Partager la publication "Vélo en altitude : quelles conséquences sur la respiration et la performance ?"
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Réaliser un effort en haute montagne est plus difficile qu’en plaine. Pourquoi la respiration est-elle limitée en altitude et réduit-elle nos performances ? Voici quelques éclairages.
Par Pierre-Maxime BRANCHE. Photos : Pxhere, ASO, Paulo Maria / DPPI
Respirer en haute montagne n’a rien de violent, pourtant le manque d’oxygène constitue une vraie agression pour l’organisme qui doit immédiatement réagir et s’adapter à ce nouvel environnement. Au niveau du métabolisme, l’altitude engendre une multiplication des globules rouges qui augmente la viscosité du sang et le rend plus riche et plus épais. Il lui est alors plus difficile d’atteindre les petits canaux d’irrigation, notamment ceux du cerveau, ce qui peut entraîner quelques désagréments.
Pour exemple, c’est le cas de certaines personnes qui empruntent le téléphérique de l’Aiguille du Midi à Chamonix, restent quelques heures haut perchées à 3 842 m d’altitude et sont rapidement victimes des nausées et maux de tête. Pour contrer cette viscosité, il faut notamment boire régulièrement pour désépaissir le sang. Dans le cadre d’une pratique sportive en haute montagne, plus que la respiration en elle-même, c’est la consommation d’oxygène qui est le facteur limitant de la performance, donc le VO2Max (Volume maximal de consommation de l’oxygène).
Une baisse du VO2Max à partir de 1 200 m
La consommation d’oxygène est en effet limitée en altitude de manière exponentielle, c’est-à-dire que globalement, au sommet du Mont blanc (4 810 m), on perd environ 30 % de ses capacités aérobies. Au-delà, elles dégringolent encore plus rapidement, bien que l’on ne roule jamais à ces altitudes à vélo, du moins en France. Cependant, il y a aussi une baisse du VO2Max à des altitudes inférieures, pour tous, sportifs ou promeneurs. Ainsi, le VO2Max diminue dès 1 200 m. À 2 000 m, cette baisse atteint 5 % des capacités maximales aérobies et 15 % à 3 000 m. Pour rappel, le col du Galibier culmine par exemple à 2 642 m et obligera ainsi fortement votre organisme à s’adapter si vous débarquez de Lyon, Dijon ou encore Strasbourg. Forcément, les activités qui nécessitent un VO2Max élevé comme le cyclisme ou le trail sont pénalisées, car pour capter le même nombre de molécules d’oxygène, il faudra brasser un volume d’air plus important. Le sang n’étant pas saturé à 100 %, l’organisme ne peut donc exprimer ses pleines capacités. Peu de records du monde, toutes disciplines confondues, ont été battus en altitude, sauf ceux où la pénétration dans l’air joue son rôle, à l’instar du record de l’heure de cyclisme sur piste, dont la dernière marque a été réalisée par le Belge Victor Campenaerts, le 16 avril 2019 à Aguascalientes (Mexique) à… 1 885 m. Car entre perte de VO2Max, adaptation, et diminution du coefficient de pénétration dans l’air grâce à l’altitude, il y a bien sûr un compromis à trouver.
Quinze jours minimum
La plupart des gens pense qu’en allant en altitude, on améliore la performance. C’est à la fois vrai et faux. Effectivement, certaines capacités ou filières peuvent être améliorées, notamment dans les activités d’aérobie. C’est le cas pour des pratiquants de trail, triathlon, cyclisme, mais ce n’est pas systématique car cela dépend aussi de chaque sujet. Si on recherche une amélioration de la performance en partant en altitude, il faut d’abord accepter de s’acclimater, ce qui prend environ une dizaine de jours. Ensuite, il faut reprendre un entraînement adapté à l’environnement de la montagne. Cette opération « altitude » nécessite donc un gros investissement en termes de temps et donc de moyens, à moins de disposer de son propre chalet à la montagne.
C’est un véritable sujet car, d’un côté, beaucoup d’équipes et fédérations partent en altitude pour améliorer les performances de leurs athlètes et que, de l’autre, de nombreuses publications scientifiques expliquent que tout le monde ne réagit pas de la même manière en altitude, s’interrogent sur les réels bienfaits de l’entraînement en altitude et précisent qu’il faut avant tout penser à l’échelon individuel : certains sportifs trouveront des bénéfices, d’autres non. Enfin, quand on entend parler de stages en altitude, par exemple pour des équipes de sports collectifs qui s’y rendent une semaine avant de grandes compétitions internationales, il faut bien avoir à l’esprit que ce temps n’est pas suffisamment long pour en tirer quelque bénéfices, car quinze jours minimum, voire trois semaines, sont nécessaires pour réaliser un véritable travail de qualité. Mais dans ce cas, ce sont souvent des stratégies de communication ou de publicité, notamment à l’initiative des stations.
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