifugation : 5 minutes
  • Vitesse de centrifugation : 1500 tours/min
  • Volume de PRP obtenu : 5 mL

Attention, il ne faut pas confondre avec le traitement des tendinites par injection de sang homologue. Les études donnent des résultats contrastés, de plus l’Actovegin est une molécule interdite par le code antidopage de l’AMA en cas d’administration par intraveineuse. Consultez la liste des produits et substances interdits.

La douleur

En fonction de la tendinite et de sa localisation, une seule injection peut suffire. Et pour d’autres endroits plus délicats, on peut aller jusqu’à 3 injections espacées chacune de deux semaines.

Attention, ça pique ! L’injection est relativement profonde, et douloureuse.

Partez du principe qu’il faut souffrir pour être beau. On peut donc ressentir une douleur au moment de l’injection : oui ! Et vive : oui ! Sur une échelle de 0 à 10 ? Perso : 10 (rire). Car, en principe, on ne fait pas d’anesthésie locale avant l’injection. Après, le niveau de douleur dépend aussi de plusieurs facteurs dont la sensibilité et la réactivité subjectives de chacun. Mais de mon point de vue, le résultat est tel que cela ne poserait pas de problème de recommencer en cas de besoin.

On peut donc ressentir une douleur au moment de l’injection, même assez vive !

Suit un repos de 48 heures pour commencer. La prise de Paracétamol est souvent un bon remède à associer. Et avant de reprendre le sport et pour que la substance magique fasse son effet, patientez au moins 15 jours sans activités sur et/ou avec la zone concernée.

Quels sont les risques ? À part la peur et l’angoisse incontrôlés ou le malaise vagal, je n’en vois pas. Par ailleurs, comme il s’agit de votre propre sang, il n’y a aucun risque. Et des cas de contaminations doivent être excessivement rares. Les rejets sont également par définition impossibles. En gros : les risques, les vrais, relèvent de l’exceptionnel.

D’une manière générale, votre médecin fera un interrogatoire préalable pour connaitre les rares contre-indications. À priori un facteur limitant serait le cas de la fièvre, mais aussi la prise d’AINS ou de traitement liquéfiant le sang, comme les anticoagulants.

Combien ça coûte

Le prix ? C’est très aléatoire… Entre 100 € et 400 € pour les plus chères, et parfois même jusqu’à 1000 € chez certains grands noms de la médecine sportive (mais ça, c’est un autre sujet). Et ces injections sont-elles prises en charge par la sécurité sociale ? La consultation peut-être… Mais la prise en charge de l’injection et donc le geste technique global : là, c’est hors nomenclature et donc malheureusement non remboursé.

Pour quel succès ?

J’ai pourtant cherché mais je n’ai rien trouvé. D’ailleurs, si un lecteur de 3bikes.fr trouve une étude de prévalence, qu’il nous la partage avec des chiffres précis sur les chances de succès à traiter la lésion par cette méthode. Néanmoins, tous les athlètes ou sportifs que je connais et qui ont, un jour, bénéficié de cette technique ont tous guéri de leur problème.

La solution miracle ?

Le Plasma Riche en Plaquettes est un produit prometteur. Avec beaucoup d’avantages : son origine autologue, sa simplicité d’obtention et son mécanisme d’action. Son utilisation dans les lésions des tendons et des ligaments a montré une récupération plus rapide sans effet indésirable significatif. Toutefois, le manque d’études cliniques bien conduites et l’absence de standardisation des méthodes de préparation pour définir la composition exacte du produit empêchent d’établir des recommandations globales d’utilisation du PRP. À mon sens, nos autorités devraient mieux encadrer son utilisation, notamment pour le traitement des tendinopathies en cabinet.

Dans ce contexte, aujourd’hui le PRP doit rester, selon moi, une technique de guérison de seconde ligne devant des pathologies réfractaires aux traitements conventionnels. Par contre, je m’étonne quand même toujours qu’on ne mesure pas la numération plaquettaire avant de réinjecter. Bref, si de ce que je vois, cela me semble assez fabuleux au niveau du résultat, ça ne reste que du ressenti et attendons peut-être d’avoir plus de retour, car finalement, ça reste assez nouveau dans l’histoire de la médecine !

=> VOIR AUSSI : Tous nos articles Coaching

Jean-François Tatard

- 43 ans - Athlète multidisciplinaire, coach en vente et consultant sportif. Collaborateur à des sites spécialisés depuis 10 ans. Son histoire sportive commence quasiment aussi vite qu’il apprend à marcher. Le vélo et la course à pied sont vite devenus ses sujets de prédilection. Il y obtient des résultats de niveau national dans chacune de ces deux disciplines.

Un commentaire sur “Zoom sur le PRP

  1. bonjour, souffant depuis un an d’une epicondylite droite au coude ayant fait deux infiltrations et depuis 3 semaines un PRP je ne vois pas d’amélioration!! effectivement comme vous dite je cite : »Par contre, je m’étonne quand même toujours qu’on ne mesure pas la numération plaquettaire avant de réinjecter » effectivement je me suis posée la même question!! que faire??

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